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Citations de Ludmila Oulitskaïa (387)


. Tout le monde sait que ceux qui travaillent dans les bibliothèques, que ce soit celle de Babylone ou celle d’Alexandrie, ont été de tout temps des gens d’une race particulière – de ceux qui croient au livre comme d’autres croient en Dieu.
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« Tchekhov ... méprisait le monde ancien, et il redoutait le monde à venir. La souffrance des habitants de la cerisaie est enjolivée. Une autre souffrance – nue, éreintée, affamée, mais active et agissante –, se transformera en quelque chose de nouveau et de jamais vu, qui surpassera toutes les utopies des premiers socialistes, de Thomas More à Tommaso Campanella. Tout a été pensé et élaboré bien avant Marx. Je pense que dans cent ans, quand la culture humaine aura atteint un niveau inimaginable, on regardera Tchekhov, dans les théâtres, comme un monument sublime à un monde révolu. Mais ses pièces constituent un pas indispensable vers quelque chose de plus grand et de meilleur… 
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Chacun prend dans l’art ce qui lui plaît. L’objectivité n’existe pas, il y a la subjectivité.
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Elle connaissait tous ces livres, tous jusqu’au dernier. Ils avaient été lus, et lus à fond. Aujourd’hui encore, Nora terrassait les ignorants par la profondeur de sa culture, et toute cette culture provenait de ces deux cents livres sélectionnés comme pour une île déserte, criblés de minuscules remarques au crayon dans les marges. Depuis la Bible jusqu’à Freud. Oui, une île déserte. En réalité, cette île était on ne peut plus habitée – des troupeaux de punaises y paissaient à loisir. Elles dévoraient Nora quand elle était petite, mais sa grand-mère, elle, ne les remarquait pas. À moins que ce ne fût l’inverse… 
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Ensemble, nous avons vécu nos vies en portant nos chagrins dans nos bras,
en nous aidant les unes les autres à trimbaler des valises, des cercueils et des patates,
pleurant à gros sanglots dans le giron les unes des autres, sur toutes les passions dévorantes, toutes les tromperies, les avortements, les trahisons, les perquisitions, la honte d'être envieuses,
nous nous sommes appris mutuellement à pardonner,
mais d'abord nous avons volé des maris,
nous avons forniqué, menti et commis de telles horreurs
qu'ensuite nous tombions à genoux en pleurs et en prière,
et nous attendions des autres le pardon et la pitié, les caresses et l'affection que se prodiguent les sœurs.
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L’ombre, la continuation de l’existence,
à l’horizon de la page,
s’ébauche comme les brumes d’un futur matin,
et la phrase n’a pas de fin.

(Vladimir Nabokov)
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Sonia Solodova, une femme décharnée d’âge moyen aux yeux clairs et méchants, comprit le sens de la vie après son divorce.
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Après un mois d'aout aussi morne qu'une vieillesse prématurée débuta la lune de miel d'un été indien, qui laissait trompeusement présager une pause bienheureuse dans la succession routinière des saisons. Ces dernières journées précieuses d'une nature apaisée et délivrée de l'obligation de porter des fruits étaient idéales pour des festivités nuptiales recelant la promesse de nouveaux germes et de nouveaux fruits...
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Quant à Sonietchka, après avoir appris tant bien que mal ses leçons, elle éludait chaque jour et à chaque instant la nécessité de vivre ces pathétiques et glapissantes années trente en menant paître son âme dans les vastes pâturages de la grande littérature russe (...) (p. 12)
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Peut-être que la beauté sauverait le monde, ou la vérité, ou un truc magnifique du même genre, mais la peur était quand même plus forte que tout, elle détruisait tout, tous les germes de beauté, toutes les pousses de ce qui est magnifique, sage, éternel... Ce ne serait pas Pasternak qui resterait, mais Mandelstam, parce que l'horreur de ce temps était davantage présente chez lui. Pasternak, lui, avait toujours voulu se réconcilier avec l'époque, l'expliquer de façon positive.

p. 258
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Ludmila Oulitskaïa
Une femme pleinement accomplie cesse d’être en guerre avec les hommes
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Un article de critique littéraire ne doit pas porter de jugements. Un critique n’est pas un juge. C’est un commentateur, un objecteur, un continuateur ou un sociologue des idées de l’écrivain. Il faut d’autant moins l’encenser. Ce défaut existe : « Une tête magnifiquement campée… une voix d’une grande richesse… un écrivain extraordinaire (deux fois)… d’une grande importance… une maîtrise exceptionnelle (!)… des essais remarquables… un écrivain qui concilie tous les genres...
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Et en russe, ça donne quoi ?
— En russe, Nora, ça donne : un homme réduit à lui-même – c’est un pauvre animal, un bipède tout nu ! Et c’est tout ! Se débarrasser de l’inutile ! À bas tout ce qui est superflu ! »
Là, Nora se couvrit les yeux de la main. Elle connaissait ce texte. Elle le connaissait très bien. Mais soudain, ces mots, « se débarrasser de l’inutile », lui semblèrent follement importants pour elle, personnellement. C’est toujours ainsi que cela se passe – on vit, on lit, on glisse cent fois sur le même passage, et tout à coup, c’est comme si nos yeux se dessillaient, on trouve ce qu’on a cherché pendant des années à l’endroit le plus rebattu, sur lequel on est déjà passé et repassé… 
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Je voulais souligner l’idée que la peste n’est pas le pire des fléaux pour l’humanité, car les épidémies sont des processus naturels qui ne touchent pas seulement les êtres humains, mais également les animaux. Tandis que les épidémies de terreur que l’on observe de temps à autre dans les communautés humaines, elles, sont des créations de l’homme, et la nature ne prend aucune part à ces calamités.
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Quand elle était encore petite, la fille de Marina avait demandé à sa mère : « Pourquoi les Russes, ils ont tous des dents pourries et les cheveux sales ? »
Tchipa aurait pu répondre à cette question, mais elle n’avait rien dit. Il aurait fallu expliquer trop de choses. Que chaque pays a ses propres habitudes culturelles – les Américains changent de tee-shirt deux fois par jour et se lavent dès qu’il y a une douche dans les parages, tandis que depuis des générations, les Russes se lavent une fois par semaine aux bains, le samedi, et changent de linge à cette occasion. Que beaucoup d’entre eux vivent dans des appartements communautaires sans salle de bains… Et aussi que chaque enfant de leur âge, même au fin fond de la Russie, lit en un an plus de livres que son frère et elle n’en avaient lu durant leur vie entière, que chaque adulte convenable connaît par cœur plus de poèmes qu’un professeur de littérature ici… 
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Et je m’en vais, quittant l’espace,
Au jardin des grandeurs en friche,
Sarcler l’illusoire constance
Et les causes qui trop s’affichent.
Tu vois, Infini, je lis seul
Ton manuel où tout s’invente,
Ton herbier sauvage et sans feuilles,
Ton livre de problèmes aux racines géantes

(Ossip Mandelstam, Les Poèmes de Moscou)
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La main toute-puissante du destin qui avait jadis désigné Sonia à Robert intervint alors dans la vie de Tania. L'objet de sa passion amoureuse était la femme de ménage de l'école, qui suivait également les cours du soir, Jasia, une jeune Polonaise de dix-huit ans au visage lisse comme un œuf fraîchement pondu. Leur amitié se noua lentement à un pupitre de l'avant-dernier rang.
La vigoureuse et robuste Tania contemplait avec adoration cette fragile Jasia, transparente comme un flacon de pharmacie tout propre, et languissait de timidité. Jasia était taciturne, elle répondait par monosyllabes aux rares questions de Tania et arborait une réserve hautaine. Elle était la fille de communistes polonais ayant fui l'invasion fasciste, chacun, par la force des choses, dans une direction différente : son père vers l'ouest, et sa mère, avec son bébé, vers l'est, en Russie. Cette dernière n'avait pas réussi à se fondre dans la masse des millions d'habitants de ce gigantesque pays et avait été charitablement déportée au Kazakhstan, où elle était morte après avoir vivoté tristement pendant dix ans, sans avoir perdu ses idéaux sublimes et absurdes.
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—- Vous savez, je suis microbiologiste, j’ai bien peur que l’objet de mes études ne soit soumis à d’autres lois.
—- Mais nous sommes tous soumis à la même loi, la loi marxiste-leniniste !
—- Cela ne fait pas le moindre doute ! acquiesce Rudolf avec sérieux. Seulement mes microbes, eux, ne sont pas au courant.
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Là où la parole se tait, le son parle. Impuissante à transmettre un acte de volonté, la musique peut dévoiler en profondeur et intensément l’état intérieur d’une personne, transmettre l’émotion pure.  
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La question la plus intéressante, c’est de chercher à savoir quelle est la place de l’homme sur ce tableau de l’évolution. Est-il un échelon transitoire vers quelque chose d’autre (le surhomme de Nietzsche, par exemple) ou bien occupe-t-il une place à l’extrémité d’une ramification, ce qui suppose un âge plus jeune en tant qu’espèce organique.
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