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Citations de Marcel Proust (3653)


Rayon de soleil sur le balcon

Un instant après le balcon était pâle et réfléchissant comme une eau matinale, et mille reflets de la ferronnerie de son treillage était venus s'y poser. Un souffle de vent les dispersait, la pierre s'était de nouveau assombrie, mais comme apprivoisés ils revenaient; elle recommençait imperceptiblement à blanchir, et par un de ces crescendos continus comme ceux qui, en musique, à la fin d'une ouverture, mènent une seule note jusqu'au fortissimo suprême en la faisant passer rapidement par tous les degrés intermédiaires, je la voyais atteindre à cet or inaltérable et fixe des beaux jours, sur lequel l'ombre découpée de l'appui ouvragé de la balustrade se détachait en noir, comme une végétation capricieuse, avec une ténuité dans délinéation des moindres détails qui semblait trahir une conscience appliquée, une satisfaction d'artiste, et avec un tel relief, un tel velours dans le repos de ses masses sombres et heureuses, qu'en vérité ces reflets larges et feuillus qui reposaient sur ce lac de soleil semblaient savoir qu'ils étaient des gages de calme et de bonheur.
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Marcel Proust
Depuis qu'il existe des chemins de fer, la nécessité de ne pas manquer le train nous a appris à compter les minutes, alors que chez les romains, dont la vie était moins pressée, la notion non pas de minutes, mais d'heures fixes, existait à peine.
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Pour que vous compreniez, il faut que je vous dise une chose que vous ne savez pas. Quand je suis venu ici, j’ai quitté une femme que j’ai dû épouser, qui était prête à tout abandonner pour moi.
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À la dernière minute, l’angoisse de me sentir ravir un bonheur si désiré me donna le courage d’être impoli. Je refusai nettement, alléguant à l’oreille de Mme Verdurin, qu’à cause d’un chagrin qu’avait eu Albertine et sur lequel elle désirait me consulter, il fallait absolument que je fusse seul avec elle.
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Mais à vrai dire, Madame, Mécène m’intéresse surtout parce qu’il est le premier apôtre de marque de ce Dieu chinois qui compte aujourd’hui en France plus de sectateurs que Brahma, que le Christ lui-même, le très puissant Dieu Jemenfou.
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Je parle fort sérieusement, Madame, dit Brichot. Je crois que trop grand est aujourd’hui le nombre des gens qui passent leur temps à considérer leur nombril comme s’il était le centre du monde.
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Je ne saurais dire aujourd’hui comment Mme Verdurin était habillée ce soir-là. Peut-être, au moment, ne le savais-je pas davantage, car je n’ai pas l’esprit d’observation. Mais, sentant que sa toilette n’était pas sans prétention, je lui dis quelque chose d’aimable et même d’admiratif. Elle était comme presque toutes les femmes, lesquelles s’imaginent qu’un compliment qu’on leur fait est la stricte expression de la vérité, et que c’est un jugement qu’on porte impartialement, irrésistiblement, comme s’il s’agissait d’un objet d’art ne se rattachant pas à une personne. Aussi fut-ce avec un sérieux qui me fit rougir de mon hypocrisie qu’elle me posa cette orgueilleuse et naïve question, habituelle en pareilles circonstances : « Cela vous plaît »
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Au fait, je ne sais pas pourquoi vous n’avez pas voulu recevoir sa femme, dit Cottard, il serait ici comme autrefois. — Dites donc, voulez-vous être poli, vous ? Je ne reçois pas de gourgandines, Monsieur le Professeur », dit Mme Verdurin, qui avait, au contraire, fait tout ce qu’elle avait pu pour faire revenir Elstir, même avec sa femme. Mais avant qu’ils fussent mariés elle avait cherché à les brouiller, elle avait dit à Elstir que la femme qu’il aimait était bête, sale, légère, avait volé. Pour une fois elle n’avait pas réussi la rupture. C’est avec le salon Verdurin qu’Elstir avait rompu ; et il s’en félicitait comme les convertis bénissent la maladie ou le revers qui les a jetés dans la retraite et leur a fait connaître la voie du salut.
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Presque aucun des fidèles ne se retenait de s’esclaffer, et ils avaient l’air d’une bande d’anthropophages chez qui une blessure faite à un blanc a réveillé le goût du sang. Car l’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules. Et tout le monde rit de quelqu’un dont on voit se moquer, quitte à le vénérer dix ans plus tard dans un cercle où il est admiré. C’est de la même façon que le peuple chasse ou acclame les rois.
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Actuellement je ne peux pas te dire comment je trouve Albertine, je ne la trouve pas. Je te dirai comme Mme de Sévigné : « Elle a de bonnes qualités, du moins je le crois. Mais, dans ce commencement, je ne sais la louer que par des négatives. Elle n’est point ceci, elle n’a point l’accent de Rennes. Avec le temps, je dirai peut-être : elle est cela. Et je la trouverai toujours bien si elle doit te rendre heureux. » Mais par ces mots mêmes, qui remettaient entre mes mains de décider de mon bonheur, ma mère m’avait mis dans cet état de doute où j’avais déjà été quand, mon père m’ayant permis d’aller à Phèdre et surtout d’être homme de lettres, je m’étais senti tout à coup une responsabilité trop grande, la peur de le peiner, et cette mélancolie qu’il y a quand on cesse d’obéir à des ordres qui, au jour le jour, vous cachent l’avenir, de se rendre, compte qu’on a enfin commencé de vivre pour de bon, comme une grande personne, la vie, la seule vie qui soit à la disposition de chacun de nous.
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Tant pis si le désir charnel redouble au lieu de s’amortir ! On fait venir pour lui une femme à qui l’on ne se souciera pas de plaire, qui ne partagera qu’un soir votre couche et qu’on ne reverra jamais.
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Vous me parliez de la duchesse de Guermantes. Je vais vous dire la différence : Mme Verdurin c’est une grande dame, la duchesse de Guermantes est probablement une purée.
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A Harambouville, comme le tram était bondé, un fermier en blouse bleue, qui n’avait qu’un billet de troisième, monta dans notre compartiment. Le docteur, trouvant qu’on ne pourrait pas laisser voyager la princesse avec lui, appela un employé, exhiba sa carte de médecin d’une grande compagnie de chemin de fer et força le chef de gare à faire descendre le fermier.
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Mais moi, distrait dès les premiers instants par ces gens que je ne connaissais pas, je me rappelai tout d’un coup ce que Cottard m’avait dit dans la salle de danse du petit Casino, et, comme si un chaînon invisible eût pu relier un organe et les images du souvenir, celle d’Albertine appuyant ses seins contre ceux d’Andrée me faisait un mal terrible au cœur. Ce mal ne dura pas : l’idée de relations possibles entre Albertine et des femmes ne me semblait plus possible depuis l’avant-veille, où les avances que mon amie avait faites à Saint-Loup avaient excité en moi une nouvelle jalousie qui m’avait fait oublier la première. J’avais la naïveté des gens qui croient qu’un goût en exclut forcément un autre.
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Elles suffisaient pour qu’Elstir, qui avait une fois rencontré Ski, eût pour lui la répulsion profonde que nous inspirent, plus encore que les êtres tout à fait opposés à nous, ceux qui nous ressemblent en moins bien, en qui s’étale ce que nous avons de moins bon, les défauts dont nous nous sommes guéris, nous rappelant fâcheusement ce que nous avons pu paraître à certains avant que nous fussions devenus ce que nous sommes.
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Je me sentais, puisqu’elle avait paru désirer Saint-Loup, à peu près guéri pour quelque temps de l’idée qu’elle aimait les femmes, ce que je me figurais inconciliable.
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Il m’eût suffi de dire à Robert que j’aimais Albertine. Il était de ces êtres qui savent se refuser un plaisir pour épargner à leur ami des souffrances qu’ils ressentiraient encore si elles étaient les leurs.
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Mon Dieu, qu’une vertu naissante, Parmi tant de périls marche à pas incertains ! Qu’une âme qui te cherche et veut être innocente, Trouve d’obstacle à ses desseins.
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Alors j’entrais chez le pâtissier-limonadier, je buvais l’un après l’autre sept à huit verres de porto.
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Je sentais qu’Albertine renonçait pour moi à quelque chose d’arrangé qu’elle ne voulait pas me dire, et qu’il y avait quelqu’un qui serait malheureux comme je l’étais. Voyant que ce qu’elle avait voulu n’était pas possible, puisque je voulais l’accompagner, elle renonçait franchement. Elle savait que ce n’était pas irrémédiable. Car, comme toutes les femmes qui ont plusieurs choses dans leur existence, elle avait ce point d’appui qui ne faiblit jamais : le doute et la jalousie. Certes elle ne cherchait pas à les exciter, au contraire. Mais les amoureux sont si soupçonneux qu’ils flairent tout de suite le mensonge. De sorte qu’Albertine n’était pas mieux qu’une autre, savait par expérience (sans deviner le moins du monde qu’elle le devait à la jalousie) qu’elle était toujours sûre de retrouver les gens qu’elle avait plaqués un soir. La personne inconnue qu’elle lâchait pour moi souffrirait, l’en aimerait davantage (Albertine ne savait pas que c’était pour cela), et, pour ne pas continuer à souffrir, reviendrait de soi-même vers elle, comme j’aurais fait.
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