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Critiques de M. Agueev (34)
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Roman avec cocaïne

Auteur et titre pour le moins énigmatique. Je tiens à remercier mon ancien prof de français pour la découverte !

Les avis divergent quant au véritable nom de ce pseudonyme M. Aguéev, il s'agit apparemment du russe Mark Lévi qui n'aurait écrit que ce roman (et une courte nouvelle).

Il parut en 1936 d'abord dans une revue et n'a été traduit et édité en français qu'en 1983.

On peut classer ce récit au ton autobiographique dans la catégorie "ovni". Il raconte la vie dissolue d'un jeune homme au début de la Révolution russe dans les années 1916-1918.

Après sa scolarité, il raconte sa chasse aux aventures d'un soir, son amour passionnel avec Sonia qui le fera dépouiller sa pauvre mère loqueteuse. Sa consommation d'alcool augmente et il finit par se faire embarquer dans la cocaïne dont il décrit avec précision les effets et la descente aux enfers de son addiction. Pour parfaire le récit, l'auteur nous fait réfléchir aux plaisirs et déconvenues de la Vie qui ne serait qu'une balançoire: plus on est poussé en avant plus on sombre vers l'arrière.

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Roman avec cocaïne

Je crois sincèrement qu'une partie considérable du charme de ce roman a résidé dans le mystère durable de l'identité de son auteur, qui envoya le manuscrit en russe depuis Istanbul à l'Union des écrivains russes de Paris dans les années 1930, signé « M. Aguéev ». Depuis les années 1990, on sait que ce pseudonyme correspond à un certain Mark Lvovitch Levi (mort en 1973), et de ce fait on apprécie davantage, comme de l'auto-ironie amère, le voile d'antisémitisme qui plane à l'encontre des deux condisciples juifs, Stein et Eisenberg, du protagoniste, Vadim Maslennikov dans la description de sa vie au lycée. Ce personnage dostoïevskien a séduit certains lecteurs pour son immoralité et extrême cruauté à l'égard de sa mère, pour sa misogynie avec les femmes qu'il rencontre, pour son paisible nihilisme lorsqu'il plonge, avec une détermination systématique et jusqu’au-boutiste, dans la toxicomanie. D'autres ont trouvé dans la prose de l'auteur, et surtout dans ses phrases longues et dans ses descriptions sensorielles et très originales, une filiation avec la grande tradition du roman russe du XIXe siècle et même des similitudes avec Proust. Assurément, les descriptions en relation avec la cocaïne sont tout à fait spectaculaires.

Toutefois, personnellement, j'ai le sentiment que le mystère qui a fait du livre un roman culte l'a également desservi, car il pâtit, comme beaucoup de premiers romans qui gagnent grandement à être revus par un éditeur bienveillant qui demande à son auteur d'en retravailler certaines parties, d'une certaine inégalité ainsi que de manque d'homogénéité d'un chapitre à l'autre. La rupture entre les parties : « Le lycée », « Sonia », « Cocaïne » et « Pensées », ces deux dernières n'en faisant en réalité qu'une seule, en elle-même, n'est pas tellement gênante. Mais c'est à l'intérieur même de ces parties, et surtout dans la première, que se succèdent des chapitres de facture et de style assez différents et d'intérêt franchement inégal.

Il faut noter aussi une remarquable théorie psychologique (cf. cit. 3 et 4 infra) : celle de la balançoire morale qui oscille entre noblesse et bestialité. Cette théorie associé d'abord à la personnalité du protagoniste, comme pour en expliquer son immoralité, est transposée, à la fin du même chapitre qui figure parmi les tout derniers, à une échelle collective. Là, il est impossible, à mon sens, de la dissocier de la Révolution d'Octobre, qui, en brillant par son absence dans le récit qui se déroule entre 1916 et 1917, pouvait sembler caractériser le nihilisme du héros – c'est ainsi que l'interprétait la traductrice-préfacière Lydia Chweitzer. Au contraire, j'émets l'hypothèse que, par cette transposition finale, l'auteur lui-même assume un jugement moral extrêmement sévère contre la Révolution, qui lui aurait certainement coûté très cher s'il ne s'était pas exilé.
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Roman avec cocaïne

Roman culte, roman mythique, Roman avec cocaïne est une initiation à l'impossible condition humaine.

Vadim, jeune homme de 16 ans vivant à Moscou juste avant la révolution de 1917, fait l'expérience de l'amour impossible, de la bonté impossible, du bonheur impossible. Au lycée, il constate l'hypocrisie de la société et l'inversion des valeurs qui gouverne le monde. Sa rupture avec Sonia, qu'il aime d'un amour tellement pur qu'il ne parvient pas à l'honorer sexuellement, marque le début d'une lente dérive. Cette descente aux abimes commence avec le dégoût de soi-même et le refuge que devient la cocaïne. Hanté par la dualité du monde qui balance entre le bien et le mal, entre l'amour et la haine, entre l'esprit et la chair, entre le parfum et la puanteur "qui ne se détruisent pas mais se soulignent l'un l'autre" dans une inconciliable opposition, ce livre est porté par une puissante force tragique. Être déchiré qui ne parviendra jamais à s'accorder avec la double postulation de la condition humaine, Vadim choisit de s'en retirer peu à peu.

Sur le mode de la confession intime d'un narrateur qui se met à nu dans la crudité de ses sentiments et de ses bassesses, Roman avec cocaïne possède l'intensité et la profondeur des chefs-d’œuvre.
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Roman avec cocaïne

Le livre est écrit à la première personne. Vadim Maslennikov raconte, dans les années qui précèdent la révolution russe, son enfance, son adolescence, ses camarades de collège, ses conquêtes féminines et sa rencontre avec une maîtresse redoutable nommée Cocaïne. Ce qui est frappant dans ce livre c'est la lucidité avec laquelle Vadim décortique sa vie et celle de ses congénères, ses sentiments, ses pulsions, jusqu'à ses mesquineries et ses goujateries et tout cela dans une langue merveilleuse, magnifiquement traduit.
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Roman avec cocaïne

Si un mystère a longtemps plané (ou plane encore) autours de la paternité de Roman avec cocaïne, je ne peux dire que le génie a frappé.

Le roman débute en 1916, à l'aune de la révolution russe. Publié de façon parcellaire en 1934 par la revue Tschila, il faudra attendre deux ans de plus pour qu'il soit publié de façon intégrale par l'Union des écrivains russes de Paris.

Je crois que j'aime le mystère de son auteur tout autant que le fait qu'il ait tout d'abord circulé sous le manteau, comme quelque chose d'absolument honteux, entre le désir de dire et le sceau du silence.

Nous sommes dans le Moscou de 1916, Vadim, le narrateur, est un jeune lycéen. La première partie s'articule autour de sa vie d'étudiant, ses amis, l'irrespect et la honte de sa mère, usée par le travail et la rudesse de la vie. Il y a un vrai amour-haine pour la matriarche, se saignant pour les plaisirs de son fils, avec laquelle il joue. Il la saigne et en pleure, l'asséche et la méprise. Il fréquente les prostituées et les hôtels de passe, prends des chambres glauques pour 50 kopecks. En parallèle, lorsqu'il rencontre Sonia, femme volage, il éprouve pour elle un amour si sensible qu'il ne parvient pas à la désirer et se soustrait aux plaisirs charnels.

Sa lente et longue descente dans la dépendance de la cocaïne nous plonge dans les affres de l'intensité des shoots et des descentes vertigineuses. Aguéev en parle avec une justesse presque dérangeante. Nous voilà pris dans la course du besoin d'argent, des peurs, du "Bonheur" (terme employé) des montées et de la déprime des descentes, si bien que l'on se demande où tout cela va s'arrêter. Il volera sa propre mère pour la Fée Blanche, qu'il poussera au suicide, laissée dans un abandon et un désoeuvrement total.

Roman avec cocaïne est un livre majestueux sur la Russie du début du 20ème siècle qui dérange, déroute et ne laisse pas indifférent. Il est sublimement écrit, entre Nabokov et Proust... rien que cela !

A mettre entre toutes les mains, vraiment !
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Roman avec cocaïne

Difficile de décrire ce livre en deux parties qui raconte l'errance d'un jeune homme russe trop intelligent et trop cynique pour son environnement. Bien que le sommet du roman constitue la partie, plein de lucidité, consacrée à l'addiction, le reste du livre fourmille de réflexions philosophiques iconoclastes qu'un Nietzsche ou un Schopenhauer auraient pu se permettre, et qui nous laissent l'impression de ne jamais avoir lu quoi que ce soit de semblable.

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Roman avec cocaïne

Au début du roman, le narrateur est un lycéen qui va sur ses seize ans. Intelligent, il sait placer ses billes. Il vit seul avec sa mère qui n’a de cesse de se sacrifier pour que son fils fréquente un établissement sélect et qu’il s’amuse comme les autres garçons de son âge. Mais voilà, elle renvoie à Vadim l’image de la pauvreté et de la laideur qu’il ne peut supporter. Les humiliations qu’il lui fait subir sont brutales. Un processus d’autodestruction se met en branle. Deux ou trois ans plus tard, la découverte des sensations provoquées par la cocaïne marquera un point de non-retour.



Certains critiques ont interprété ce roman comme une allégorie de la révolution russe. Je veux bien, mais la lecture au premier degré est également très riche. Pour ma part, j’y ai surtout vu une méditation, terrible, sur la honte.
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Roman avec cocaïne

"Salut Michel ça fait une paye

Que j't'ai pas vu traîner dans mes ruelles

Qu'est-c'que tu d'viens moi ça va bien

Paraît qu'toi tu marches sur un drôle de ch'min

T'as les joues creuses les mains caleuses

Et la démarche un p'tit peu chaloupeuse

Vraiment tu m'terrasses

Bonjour l'angoisse

Paraît qu't'es tombé dans une drôle de crevasse

Paraît qu'c'est pas tous les jours dimanche

La blanche"



La blanche - Renaud

Une chanson qui fout un peu le cafard tiens, pour bien commencer la journée et cette critique. J'aurais peut-être dû me tourner vers Clapton plutôt. Ouais ... Allez je la mets. Voilà. Un peu de Cocaïne ça me donnera de l'énergie. Voilà je me sens fraîche. Merci Clapton.



Dans le Roman avec cocaïne, le cafard de Renaud revient (le traducteur explique qu'il a choisi ce terme pour traduire "toska", entre douce tristesse et désespoir extrême qui pousse au suicide) et le cafard revient tellement qu'on se croirait dans la Métamorphose de Kafka, parce que le cafard, c'est Vadim, et comme Gregor, il devient très vite un parasite, un sale truc et qu'on a envie, parfois, de l'écraser, de l'écrabouiller, de le faire souffrir, de le taper, de le gifler, de lui donner la fessée, surtout quand il manque de respect à sa pauvre mère ( et ce dès le tout début, bien avant de devenir cocaïnoman, donc on ne rejettera pas la responsabilité de ses actes sur la drogue s'il vous plaît.) En même temps, il est tellement irrespectueux, et ce pour des raisons tellement tordues, qu'il en devient hilarant par moments. On est mi-agacé, mi-amusé, finalement. Je l'ai insulté Vadim lors de ma lecture, et juste après je me suis bien marrée. C'est qu'il exalte nos sentiments vertueux le Vadim, en étant si cruel lui qui au fond, est justement cruel, parce qu'il est coincé dans un cercle vicieux qu'il pense être vertueux. Par moments, il est néanmoins fort lucide et on apprend des trucs sur nous-mêmes en lisant ce bouquin. Mais juste après on a envie de le balancer le bouquin parce qu'on se dit que non ... quand même ... adopter son système de pensée serait se mener à l'autodestruction. Heureusement qu'il est drôle Vadim, sinon ce bouquin amènerait son lecteur à l'état de tristesse : "toska". La scène la plus drôle est sûrement celle de sa première prise de cocaïne parce qu'il se rend tellement ridicule lui qui fait son crâneur et son penseur à tout bout de champ. Il y a même une scène qui rappelle Las Vegas Parano lorsqu'il entre dans un café (un casino je crois dans le film) : "Tard déjà, juste avant sa fermeture, nous échouâmes encore dans un café à la mode et là, regardant dans les glaces nos visages insomniaques, nous avançâmes sur le parquet comme sur un pont de navire oscillant : nous inclinant rapidement en avant lorsqu'il se soulevait, et nous rejetant en arrière en freinant quand il retombait devant nous." J'ai trouvé ça rigolo. Mais attention, cette critique n'est pas une apologie de la drogue. Je n'ai pas dit qu'il fallait prendre de la cocaïne pour s'amuser les enfants ! La drogue c'est mal ... M'voyeeeez. Non et puis surtout, la drogue, ça finit mal. Déjà, ne prenez pas l'exemple de Vadim parce que déjà, c'est un ***nard, un canard est un canard, il faut dire ce qui est, et vous remarquerez aussi, les enfants, que souvent, dans les films, ceux qui prennent de la cocaïne sont des canards. Vous ne voulez pas être un canard les enfants ? Non. Voilà.
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Roman avec cocaïne



Vadim Maslennikov est un lycéen moscovite sans le sou de 16 ans, honteux de sa mère qu’il juge trop vieille, trop laide et trop déguenillée en cette année 1916. Dans sa classe trois élèves surpassent les autres de par leur intelligence et leur acuité. Parmi eux Bourkevitz, dit Yag, qui va rapidement devenir son ami. En 1917 la Russie entre en guerre contre l’Allemagne. On ne saura rien de cette guerre, sinon que le narrateur Vadim la réprouve. Le même Vadim, attiré physiquement par Yag, n’ira pourtant pas plus loin. Il est possible qu’il soit impressionné par son ami marqué par une aversion pour la haine : « L’antisémitisme n’est pas du tout effrayant, il est seulement répugnant, pitoyable et bête : répugnant parce qu’il est dirigé contre le sang et non contre la personne, pitoyable parce qu’il est envieux alors qu’il voudrait être méprisant, bête parce qu’il consolide davantage ce qu’il a pour but de détruire. Les juifs ne seront plus juifs seulement quand cela sera devenu déshonorant sur le plan moral ». Au fil des mois le mal-être s’installe chez Vadim jusqu’à sa rencontre avec Sonia, jeune femme mariée qui ne va pas tarder à le quitter, non sans lui avoir envoyé une longue lettre violente et en tous points bouleversante sur la volonté pour les femmes de ne pas avoir de boulets aux pieds, fussent-ils personnifiés par un amant. Cette lettre trace les grands traits du féminisme en développement à l’époque. Lorsque Vadim croise des prostituées, il hésite avant de renoncer : « Je n’allais pas chez les prostituées parce que la femme, s’étant fait payer d’avance, se donnait ainsi par obligation – elle le faisait sous la contrainte, peut-être même (ainsi l’imaginais-je) en serrant les dents d’impatience, ne désirant qu’une chose – que je fasse mon affaire le plus vite possible et que je m’en aille, et que du fait de cette impatience hostile j’avais auprès de moi, au lit, non pas un complice ardent, mais un observateur ennuyé ». La descente aux enfers commence pour le narrateur qui ne trouve pas sa place dans la société russe. Lors d’une fête entre amis, on lui propose une « trace » de cocaïne… Ce roman est singulier à plus d’un titre : c’est le seul écrit par un auteur dont on ne sait rien, sinon qu’il s’appelle sans doute Mark LEVI (mais qui n’a rien à voir avec son homonyme francophone, bellâtre écrivaillon séduisant les mégères quarantenaires par ses histoires de bourgeoises en mal de sensations coûteuses), qu’il est né en 1898 et mort en 1973. Il a écrit une nouvelle « Un sale peuple », et ce serait tout ! Ce « Roman avec cocaïne » fut édité pour la première fois en 1934, mais il lui faudra près de 50 ans, en 1983 très exactement, pour être enfin traduit en français. Aujourd’hui il se trouve assez facilement. Pendant un temps ce livre sera suspecté d’être l’œuvre de Vladimir NABOKOV, mais bientôt cette thèse sera démentie. Mais lorsque tout est dit ou presque dans un roman, pourquoi, me direz-vous, est-il utile d’en écrire d’autres ? Observons certaines carrières où des dizaines de livres d’un même auteur ramènent inlassablement au même thème. Mieux, pensons à ces auteurs qui n’ont jamais rien écrit de bon après des décennies de tentatives (non, ne comptez pas sur moi pour vous fournir des noms, leurs « œuvres » encombrent bien des rayonnages). Car ce livre unique amorce de nombreux thèmes : le féminisme (nous l’avons vu), l’antimilitarisme, l’antisémitisme, l’homosexualité, la religion. Mieux, il se transforme à certains moments en véritable essai qui sonde l’âme humaine, se fait psychologique et même psychiatrique en toute fin de volume. Bien que ne traitant que du parcours d’un seul individu, il pourrait sans nul doute être qualifié de dystopique, d’autant que dans l’ombre c’est bien le dépérissement de la société qui est pointé du doigt. Il est à noter que l’ambiance générale n’est pas celle des romans russes classiques, même si bien sûr quelques scènes sont foncièrement et définitivement russes. Ce « Roman avec cocaïne » est un livre flirtant avec le chef d’œuvre, de par sa diversité, ses extraits sociaux engagés, contre le mépris, l’intolérance. Il me paraît difficile de ne pas le rapprocher du roman de Robert MUSIL « Les désarrois de l’élève Törless » écrit en 1906 tant le traitement des thèmes est quelquefois similaire et l’ambiance globale très approchante.

https://deslivresrances.blogspot.fr/
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Roman avec cocaïne

C est un livre vraiment orignal, de par son sujet, mais aussi de par son style et sa conception. Trois séquences, dans lesquelles on retrouve Vadîm confronté à "son âme", à ses pulsions, à ses sentiments qui l envahissent mais qu' il analyse. Intelligent, Vadim n en est pas moins déchiré par ses extrêmes. Les passages avec sa mère sont terribles. Superbement bien écrit (malgré certaines phrases un peu longues) ce texte ne peut laisser insensible. Totalement maîtrisé, il nous amène à nous poser de bonnes questions sur nous mêmes. Sa chute dans la cocaïne est brute, comme l ensemble du livre. Un texte dur. Une bonne baffe.
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Roman avec cocaïne

Un roman construit presque comme une une autobiographie d'une classique déchéance, d'une plongée dans l'enfer de la drogue. Sauf que! Sauf que ce roman se passe dans le Moscou pré-révolutionnaire, sauf que ce roman se passe dans le milieu des lycéens russes. Sauf que ce roman est surtout construit comme un roman russe, et ça c'est éblouissant.



Les plongée en eau profonde dans l'esprit torturé, jouisseur et cynique du protagonniste principal sont fascinantes, la si fameuse "âme russe" trouve ici un nouvel avatar, un nouvel angle d'approche.



Un livre a lire de tout urgence.
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Roman avec cocaïne

Un roman (?) qui dépeint sans concession la vie d'un jeune homme à la veille de la révolution russe. Il est en perdition comme son pays.

C'est bien écrit, bien que très tortueux et alambiqué avec des phrases de plusieurs kms de long. le seul problème, c'est qu'à aucun moment, je n'ai eu de sentiments pour ce garçon. Ni empathie, ni dégout, ni attente quelle qu'elle soit. de ce point de vue, ce livre n'a pas atteint sa cible.



Pioche de décembre 2017, choisie par BookShellFairy.
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Roman avec cocaïne

Longtemps, l'identité de l'auteur de Roman avec cocaïne fut un mystère. Aujourd'hui, le fait est admis (jusqu'à remise en cause) : c'est Mark Levi qui se cacherait sous le pseudonyme de M. Agueev. Envoyé à la communauté russe de Paris en 1934, Roman avec cocaïne narre les pérégrinations d'un jeune moscovite, Vadim Maslennikov, au hasard de ses randonnées nocturnes à la recherche d'une femme et au fil des humiliations que le jeune homme inflige à sa mère. La première partie se déroule au lycée. Dans la seconde, Vadim est étudiant : il y tombe amoureux de Sonia, une femme mariée, qu'il insulte cependant en refusant ouvertement de coucher avec elle. La rupture brise le cœur de Vadim, qui commence de priser la cocaïne. Les deux dernières parties décrivent les états physiques de Vadim devenu cocaïnomane, entre les peurs et les hallucinations, et ce jusqu'à son internement et à son suicide.

Roman avec cocaïne décrit la déchéance d'un jeune homme prometteur, intelligent et orgueilleux, tourmenté mais décidé. En cela, il représente le personnage russe par excellence, duquel l'auteur aime à explorer l'âme et surtout ses tréfonds.
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Roman avec cocaïne

L’amour, le sexe et autres préoccupations sentimentales me fournissent une magnifique introduction. C’est encore l’été et malgré le retard, je peux toujours commencer mes carnets de vacances pour vous faire la revue d’un Roman avec cocaïne de M. Aguéev.



Comme c’est l’un des points qui poussent la plupart des lecteurs curieux à lire ce livre, je suis bien obligé de dire quelques mots sur l’auteur. M. Aguéev (Maurice ? Marcel ? Un prénom russe imprononçable ?) est un mystère. Il n’est connu que pour quelques manuscrits, dont le roman avec cocaïne, envoyés à un éditeur parisien. Roman presque anonyme, l’auteur n’a laissé aucune adresse et n’a jamais été formellement identifié. Il faut dire que dans les années 30 évoquer crûment les réalités sombres de la drogue et du sexe fait scandale. Quantité de légendes circulent au propos de M. Aguéev, et de son mystérieux envoi expédié de Constantinople. Est-ce un roman autobiographique ? Est-ce un prête-nom pour un illustre Nabokov ou autre ne voulant pas se salir la plume, l’auteur est-il encore vivant de nos jours. Les émanations de souffre de l’ouvrage sont encore bien sensible presque un siècle plus tard et son talent intact nous touche toujours.



Nous sommes à Moscou, pendant la première guerre mondiale mais les horreurs de la guerre ne touchent pas la jeunesse oisive du lycée. On découvre Vadim, un jeune lycéen observateur cynique de son époque. Il se présente comme un jouisseur méprisant et brutal pour qui le tableau de la vie c’est d’abord le quotidien du lycée ou les machinations sociales permettent de grappiller de l’influence, pour qui les femmes ne sont que des faire-valoir d’un "enfant prodige érotique".

Mais derrière la carapace, Vadim est un écorché vif qui agit le plus souvent guidé par des impulsions et le désir de paraître. Il souffre de sa propre cruauté et de son comportement, son humanité transpire dans les regrets et les remords qu’il éprouve. A ce titre le deuxième chapitre où il trompe l’innocence de la jeune Zinotchka pour finalement souffrir de l’inutilité de son geste est assez révélateur.

Finalement, Vadim terminera le lycée et rencontrera l’amour. Celui avec un grand A, que tous attendent. Vadim le trouvera et il causera sa perte et sa déchéance. Malgré tout le cliché de ce concept, le regard perçant et la froide analyse livrée par le narrateur, l’étude de l’antagonisme fatal entre sentiment et désir font de ce roman un chef d’œuvre, très loin du côté romantique et fleur bleue du thème abordé.

La dernière partie ou Vadim sombre petit à petit dans la cocaïne est tout aussi magistrale, mais donne à penser que le point d’orgue est passé. C’est une erreur et le dernier paragraphe fait entrer le roman au panthéon des œuvres immortelles.



Ce livre est monstrueux et merveilleux, il est futile et essentiel, en bref il m’a marqué.
Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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Roman avec cocaïne

Il plane, ou il a plané, une aura de mystère autour de ce roman. Sur l'auteur tout d'abord, dont l'identité semble certaine depuis peu seulement. On a pensé à Nabokov, il y a eu des enquêtes, la dernière s'arrêtant à Mark Lévi de source quasi certaine *. Mark Lévi, nom de plume M Aguéev, un illustre inconnu dont peu d'éléments biographiques majeurs lui survivent, en dehors de la parution en 1930 de son unique livre. Et s'il y a eu autant de volonté à savoir presque un siècle après, on se doute que c'est pas pour le premier roman de gare venu de l'est. Non, c'est surtout parce que le contenu est édifiant.



Dès le début on est saisi de stupeur quand Vadim, du haut de ses 16 ans, de honte fait passer cette vieille dame loqueteuse pour sa gouvernante, en lieu et place de sa pauvre mère venue lui apporter au lycée une enveloppe qu'il avait oubliée. Lui et ses copains en rigolent crânement. Ou quand la honte se mue en cruauté, la dérive des sentiments s'installe et ne s'arrêtera qu'à déchéance totale.

Dualité des sentiments encore quand dans la deuxième partie Vadim veut embrasser la terre entière et ignore sa mère croisée sur les boulevards, un Vadim incapable de désirer Sonia son grand amour, étouffé qu'il est par l'emprise du cœur, « trop sensible pour être sensuel » .

Ou un Vadim qui succombe à la cocaïne dans le troisième temps du roman, un peu par oisiveté, sans doute parce que son âme est définitivement blessée, que l'on suit pétri d'amour pour sa mère endormie, alors qu'il lui vole une broche pour plus de poudre magique.

Il y a dans ce livre des passages saisissants de lucidité sur les travers de l'âme humaine. Si Aguéev met en scène la cruauté du narrateur envers sa mère, on se dit pas que c'est atroce tellement c'est cruel, on se dit voilà, la cruauté c'est ça. Une sorte de définition par l'exemple narratif, bien mieux que Robert et Larousse réunis.

Il y a surtout profusion de passages scotchants de maîtrise et de clarté confondues, où les images et les comparaisons y sont saisissantes de réalisme, les formules pénétrantes. Je pense en particulier aux errements de Vadim sur les boulevards, à la recherche d'un amour pour un soir. Ou la description minutieuse et dédoublée par sa conscience de sa première nuit sous emprise de cocaïne.

Il y a encore tellement à dire si l'on en est capable, les interprétations et les pistes de lecture abondent sur le net, qui inscrivent l'errance du narrateur dans un contexte historique de la Russie révolutionnaire de 1917, ou sous l'angle du bolchevisme et de l'antisémitisme naissant.



Roman avec cocaïne, un roman comme une piqûre de rappel pour moi, que je relis régulièrement au fil des ans. Comme un rendez-vous sulfureux et égoïste dans ma vie de lecteur, peut-être pour vérifier où j'en suis, si j'ai pas trop changé, peut-être aussi pour m'assurer que j'avais pas rêvé la première fois. Non j'avais pas rêvé, c'est un grand, un sacré bon roman.





* http://www.lemonde.fr/m-actu/article/2013/08/09/l-enigme-m-agueev_3459015_4497186.html
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Roman avec cocaïne

Le meilleur "200 pages" que j'ai lu !!
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Roman avec cocaïne

Voici un livre a classer dans les 3 etoiles du guide Michelin des voyages litteraires … Un classement entre « Vaut le detour » et « a ne pas manquer ». Alors « roman avec Cocaine » c’est quoi ? L’histoire d’un jeune adolescent russe, Vadim, qui vit et etudie a Moscou autour de 1917. Malgre l’epoque charniere dans l’hisoire de la Russie, il y a peu etat d’idees politiques. Il s’agit plutot d’une sorte de roman initiatique ou ce jeune homme decouvre le monde exterieur et interieur au travers de ses amities et de ses debauches. C’est la un resume rapide … on en trouve de tres bons et de plus pousses sur la toile. Je me contenterai d’insister sur ce qui m’a touche dans ce roman: le style, le rythme (il n’y a pas une page en trop), l’originalite des metaphores, l’acuite des descriptions, autant materielles que sensorielles. Le livre propose certainement une vision assez masculine du monde (il ne faut pas lire la que je la partage !), plutot sombre, egocentrique et ‘machiste’. Pourtant, le texte fait dans la nuance. Malgre ses defauts, Vadim, n’est pas un pur salaud. Il aspire parfois a l’elevation de son ame. Au travers de ses experiences sociales, amoureuses et cocainomanes (la description de la premiere prise de cocaine est d’ailleurs remarquable !), il expose ses reflexions sur les 2 faces de l’ame: sa face eclairee et sa face sombre … L’homme dans toute sa dualite est offert a sa vindict.

Lydia Cweitzer, la traductrice (qui a mon avis a fait un excellent travail car les phrases, bien que traduites, ont souvent beaucoup d’eclat !) rapproche ce style de Proust et de quelques autres ecrivains dont j’ai oublie le nom. J’ai peu lu Proust, mais de ce que j’en connais, je suis d’accord pour faire ce lien. Je le rapprocherai aussi de Kundera, pour le cynisme et la « non moralite » de certains de ses personnages. Des gens plus cultives trouveront sans doute des familiarites avec d’autres auteurs … Le but n’est pas de classer mais de proposer quelques noms qui pourraient encourager la lecture de ce livre qui comme je l’ai note en debut de post, vaut le detour !
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Roman avec cocaïne

Mes dieux quel bonheur…

D’abord je precise que je suis une archi fan des romans avec une ambiance sombre et je le trouve sombre/10 donnnc si vous n’aimez pas le sombre passez votre chemin

Notre héros est asbolument tout ce que j’aime a savoir intelligent mais peu moral

(Un peu anti heros vibes finalement)

On se retrouve coincés dans ses pensées qui sont complètements delirantes (cocaines ou non)

L’ambiance du livre, a la fois trop lent et trop rapide puis trop sombre mais pas encore assez.

on veut que ca ne s’arrete jamais

Meme lorsque notre ami cocaïnomane semble atteindre le maximum des profondeurs de son ame on aimerait que ca aille plus loin encore

Une pepite

A lire et relire
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Roman avec cocaïne

Quelle est détestable cette saloperie !

Sûrement la drogue qui fasse le plus de ravages, obligeant même ceux qui n’en prennent pas à supporter les petits égo sur-gonflés de ceux qui ne savent plus s’en passer pour exister en société.

Ce numéro que chacun garde dans son répertoire, appelé et réglé plus facilement qu’une livraison de pizza ; « on est combien ? », et qui ensuite font de grands discours de probité et de morale, tripotant leur stupide biniou numérique à selfie, affublés d’autocollants-dazibao inclusifs, ignorant volontairement les carnages de cette industrie, à tous les niveaux…



Navré de ce petit rappel, mais ce roman l’exige en introduction, surtout qu’il met en scène un héros presqu’aussi haïssable, archétype du roman russe d’apprentissage, jeune homme fiévreux et passablement égocentrique, candidat tout désigné à ce genre de consommation…



C’est en effet un roman tout à fait singulier. La très bonne préface de sa traductrice ( on s’en souviendra lors d’une prochaine lecture… ) vient nous rappeler l’origine incertaine de ce texte, son histoire compliquée pour échapper comme toujours à la censure, qu’on pourra compléter avec les éléments apparus entre temps à notre connaissance ( comme la confirmation de l’identité de son auteur ).

Son style reste assez unique, bien que l’obsession des comparaisons lasse vite l’observateur, surtout lorsque Proust ou Musil sont convoqués…



Donc de la coke il y en a, mais seulement dans le dernier quart du roman, le reste pouvant s’intituler plutôt « Roman avec sale type ».



Il fait partie de ces livres dont l’épilogue élève potentiellement l’ensemble à un autre niveau, plonge dans une profonde réflexion, et boucle ingénieusement l’histoire avec une facile évidence ; morale de l’histoire ou bien patente absence de celle-ci, à vous de choisir, alors qu’on ne s’y attend pas du tout…



Un véritable classique, alors que l’ensemble paraissait souffrir d’une construction bancale et banale, ce qu’il en reste venant tout basculer…



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Roman avec cocaïne

Roman avec cocaïne parle d’un jeune homme en quête de lui-même, de sa plongée progressive aux enfers...

L’histoire se déroule en quelques semaines, pendant lesquelles Vadim découvre : l’amour, la haine et la drogue. L’amour désespéré pour Sonia ; le mépris ingrat envers sa mère, et finalement : l’addiction à la cocaïne…

Vadim fini par se plonger dans la cocaïne à la fin du roman, à cause de son désespoir, et par manque d’amour-propre. En effet, il tente de séduire une bourgeoise ; mais il a honte de sa mère, miséreuse et pathétique. Celle-ci vit dans le dénuement le plus total, elle est désespérément amoureuse de son fils, et son affection non réciproque la détruit... Chaque rouble qu’elle parvient à mettre de côté, elle l’offre à Vadim ; elle se ruine pour lui arracher un peu d’attention, et du début à la fin : Vadim fera semblant de ne pas la connaître.



Ce n’est pas tellement la cocaïne le sujet principal du livre, mais la progressive perdition d’un jeune homme. Le mépris pour sa mère le plonge dans un trouble cauchemardesque, car en l’ignorant, il espérait en revanche, recevoir de l’amour d’une jeune fille. En vain.



Cette petite oeuvre est magnifique. L’auteur reproduit le lyrisme dramatique et l’exaltation des sentiments Dostoïevskien à la perfection, en utilisant de longues descriptions psychologiques tortueuses. Roman avec cocaïne est déchirant ; je le classe dans les oeuvres majeures russes.

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