Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
Mes soeurs, n'aimez pas les marins de Grégory Nicolas aux éditions Les Escales
https://www.lagriffenoire.com/mes-soeurs-n-aimez-pas-les-marins.html
L'Embuscade de Emilie Guillaumin aux éditions HarperCollins Poche
https://www.lagriffenoire.com/l-embuscade-1.html
le tour du monde en 80 saveurs de Pierre Bignami et William Navarrete aux éditions Collas
https://www.lagriffenoire.com/le-tour-du-monde-en-80-saveurs.html
Monument Valley de Pascal Chapus aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/monument-valley.html
L'Age d'or de Renée Rosen et Élisabeth Peellaert aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/l-age-d-or-1.html
Désir noir de Anne-Sophie Jahn aux éditions Flammarion
https://www.lagriffenoire.com/desir-noir.html
Afghanistan, la spirale infernale - le cri du coeur d'un chirurgien qui se bat depuis quarante ans à Kaboul de Éric Cheysson et Michel Faure aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/afghanistan-la-spirale-infernale.html
Des lendemains qui chantent de Alexia Stresi aux éditions Flammarion
https://www.lagriffenoire.com/des-lendemains-qui-chantent.html
Les frères Holt de Marcia Davenport et F. de Bardy aux éditions le Promeneur
https://www.lagriffenoire.com/les-freres-holt.html
le Carnet des rancunes de Jacques Expert aux éditions Livre de Poche
https://lagriffenoire.com/le-carnet-des-rancunes-1.html
le jour où ma mère m'a tout raconté de Philippa Motte aux éditions HarperCollins
https://www.lagriffenoire.com/le-jour-ou-ma-mere-m-a-tout-raconte-1.html
Presque soi de Martine Delerm aux éditions Seuil
https://lagriffenoire.com/presque-soi.html
Lettres de Marcel Proust aux éditions Plon
https://lagriffenoire.com/lettres-1879-1922.html
Nouvelles lettres retrouvées de George Sand et Thierry Bodin aux éditions le Passeur
https://lagriffenoire.com/nouvelles-lettres-retrouvees.html
Un amour de Swann de Marcel Proust et Jean-Yves Tadié aux éditions Folio Classique
https://lagriffenoire.com/un-amour-de-swann.html
Mérit et Ouâti : le Taureau d'Avaris de Christophe Cazenove, Amandine Marshall aux éditions Bamboo
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Gérard Collard & Jean-Edgar Casel
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Chaque siècle a besoin d’une Comédie humaine (à défaut d’une Divine Comédie). Celle du xxe siècle nous a été donnée par Marcel Proust. Sa vie a coïncidé avec la meilleure époque de la IIIe République française et avec les sources du xxe siècle, y compris la guerre et ses conséquences. Il a tout de suite compris les erreurs du traité de Versailles. Le procès d’Oscar Wilde et celui d’Eulenbourg, le massacre des Arméniens de 1895, l’affaire Dreyfus lui ont fait saisir le drame des minorités écrasées. Il a observé le remplacement d’une société de cour par une société des élites, et la permanence d’un peuple chargé d’histoire.
C’est le regard de Proust sur ce monde extérieur que nous avons voulu analyser ici. Son monde intérieur, avec sa sensibilité et ses passions, nous est bien connu. Il y a aussi dans son œuvre une sociologie, une géographie, une histoire, chacune de ces disciplines se proposant de rendre compte du monde tel qu’il a été, tel qu’il est. Le romancier aurait pu n’être qu’un essayiste, ni les lectures, ni les idées, ni les faits, ni les relations ne lui manquaient. Ses préfaces à Ruskin, ses premiers articles de journaux en témoignent.Allant beaucoup plus loin, il s’agissait pour lui de reconstituer sa vision de l’univers dans un roman. L’imaginaire rend les idées sensibles, donc difficiles à traduire, mais faciles à vivre.
L'éternité, elle, est parfois juste dans les pages d'un livre.
C'est quand Ruskin est bien loin de nous que nous traduisons ses livres et tâchons de fixer dans une image ressemblante les traits de sa pensée. Aussi ne connaîtrez-vous pas les accents de notre foi ou de notre amour, et c'est notre piété seule que vous apercevrez çà et là, froide et furtive, occupée, comme la Vierge Thébaine, à restaurer un tombeau.
in préface pour La Bible d'Amiens de John Ruskin
(Témoignages et documents, page 102)
Tout le monde n’aime pas Proust. Les éditeurs ont été les premiers à soulever les objections qu’on lui fera toujours : longueur, absence d’intrigue, peintures mondaines. Bref, un ennuyeux.
Il a fallu longtemps pour que Proust accède à la gloire. Du côté de chez Swann n’est bien accueilli que par des amis. A l’ombre des jeunes filles en fleurs obtient en revanche le prix Goncourt le 10 décembre 1919.
Personnage le plus célèbre de Proust, Charles Swann, fils d’agent de change, est un dandy d’origine israélite, inspiré par un modèle réel, Charles Haas, comme lui membre du club le plus fermé de Pris, le Jockey-club.
Là où la vie emmure, l'intelligence perce une issue. (page 97)
Il faut penser le roman, tout au long du XIXe siècle, non comme un genre fixé, comme peut l’être la poésie lyrique, la comédie ou le drame, mais comme un processus en continuel développement, un projet collectif dont chaque œuvre représente une avancée, vers un horizon qui recule toujours. Le roman, né de la confusion, ne peut exister que dans le devenir et l’inachèvement.

Avant l'intelligence, écrit Proust à Jacques Rivière, je pose l'inconscient. Mon attention, explorant mon inconscient, dit le Narrateur du "Temps retrouvé', allait chercher le livre intérieur de signes inconnus, lecture qui est un acte de création. Elle « allait chercher, heurtait, contournait, comme un plongeur qui sonde ». Ainsi le héros de la Recherche comme les héroïnes des Plaisirs et les Jours, comme Jean Santeuil, exacts contemporains des lettres à Fliess [avec qui Freud a entretenu une abondante correspondance, de 1887 à 1904], tourne-t-il son regard vers lui-même et pratique-t-il, comme leur auteur, l'auto-analyse ; « Ce que nous n'avons pas eu à déchiffrer, à éclaircir par notre effort personnel, écrit Proust, ce qui était avant nous, n'est pas à nous. Ne vient de nous-mêmes que ce que nous tirons de l’obscurité qui est en nous et que ne connaissent pas les autres. » Cette obscurité se trouve, ajoute-t-il un peu plus loin, « aux profondeurs où ce qui a existé réellement gît inconnu de nous. »
La littérature moderne, celle qui vise l’exténuation, n’en finit pas d’en finir. Il y a toujours autre chose dont se débarrasser, et le silence essentiel, la fin de la littérature, reste une utopie ou une limite intouchable. La littérature a survécu tout au long du siècle [XXe] à la fois grâce à son idéal et malgré lui, non pas en trichant et dans l’imposture, mais en jouant ou en se jouant.
Le privilège exceptionnel de Molière est qu’en sa personne se sont rencontrées toute la sagesse humaniste et la plus formidable aptitude à faire du théâtre : ainsi, comme acteur aussi bien que comme auteur, il avait conscience de faire très exactement du théâtre au second degré. Cette conjonction explique que son œuvre se caractérise par un phénomène de théâtralité généralisée, où le comédien se met à jouer un autre rôle, où une pièce s’inclut dans une autre pièce, où l’acteur devient spectateur d’autres acteurs ; bref, où le théâtre pénètre le théâtre.