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Critiques de Marc Stéphane (8)
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Ceux du trimard

Si j'apprendrais que le pèr' Frédéric Dard aurerait lu les bouquins d'Marc Stéphane que ça me stupéfirerait pas...

C'est qu'en ligotant "Ceux du trimard", j'ai eu l'impression d'entend' dégoiser le gars Béru !



Faut dire que les z'humanités à Dard, elles étaient plus du côté des Pieds Nickelés de Louis Forton, de Villon et Rabelais que chez Montaigne et La Boétie...

Un peu celles de Marc Stéphane quoi, y'a cousinage et accointances, pas ?



Ceux du trimard, conte les mésaventures de Batiss' un réfractaire, trimard, cheminot (pas de la SeuNeuCeuFeu, cheminot des chemins où qu' tu marches à pieds), un peu voleu', un peu braco, journalier dans les cultur's quand y trouv' de l'embauche...



C'est un malin l' Batiss, pas l'mauvais boug', mais faut bien viv' et les pandores et les gard' chasse lui font la misèr', alors pas de cadeaux à fair', tout est bon à prendre à la foire d'empoigne !



Si t'es un peu du genr' dégourdi, que t'es pas du côté de la maréchaussée et des curetons, viens t'en fair' un bout d' route avec Batiss' et les trimards !
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La cité des fous : Souvenirs de Sainte-Anne

Lorsque Marc Stéphane parle de "Cité des fous", c'est bien à l'asile de Sainte-Anne qu'il fait allusion. Les 94 jours passés en compagnie de ceux qu'il dénomme les pégés (paralytique général au dernier période) ou autres aliénés constituent la base de ce récit aussi drôle que révoltant. Les fous y sont aussi déjantés que les personnels et il n'y a pas un infirmier pour rattraper un louf. Parmi cette horde de cinglés, il y a bien évidemment les persécutés, les grandes gueules, les obsédés, les mystiques et bien d'autres encore... Les portraits brossés ne manquent pas de faire sourire mais qu'on se le dise, personne (exceptés peut-être certains qui se font passer pour fou) n'a envie de se faire interner à Sainte-Anne. C'est avec beaucoup de bienveillance que Marc Stéphane s'attache à décrire son expérience chez les fous. Conduit à l'asile en raison d'un état de santé jugé fébrile, l'auteur de la Cité des fous jouit pourtant cet esprit critique qui fait de son séjour, un terrain d'observation aussi riche qu'hallucinant. Il avoue d'ailleurs sans concession qu'il faut être un peu dérangé pour travailler en asile. Pour preuve, il ne tarit pas en anecdotes aussi navrantes que truculentes. J'aurais d'ailleurs bien du mal à exprimer mieux qu'Éric Dussert ne l'a fait dans sa préface, tout le bien que je pense de cet ouvrage : "Et parce que cet écrivain désormais englouti possède une langue à faire pâlir un certain Céline, parce que ses lignes mêlent à une intense compassion un refus du pathos fétide, il transforme ce qui pourrait être un réquisitoire en odyssée au pays de la folie." C'est vrai : à aucun moment, Marc Stéphane ne verse dans le pathos. Empathique et compréhensif, il témoigne à travers son récit d'un attachement presque paternel à ses compagnons d'infortune. Parallèlement, il prend un malin plaisir à faire tourner en bourrique les personnels de l'asile lorsqu'il ne les a pas "à la bonne". A tel point, qu'on finit par ne plus savoir qui est sain et qui est fou et que finalement, on se demande ce que signifie réellement être fou...



Bien sûr, le sujet abordé n'est pas drôle : l'asile du début du 19e siècle n'a rien d'une sinécure (soit dit en passant nos actuels hôpitaux psychiatriques ne sont pas forcément beaucoup mieux armés qu'à l'époque). L'idée qu'on peut s'en faire n'est donc pas si éloignée du tableau dépeint par Marc Stéphane mais là où l'on décèle le génie (ou devrait-on plutôt dire la folie ?) de l'auteur, c'est lorsque l'on arrive tout de même à rire des scènes racontées. Le verbe de Stéphane est unique en son genre. Voilà par exemple comment il parle des infirmiers : "Qui n'a point vécu avec ces matamores ne peut s'imaginer combien ils sont capons." (p.109). Nous noterons au passage cette étrange lucidité dont fait preuve l'auteur et qui ne laisse pas d'interroger sur le sens véritable de la folie : "Un homme qui, vraiment sain d'esprit viendrait par malfortune à être interné dans un asile, ne devra jamais prostester de sa parfaite lucidité, s'il tient à revoir promptement ses dieux lares. Et ceci, je vous prie de le croire, n'est nullement un paradoxe, attendu que tous les fous concevables, je dis tous les fous sans exception, s'affirment à tue-tête les êtres les mieux équilibrés de l'univers (...) Et l'abc de la profession d'aliéniste consiste simplement à acquérir d'emblée la conviction qui deviendra irréductible, parce que toujours vérifiée, que jamais pégé ne se reconnaîtra gâteux, jamais loquace incohérent, jamais soulographe alcoolique, jamais persécuté sot, et qu'un halluciné enfin, se laissera stoïquement doucher à glace, plutôt que d'admettre la sombre inanité de ses phantasmes." (p.212). Marc Stéphane conviendra d'ailleurs qu'il n'a pas lui-même échappé à cette étrange logique...



Pour conclure, je reprendrai encore une fois les mots suivants d'Éric Dussert : "La cité des fous mérite de figurer dans les bibliothèques de ceux pour qui la littérature n'est prisonnière d'aucune forme et d'aucune camisole." Pour moi, c'est exactement sous cet angle que j'envisage la littérature.



Pour aller plus loin sur ce sujet, découvrir également Un drame affreux chez les tranquilles du même auteur, oeuvre fantastique cette fois, qui complète la présente réédition de la Cité des fous aux éditions de L'Arbre Vengeur et dont je recommande également la lecture.



Le livre est enfin illustré par de beaux dessins d'Alain Verdier dont l'éditeur dit : "A force d'illustrer Marc Stéphane, Alain Verdier en a perdu un peu de raison, pas mal d'appétit et beaucoup d'encre."
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Ceux du trimard

Léon Daudet, profondément convaincu du génie de Marc Stéphane, disait de Ceux du trimard : "Voici un livre extraordinaire, unique, délectable descendant en ligne droite de Rabelais, écrit dans le beau parler du trimard que j'estime le roi des argots." (extrait de l'article de Léon Daudet reproduit par Éric Dussert dans sa préface). Marc Stéphane, auteur malheureusement méconnu aujourd'hui, fût lui-même un trimardeur qui traina ses froques sur les routes de France. Ce "chef d'oeuvre de la langue verte", toujours pour reprendre les mots du fils même d'Alphonse Daudet, qui s'inscrit véritablement dans la veine d'un François Villon du 19e est, je le confirme, un "bouquin acerbe et brûlant (...) qui purge la littérature affectée" (p. 11). Et c'est dire si c'est un membre de l'Académie Goncourt qui l'affirme ! Parce que le trimardeur, ou en d'autres termes, le vagabond, le clochard, le chemineau, le traîne-bâton... est par excellence un spécimen condamné à être écorché vif par la vie, il n'a pas droit aux privilèges des gens comme il faut. Sa survie, il la doit au système D. Et quand bien même le "camerlot" est un bon gars, le vol, le braconnage, le viol et même le meurtre, sont son lot quotidien. Comme le rapporte le narrateur en introduction de ces mémoires d'un vieux clochard, le Père Bastiss est "tout confit en souvenirs les plus amusants du monde, sur la pittoresque vie des clochards (...) - étant tout venu comme l'queue d'un quien" (p.31). Cocasses, surprenants, truculents ? Ces récits de Batiss le sont certainement. Mais pas seulement car la "route" est semée d'injustices et de mauvais coups du sort que dénonce volontiers le vieux camerlot. Et puis, il faut quand même le dire, comme une sorte d'ironie du destin, lorsque par chance, il lui est arrivé que la fortune lui sourie, le sacré Batiss n'aura jamais su résister à l'appel du trimard...





De la même façon que La cité des fous et Un drame affreux chez les tranquilles m'avaient convaincu du talent de Marc Stéphane, Ceux du trimard fait montre d'un esprit libre et corrosif qui gagne à être connu. Cet argot tant encensé par Léon Daudet, a ce je ne sais quoi d'authentique et populaire qui m'a interpellé. On y pioche de ces invraisemblables expressions qui ont laissé dans notre langage moderne un héritage linguistique insoupçonnable. C'est imagé, drôle ou parfois difficilement compréhensible mais au final, quel régal que de s'essayer au décryptage de ce parler du turbin. Définitivement conquis par la langue argotique de Marc Stéphane (cf. l'esprit caustique de Batiss), par les sujets qu'il aborde (les misères mais aussi les joies de la route) et les messages assenés (critique mordante de la société), je ne peux que vous inviter à vous frotter à cette plume. Raconter aussi crûment et sincèrement l'univers peu enviable des clochards fut pour l'auteur un beau prétexte à tailler vertement la société. Batiss/Stéphane ? ne s'écrie t-il pas à propos des laissés pour compte : "Ben, elle est prop' leur République, y'a qu'à voir : liberté, égalité, fraternité - ou trois blagues, mi je dis. Bon. Pas fameux tout ça, compagnon." (p.243). Tiens ? A y réfléchir un court instant, on doit tristement reconnaitre que les trimards de notre temps ne sont pas bien mieux lotis qu'avant...
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La cité des fous : Souvenirs de Sainte-Anne

La Cité des Fous est le témoignage de l’écrivain Marc Stéphane, scandaleusement inconnu aujourd’hui, sur ses 3 mois passés à St Anne au début du 20ème siècle.



Indéniablement, ce livre est un document sur l’internement et les « traitements » de la folie à l’époque. Mais par sa langue exceptionnelle, orale et argotique et dont le préfacier a raison de dire qu’elle annonce Louis-Ferdinand Céline, « La Cité des Fous » s’inscrit de plein droit – et avec quelle maestria - dans la littérature.



Marc Stéphane multiplie les portraits tragi-comiques de ses petits camarades. Si les délires des uns et des autres prêtent à rire, Marc Stéphane est, à l’endroit des « louftingues », plein d’humanité. Le rire n’est jamais ici un jugement ou une condamnation. Si Marc Stéphane manie une ironie féroce lorsqu’il évoque les brutalités quotidiennes des infirmiers, il sait aussi prendre du recul, suspendre son jugement, analyser les conditions de travail et comprendre l’énervement du personnel. Seule l’hypocrite Société, à qui Marc Stéphane réserve ses mots les plus durs et des condamnations sans équivoque, ne trouve pas de grâce aux yeux de cet anarchiste revendiqué.



Texte absolument remarquable, magnifiquement écrit, « La Cités des Fous » est pour moi une révélation ; Probablement un des meilleurs livres lus cette année. A lire !

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Un drame affreux chez les

Un drame affreux raconte la mésaventure de Casimir-Onésine-Fortuné Desrois à l'asile de Sainte-Anne. Gardien des quatre compères qui occupent le dortoir des "tranquilles", Desrois commence son récit par cette exclamation : "Ah ! je m'en souviendrai, monsieur, oui, je m'en souviendrai, de ce coup de trafalgar-là, et dussé-je vivre cent ans encore - ce qu'au diable ne plaise ! - je suis bien sûr de mon affaire, sacrée misère ! et de ne dormir point mon pesant sommeil d'infirmier, de bagnard de Sainte-Anne, sans cauchemar !" p.9. Ceux qu'on appelle les tranquilles ne sont malheureusement pas ceux que l'on croit et c'est à ses dépens que Desrois l'apprendra. Il y a l'"architèque", l'espèce de journaliste, "qui se cuidait, persécuté par les Kaiserlicks", le barbu Père éternel et Voltaire, un petit vieux qui "nasillait sempiternellement" : "Et des boyaux du dernier prêtre, étrangler le dernier des rois". Malgré leurs quelques chamailleries et leurs relatives bizarreries, ces quatre-là semblaient assez maîtrisables. C'est donc en toute confiance que Desrois s'accorde un repas bien arrosé en cachette chez la "payse", cuisinière du directeur de l'Admission. Quelle erreur ! De retour au dortoir par des voies dérobées, Desrois se souvient soudain qu'il a oublié une fiole d'absinthe sur son chevet... Commence alors le "drame affreux"...



Pour comprendre la démarche littéraire de Marc Stéphane et en saisir tout le génie, il suffit de se référer à cette intéressante analyse proposée par Jean Ott sur L'alamblog dont voici un extrait : "Il serait trop facile, vraiment, de faire pendre Marc Stéphane avec quatre lignes de ses Aphorismes ; mais si vous les lisez jusqu’au bout, il vous deviendra tout à fait impossible de ne pas l’aimer." Et ce n'est que trop vrai. Selon l'éditeur, Marc Stéphane est le digne héritier de Rabelais et de Villon. On retrouvera son verbe si particulier dans la prose de Céline. J'y retrouve moi, du Céline et du Bloy à la fois mais avec cette particularité unique qui fait de Marc Stéphane un auteur incomparable. Un drame affreux est véritablement un récit odieux, épouvantable mais il est drôle (si, si, j'ai ri) et narré dans un style inimitable. Comme le souligne si bien l'éditeur "Un inspiré avait changé la face de la littérature, il se nommait Marc Stéphane." Si l'auteur est injustement méconnu de nos jours, on remerciera L'Arbre vengeur d'avoir exhumé ce texte truculent. C'est tout simplement excellent. En témoignent les nombreux articles dithyrambiques de la revue de presse de l'époque présentée en fin d'ouvrage. Que dire d'autre à part : "Lisez Marc Stéphane" !
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Ceux du trimard

Partons sur ce trimard où coquillards et ribauds y font couler le raisiné aux échos de leurs bien gras.
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Ma dernière relève au bois des Caures

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La cité des fous : Souvenirs de Sainte-Anne

L'auteur témoigne de son internement à l'hôpital Sainte-Anne au début du XXème siècle. Un monde et une galerie de personnages étonnants en un langage fleuri. Du Céline chez les barjots: un miracle littéraire...

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