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Critiques de Mari Okazaki (100)
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BX

J'ai lu ce one-shot il y a quelques années de cela et j'ai eu envie de le relire récemment. Je ne me souvenais que très vaguement de l'histoire, ce qui a été un gros plus car c'était un peu comme une première lecture.



BX est la rencontre entre un jeune boxeur et notre héroïne, Nenohi. La jeune femme est paumée, mène une vie sans réel but et ne semble pas trop prendre les choses au sérieux. Elle est attachante cependant et cela malgré son caractère quelque fois désinvolte et égoïste. Sa tristesse transparaît rapidement et on comprend que quelque chose dans le passé de Nenohi a fait basculer sa vie. Lorsqu'Usagi apparaît, son monde bascule. Elle se retrouve face à un être encore plus détruit qu'elle et n'arrive pas à le cerner. Sa fascination prend le dessus et elle décide d'entrer de façon passive dans l'univers de la boxe.



A un certain point du tome, Usagi a été pour moi un personnage beaucoup plus intéressant à suivre. Il ne parle quasiment jamais, est plus dans l'action, mais ses émotions sont très bien transmises par le graphisme de la mankaga, si bien que les mots n'ont pas besoin d'être couchés sur le papier. Si Nenohi a plutôt un côté puéril, Usagi lui se retrouve être plus mature et introverti, mais dans un extrême qui va finir par le tuer à petit feu. Le monde de la boxe est traité de façon plutôt sympathique, sans trop entrer dans les détails mais on prend conscience de la dureté de ce sport et surtout des risques.



Là où la mangaka a fait un excellent travail, c'est sur la relation qui se crée entre les deux protagonistes. Il y a une évolution assez lente, mais en même temps très profonde. La spontanéité et les besoins de Nenohi sont des réactions assez étranges pour Usagi, et laissent place à des scènes autant touchantes que drôles. Bonne enfant dans l'ensemble, l'histoire reste poignante surtout vers la fin, où l'on peut voir comment les deux jeunes gens se sont apprivoisés et surtout comment ils ont compris les besoins de l'autre.



Un tome très joli qui a le mérite de boucler parfaitement son histoire sans chichi est fioriture, allant à l'essentiel.

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Après l'amour, la sueur des garçons a l'odeur d..

Je ne m'attendais pas exactement à ce genre de manga en l'ouvrant même si j'ai déjà lu Mari Okazaki avant (Déclic amoureux), je n'ai aucun souvenir de ce livre.

Le sujet est assez équivoque... Les histoires m'ont plus ou moins intéressées. Je suis restée assez perplexe sur la première, je n'ai pas aimé l'attitude de cette jeune cousine avec ses poses équivoques. La deuxième m'a plus intéressée avec cette femme-fleur. La quatrième nouvelle, plus longue m'a plus captivée ; une espèce de triangle amoureux où le voyeurisme se mélange aux désirs des uns et autres...

Dur de noter un tel manga que j'ai trouvé assez inégal mais que j'ai apprécié... par moments.

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& And, tome 3

Malgré un tome que j'ai un peu moins aimé, je ressors une nouvelle fois bouleversée par l'histoire de ce trio romantique et surtout par la puissance évocatrice, non des mots, mais des dessins de la mangaka.



And est avant tout pour moi une expérience graphique et narrative. Je pense que si j'aime autant le titre, c'est avant tout grâce à la poésie et l'émotion qui s'échappe de chaque case et page. Cette constante dans la composition quasiment aérienne des planches me coupe le souffle. L'autrice parvient à retranscrire avec tellement de subtilité toutes les nuances des émotions des personnages, de la plus belle à la plus sombre, de l'amour le plus pur, au désir le plus complexe, en passant par la jalousie la plus petite, que j'en suis à chaque fois subjuguée.



Pourtant ici, on n'a pas le tome le plus facile. Centré une bonne fois pour toute sur le triangle amoureux qui se dessinait autour de Kaoru. On a une sorte de guerre des coqs qui a tout pour me déplaire. J'ai beaucoup de mal avec la fausse naïveté de Kaoru qui ne se rend pas compte des sentiments de Shiro. J'ai du mal aussi avec le décalage entre son côté page blanche et la profonde noirceur qui enveloppe tragiquement le docteur Yagai. Et je ne parle pas de nos héros masculin qui se comportent bien trop souvent en dominant cherchant à lui imposer leur désir d'une manière où d'une autre comme si elle était une poupée à gagner. C'était assez malaisant.



Pour autant, je reconnais une vraie justesse dans les sentiments mis en scène par l'autrice. Oui, Shiro l'aime depuis longtemps en secret et je comprends sa jalousie, sa frustration et son envie d'enfin se faire remarquer, même s'il est hyper maladroit et pas vraiment attachant pour ma part. Oui, le docteur Yagai est archi perturbé par son passé, qui est encore son présent et qui l'empêche d'aller de l'avant, ce qui le fait blesser celle qui pourrait l'aider à avancer. C'est complexe et tortueux, presque étouffant pour le coup.



L'autrice en oublie donc presque son discours sur ce que c'est que d'être jeune et d'essayer de mener une vie indépendante. Elle se focalise plutôt dans ce tome sur la complexité des sentiments amoureux sous toutes leurs formes et sur le point de vue de nos deux hommes cette fois. Je n'ai pas aimé les passages consacrés à Shiro, parce que je n'adhère pas au personnage, mais j'ai été très émue par ceux concernant Yagai.



En effet, avec lui, on traite de sujets poignants avec son ancienne copine, qui a eu un très grave accident alors qu'elle le trompait avec un autre. Fidèle comme il est, Yagai a tout pris sur ses épaules et désormais il assume la longue longue convalescence de celle-ci, qui ressemble plus à une fin de vie. Brûlée, défigurée, hospitalisée (ou internée ?) depuis des années, elle ne cherche qu'à en finir, on dirait, mais on l'en empêche. C'est une histoire vraiment tragique à laquelle on assiste en arrière-plan et qui bouffe totalement la vie de Yagai, qui lui ne semble vivre que pour payer les frais de tout ça.



L'autrice aborde donc l'étrange désir d'un homme de se complaire à la fois dans l'auto-flagellation d'une situation passée dont il n'est pas responsable au premier coup d'oeil. C'est déchirant et assez mystérieux, je l'avoue, mais ça influe énormément sur l'histoire. Et comme Kaoru semble également cacher un passé plus compliqué que prévu, l'ensemble donne une belle teinte tragique et poignante au récit. Ainsi quand ces deux êtres s'attirent, se repoussent, se cherchent et finissent par se trouver, on oublie un peu tout ce qu'il y a autour devant la puissance de leur histoire.



Récit plus compliqué, plus dérangeant et moins lisse que Complément affectif, que je vénère pourtant chez l'autrice, And propose tout de même une très belle variation sur le désir de se construire ou reconstruire une vie indépendante. C'est sombre, parfois dérangeant et malaisant, souvent brouillon et pas simple à suivre, mais vraiment puissant. Et ces dessins !
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& And, tome 5

Encore un tome magistral tant la sensibilité de l'autrice est grande ! J'ai toujours été sous le charme de ses dessins, de ses ambitions, mais en plus ses mots me touchent !



Dans cette oeuvre protéiforme, elle nous embarque dans tellement de pensées inattendues. Chaque chapitre est l'occasion d'une nouvelle réflexion profonde sur la vie toujours associée en prime avec une mise en scène marquante, comme lorsque Shiro reçoit littéralement des coups de couteau en écoutant Kaoru, ou que celle-ci se retrouve emportée par la brise folle de ses sentiments. C'est magique. Quelle puissance évocatrice dans les dessins de Mari Okazaki !



Mais comme je le disais, ça ne s'arrête pas là. Elle parle aussi avec beaucoup de justesse des difficultés rencontrées dans la vie par ses personnages. Moi, qui depuis le début n'aime pas trop Shiro, j'ai été touchée par son récit de ce rendez-vous manqué avec Kaoru et la façon dont il ramait depuis. C'est un personnage très triste qui a tellement de mal à communiquer qu'il finit toujours (ou presque) par prendre la mauvaise décision. Je me suis un peu reconnue en lui pour cela. Sa relation, si on peut l'appeler ainsi, avec Iku me met donc terriblement mal à l'aise et l'autrice nous fait bien sentir ce malaise dans son dessin, représentant celle-ci comme imminemment glauque derrière le vernis de son gentil sourire, un peu comme certains méchants dans les contes de fée.



De façon tout aussi intime, l'autrice revient longuement sur l'autre personnage masculin de l'histoire, le Dr Yagai. On le découvre d'ailleurs en magnifique mentor dans le début du tome. J'ai adoré sa philosophie pour enseigner aux jeunes médecins et je me suis retrouvée dans ce qu'il disait. Il est bien moins adroit en amour et relations humaines en général. Ainsi, c'est touchant et émouvant de le voir galérer avec Kaoru, de le voir douter à cause de son âge et de son passé. Je remercie d'ailleurs l'autrice de continuer à lever le voile sur celui-ci. Ce sont des moments tristes mais remplis d'émotion qui permettent de mieux cerner ce personnage complexe, détestable au premier abord mais tellement plus que ça.



Alors oui, sa relation possessive et dominatrice souvent avec Kaoru peut mettre mal à l'aise. Sauf que celle-ci semble aimer et avoir besoin de cela. Il cherche un peu en lui ce père qu'elle n'a plu mais aussi cette perspective et ce sentiment de liberté qui lui échappe. On la voit cependant grandir à ses côtés et évoluer sous son influence. J'ai beaucoup aimé la voir s'affirmer professionnellement dans ce tome. C'était puissant de la voir affronter de face sa double ambition : son salon de nail art qui lui apporte un réel bien être, et sa carrière pour devenir assistante médicale. Si l'idée qu'elle fait ça, pour aider Yagai, me hérisse un peu... En revanche, j'aime la voir s'y lancer à fond et faire énormément d'effort. Je la vois de plus en plus comme une femme forte et non plus comme la naïve évaporée des débuts.



Du coup, le couple se construit d'une très belle façon, chacun se dévoilant à l'autre sans s'en rendre compte, chacun gagnant quelque chose au contact de l'autre pour devenir un peu plus lui-même. C'est une évolution lente et subtile, qui se produit sans qu'on y fasse bien attention, mais qui pourtant nous explose au visage lors de certaines scènes comme lorsque Yagai vient la chercher chez elle, qu'ils partent ensemble dans des sources chaudes ou qu'ils s'avouent enfin leurs sentiments dans les ultimes pages de ce tome. Puissant !



And est définitivement tout ce que j'attends d'une romance mature. Il y a la justesse que j'aime. Il y a la profondeur. Il y a aussi la sombre et mélancolique poésie qui peut être tantôt lumineuse, tantôt poisseuse, tantôt très grise, et cela me chamboule à coup sûr ! Une merveille ❤️
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& And, tome 1

Mari Okazaki est une de ces autrices que j'avais eu le très grand plaisir de découvrir il y a une quinzaine d'années quand Akata travaillait en collaboration avec Delcourt et offrait des titres féminins vraiment puissants, malheureusement disparus aujourd'hui... J'avais eu un coup de foudre pour la narration visuelle très puissante de cette autrice et ses thématiques poétiques et malaisantes à la fois. Malheureusement, n'ayant pas eu le succès escompté, elle avait disparu de nos rayonnage. J'ai donc été plus que surprise et ravie quand je l'ai vue sur la liste des séries prévues par Kana pour sa nouvelle collection Life. Prévu à l'origine pour octobre dernier, la crise nous aura fait attendre jusqu'en mars de cette année. Mais ne dit-on pas qu'on garde le meilleur pour la fin ?



Pour ceux qui ne connaissent pas, Mari Okazaki est une autrice de shojo-josei, qui a débuté par de nombreuses histoires courtes à la fin des années 90, qui ont débarqué chez nous dans les années 2000. On a ainsi pu la lire dans Déclic amoureux, BX, Le cocon, Vague à l'âme ou encore Effleurer le ciel... Mais le tournant fut vraiment sa série Complément affectif (Suppli en vo) où déjà elle mettait en scène non plus des lycéens mais une femme active et ses amours compliqués en plus de sa quête d'émancipation. C'est encore à ce jour l'un des titres qui m'a le plus touchée dans ma vie de lectrice !



Dans & - And, série en 8 tomes qui date de 2010 au Japon, l'autrice a décidé de replonger dans cet univers impitoyable qu'est le monde du travail, mais exit les agences de pub de Complément affectif et place au monde médical, à la manucure et à l'informatique. La jeune héroïne d'And, Kaoru, est une secrétaire médicale qui semble faire son travail parce qu'il le faut mais qui cherche à côté une autre voie où s'épanouir. Alors un jour, sur un coup de tête, elle décide de développer son second travail, qu'elle faisait jusqu'alors en dilettante, en cherchant un endroit où faire des manucures à ses clients après le boulot.



Sur le papier, on pourrait se dire, bof encore une histoire de fille, en plus la manucure c'est vraiment pas mon truc... Mais And, c'est bien plus qu'une histoire de jeune active.



Kaoru est une jeune femme pétrie de complexes, mal dans sa peau, qui craint le contact physique mais aussi les engagements. Elle est seule et solitaire sous ses dehors de jolie fille facile d'accès. Mari Okazaki nous propose donc le récit d'une chrysalide qui cherche à devenir papillon mais qui va devoir lutter pour sortir de sa coquille.



Avec sa narration très particulière, j'ai d'emblée été emportée par l'histoire. Mari Okazaki aime les planches éclatées avec les pensées et les paroles qui s'envolent et se mélangent, créant une ambiance perchée, un peu étrange mais que je trouve très poétique. L'ambiance est poisseuse, lourde et malaisante. Chaque personnage cache des problèmes bien ancrés en lui qui le rendent dysfonctionnel et étrange alors qu'au premier abord il a l'air tout à fait normal et facilement abordable. Mais en fait ils portent tous un masque cachant leurs failles et faiblesses. Avec son trait très poétique, l'autrice cherche à montrer la noirceur derrière la jolie façade qu'ils ont érigée et c'est glaçant lorsque le masque se craquelle.



Alors non And n'est pas une lecture facile. C'est une lecture qui peut mettre mal à l'aise. L'héroïne est troublante. Elle peut faire coquille vide parfois ou petite fille trop naïve. Elle peut ainsi agacer. Moi, je me suis reconnue en elle dans ses difficultés à nouer des relations avec les autres. J'ai trouvé saisissant la façon très expressive et onirique dont la mangaka la mettait en scène. Son ami geek qu'elle recroise et qui va l'aider à trouver un local, a un petit côté stalker malaisant, mais c'est surtout un amoureux transi maladroit, à l'image de ses collaborateurs d'ailleurs qui sont soit très mal à l'aise avec les filles (moment tordant) soit très rentre dedans. Quant à ses collègues à l'hôpital, on a la secrétaire croqueuse d'hommes à première vue mais divorcée, ce qui je parie cache bien des fragilités ; un docteur très sûr de lui, Akasaka, mais qui s'inquiète énormément pour son collègue le docteur Yagai ; quant à ce dernier, c'est celui qui me fascine le plus, vu son lourd passif et son côté Docteur House. Alors oui, ce dernier a tout du type détestable qui se comporte mal avec les autres et les femmes en particulier, mais Mari Okazaki est plus fine que ça et il fera chavirer votre coeur pour peu que vous lui laissiez sa chance.



Tout ce groupe de personnages nous emporte dans une histoire mélangeant vie perso et vie pro dans un entrelacs comme seul sait le faire l'autrice. Ses dessins et sa narration en spirale participent énormément à ce sentiment de mélange voire de quasi fusion. On n'arrive pas à démêler l'un de l'autre. Les malaises ressentis dans sa vie perso influent sur sa vie pro et vice versa. Il faut plonger dans cette drôle d'ambiance pour se rendre compte de son côté étouffant et pourtant poignant. Les révélations sur le passé de Yagai prennent à la gorge, tout comme le malaise de Kaoru vis-à-vis des autres qui pourtant trouve une éclaircie, une percée, dans sa relation trouble avec ce docteur acariâtre.



Alors oui, on voit se dessiner le traditionnel triangle amoureux dont on n'est pas forcément féru ici, mais la puissance et la dramaturgie annoncées des sentiments est tellement belle que je n'en suis pas gênée pour une fois. Je suis juste prise par le flot de sentiments naissants chez une Kaoru novice en relation relation humaine qui est ainsi d'une extrême maladresse et commet bien des erreurs.



Avec une sensualité et poésie exceptionnelle (oui on sent que je suis archi fan), Mari Okazaki met tout ça en image et frappe le lecteur par des dessins immersifs et entêtants. Ce sont des entrelacs de fleurs et de poissons qui nous capturent et nous plongent dans les travers de l'histoire. Il y a une symbolique féminine très puissante aussi avec cette héroïne en difficulté face au contact et ces tâches rouge sang presque lorsqu'elle conte cela. Ça m'a frappée ! Je sais que les réfractaires à la narration "shojo" auront du mal face à ces planches où tout vole en tout sens car c'est complexe et potentiellement perturbant, moi je trouve cela poétique et magique, mais d'une puissance.



Comme prévu, j'ai donc eu un énorme coup de coeur lors de mes retrouvailles avec Mari Okazaki, une autrice phare de la littérature féminine pour moi, qui sait mettre en scène de très beaux personnages complexes et malaisants dans des histoires banales et puissantes à la fois, le tout dans un trait d'une belle sensualité. Retour plus que gagnant !
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& And, tome 7

Avec sa couverture déjà déstabilisante par le regard étonnamment plein d'effroi de l'héroïne, ce tome m'a surprise et déstabilisée aussi. L'autrice s'y essaie au soap avec un succès étonnant et j'ai encore adoré les évolutions qu'elle nous propose dans cette narration toujours aussi subtile.



Mari Okazaki, c'est avant tout une grande artiste et elle le montre encore ici. Elle joue avec les métaphores une fois de plus ici, que ce soit avec celles liées à la nature, à l'eau ou encore plus surprenant à la nourriture. Et malgré cette variété et ce décalage parfois, c'est d'une rare poésie et d'une grande force. J'ai adoré la puissance de sa narration ici où de nombreux silences en disent long sur les sentiments profonds des personnages, mais également où des échanges chaotiques inattendus qui ont une ambiance soap font puissamment réfléchir.



On enchaîne ainsi des instantanés du quotidien de Kaoru avec des scènes de tension vraiment nécessaires pour faire évoluer le récit et j'ai adoré les deux ! J'ai été touchée par le chapitre d'ouverture sur la place du repas dans la relation de Kaoru et de Yagai avec un rappel des exigences des emplois du temps de chacun et avec la bienveillance que chacun montre vis-à-vis du bien-être de l'autre, le tout avec une jolie virée au marché de Tsukiji dont on sent toute la vie. C'était surprenant de voir ça ici mais magique !



Mais les vraies évolutions ont lieu ensuite avec toujours un beau mélange entre quotidien anecdotique et moment phare pour faire avancer les choses. Ainsi, lors d'un barbecue improvisé, une dispute éclate et permet à Shiro d'avouer enfin ses sentiments. C'est totalement ubuesque, très drôle aussi avec une mise en scène vraiment piquante et percutante de l'autrice, qui s'inspire avec talent et humour des soaps, et fait en sorte que Shiro en prenne sérieusement pour son grade, mais c'est aussi totalement nécessaire tant on ne pouvait en rester là. Ça fait de la peine pour lui d'un côté mais en même vu ce qu'il fait subir à cette pauvre Iku, avec qui il sort en en aimant une autre, il le mérite bien aussi.



Mari Okazaki nous fait à nouveau les portraits de femmes fortes dans ce tome. Kaoru a appris à prendre soin d'elle et du Dr Yagai. Elle s'épanouit dans leur relation et dans ses deux jobs. Iku, elle, tire enfin les choses au clair et ose enfin rabrouer ce crétin de Shiro. Quant à la nouvelle collègue de Kaoru, Konno, elle réalise enfin avec quel pauvre type elle sort, après un dernier coup bas de sa part et elle en ressort grandie. J'ai adoré le chapitre lui étant consacré, qui croque avec honnêteté et cocasserie une femme qui s'est sentie flattée qu'on s'intéresse à elle parce qu'elle se dévalorisait, qui a ainsi accepté beaucoup de choses, mais qui finit par reprendre le contrôle. C'était jouissif ! On aimerait qu'il en soit de même pour Kaoru au vu des dernières images qui nous laisse sur un terrible cliffhanger en rapport à sa relation avec Yagai.



Ainsi dans ce tome, j'ai été surprise de lire des chapitres parfois quasiment indépendant, tels des épisodes de sitcom où l'autrice se plaisait à mettre encore plus en scène le quotidien de ses personnages. Que ce soit l'épisode sur l'importance de bien manger pour les héros, celui sur la déclaration au barbecue, celui sur cette femme trop amoureuse qui accepte tout, ou celui sur une potentielle révélation forte concernant le couple phare, on sent que l'autrice s'amuse et creuse à la fois ses personnages pour nous amener vers le final de sa série.





J'ai à nouveau été fascinée par sa narration et la puissance de ses cadrages, ses portraits, ses métaphores qui en disent tellement long sur ce qui ronge chacun et sur ce qu'il recherche dans sa relation de couple. Cette absence de texte à plusieurs reprises m'a frappée dans le bon sens et obligée à m'interroger encore plus sur le sens de ce qu'elle voulait raconter et à m'attarder encore plus sur ses sublimes dessins. C'était du pur bonheur.



Maintenant, j'ai été très émue par cette relation Yagai-Kaoru que je sens de plus en plus fusionnelle mais aussi de plus en plus familière et naturelle malgré sa fragilité. C'est un éphémère que j'ai tellement envie de voir durer et en même temps Kaoru mérite tellement aussi de s'épanouir et de s'affirmer comme ses collègues femmes dans cette série, que j'espère que l'autrice lui en laissera l'opportunité en trouvant le bon équilibre. Plus qu'un tome pour voir si ce sera le cas !
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& And, tome 6

Premier tome que je trouve un peu en deçà des autres. A vouloir faire une histoire sombre, l'autrice nous propose un tome vraiment morose où l'espoir semble avoir fui le décor. Alors entre ça et des relations qui peinent à évoluer, on ressort assez désespéré.



J'adore Mari Okazaki, alors quand je vois que son titre actuel ne se vend pas, je me sens triste car ça veut dire qu'on a peu de chance de la revoir. Cependant à la lecture de ce tome, je peux comprendre qu'elle peine à trouver son public. Certes depuis le début, l'histoire était compliquée mais je trouvais toujours un rayon de soleil dans l'espoir qui semblait habiter Kaoru. Malheureusement, celui-ci la fuit dans ce tome et à l'image de la couverture précédente, l'héroïne est en train de plonger et de se noyer.



C'est triste de voir sa relation avec Yagai stagner et s'effondrer après la jolie promesse de la fin du tome précédent. A vouloir garder ses secrets, à vouloir ne pas tomber amoureux, Yagai gâche tout et Kaoru qui est à fleur de peau le ressent bien. Du coup, leur relation met vraiment mal à l'aise, ce que l'autrice retranscrit à grand renfort de métaphores mais également avec une narration intime très puissante où chacun partage ses pensées sans retenue. On a mal pour chacun d'eux car ils se laissent gagner pour leur mal être et on est un peu déçu en tant que lecteur de la voie prise par l'autrice. Depuis le début tout est surjoué mais c'était un surjeu qui m'émouvait. Là, c'est devenu un surjeu qui m'a agacée car virant trop dans le pathos et le drame.



Alors, le focus sur les boulots de Kaoru et leur conséquence sur elle fut une bonne bouée de sauvetage. J'ai énormément aimé la découverte de sa nouvelle collègue et l'histoire tragique de cette dernière. Elle en dit long sur le rapport de certaines femmes à leur corps, à leur être et aux relations avec les hommes. C'est une misère crue qui me parle. De la même façon, l'arrivée d'une potentielle rivale qui va venir la chambouler car jalouse de sa relation avec Yagai, a redynamiser leur histoire, promettant peut-être enfin l'ouverture qu'on attend. Alors oui c'est douloureux car l'autrice a vraiment su créer une antagoniste détestable qui sait appuyer là où ça fait mal en tenant des propos honnêtes et cohérents, mais c'est nécessaire. Ce sont vraiment deux nouveautés sombres mais bénéfiques.



De la même façon, je pestais contre la relation de Shiro, mais la jeune femme avec qui il sort a su me toucher ici et j'ai apprécié de la voir enfin évoluer et sortir de cette dépendance ou du moins la reconnaître plus librement. C'est déjà un petit mieux par rapport à la toxicité que lui fait subir Shiro en se servant d'elle. Cependant, cela en dit long à nouveau sur la vision très sombre que l'autrice semble avoir des femmes et de leurs relations avec les hommes. C'est à se demander ce qui a bien pu lui arriver pour qu'on en arrive là. Certes, ce n'était pas toujours gai dans ses histoires précédentes mais je ne me rappelle pas que ç'ait été aussi désespéré et toxique ou malaisant.



Mari Okazaki continue de me charmer par sa narration tellement onirique, ses thématiques modernes et sa vision contrastée du couple qui pousse à s'interroger. Ainsi, même si j'ai eu l'impression de me noyer sous une nappe épaisse et malaisante ici, j'ai tout de même apprécier la force avec laquelle elle décrit la façon dont les héros sombrent. J'ai espoir qu'elle réussisse ensuite à nous surprendre par une fin douce-amère qui serait une belle leçon de vie avec une demande d'honnêteté envers soi-même et envers l'autre, mais pour l'instant j'ai peur et je suis mal à l'aise. C'est vraiment une grande autrice pour réussir à me faire ressentir tout ça.
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& And, tome 4

Si je continue à beaucoup aimer cette série pour son côté graphique, je suis de plus en plus perplexe devant le développement des personnages qu’elle propose.

Le couple entre Kaoru et Yagai continue pourtant à évoluer, dans le bon sens à première vue puisque Yagai s’ouvre un petit peu plus et qu’il accepte mieux la présence de la jeune fille dans son univers.

Il y a bien sur des doutes, des remises en cause, des hésitations mais pour un couple sur lequel j’ai autant de mal à accrocher, je dois dire qu’ils finissent par plutôt bien s’en sortir tous les deux même s’ils manquent beaucoup de communication.

Ce n’est pas du tout le cas de Shiro qui semble avoir compris qu’à force de ne pas s’exprimer, il avait perdu les éventuelles chances qu’il aurait pu avoir avec Kaoru et qui décide donc de devenir infect, sous les yeux de sa collègue de travail que est assez représentative du lecteur assistant au désastre qui s’annonce.

Cela dit, je ne cautionne absolument pas la façon qu’il a de servir de sa nouvelle petite amie pour laquelle il n’a visiblement aucune affection et qui lui sert juste de rebond sentimental.



Au milieu de tout ça, j’ai adoré les quelques passages entre Miyuki et Akasaka. Ce couple qui pourrait paraitre assez étrange me parait bien plus solide que les autres et il regroupe deux personnages assez sûrs d’eux, ce qui change beaucoup.



On ne nous parle pas seulement de romance dans ce tome, mais aussi d’ambition professionnelle, de reconversion, de besoin de changements et d’évolution dans les carrières. Ca me fait mal de voir à quel point les deux femmes principales sont bridées dans leur envie d’aller plus haut alors que les hommes sont déjà bien plus avancés dans leur carrière, même s’ils ont eux aussi du traverser beaucoup de difficultés pour y parvenir.



On est dans un œuvre très réaliste, dans laquelle la romance n’est finalement qu’un prétexte pour nous parler de choses bien plus touchantes à mon niveau, même si je ne suis pas certaine que quelque chose de positif puisse émerger de tout ça.
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& And, tome 4

Arrivée à mi-parcours, cette nouvelle série de Mari Okazaki disponible chez nous me fascine toujours autant de par ses thèmes, son ton, sa mise en page et ses dessins. C'est un fort parti pris de l'éditeur que de sortir quelque chose qui détonne autant au milieu de la production actuelle.



Dans ce nouveau tome, Kaoru se pose de plus en plus de questions existentielles mais sa collègue Miyuki aussi. Ensemble, elles nous brossent un portrait sans concession des jeunes femmes japonaises des années 2010, avec de nombreuses réflexions sur leur rapport à la société, au couple, au mariage et au travail qui interpellent. C'est sombre, c'est dur, on n'est pas du tout dans une romance sirupeuse où l'on verrait des jeunes femmes pétillantes s'épanouir et devenir toutes guillerettes. Non, on est face à des femmes réelles dont la vie est tout sauf simple. Ainsi, leurs interrogations résonnent d'autant plus en nous et mettent mal à l'aise.



Il en va de même pour leurs compagnons. Autant Kaoru et Miyuki s'interrogent sur leur évolution professionnelle et sentimentale, autant Yagai et Akasaka en font de même, le travail en moins car ils sont pris dans une vraie spirale. Sous leurs airs de Don Juan pour l'un et de misogyne machiste pour l'autre, ce sont plutôt deux hommes très maladroits qui tentent à leur façon d'épauler et d'aimer leur compagne. Ils me plaisent beaucoup chacun à leur façon. Seul le personnage de Shiro continue à me prendre à rebrousse poil. Je comprends sa déception vis-à-vis de Kaoru mais a-t-il besoin de se comporter ensuite aussi mal avec elle et de noyer son chagrin auprès d'une femme qui n'a rien demandé et qu'il mène en bateau ? Je n'accroche pas.



En revanche, les relations amoureuses décrites et surtout mises en scène par Mari Okazaki continuent de me faire vibrer. Il y a toujours cette sensualité extrême chez elle qui donne presque le sentiment de se noyer dans les fluides corporels que chacun émet, c'est déstabilisant et presque érotique. Sa manière de dessiner ces corps qui se rejoignent et s'épanouissent sous la caresse de l'autre est magique. Elle fait grandir et vibrer ses personnages sont son crayon comme je l'ai rarement vu.



En plus, les relations qu'il imagine n'ont rien de simples, mais pourtant elles me touchent énormément. Que ce soit la naïve Kaoru, qui aurait toutes les raisons pour m'agacer, ou l'expérimentée et forte Miyuki, qui pourrait agacer par ses sorties, les deux sont terriblement humaines dans leur rapport à l'autre. Ainsi, la relation naissante entre Kaoru et Yagai est pleine de maladresse mais de tendresse. Ils veulent se faire du bien l'un l'autre même s'ils ne savent pas trop comment s'y prendre et l'autrice conte cela dans d’innombrables scènes du quotidien qui peuvent sembler banales mais sont pleines de sens. Il en va de même pour Miyuki et Akasaka pour qui il est compliqué de s'ouvrir mais qui y parviennent lors d'une scène déchirante. Ce sont deux couples très adultes avec pourtant des individus très immatures en leur sein mais qui font tout pour grandir auprès de l'autre et l'épauler. C'est beau.



Alors oui, les questions plus terre à terre sur la terrible carrière de médecin, la difficulté à être indépendante professionnellement, ou à refaire sa vie après une relation passée compliquée, ne sont pas des questions enjouées. Oui, l'ambiance est lourde, pesante, malaisante. Mais c'est beau de les voir se débattre ainsi !



And reste donc encore et toujours un coup de coeur immense pour moi. Mari Okazaki est une autrice qui au-delà de ses prouesses graphiques me parlent et résonne en moi quand elle décrit les relations matures et réalistes de ses personnages. C'est pourquoi, je suis d'autant plus triste de voir que cette série se vend mal alors que j'avais l'espoir qu'elle ouvre la porte à d'autres titres du catalogue si riche de l'autrice. N'ayez pas peur, si vous voulez une histoire profonde, émouvante et mature, osez lire And !
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Déclic amoureux

Voici un shojo totalement affligeant. Pire que cela, c’est mauvais sur tous les points (scénario, graphisme…). Comment peut-on oser publier cela ? Fort heureusement, ce site existe pour prévenir les lecteurs de ne pas tomber dans le piège des daubes.



Il est vrai que le sujet de la photographie m’avait attiré. Le titre déclic amoureux semblait également faire un clin d’œil bien réfléchi. Une fois la lecture entamée, je me suis vite aperçu de mon erreur. C’est franchement très mal dessinée ce qui est en totale contradiction avec de l’art picturale. Il fallait oser faire alors sur un sujet concernant l’image.



Pour le reste, c’est une histoire à tomber par terre. Une jeune lycéenne se voit décerner des qualités qu’elle ne possède visiblement pas. C’est tellement surfait. Le titre de meilleure photographe est réellement usurpé. On crie à l’injustice flagrante. C’est la victoire du médiocre.



Insipide est le mot pour résumer le tout. Et encore, ce n’est pas assez fort !
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Shibuya Love Hotel, tome 4

Mari Okazaki sort de son schéma habituel sur cette série, à savoir raconter des histoires courtes, indépendantes les unes des autres (même si on retrouve parfois quelques clins d'oeil à des personnages déjà croisés précédemment). En effet, ici, elle nous fait suivre deux héroïnes sur quasiment tout ce tome, tout en racontant à chaque chapitre une "aventure" différente.



Autant il était très agréable de découvrir pleins de nouveaux personnages à chaque volume, autant on prend un réel plaisir à la voir ici davantage développer ses héroïnes. Le récit en devient plus humoristique, mais sans jamais perdre ni sa sensibilité ni sa profondeur. La vraie richesse d'Okazaki est bien d'arriver à mélanger avec subtilité les différentes émotions, pour nous livrer un récit poignant et sincère.



Il me tarde de lire la suite !
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Shibuya Love Hotel, tome 1

Cela faisait longtemps que je voulais découvrir cette auteur, mais je ne m'étais jamais lancée... Ce retard est donc rattrapé, avec la lecture de "Shibuya love hotel", dont j'ai littéralement dévoré les 4 tomes parus en quelques heures !



Tout d'abord, le graphisme est juste splendide ! Une pure merveille : ) Cette mangaka possède un trait assuré et maîtrisé, et ses planches, certes très shôjô, sont toutes plus belles les unes que les autres... Les personnages ont des traits fins et agréables, et les décors sont parfois empreints d'un certain onirisme qui sert vraiment le récit.



Les histoires (plusieurs histoires courtes, et indépendantes) sont aussi touchantes que passionnantes. Elles font réfléchir, rendent parfois mélancoliques... L'auteur arrive à quitter un récit purement shôjô pour s'acheminer vers des réflexions plus matures, même si tous ses personnages -ou presque- sont encore au lycée.



Bref, une série qui peut toucher les jeunes... et les moins jeunes ; )
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& And, tome 2

La mangaka pris son temps (même un peu trop) pour poser les bases de son histoire dans le premier tome. Cette suite est donc plus fluide, plus sensible et beaucoup plus intéressante. Le faux triangle amoureux s'installe, les personnages prennent de l'épaisseur et on s'attache un peu plus à cette héroïne grâce à des flash-back expliquant un drame familial.

Je suis vraiment curieuse de savoir quel tournant va prendre la suite de l'histoire.
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& And, tome 8

Je ne sais que penser de l'autocollant qui affuble ce dernier tome de And. J'espère que c'est juste un spoil sur la série et non pas l'annonce que nous n'aurons plus de Mari Okazaki en France car ce serait vraiment cruel...



Qu'on n'aime ou pas And, qui fut une lecture assez particulière, surtout pour les amateurs de romances qui ont peut-être lu cette histoire pour avoir droit à une belle histoire d'amour, on ne peut que reconnaître son talent graphique de conteuse. Dans ce dernier tome, il est magistral ! Dès la couverture, elle se joue de nous avec des trames et un décor qui deviennent le maître mot de l'histoire, le vrai fil conducteur et parfois le vrai héros de l'histoire. J'ai adoré voir cet arrière-plan prendre peu à peu le pouvoir sur ces ultimes chapitres si dur où ce que l'autrice avait à nous conter n'avait rien de simple ou de facile.



Dès le début de la série, on pouvait sentir que ça allait mal finir. Il était encore plus dur d'imaginer un happy end après les derniers événements même si comme moi on adore cela et qu'on croit aux retournements de situation de dernière minute. Mais l'autrice n'a pas voulu tomber dans cette facilité et bravo à elle. A la place, nous avons une chronique sociale des relations entre adultes bien cruelle et réaliste où l'autrice montre que même si on donne tout dans une relation parfois ça ne suffit pas.



J'ai adoré le final inattendu de cette série où effectivement comme le dit l'étiquette sur le tome "Mari Okazaki nous surprend une dernière fois". Elle revient avec justesse et douleur sur la relation bancale entre Kaori et Yagai. Elle décortique et analyse avec brio ce que chacun voyait et attendait de cette relation, et ceux même si c'est dur, même si ça fait mal, même si c'est sans issue. J'ai beaucoup aimé ce recul où elle nous fait comprendre que c'est normal quand on s'engage dans une relation avec quelqu'un qui a vécu qu'il y ait un passé parfois compliqué. J'ai aimé découvrir celui tellement douloureux du Docteur sur lequel l'autrice, pourtant, n'en fait pas des tonnes. Elle le met divinement bien en parallèle avec les besoins de chacun au cours de la naissance et du développement de leur relation et avec une narration pleine de non-dit elle nous fait également comprendre combien leur manque de communication, à vouloir vivre l'instant présent, les a conduits dans cette impasse.



Alors la narration se veut dramatiquement poétique pour mettre en scène les derniers instants d'une fin annoncée. C'est régression, doux et amer à la fois, mais tellement poignant. On voit bien qu'ils s'aiment pas que ce n'est pas suffisant et j'aime que l'autrice sache lâcher prise et montrer que parfois il vaut mieux renoncer. C'est superbe et ce jusqu'au bout puisqu'on voit chacun continuer à suivre la voie qu'il s'est tracé et tenter d'avancer même des années après. Kaori poursuit son rêve pas à pas. Yagai a su retrouver un second souffle. Et tant pis si l'amour n'est pas présent pour le moment.



Cependant l'autrice ne se contente pas de ce modèle si doux-amer qui pourrait nous laisser sur notre faim, elle nous réenchante avec deux chapitres bonus sur les amies et collègues de Kaoru, nous présentant deux autres formes d'amour et de relations que j'ai beaucoup aimé. Miyuki est toujours avec Akasaka, et avec elle, nous voyons les tourments d'une divorcée qui tente de refaire sa vie dans un Japon toujours corseté où cela peut-être mal vu. C'est un vrai bonheur de voir cette femme qui a l'air si sûre d'elle à l'extérieur hésiter tellement avant de se libérer et la métaphore filée tout du long avec le jeu "Othello" est magnifique ! Puis, il y a l'histoire de l'étrange et singulière Konno, qui apprend avec Kumo, le collègue geek de Shiro, qu'on peut être aimé pour soi et non pour son apparence. C'est un grand classique mais j'ai aimé sa réflexion sur ce qu'elle avait vécu et qu'elle commençait à reproduire en inversant les rôles femme-rôle. C'est très pertinent.



Ce dernier tome est à nouveau une merveille graphique de bout en bout, de sa couverture où l'héroïne semble prise dans une toile dont elle peine à s'éloigner, jusqu'aux ultimes pages de l'histoire principale pleines de mélancolie, nostalgie et espoir, après des passages très sombres aux bords de la dépression. Je le disais plus haut mais le rôle des décors est essentiel ici, entre cette nature qui peu à peu grignote et ligote les héros, les blessant au passage, et ces lumières qui les hypnotisent jusqu'à l'oubli, tel des éclairs zébrant le ciel et ouvrant la voix des enfers, juste avant que le ciel se dégage et s'apaise pour s'ouvrir sur un futur bien plus vide et libre, donc plein de perspectives à construire. C'est puissant.



Mari Okazaki est vraiment une grande dame et si And n'est peut-être pas le titre le plus facile d'accès, il m'aura souvent fait vibrer, que ce soit par ses trouvailles graphiques tellement magnifiques et poétiques ou sa narration qui nous entraîne dans un cruel et amer monde onirique plein de fluide, de fleurs et de chrysalides. C'est enchanteur et merveilleux, dans le sens premier du thème, quand les contes étaient encore si cruel et douloureux. Non, l'amour n'est pas qu'une petit bulle. Non, s'aimer et se connaître n'est pas si facile. Non, s'assumer ce n'est pas naturel. Mari Okazaki a vraiment mis beaucoup d'elle encore dans cette histoire et me touche peut-être pour cela. Après mes coups de coeur pour ses oneshot, par sa série Complément affectif, je retrouve le même vif plaisir dans cette histoire adulte et âpre. Je croise forts les doigts pour la revoir un jour en France !
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& And, tome 7

J’avais été un peu déçue par le tome précédent parce que je ne voyais pas comment les personnages pouvaient se sortir de tout ce drame qui est en train de leur tomber dessus. Et, au bout d’un moment, voir tant de gens souffrir sans réussir à trouver un échappatoire, ça a commencé à me peser également.



Etrangement, j’ai ressenti l’inverse avec ce septième tome. Alors entendons-nous bien, on n’est pas subitement dans un récit plein de paillettes et de papillons et le final se charge bien de nous le montrer, et un des passages qui m’a fait le plus rire est sans aucun doute très douloureux pour ceux qui le vivent directement.



Mais Yagai est absent d’une bonne partie de ce tome et j’ai eu l’impression qu’on retrouvait un peu de légèreté dans un barbecue improvisé où toute l’équipe de l’entreprise informatique de Shiro se retrouve. On change de décor, les personnages qu’on croise là sont bien plus légers que ceux qui tournent autour de l’hôpital et on assiste surtout au déballage de tous les sentiments de Iku à travers les yeux de Chazawa qui se marre du gros drama qui se déroule. Autant dire qu’en effet, quand on le vit extérieurement, voir le trio se pouiller au milieu d’une fontaine et devoir rentrer trempés, c’est plus amusant qu’autre chose. Même si à l’arrivée Iku et Shiro finissent quand même par rompre, ce qui est somme toute un soulagement.



On a droit aussi à une autre rupture, celle de Konno et de son médecin imbécile et autant dire que là aussi c’est un soulagement.

C’est pour ça sans doute que j’ai ressenti comme une libération à travers ce tome qui n’est pourtant pas bien joyeux dans le fond. Voir toutes ces relations toxiques enfin se terminer, c’est au final plus libérateur qu’autre chose.



Ca ne fait pas avancer le couple entre Yagai et Kaoru pour lequel je n’ai malheureusement aucun attachement particulier alors qu’on arrive déjà très près de la fin de ce titre, mais ça montre tout de même qu’il est parfois nécessaire de couper certaines relations au lieu de persister inutilement et de se faire du mal. Et ça fait beaucoup de bien.
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& And, tome 5

Un petit peu à l'image de la couverture de ce tome, j'ai tout d'abord trouvé que Kaoru se noyait. Elle se noie avec sa volonté de vouloir encore plus travailler, de rajouter à son emploi du temps une formation médicale. Son but est personnel bien sur mais elle a aussi comme objectif de soulager le docteur Yagai d'une partie de son travail administratif, ce qui m'agace toujours un peu parce que Kaoru se noie aussi dans cette relation amoureuse. 

Les deux personnages sont incapables d'exprimer ce qu'ils ressentent vraiment alors que Yagai est tout simplement jaloux et ça me hérisse de le voir attentionné avec ses étudiants alors qu'il n'arrive pas à l'être avec elle.



On avance un peu par contre du côté de Shiro qui garde toujours son masque apparent de froideur mais qui paradoxalement s'inquiète réellement pour Kaoru même si lui aussi ne sait pas le montrer.

Il a également tendance à m'énerver mais ces bribes de passé qu'il dévoile montre surtout une grande peur de l'abandon. 

Je n'aime toujours pas sa façon de traiter sa petite amie qui ne semble être là que pour combler un manque (et qui se rend bien compte elle-même que rien ne va entre eux), mais on peut surtout se rendre compte qu'il s'agit d'une question de timing raté avec Kaoru et ça me fait un peu de peine.



Je suis très attachée aux personnages et graphiquement c'est toujours impeccable. Il n'empêche que je me retrouve parfois à être énervée contre eux. J'ai envie de tous les secouer, de leur dire de se parler, de crever les abcès et d'enfin réussir à avancer. Pour eux-mêmes, pas simplement en pensant à aider professionnellement celui ou celle qu'ils aiment. J'espère que la fin de ce tome qui permet aux personnages de s'exprimer enfin sera suivie dans les faits, parce que j'ai vraiment envie qu'ils puissent trouver le bonheur.
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& And, tome 2

Nouveau tome tout aussi merveilleux que le précédent. Pour quelqu'un comme moi qui adore la narration poétique et mélancolique de l'autrice, c'est un vrai bonheur de retrouver Mari Okazaki en français même si le titre n'est pas des plus joyeux.



Kaoru vivote toujours entre son boulot à l'hôpital et son petit job d'indépendante. Monter sa propre affaire n'a rien de simple, l'autrice nous le fait bien comprendre. On découvre combien cela coûte cher, surtout au début, combien il faut y réfléchir et se projeter, anticiper, s'organiser. C'est compliqué. Cela pèse sur Kaoru qui n'a pas forcément besoin de ça. Avec elle, Mari Okazaki fait vraiment le portrait de cette génération dite "bouche-trou" où les emplois précaires sont légions et les perspectives moindres. C'est cruel mais réaliste, on le voit bien avec cette jeune intérimaire qui est encore obligée de vivre avec sa mère car elle ne peut pas se payer un loyer seul. Une terrible réalité.



Son projet est donc d'autant plus fou. Mais ça fait du bien aussi de voir quelqu'un qui lutte contre ce vers quoi la société la pousse. Sous ses airs doux, naïfs et placides, Kaoru est une petite rebelle qui court après son bonheur pour le fabriquer de ses propres mains. Il faut donc dépasser cette première image un peu froide comme nous y invite l'autrice avec un tome très sensuel et introspectif.



La vie sentimentale de l'héroïne est en effet au coeur de ce nouveau tome. Ayant découvert la nature amoureuse de ses sentiments pour le difficile docteur Yagai, Kaoru refuse cette idée que ce n'est que du désir entre eux et compte bien se faire entendre. Mais pas facile, quand on a quelqu'un d'aussi réfractaire en amour en face de soi. Yagai ne facile rien et complique tout. Avec lui, on ne sait pas sur quel pied danser, ni nous, ni l'héroïne. Cependant on voit bien que leur attirance est inéluctable, car derrière les méchantes paroles qu'il profère sans cesse et les rebuffades, se cachent aussi des regards entendants et une envie de voir Kaoru, d'apprendre à la connaitre, qu'il peine à cacher à l'observateur attentif. Ainsi, on peut détester Yagai, il nous y pousse bien, mais pour ma part, je lui donne sa chance car je sais que c'est le traumatisme de la perte de celle qu'il aimait qui le pousse à être ainsi et j'ai l'espoir de le voir devenir un très beau personnage si on lui laisse sa chance.



Pour nous compter tout cela, Mari Okazaki fait encore preuve d'une belle virtuosité. L'encre coule à flot comme les sentiments de Kaoru qui s'échappent de son coeur. Il y a des pages vraiment magiques dans ce tome, que ce soit lors de certaines ballades à vélo, lors d'un rapprochement sensuel inattendu, ou au détour d'une discussion de travail où les regards en disent long. La science du découpage de l'autrice fait virevolter les dessins sur les pages, les faisant danser au rythme des sentiments inavoués des personnages. Le choix des cadrages magnifie ce que leur corps dit à la place de leur bouche sur ce qu'ils ressentent vraiment. C'est sublime de force et de délicatesse jusque dans les moindres détails, puisque même le choix de la forme et de la place de la bulle ainsi que de son appendice a son importance. Magique !



Je ressors donc à nouveau conquise de cette lecture pourtant assez mélancolique où la vie d'intérimaire précaire en amour et au boulot de l'héroïne a de quoi peser. Mais la force que je ressens dans son désir de liberté et d'indépendance me subjugue et me passionne. Je suis aussi emportée par la puissance de son désir d'être aimée et de s'épanouir. Elle fait de beaux efforts qui me touchent en plein coeur, dépassant la rudesse (et la goujaterie) de l'objet de son affection, le tout sur un trait tellement de délicatesse fourni par Mari Okazaki que je ne peux qu'admirer chaque planche. Une merveille !
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Après l'amour, la sueur des garçons a l'odeur d..

Encore une fois, je ne vais pas y aller par 4 chemins. On pourra certes indiquer que l'auteur dénude les sentiments humains avec sensibilité et sensualité au cours de ces cinq histoires différentes dans une vision poétique et décalée du quotidien. Je dirai qu'avec un titre aussi pompeux et bizarre, je ne pouvais m'attendre qu'à une bd sans relief, mièvre et des sentiments à l'eau de rose. Pari gagné !



Ce recueil de 5 nouvelles parle en effet de filles, d'espoirs, de questions, d'amours et surtout de tendresse :

- Après l'amour, la sueur des garçons a l'odeur de miel : son étrange cousine lycéenne s'installe chez Elle et Elle se pose des questions.

- A propos de Kusako : Kusako est une fille sortie de terre que Moeko rencontre en promenant son chien.

- Grande soeur : Grande soeur est somnambule, trentenaire et célibataire. Mais que peut-elle bien trouver à la vie ?

- Le pays où il pleut : Kaya ne va plus à l'école, ne sort plus de sa chambre. Kumi vient la voir parce que c'est son amie mais aussi parce qu'elle craque pour son frère.

- Ice tea : C'est l'été et trois collégiens se balladent en pensant à l'une de leurs profs.



La réalisation par l'auteur n'a absolument pas été convaincante avec des personnages à la limite de l'insipide. On flirte même avec le yuri avec toujours le même thème à savoir le désir. Tout ceci m'est apparu si hermétique tout en dégageant une douceur apaisante, je le concède. Un manga qui semble être spécialement fait pour les femmes et par une femme ce qui expliquera sans doute mon désintérêt.
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Dernier soupir, tome 1

Le scénario me paraissait intéressant au premier abord. On assiste à la rencontre de deux êtres, une véritable love story dans un love hôtel (hôtel ou viennent s'ébattre les couples légitimes ou non). Jamais, on ne versera dans la vulgarité. On restera presque à la limite de l'érotisme. On peut souligner également un dessin très agréable au décor épuré mais qui laisse s'exprimer les corps dans un tumulte de passion charnelle. Ceci pour la forme.



Sur le fond, il y a un gros coup de théatre qui intervient au début de cette histoire : quelques jours à peine après cette rencontre, l'héroïne se suicide brutalement. On croyait qu'elle nageait en plein bonheur d'où un véritable choc pour le lecteur. Tout l'intérêt de l'histoire va se situer sur le fait de comprendre ce geste désespéré à travers trois personnages : la soeur et un ami étrange de la défunte, ainsi que notre héros qui n'a vécu qu'une nuit d'amour. Il y aura alors de nombreux flash-backs pour tenter de percer le mystère.



Pour autant, alors que la première partie était un sans faute, la seconde se revèle moins reluisante. On ne sait pas où le scénario va véritablement nous conduire. Cela semble un peu tiré par les cheveux. Il y a des scènes un peu inutiles qui tirent en longueur. On se demande si toutes ces rencontres ne vont pas devenir lassantes car la trame est posée. On attendra la suite qui mérite qu'on s'y penche. Ce voyage insolite dans le passé de l'héroïne ne fait que commencer ...
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Shibuya Love Hotel, tome 3

Toujours un merveilleux mélange de tendresse, mélancolie, humour et tristesse... Les états d'âme de jeunes, qui se cherchent, au coeur de ce quartier qui ne dort jamais : Shibuya.



Mari Okazaki continue à nous livrer de superbes récits, avec un graphisme toujours plus agréable pour les yeux. Et une fois de plus, la dernière histoire du recueil s'avère particulièrement émouvante, tout en étant en même temps empreinte d'une apparente légèreté.
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