L'Historiographe du royaume de
Maël Renouard aux éditions
Livre de Poche
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Les livres disposés dans les étagères de ma bibliothèque, si je les parcours du regard, me renvoient à des images de librairies, points d'ancrage dans les nappes du passé.
Je ne dois pas être seul à être familier de cette expérience : au moment de partir en vacances, l'été, on bourre ses valises de livres qu'on se promet de lire au soleil, dont on sait déjà, sans trop se l'avouer, que le nombre excède ce qu'on sera concrètement capable d'achever
( mais, se dit- on , c'est aussi pour se ménager la possibilité de choisir), et puis, arrivé sur son lieu de villégiature, on visite un libraire ou un bouquiniste du pays, et voici que l'on découvre un nouveau livre, gros ou très gros que l'on n'avait jamais vraiment songé à se procurer avant de tomber ainsi au hasard d'une flânerie, mais que l'on va donc prendre, et que l'on va passer toutes les vacances à dévorer, au détriment de la lourde cargaison que l'on avait emportée et qui se trouve frappée d'inutilité avec une soudaineté presque comique.( p.95)
Autour du Palais-Royal, de nos jours, deux librairies se recommandent au promeneur qui cherche un livre à emporter dans le jardin, pour en lire les premières pages sur un banc, à l'ombre des rangées d'arbres, ou au bord de la fontaine centrale : Delamain, côté Louvre, en face de l'entrée sud, et Jousseaume, située à l'opposé, côté Bourse, dans la galerie Vivienne toute proche de l'entrée nord. Ces deux librairies ont l'une et l'autre, chacune à leur façon, un charme très XIXe siècle. J'ai déjà évoqué Delamain, ses échelles de bois, son parquet craquant, qui eût rendu le même son sous les bottes de Rastignac ou de Rubempré- le lieu est propice aux songes des ambitieux qui rêvent d'être en même temps écrivain, pair de France, membre du Conseil d'État, qui est juste en face, et de l'Académie française qui n'est qu'à quelques encablures, de l'autre côté du Louvre et de la Seine, au bout de la passerelle des Arts.( p.67)
Quelquefois, si les livres achetés dans les lieux que l'on visite se trouvent n'avoir aucun rapport avec eux, ils entremêlent à la perception du promeneur des fragments d'atmosphère venus d'ailleurs, créant un espace imaginaire deux fois étranger, suspendu entre plusieurs mondes.
Il méprise ceux qui le flattent, il déteste ceux qui lui résistent [...]. Aucun rapport avec lui n'est possible. Qu'il ait affaire à un courtisan de basse espèce, et il est impatient de trouver quelqu'un avec qui exercer son intelligence d'égal à égal ; mais qu'il soit en compagnie d'un homme qui ne lui cède en rien par l'esprit, et il est impatient de l'anéantir, car personne ne doit risquer de lui faire de l'ombre.
Le roi aimait à citer des auteurs français, et singulièrement Pascal, pour qui il avait une telle prédilection qu'il lui attribuait souvent des sentences dont il n'était pas l'auteur. Le peuple ne s'arrêtait pas à ces imprécisions, il était fier d'avoir un souverain érudit, capable d'en remontrer aux Français ; les lettrés les percevaient, mais pour rien au monde ils n'auraient osé en rire.
( Chez Corre à Rennes)
J'y ai acheté un livre extraordinaire et méconnu, dont j'ignorais moi-même l'existence et que j'ai découvert ce jour- là, par hasard: la monographie de Jules Simon sur Victor Cousin, simplement intitulée - Victor Cousin-, publiée chez Hachette en 1887, dans une collection intitulée " Les grands écrivains français ".Jules, agrégé de philosophie, président du Conseil en 1876, avait été, rue d'Ulm, l'élève de Cousin; il en raconte la vie comme un roman de Balzac, avec un grand talent littéraire, avec en particulier, à l'égard du personnage principal, une ironie permanente , tendre mais très nette.Tout étudiant, tout professeur de philosophie devrait lire ce livre qui raconte l'invention des institutions de cette discipline en France, à peu près telles que nous les connaissons encore.
( p.32)
J'ai passé de si longues heures dans certaines librairies, quand j'étais étudiant, qu'elles se maintiennent au premier plan dans l'image que j'ai gardée de l'espace urbain où s'organisait alors mon existence.
Je me souviens que je me demandais comment les petits voiliers prisonniers du jet d'eau au milieu du bassin du Luxembourg pourraient se sortir un jour des griffes de ce monstre marin.
D'un grand nombre de mes livres, je peux dire, bien des années après, dans quelle librairie je me les suis procurés, et je m'en souviens comme je me souviens de la ville où je me trouvais, du jardin public ou du café où j'allais en lire les premières pages.