Un drame affreux raconte la mésaventure de Casimir-Onésine-Fortuné Desrois à l'asile de Sainte-Anne. Gardien des quatre compères qui occupent le dortoir des "tranquilles", Desrois commence son récit par cette exclamation : "Ah ! je m'en souviendrai, monsieur, oui, je m'en souviendrai, de ce coup de trafalgar-là, et dussé-je vivre cent ans encore - ce qu'au diable ne plaise ! - je suis bien sûr de mon affaire, sacrée misère ! et de ne dormir point mon pesant sommeil d'infirmier, de bagnard de Sainte-Anne, sans cauchemar !" p.9. Ceux qu'on appelle les tranquilles ne sont malheureusement pas ceux que l'on croit et c'est à ses dépens que Desrois l'apprendra. Il y a l'"architèque", l'espèce de journaliste, "qui se cuidait, persécuté par les Kaiserlicks", le barbu Père éternel et
Voltaire, un petit vieux qui "nasillait sempiternellement" : "Et des boyaux du dernier prêtre, étrangler le dernier des rois". Malgré leurs quelques chamailleries et leurs relatives bizarreries, ces quatre-là semblaient assez maîtrisables. C'est donc en toute confiance que Desrois s'accorde un repas bien arrosé en cachette chez la "payse", cuisinière du directeur de l'Admission. Quelle erreur ! de retour au dortoir par des voies dérobées, Desrois se souvient soudain qu'il a oublié une fiole d'absinthe sur son chevet... Commence alors le "drame affreux"...
Pour comprendre la démarche littéraire de
Marc Stéphane et en saisir tout le génie, il suffit de se référer à cette intéressante analyse proposée par Jean Ott sur L'alamblog dont voici un extrait : "Il serait trop facile, vraiment, de faire pendre
Marc Stéphane avec quatre lignes de ses Aphorismes ; mais si vous les lisez jusqu'au bout, il vous deviendra tout à fait impossible de ne pas l'aimer." Et ce n'est que trop vrai. Selon l'éditeur,
Marc Stéphane est le digne héritier de
Rabelais et de Villon. On retrouvera son verbe si particulier dans la prose de Céline. J'y retrouve moi, du Céline et du Bloy à la fois mais avec cette particularité unique qui fait de
Marc Stéphane un auteur incomparable. Un drame affreux est véritablement un récit odieux, épouvantable mais il est drôle (si, si, j'ai ri) et narré dans un style inimitable. Comme le souligne si bien l'éditeur "Un inspiré avait changé la face de la littérature, il se nommait
Marc Stéphane." Si l'auteur est injustement méconnu de nos jours, on remerciera L'Arbre vengeur d'avoir exhumé ce texte truculent. C'est tout simplement excellent. En témoignent les nombreux articles dithyrambiques de la revue de presse de l'époque présentée en fin d'ouvrage. Que dire d'autre à part : "Lisez
Marc Stéphane" !
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