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Critiques de Marie Chaix (44)
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L'âge du tendre

Marie Chaix ( auteur contemporain d'une quinzaine d'ouvrages,traductrice,attachée de presse,biographe) a établi sa propre carte du tendre dans cette autobiographie. Déambulation de paysage en paysage de sa naissance jusqu'à celle de son premier enfant.

Des paysages aux couleurs douces puis plus éclatantes : du blanc de l'enfance où dans la maison grand-paternelle elle baisait les lèvres de marbre d'un David au sexe caché par pudeur pour s'exercer,au gris des retrouvailles avec le père absent,au mystique d'une petite fille "élévée par des femmes sans hommes" qui communie (une fois n'est pas coutume) à "la gloire du doux Jésus",au rouge du sang des règles, à l' ingrat de l'adolescence dans une froideur toute paternelle, à l'intimiste de la vie de famille,au gris lycée, au premier homme, père qu'il faut émouvoir,aux fôrets verdoyantes à arpenter aux côtés de sa soeur, au bleu de l'Allemagne l'été,à la chaleur de île au coeur, maison familiale, au noir des deuils à assumer, au mauve de l'amour.

Vaste tour d'horizon d'un grand pan de vie à l'arc en ciel retrouvé.

Ce ne sont pas tant les souvenirs et les émotions diverses éprouvées que j'ai appréciés dans ce roman que l'écriture.

Marie Chaix a un débit très alerte, un rythme rapide qui évoquent une fougueuse cascade. Ca mitraille,ça rugit,bondit,crache,chante,glisse,coule,pleure,vocifère,tempête,chuinte de pensée en pensée et de mot en mot mais ça ne laisse jamais indifférent.
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L'âge du tendre

A la relecture cette autobiographie romancée m'a beaucoup émue, sans doute parce qu'à travers Marie je me revoyais, moi, dans les pages intitulées "Doux Jésus", "Paysage en rouge" ou encore "Esquisse d'une vie de famille" mais aussi "Les femmes en noir", (bonnes soeurs comprises?) évoquant sa rencontre avec la chanteuse Barbara.
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L'été du sureau

Ce livre puise dans "l'intime" d'une femme en panne d'écriture.

La vie de Marie Chaix est jalonnée de deuils et d'abandons, et du lourd héritage d'être la fille d'un collabo condamné à la prison à perpétuité au sortir de la guerre ( et amnistié au bout de 8 ans)

L'écriture est ce qui l'a sauvée au début de sa vie d'adulte, une écriture autobiographique, exploratrice, explicative, peut-être réparatrice, en tout cas, nécessaire pour mettre à distance tout ce vécu douloureux.

La quête de cette femme est celle d'une sorte de vérité intérieure, c'est aussi, je pense, un moyen pour "s'unifier" et se réapproprier son histoire.

La panne d'écriture est arrivée au moment où l'éditeur qui vient de l'accompagner dans l'écriture d'un roman douloureux meurt brutalement.

Le manque de sa confiance, de son accompagnement patient et encourageant va assécher sa plume pendant plusieurs années jusqu'à ce qu'un nouveau deuil indirect

( séparation de sa fille d'avec son mari qui est pour elle une sorte de " frère" de plume) vienne réactiver des plaies mal cicatrisées.

Comment faire de toute cette matière intime une oeuvre littéraire? Au delà d'une vraie qualité d'écriture, je pense qu'il faut être touché par le questionnement de cette femme à plusieurs niveaux , ce qui a été le cas pour moi.

D'où vient le désir d'écriture, comment l'entretenir? Quelle place lui assigne-t-on,, quelles souffrances vient-il réparer?

J'ai aimé la voix sincère et pudique de l'auteure, l'exploration du lien mère/fille, et le chemin qu'elle nous permet de parcourir à ses côtés.



Je quitte le livre en ayant l'impression de confidences faites par une amie.
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L'été du sureau

Marie Chaix n'en finit pas d'essayer de regarder son passé depuis 1974 et les lauriers du lac de Constance qui racontait son enfance, la honte, elle l'enfant de la collaboration née en 1942 d'un père haut responsable du PPF, le parti de Jacques Doriot. Ce récit est aussi un travail sur la mémoire, sur sa mémoire même si paru en 2005, il fait suite à quinze ans de silence. Anéantie par la mort brutale de son ami et éditeur Alain Oulman, elle ne peut plus écrire. Ce décès n'est que la longue suite des morts ou départs des hommes de sa vie : son père, ses frères, son premier mari (qu'elle a pourtant quitté) et son gendre que sa fille quitte à son tour. le divorce de sa fille la bouleverse, elle cherche à comprendre pourquoi. Il n'est que la continuité des séparations et déchirures de son existence. L'auteur revient avec pudeur sur son enfance, sa jeunesse, sa vie d'adulte et sur le début de sa vieillesse (relative puisqu'elle a soixante ans lorsqu'elle achève l'écriture de ce récit, sur le déclin inéluctable du corps tout au moins).
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L'été du sureau

A la suite des "Lauriers du lac de Constance" où elle faisait revivre la figure de son père, accusé de collaboration et emprisonné pendant sept ans, Marie Chaix revient sur sa vie alors qu'elle atteint aujourd'hui la soixantaine. Sa fille vient de se séparer de l'écrivain Richard Morgièvre et, à sa propre surprise, elle ressent une douleur démesurée quand elle apprend cette séparation. Depuis quelques années déjà, depuis la mort de son éditeur Alain Oulman, elle n'écrivait plus et sombrait dans une sorte de déprime constante.



A partir de cette mort et de cette séparation, Marie Chaix revit par l'écriture les séparations qui ont jalonné sa vie (son père, emprisonné ; son premier mari), les morts aussi (ses deux frères, ses parents) de manière sensible et délicate.
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L'été du sureau

J'ai découvert il n'y a pas si longtemps qu'Anne Sylvestre avait une soeur écrivain et c'est ce qui m'a attirée, par curiosité, vers ce texte autobiographique. L'auteur y évoque à la fois son enfance et le secret de famille autour de son père, collaborateur pendant la seconde Guerre Mondiale et tout ce que cela a impliqué à la Libération, mais aussi le thème de la rupture. En effet, sa fille divorce et cela rappelle à Marie qu'elle a vécu la même chose lorsqu'elle avait le même âge.

C'est un livre sur l'amour filial et l'amour maternel, sur les secrets de famille, mais aussi sur l'écriture et la page blanche, sur le deuil.
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L'été du sureau

Un copié collé de Zazimuth, tellement je me reconnais dans cette critique : "J'ai découvert il n'y a pas si longtemps qu'Anne Sylvestre avait une soeur écrivain et c'est ce qui m'a attirée, par curiosité, vers ce texte autobiographique. L'auteur y évoque à la fois son enfance et le secret de famille autour de son père, collaborateur pendant la seconde Guerre Mondiale et tout ce que cela a impliqué à la Libération, mais aussi le thème de la rupture. En effet, sa fille divorce et cela rappelle à Marie qu'elle a vécu la même chose lorsqu'elle avait le même âge.

C'est un livre sur l'amour filial et l'amour maternel, sur les secrets de famille, mais aussi sur l'écriture et la page blanche, sur le deuil." Un tout petit bémol : Marie Chaix, je l'apprécie depuis bien longtemps et n'oublierai pas la force de son "Juliette, chemin des cerisiers".

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Le salon des anges

Gabrielle épouse Julien, jeune écrivain amoureux de Venise. Leur mariage, comme le furent leurs premiers instants, est entrecoupé des errances, des mensonges et des absences de Julien, jusqu’au jour où il disparaît vraiment.

Deux ans plus tard, Gabrielle se remet à peine de la dépression causée par ce départ, lorsqu’elle reçoit une lettre d’une certaine Leonora, demandant à la rencontrer, parce que Julien, avec lequel elle vivait a disparu.

Gabrielle se rend à Venise, et, dans le palais Zanigo,, où vit Leonora, commence une mystérieuse et troublante aventure.



C’est envoutant, comme l’est Venise, même dans cette saison hivernale qui la rend pesante et angoissante.

Des personnages beaux, passionnés, énigmatiques.

Une ambiance baroque

Des amours improbables

Une ville magique,

Un palais ensorceleur

Une musique : « La dona e mobile »

Le tout servi par une écriture riche et souvent poétique pour nous régaler d’une bien belle et originale histoire.

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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Son père collaborationiste, l’un des proches de Jacques Doriot, Marie Chaix ne l’a guère connu : née en 1942, il était sans cesse en partance, en mission, puis en fuite, puis en prison.

Elle retrace son parcours en mêlant ce qu’elle a tiré des carnets personnels de son père, de l’image qui lui en a été donnée dans son enfance par son milieu familial, de ce qu’elle a vécu intimement de cette perpétuelle absence, puis de cette faute dénoncée par l’extérieur étant enfant et adolescente. Qu’est ce qu’être la fille d’un homme inconnu qui préfère sa cause à sa famille pourtant aimée, qui fait le mauvais choix, que tous accusent, qui est emprisonné et risque la peine de mort ? Qu’est ce que vivre entourée de silences mal gardés ?



Se mêlent donc dans le récit des éléments très historiques, retraçant l’histoire du Parti Populaire Français, et des choses plus familiales, cette femme élégante, amoureuse perpétuellement fidèle, ces enfants fascinés par un père absent et charismatique.



Ecrivant ce livre des années après, Marie Chaix fait une réelle œuvre d’écrivain, par un style percutant, très personnel, surprenant, adoptant le point de vue de cette enfant à qui on ne dit pas grand chose, mais qui ressent tout. Son portrait paternel est exempt tout à la fois d’admiration et de critique, dans une tentative d’objectivité rétrospective, mais porteur d’un amour étrange, envahissant, bien qu’en creux. Elle lui reconnaît sa sincérité dans l’erreur, une grande dignité qui n’est pas exempte de courage.



C’est un roman très personnel quoiqu’il appartienne à l’Histoire, avec un réel travail d’écrivaine, qui rapporte des faits objectifs mêlés de façon troublante à la subjectivité du vécu de cette enfant solitaire.
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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Publié en 1974, ce livre retrace la vie politique de son père de 1936, alors qu'il rejoint Doriot et le PPF, jusqu'à son emprisonnement pendant sept ans, puis sa libération.

Ecrit à partir des carnets tenus en prison par Albert B., le père de Marie Chaix (et de Anne Sylvestre), c'est un récit de la vie quotidienne pendant la guerre vue par un "collaborateur" et une famille de collaborateur.



Marie Chaix a écrit ce livre avec suffisamment de recul pour qu'il soit sans haine et sans admiration.

Trop jeune (elle est née en 1942) pour se souvenir de la guerre, elle ne garde en elle que l'image d'un père dans un parloir, chaque samedi pendant sept ans, et son difficile retour à la maison.



Dans "L'été du sureau", elle raconte qu'elle a été contactée, à la suite de son premier livre, par un homme dont une amie proche avait été la maîtresse d'un certain Albert B., marié avec trois enfants, cadre dirigeant du PPF, et avait eu un enfant de lui en 1942.

Cette révélation (confirmée par la nourrice de Marie Chaix) donne de l'homme une image encore plus négative que celle montrée dans "Les lauriers".

Non seulement il avait choisi le camp des collaborateurs, mais il n'était pas l'époux et le père admiré par sa femme et ses enfants !

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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Ce livre relate le parcours d'une famille et surtout d'un homme dans les années 30 et 40 . Dans ce récit Marie Chaix fait se croiser la vérité historique avec celle de sa famille . Elle ne cache rien des actes ignominieux commis par son père et le PPF parti qu'il servait .Marie Chaix fait parler tour à tour ses frères , ses soeurs, sa mère et bien sûr son père. Elle ne cherche pas à excuser ce père qu'elle a finalement très peu connu pour les engagements qui furent les siens mais elle ne les défend pas non plus . Elle relate la vie de sa famille et c'est tendre, émouvant et dur à la fois .Un témoignage intéressant de ce que fut la vie à cette époque et puis surtout une belle écriture sonnant très actuelle et moderne pour ce livre écrit au début des années 70.
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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Marie Chaix a été l'assistante de Barbara.

Elle est aussi la sœur d'Anne Sylvestre.

Elle est surtout romancière.

Elle écrit plus que bien.

Elle choisit de crever l'abcès familial

de dire leur enfance de filles de collabo.

Des parents aimants, un couple soudé .

Un milieu bourgeois où on vit avec sa bonne.

Un papa si hanté par la peur du communisme

qu'il choisit le mauvais cheval: Doriot ,

s'engage à ses côtés avec opiniâtreté

jusqu'à la mort de celui ci.

Un récit porté par la plus jeune de la fratrie,

qui raconte à hauteur d'enfant,

l'opprobre, l'insouciance enfantine,les larmes,

le procès, la prison,

Des écrits de son père, des articles de journaux

nous apprennent beaucoup surle terrain politique

de cette période trouble.

A lire, pour cet angle particulier d'observation

des événements de l'Histoire .







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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Ce roman autobiographique témoigne du parcours d'un père, collaborateur membre éminent du PPF, le parti fasciste français.Pour toute la période qui précède la guerre de 39-45, pendant l'occupation allemande et enfin dans les années d'après guerre, l'auteur s'appuie sur des documents d'époque, c'est presque un documentaire. Quand elle redevient la toute petite fille et témoigne de sa vie, de celle de sa pieuse maman et de l'incroyable fidélité de Juliette, la bonne, c'est émouvant aux larmes.
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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Posé dans un coin du garage, enfoui depuis de nombreuses années sous la poussière, il attendait le moment où un courageux oserait le jeter pour lui offrir de renaître en tract électoral ou en papier toilette. Avec sa couverture vieillotte et son titre « Les Lauriers du Lac de Constance », j'imaginais paresseusement une histoire d'amour à l'eau de rose comme en écrivait Delly il y a une centaine d'années. Plus personne ne lit ça aujourd'hui, alors, désolé mon vieux… Trois ou quatre pas nous séparaient de la poubelle et c'est à ce moment que j'ai aperçu le sous-titre « chronique d'une collaboration ». Intrigué, j'ai parcouru la quatrième de couverture, si souvent décriée, mais qui, cette fois, fut décisive. Ce livre racontait une toute autre histoire…

« Je suis née en 42. D'autres sont les enfants de la guerre, on leur a fait absorber du calcium et des vitamines pour que leurs dents de lait ne tombent pas en petits morceaux. Moi, je suis un enfant de la collaboration, du maréchal, de Doriot, de la Wehrmacht et de l'antisémitisme. »

L'histoire est forte, d'autant plus qu'elle est véridique, puisque le père, membre du bureau politique du PPF de Jacques Doriot, une des figures de la collaboration, fut condamné en 48 à la réclusion à perpétuité, échappant de justesse à la guillotine. Je me devais d'offrir au livre de sa fille le même sursis ainsi qu'un verdict équitable que voici.

« Au vélodrome d'hiver, quatre mille Français sont réunis. Il fait chaud, on s'évente avec les journaux et les tracts que les Jeunesses PPF ont distribués à l'entrée. Aujourd'hui, une haute tribune est dressée, drapée de noir. Il apparaît le grand volontaire, le premier, le lieutenant français, le combattant des frontières de l'Est, un peu étranglé dans son bel uniforme. Car il eut grand faim en rentrant du front. Et grand soif. Dans les nuits tièdes de Paris, on trouve sans peine d'accueillants restaurants où il fait bon s'amollir et conter les exploits de la Wehrmacht.

Il y a un an, un été exactement, ils étaient douze mille au Vélodrome d'Hiver. Ils avaient chaud. Les mêmes Chemises bleues regardaient défiler les Etoiles jaunes. Depuis, on a fait le ménage au Vel'd'Hiv. Nulle trace ne subsiste des dégâts causés par les Etoiles jaunes, des souillures, de l'urine, du sang. On a désinfecté, on a jeté des tonnes d'eau de Javel sur les gradins du Vel'd'Hiv pour que les Français viennent s'y asseoir sans se salir…

Il ya un an, un été exactement, ils se pressaient, ruisselants, sous la verrière brûlante, le long des gradins sans air du Vel'd'Hiv. On ne leur disait rien. On ne leur expliquait pas. Il n'y avait personne à la tribune. A la porte, on les empêchait de sortir. Au bout d'une semaine, les Chemises bleues aidèrent les gendarmes de Paris à les pousser dans les camions, les wagons, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Et les enfants tous seuls.»

Le ton est donné, la faute impardonnable est exposée sans complaisance pour ce père lointain qui, dans sa cellule, « écrit son épopée politique sur de petits cahiers à carreaux. » Qu'a-t-il à dire ? « L'expérience que j'ai vécu au PPF d'une part, les constatations que j'ai pu faire lors de mon co-internement avec les dirigeants nazis d'autre part, m'ont montré la folie d'un tel système. Je ne crois plus à la politique. J'y ai constaté trop de saletés, d'indignité (quel que soit d'ailleurs le parti considéré) et j'ai acquis la conviction que la politique, pour être honnête et profitable, devrait être menée par des saints. Comme ce n'est pas chose possible, je ne peux l'envisager que comme une entreprise de profit et d'ambition personnelle et n'ai qu'un désir : m'en écarter à jamais. »

Sa fille s'interroge : « Tenter de s'expliquer, mettre au clair, lentement, les idées qui se sont bousculées, contradictoires, au fil d'événements dont la portée était souvent insaisissable. L'était-elle ? » Plus loin : « Abruptement, il déduira de ses aventures qu'il « n'était pas fait pour la politique » et s'en désintéressera totalement, s'épargnant la peine de tirer des conclusions plus approfondies, insouciant de l'héritage d'incompréhensions qu'il nous lèguera. » Elle accuse aussi : « Tu l'as fait ! Tu as dit oui, chef je suis ton homme. Tu es allé au siège de la Wehrmacht essayer ton nouveau costume…Petite goutte dans l'océan de boue qui inonde la terre, au moment où tout bascule, le front haut, le coeur léger, tu te déguises ! »

le parcours du père, renonçant à sa carrière d'ingénieur pour soudainement et furieusement se lancer en politique en 1936, constitue un témoignage historique très intéressant. le style est remarquable, en particulier dans la description de l'attitude, des sentiments et de la résilience d'Alice, la Mère tendrement aimée et aimante. Ce livre est aussi, je dirais même surtout, un magnifique témoignage d'amour filial : «Je la voyais de moins en moins la journée. Elle courrait les avocats, les commissariats, les prisons et le diable sait quoi. Je l'attendais patiemment en jouant à la marelle…quand le soir approchait, le signal m'était donné, elle ne va pas tarder, tu peux y aller…. Tout à coup elle était là, silhouette lasse en bas de la rue. Son apparition était plus miraculeuse que toutes celles de l'Histoire sainte, du Saint-Esprit à l'archange Gabriel. Je m'envolais en riant, battant l'air de mes bras en croix pour les refermer violemment autour de son cou, au bout du chemin. Nos rapports étaient passionnés et amoureux. Je la trouvais mystérieusement belle et forte, protégée des fées et malgré toutes les larmes, tous les cahots dont la vie était semée, j'imaginais que rien de fâcheux, jamais, ne pourrait lui arriver. Tous les matins j'ouvrirais les yeux sur son sourire, tous les soirs je l'attendrais à la croisée des chemins et me jetterais sur elle pour respirer son parfum et mordre son cou. La faire rire et tirer sa fatigue par la main vers le haut de la pente. »

Un grand talent d'écrivain, une histoire forte et émouvante dans une tragédie absolue. Jeter ce livre aurait été un crime. Je vais le conserver précieusement, le prêter autour de moi et me plonger, bientôt, dans les autres romans de Marie Chaix car, au sortir de ces lauriers, on a forcément envie de continuer à suivre Alice et Juliette, la bonne, dont l'auteure déclare : « je n'avais pas de père. Elle fut ma seconde mère ».

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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

Comment réagir quand on apprend qu’on est la fille d’un collaborateur? Marie Chaix nous retrace ici, sans complaisance, le parcours politique et idéologique de son père sous l’Occupation. Un très beau livre.
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Les lauriers du lac de Constance : Chroniqu..

L'autrice, fille d'un collaborateur proche de Doriot, tente de comprendre (et de réhabiliter) son père.

Elle nous raconte son histoire et celle de sa famille dans une langue belle (en ce qui concerne les descriptions des différents lieux où elle a vécu) et accessible.

Elle m'a permis de mieux connaître cette époque et les motivations de certains.

Et surtout Marie Chaix porte un regard empreint de nostalgie sur son enfance que sa mère tant aimée et l’irremplaçable gouvernante Juliette (à laquelle ce livre est dédié avec une juste reconnaissance) ont tenté tant bien que mal de protéger.

Un livre que j'ai lu en essayant de ne pas juger.
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Les silences ou la vie d'une femme

Très beau roman/témoignage de la fin de vie d'un être aimé. C'est tendre , amusant , mélancolique et pudique tout à la fois mais jamais réellement triste .Superbement écrit ce court roman se lit d'une traite , un peu comme un long poème .

Marie Chaix est une auteure de grand talent un peu oubliée ou négligée et c'est bien dommage .

Très bon moment de lecture même si le sujet est sérieux et ne prête pas à sourire .
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Les silences ou la vie d'une femme

Marie Chaix a beaucoup d’atouts. Elle écrit bien, a une grande sensibilité, est la sœur d’Anne Sylvestre, a été la secrétaire de Barbara…..

Dans ce roman autobiographique, elle nous raconte la fin de vie de sa mère se faisant le relais de tous ses souvenirs.

C’est très intense, tendre, émouvant.

Outre le portrait d’une belle femme, soumise à son mari et dévouée à ses enfants, elle transcrit parfaitement la fin de vie et les questionnements des êtres proches à la perte d’un être cher.

Publié en 1976, ce roman n’a pas vieilli. Il aurait pu avoir été écrit hier, le style est impeccable et les émotions toujours présentes

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Les silences ou la vie d'une femme



Cette biographie romancée de la vie de la mère de Marie Chaix est une succession d' allers et retours entre passé et présent.

Un passé fait de petits et grands bonheurs, d'espoir et de désespoir.

Un présent dans l'absence au monde, dans la lutte d'un corps pour une vie qui s'amoindrit.

Tant d'émotion et tant d'amour autour de cette jolie femme aux yeux d'argile verte.
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Les silences ou la vie d'une femme

Un beau roman qui fait réfléchir sur la fin de vie, la vieillesse, le séjour souvent obligatoire dans un hôpital, un service de ranimation ou encore un mouroir, la solitude, les maux et infirmités. Le sujet est grave et est traité avec respect et une grande mélancolie. Il me touche beaucoup, car je suis souvent allée dans les cimetières, et comme l'auteur me suis interrogée sur l'existence terrestre qu'avaient eu les défunts, me questionnant aussi sur "Les regrets éternels" qui sont souvent des formules de politesse, des convenances rendues obligatoires par la société qui juge et qui tient au sacré de toute existence éteinte car on ne doit jamais médire des morts... et pourtant... J'ai souvent songé à tous ces morts, même inconnus, me demandant qu'elles avaient été leurs aspirations, quel chemin ils avaient suivi... m'interrogeant sur leurs déceptions, leurs bonheurs furtifs, et leurs regrets éternels qu'ils ont emmenés avec eux dans la tombe. Toutes ces vies éteintes, très vite oubliées, des vies ratées parfois, des vies accidentelles, des erreurs d'aiguillage du destin, des pieds de nez à la vie.

Je suis d'autant plus sensible à ce livre que je suis d'une génération qui a connu de ces intérieurs où étaient déposés en bonne place les portraits sépias de ces hommes à moustaches, posant en uniforme de la guerre de 14 ou en vêtement civil avec montre de gousset... J'ai aussi rendu visite à ces tombeaux ornés des portraits des défunts, sur des médaillons de céramique.

Une autre époque, que ce livre déjà ancien fait ressurgir avec acuité. Je ne sais si ce livre pourra parler aux plus jeunes... j'en doute.

Ce roman, je l'avais acheté il y a quarante ans, je l'ai lu à l'époque, je l'ai retrouvé à l'occasion d'un déménagement après succession. Vieillie, il me parle peut-être plus que lors de la première lecture, car j'en suis arrivée à un moment où il est plus que temps de faire un bilan de sa vie, et je m'accapare grand nombre de réflexions qui sont celles de l'auteur.

Un roman teinté de nostalgie, sombre souvent, que je déconseille aux dépressifs ou à ceux qui sont d'éternels optimistes, et qui de se fait seraient dérangés par un tel thème, mais un texte bien écrit et que j'ai apprécié parce qu'il est en phase avec mon ressenti.
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