Citations de Margaret Atwood (1837)
C'était le rire qu'il craignait le plus chez elle, parce qu'il masquait un mépris amusé. Brise froide sur un lac au clair de lune : il le glaçait.
La nuit tombe. Ou est tombée. Comment se fait-il que la nuit tombe au lieu de se lever, comme l'aube? Et pourtant si l'on regarde vers l'est, au coucher du soleil, on peut voir la nuit se lever, et non pas tomber, l'obscurité monter dans le ciel depuis l'horizon, comme un soleil noir, derrière une couverture de nuages.
" Que la femme apprenne en silence et en totale soumission. Ici son regard parcourt notre assemblée. " Totale", répète-t-il.
" mais je ne tolère pas qu'une femme donne des leçons à un homme, ni usurpe sur son autorité; qu'elle demeure dans le silence.
" Car Adam fut créé le premier, puis Eve.
" Et Adam ne fut pas trompé, mais la femme qui le fut était dans le péché.
[Ulysse] m'a dit un jour que chacun a une porte secrète, celle qui s'ouvre sur le coeur, et qu'il se faisait un point d'honneur d'en trouver la poignée. Car le coeur était à la fois la clé et le verrou.
On ne peut pas commander à ses sentiments, disait un jour Moira, mais on peut commander à son comportement.
Ce qui est fort bien dit.
Tout est affaire de contexte; ou est-ce de maturité ? l'un ou l'autre.
Pourquoi se tracasser à propos de la fin du monde ? Tous les jours, c'est la fin du monde pour quelqu'un.
Mieux ne veut jamais dire mieux pour tout le monde, dit-il. Cela veut toujours dire pire, pour certains.
Je me disais, je me suis organisé une vie, ici, qui est ce qu'elle est.
C'est probablement ce que pensaient les femmes des colons, et les femmes qui avaient survécu aux guerres, quand elles avaient encore un homme.
L'humanité est tellement adaptable, disait ma mère. C'est vraiment renversant de voir à quoi les gens peuvent s'habituer, pourvu qu'ils aient quelques compensations.
Mais le simple fait de penser qu'on pourrait un jour avoir un vrai invité, un vieux camarade d'école, des gens dont on espère qu'ils ne resteront pas longtemps et qui, selon toute vraisemblance, l'espèrent aussi, bien que ce soit quand même chouette de se retrouver - le simple fait de penser à ça nous procure du réconfort.
Il y a un petit couplet de mon enfance dont je me souviens.
Dès lors qu'un homme se marie, ohé, ohé
Commence ses soucis, ohé, ohé
La chanson ne dit pas quand commencent les soucis d'une femme.
Il vous faudra me pardonner. Je suis une réfugiée du passé, et comme les autres réfugiés, je passe en revue les coutumes et les façons d’etre que j’ai quittées ou que j’ai été forcée de laisser derrière moi, et tout semble tout aussi bizarre, vu d’ici, et j’en reste tout autant obsédée. Comme un Russe blanc qui boit du thé à Paris, égaré dans le XXe siècle, je vagabonde vers le passé, je tente de regagner ces sentiers lointains. Je deviens trop sentimentale, je me perds. Je larmoie. Larmoyer, c’est cela, et non pas pleurer.
Une prison ne se contente pas d’enfermer ses détenus à l’intérieur de ses murs, elle empêche le reste du monde d’avoir accès à son univers. Pour Grace, la prison la plus sûre, c’est celle qu’elle s’est construite.
Je ne m'appelle pas Defred, j'ai un autre nom, dont personne ne se sert maintenant parce que c'est interdit. Je me dis que ça n'a pas d'importance, un prénom, c'est un comme son propre numéro de téléphone, cela ne sert qu'aux autres.
La meilleure façon de garder un secret, c'est de faire comme s'il n'y en avait pas.
Comment se fait-il que nous tenions tellement à laisser quelque chose de nous-mêmes ? Alors même que nous sommes encore en vie. Nous voulons affirmer notre existence à l'égal des chiens qui pissent sur les bouches d'incendie. Nous exhibons nos photographies encadrées, nos diplômes académiques, nos coupes plaquées argent ; nous brodons nos monogrammes sur notre linge, sculptons nos noms sur les arbres, les griffonnons sur les murs des toilettes. Tout cela répond à une impulsion identique. Qu'en attendons-nous ? Des applaudissements, de l'envie, du respect ? Ou juste l'attention, quelle qu'elle soit, qu'il nous est possible d'obtenir ?
A tout le moins, nous voulons un témoin. Nous ne supportons pas l'idée que notre voix puisse se taire en fin de compte, comme une radio en bout de course.
Le passé est beaucoup plus sûr : tout ce qu'il englobe a déjà eu lieu. On ne peut rien y changer, donc, d'une certaine façon, il n'y a rien à redouter.
Aucune mère ne correspond jamais, totalement, à l'idée que se fait un enfant de la mère parfaite, et je suppose que l'inverse est vrai également. Mais malgré tout, nous n'étions pas mal ensemble, nous nous entendions aussi bien que la plupart des mères et filles.
Je voudrais qu'elle soit ici, pour que je puisse lui dire que j'en suis enfin consciente.
On a toujours tort de répondre ouvertement à plus fort que soi, à moins qu'il y ait une clôture entre.
Comme le savent tous les historiens, l'histoire est une immensité obscure, qui résonne d'échos. Des voix peuvent parvenir à nos oreilles, mais ce qu'elles nous disent est prégnant de l'obscurité de la matrice d'où elles proviennent, et quels que soient nos efforts, nous ne pouvons pas toujours les déchiffrer avec précision à la lumière plus nette du jour d'aujourd'hui.
Nous vivions, comme d'habitude, en ignorant . Ignorer n'est pas la mème chose que l'ignorance.