Les fautes d'orthographe commises par Irène et Ève Curie jusqu'au sortir de l'adolescence ont été respectées afin de garder à ces lettres toute leur fraîcheur.
Pour les autres lettres, les fautes d'orthographe ont été corrigées et la ponctuation rétablie selon l'usage.
Mes plus grands ennuis viennent de mes yeux et de mes oreilles. Mes yeux sont très affaiblis, et l'on n'y peut probablement pas grand-chose. Quant aux oreilles, un bourdonnement presque continuel, souvent très intense, me persécute.
La vie n'est facile pour aucun de nous. Mais quoi, il faut avoir de la persévérance, et surtout de la confiance en soi. Il faut croire que l'on est doué pour quelque chose, et que, cette chose. Il faut l'atteindre coûte que coûte.
Je me trouve bien loin de vous et bien exposée à des manifestations que je ne puis aimer ni apprécier, parce qu'elles me fatiguent ; aussi suis-je un peu triste ce matin malgré le plaisir que j'ai eu à revoir les miens.
Vous me suggérez de faire des réserves sur l'acceptation du prix Nobel qui vient de m'être décerné, et vous donnez ce motif que l'Académie de Stockholm, si elle avait été prévenue, aurait probablement renoncé à m'attribuer le prix, à moins que je ne me justifie publiquement des attaques dont je suis l'objet.
On peut difficilement imaginer une condition plus complexe et compromise que celle d'une jeune femme étrangère, qui a au surplus l'audace de vouloir se frayer un chemin au sein de l'académie, et plus généralement dans un monde dominé par la gent masculine.
Toute collectivité civilisée a le devoir impérieux de veiller sur le domaine de la science pure où s'élaborent les idées et les découvertes, d'en protéger et encourager les ouvriers et de leur apporter les concours nécessaires. C'est à ce prix seulement qu'une nation peut grandir et poursuivre une évolution harmonieuse vers un idéal lointain.