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Citations de Maaza Mengiste (45)


- [...] Un gouvernement de combattants ne sait pas diriger, seulement engendrer d'autres guerres.
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«Ta famille est ton allié le plus loyal.»
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- Tu veux sauver des gens, alors sauve les vivants.» Solomon se leva, repoussa sa chaise qui heurta la table. «Ceux qui sont morts ne valent pas la peine qu'on meure pour eux.»
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La police était partout ces jours-ci, à la recherche de suspects à qui imputer l'épidémie de bus brûlés et de magasins pillés qui avait déferlé sur la ville. Ces actes téméraires de violence et de rébellion, qui devenaient de plus en plus fréquents, poussaient la plupart des citoyens à se barricader chez eux sitôt le soleil disparu derrière l'horizon.
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Et puis, venues d'on ne sait où, les tendres voix des femmes. Carlo se remet debout, chancelant, et de nouveau braque ses jumelles. Mise au point, réglage, réglage, réglage, car il y a ces tanks, majestueuses bêtes abattues, car ils sont d'acier et de caoutchouc et d'obus, car l'homme est un miracle, mais tout cela ne laisse nulle place aux femmes ni au chant. C'est l'impossible pur, songe-t-il en repérant, sur le champ de bataille fumant, une floraison de robes blanches dont les jupons ondulent au vent. Elles dévalent la colline au mépris des lois de la gravité, au mépris des pierres coupantes et de la chair tendre des pieds, comme si un corps humain pouvait ainsi Se propulser à des angles si improbables avec une grâce si naturelle. II les voit sans pouvoir y croire. Il les entend sans pouvoir les assimiler. Le lieu où il se trouve, parmi le fer et les débris et les balles et le sang, n'autorise ni distosion ni faille. Ce ne sont pas des femmes, décrète-t-il, mais des visions. C'est un mirage, un simple miroitement sur ce sommet dominant la vallée bouillonnante. Ce qui est réel, ce sont les trilles lointains des avions. Ce qui est probable, c'est I'attaque qui s'abattra de ces machines volantes fuselées. Pourtant, les voix persistent.
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C’est une nonne qui se mue en hyène, un esprit tourmenté qui réclame vengeance du haut des arbres desséchés. C’est l’impératrice Taitu ressuscitée d’entre les morts pour combattre les ferenjoch. C’est un fantôme sans nom dépêché par le Tout-Puissant pour maudire nos ennemis étrangers
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Le temps s'est effondré et voici ce qui reste: une invasion. Haile Sélassié relit le télégramme et dévisage son conseiller stupéfait. Il n'a pas envie de demander : Mais comment ? Il ne peut se résoudre à dire: Aussi simplement que ça ? Il ne peut que scruter le bout de papier en disant: La rivière Gash, c'est là que Ménélik a tracé la frontière avec l'Érythrée, il y a quarante ans. C'est ça que l'Italie retient quand elle pense à sa défaite d'alors. Il songe : Mon père m'avait emmené voir cette rivière, il me l'avait montrée fièrement, en me précisant qu'on l'appelait aussi la rivière Mareb. Je fus jadis un petit garçon debout sur la berge, qui regardait ces eaux brunes, accablé d'ennui. Il lève les yeux et replie le télégramme en appuyant fermement sur les bords.
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Il avait utilisé l'écorce du plus gros arbre poussant sur les terres de son père. Ses racines s'enfonçaient dans la terre comme des doigts avides : "Je voulais fabriquer une porte à partir d'un arbre qui refusait de laisser la vie s'échapper", avait dit un jour Hailu.
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Les Éthiopiens sont des combattants , mais ils ont ordre de ne pas combattre ces Italiens en train de franchir la frontière pour envahir un territoire qui, selon Hailé Sélassié, est un no man's land. L'empereur leur a ordonné de laisser entrer l'ennemi pour que le monde entier puisse voir quel pays est l'agresseur. Tels sont ses ordres; mais dans la guerre de son père, le genre de guerre que Kidane a été formé à livrer, les envahisseurs auraient été attaqués sur-le-champ. Ils auraient succombé sous les balles et les javelots, leurs os brisés par les mains de guerriers vengeurs. Ils n'auraient pas eu le temps de bombarder les villes d'Adoua et d'Adigrat, de tuer des femmes et des enfants.
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Ils disent que les soldats ont atteint Aksoum et pris la ville sans tirer un coup de feu. Ils aiment à dire que tous les officiers commandant les armées d'Ethiopie, sur ordre de leur empereur, ont laissé le champ libre aux envahisseurs ferenjoch pour faire apparaître les Italiens comme des agresseurs. Ils affirment que, après quarante ans d'humiliation, Adour à enfin été prise par les Italiens, fièrement, le 5 octobre 1935, et que ce minuscule village insignifiant a accueilli les conquérants avec force révérences et youyous.
C'est ainsi qu'on q écritvl'Histoire, c'est donc ainsi qu'on la retient.
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Il connaît la Gash. Il sait que c'est un cours d'eau insignifiant qui naît près d'Asmara et longe l'Éthiopie. Elle a beau faire quatre cents kilomètres de long, ce n'est pas le Nil. Ce n'est pas la mer Rouge. Ce n'est même pas un affluent majeur qui délimiterait des routes marchandes et relierait des grandes villes. Ce n'est rien. Rien de plus qu'un oued qui ruisselle vaguement pendant la saison des pluies. C'est la ligne de démarcation instauré par l'empereur Ménélik il y a quarante ans pour séparer l'Erythrée de l'Éthiopie. Un simple trait tout pâle qui ne vaut pas mieux que la poussière qui l'entoure.
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Il avait commencé à tricoter et à repriser ses nerfs et ses muscles. Son corps s'adaptait à une existence sans souffrance. J'ai avalé mes propres dents, je n'ai nulle part où aller pour vomir mon propre refus et j'ai failli mourir de faim avec un ventre rempli uniquement de culpabilité et de peur.
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"Dieu ne prend pas sans donner." Même à l'époque, l'assurance de Selam avait ébranlé la sienne.
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Hailu savait que si Dawit avait été là, il aurait dit quelque chose, se serait lancé dans une déclaration enflammée revendiquant une nouvelle Constitution et la liberté d'expression, une réforme agraire qui donnerait au fermier la propriété des terres qu'il cultivait, le retrait du vieux monarque fatigué.
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Mais la cuisinière n'avait pas compris que, lorsque deux personnes sont en tort, parfois seule l'une des deux est punie, et c'est celle-là qui s'effondrera sur ce chemin à peine éclairé par une lune triste et sera témoin de la fureur d'un homme qui en représente tant d'autres.
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(..) la cuisinière a été traînée par les cheveux sur le chemin de terre en pleine nuit parce qu'elle avait écouté le désespoir d'une jeune fille, qu'elle le comprenait, qu'elle savait ce que ça faisait d'être arrachée à son foyer et forcée de vivre dans une nouvelle famille.
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Il regarde fixement l'objectif, comme prêt à charger, comme s'il percevait la faiblesse de l'appareil. Comme s'il connaissait déjà la différence entre ce qu'on voit et ce qui est vrai.
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Mais seuls l'habileté tactique et l'effet de surprise pourront aider Kidane et ses soldats contre les ascaride qui connaissent le terrain aussi bien qu'eux, qui peuvent réduire à leur merci moines et villageois, et renverser à leur profit la pluie et le brouillard.
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Kidane revient à la photographie. Le soleil étincelle sur un groupe d'hommes qui défilent juste derrière les colonnes de guerre. Ce sont des ascari, ces soldats originaires d'Erythrée, de Somalie, de Libye et même d'Ethiopie qui se battent aux côtés des Italiens.
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Kidane sait que les Italiens proclameront leur première victoire à Adoua, puisqu'ils y ont connu leur première humiliation, du temps de son père. Ils vont tenter de réécrire le souvenir de ce jour de 1896, il y a quarante ans, où ils ont été mis à genoux et forcés de se prosterner devant les fiers guerriers éthiopiens. Tout cela, ils le font pour Adoua, pour ce lieu qui est plus qu'un lieu. Ils sont venus réécrire l'Histoire, altérer la mémoire, ressusciter leurs morts et les remodeler en héros.
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