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Critiques de Marie Redonnet (46)
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Forever Valley

Un hameau de montagne doit être englouti prochainement par la construction d'un barrage. En attendant, Marie, jeune fille qui vit avec son père, creuse dans la semaine au cimetière à la recherche de morts et, le samedi soir, se prostitue au dancing local. Thème original, au coeur de la nature, avec une héroïne plutôt attachante.
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Héritières



Les éditions du Tripode reprennent en un volume trois romans de Marie Redonnet, parus initialement aux éditions de Minuit dans les années 86-87 : Splendid Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose. Ce regroupement sous une même –belle – couverture met en lumière la forte unité de cet univers étrange.

Les narrations s’inscrivent dans des villes et villages à l’abandon, désertés de leurs habitants partis vers des destinations plus modernes, plus attrayantes ou plus clémentes. Des bâtiments délabrés, hôtel, mairie, dancing, maisons en ruine, églises écroulées. Des terrains vagues, des lagunes, des paysages hostiles. Il pleut beaucoup chez Marie Redonnet, les jeunes filles ont souvent les pieds dans la boue.

Elles, les héritières, se prénomment Rose, Mélie, Ada, Adel, Massi. Elles portent des robes d’organdi blanc ou de velours rouge pour aller danser le samedi soir à Forever Valley, au Continental ou au Bastringue. Elles aiment des hommes qui se prénomment Pim, Yem, Fred ou Ted. Leur héritage : un hôtel en faillite au milieu des marais, un village englouti sous les eaux d’un barrage, l’enseigne d’un vieux magasin de souvenirs.

Les trois romans rappellent parfois le Twin Peaks de Lynch, par leur esthétique du désastre, leur réalisme mêlé de fable et le côtoiement de la folie.

Le style très dépouillé de Marie Redonnet sert la brutalité du propos. Rythme très rapide, saccadé à l’excès dans Splendid Hôtel, il s’assouplit un peu dans les deux romans suivants, sans perdre de sa force. Aucune psychologie, les faits s’enchaînent inexorablement, sans autre explication qu’une loi physique du mouvement vers l’achèvement de toute chose et toute vie, et dans le simple constat de l’écrivaine, de ses héroïnes et des lecteurs.

Beauté des paysages, regard sombre et halluciné, géographie onirique, utilisation des répétitions, des obsessions, l’écriture de Marie Redonnet happe le lecteur dans une puissance d’évocation, une hallucination parfois dérangeante, inquiétante et envoutante.





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Héritières

"Héritières" regroupe trois romans publiés entre 1986 et 1987 : "Splendid Hôtel", "Forever Valley" et "Rose Mélie Rose", formant une trilogie. De nombreux points communs, constituant un fil rouge et participant à la cohérence à l'ensemble, lient les récits.



Trois héroïnes y prennent respectivement la parole, héritières en effet, de legs qui les maintiennent plus ou moins prisonnières de lieux au caractère imprécis, comme coupés du monde, lieux de déréliction figés dans une intemporalité mortifère. Chacune d'elles, à partir de cet héritage, prend, à sa manière, son destin en main.



Dans "Splendid Hôtel" -mon récit préféré-, la narratrice s'obstine, en un combat dérisoire mais qu'elle mène avec acharnement, à tenter de maintenir en état l'hôtel que lui a laissé sa grand-mère. Innovant lors de sa construction, car pourvu dans toutes ses chambres de sanitaires, et seul hébergement situé près d'un marais dont il devenu indissociable, l'établissement a mal supporté le passage du temps. Ses toilettes se bouchent en permanence, ses tuyaux rongés par la rouille multiplient les fuites, le bois de ses poutres s'effrite dangereusement. La proximité du marais ajoute à ces désagréments la présence de rats, de moustiques, et d'inondations régulières transformant le jardin en un magma boueux. Sa propriétaire, dont on ne connaîtra pas l'identité, n'a jamais connu que le Splendid Hotel, et n'imagine pas une seconde l'abandonner. Elle EST, en quelque sorte, le Splendid Hotel, et baisser les bras face à son délitement, c'est laisser le désespoir s'infiltrer... C'est, surtout, mourir... Alors elle colmate, débouche, fait face aux dettes, se plie en quatre pour satisfaire les clients -quelques voyageurs de commerce puis le personnel du chantier de construction d'une ligne de chemin de fer traversant le marais- et ses deux sœurs : Ada, neurasthénique réclamant des soins permanents et Adel, qui répète inlassablement les rôles, de plus en plus secondaires, qu'elle espère jouer un jour sur les planches. Son obstination, comme celle de sa sœur à lutter contre le délitement du Splendid Hôtel, est poignante, car vaine, fondée sur des chimères... On devine en effet le trio sororal vieillissant, coupé d'un monde dans lequel il n'a sans doute pas sa place...



"Forever Valley" nous emmène au cœur d'un hameau de montagne désolé, à l'agonie aussi, puisqu'il est condamné à disparaître sous les eaux d'un barrage en cours de construction. Marie, la narratrice vient d'avoir seize ans. Elle vit au presbytère de Forever Valley, adossé aux ruines d'une église qui n'accueille plus depuis longtemps aucun fidèle, en compagnie du Père, vieillard malade et bientôt impotent. Marie a un projet, celui de trouver les morts qui, elle en est certaine, peuplent le sous-sol entourant l'ancienne église... Le hameau compte une autre habitante en la personne de Massi, qui tient face au presbytère un dancing, où viennent chaque samedi soir les douaniers et bergers du "village d'en bas", ainsi que les employées de la laiterie qui se métamorphosent alors en hôtesses... Le temps est justement venu pour Marie, ainsi que le lui font comprendre le Père et Massi, de rejoindre l'équipe féminine du dancing.



Après avoir quelque peu étouffé dans la densité mortifère du Splendid Hôtel, et accompagné Marie qui, finalement obligée de quitter Forever Valley, s'est installée dans le "village d'en bas", le lecteur entreprend un périple cette fois plus long. Mélie, laissée à sa naissance dans une grotte, a été recueillie par Rose, vivant dans la solitude d'un coin de montagne situé à plusieurs jours de marche de la ville la plus proche. Elle y tient une petite boutique de souvenirs hétéroclites, où viennent parfois s'approvisionner les randonneurs attirés par les cascades à proximité. A la mort de Rose, Mélie, âgée de douze ans, formée et nouvellement réglée, descend à Oat, bourgade portuaire d'où la vieille femme était originaire, avec pour seul bagage l'enseigne en bois du magasin de souvenirs, et une adresse que sa tutrice lui a confiée avant d'expirer.

Elle y trouve un vieil homme nommé Nem, et s'installe dans une des chambres de la maison qu'il occupe dans le quartier des Charmes, déserté depuis que le port intérieur d'Oat a fermé. La petite ville dans son ensemble est moribonde, le maire lui-même vient de partir pour le Continent, laissant Mademoiselle Marthe s'occuper de ses rares administrés. Cette dernière prend Mélie sous son aile, l'emploie comme stagiaire et l'emmène aux goûters dansants du dimanche que donne le Continental, bien plus chic que le Bastringue, grâce auquel cependant le port extérieur continue d'être fréquenté par des pêcheurs en quête de sexe pas cher...



Ce qui frappe dès le début de l'ouvrage, et vous y immerge avec force, c'est l'écriture, surtout dans le premier texte. La succession de phrases plutôt courtes, de réitérations -la narratrice répète, presque en boucle, ses obsessions-, le rythme comme un leitmotiv, constituant un flux continu, créant une sensation de martèlement hypnotique. Dans les deuxième et troisième romans, bien que la narration s'y présente aussi sous forme d'une longue logorrhée, cette dimension "frénétique" s'apaise un peu, comme en écho à la capacité grandissante des héroïnes à composer avec leur héritage respectif, à en faire un fardeau constructif.



L'ensemble est porté par la sincérité avec laquelle elles s'expriment, évoquant même des épisodes tragiques ou crus avec une sorte d'objectivité clinique qui, notamment dans "Forever Valley" et "Rose Mélie Rose", pare certains événements glauques, décrits avec la même sécheresse de ton, -leur initiation sexuelle, entre autres- d'une dimension glaçante, suscitant le malaise. Associé à l'étrangeté des univers isolés dans lesquels elle évoluent, ce détachement confère aux récits une dimension onirique, voire parfois cauchemardesque, la brutalité teintant leur destinée se diluant dans le caractère surnaturel dont Marie Redonnet dote ses histoires.

Bien que n'ayant pas autant apprécié les trois textes (j'ai trouvé "Forever Valley" moins fort, moins rythmé que "Splendid Hôtel", et son héroïne moins attachante que celle de "Rose Mélie Rose"), je suis tout de même ravie de cette belle et originale découverte.
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Héritières

Splendid Hôtel :



Ce roman est une relecture pour moi, et je le trouve encore meilleur que la première fois. Il fait partie d'une trilogie publiée dans la fin des années 1980 aux éditions de Minuit et rééditée en 2017 en un seul volume sous la dénomination "Les Héritières" par le Tripode.

Ce volume comprend donc le ci-devant Splendid Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose.

Phrases brèves sans adjectifs pour dépeindre l'inexorable enlisement dans le marais d'un hôtel malgré les efforts éperdus de sa propriétaire : canalisations poreuses, sanitaires bouchés, toiture prenant l'eau, infiltrations au sous-sol, invasions de mouches, moustiques, termites, punaises, rats, odeur pestilentielle en provenance du marécage lorsqu'il pleut, gel, clients tyranniques et peu soigneux.

On parlé d'écriture blanche mais l'auteur elle-même, qui a beaucoup écrit sous la forme du haïku, récuse cette dénomination. Il s'agit d'une écriture désossée qui exprime l'hostilité d'un monde où aucun choix n'est possible, où aucun espace n'est disponible pour un quelconque enjolivement du réel, sorte de pierre brute et tranchante.



Forever Valley :



Ici l'héroïne, prisonnière de son hameau coincé entre la frontière et le village d'en-bas, parvient, malgré une vie misérable, à poursuivre un projet personnel et à quitter cette terre abandonnée. Son projet échoue et son existence hors du hameau reste triste et misérable. Elle a pourtant fait un pas de plus que l'héroïne du Splendid Hôtel vers la prise de conscience d'une volonté propre.



Rose Mélie Rose.



Ce texte ressemble à un conte merveilleux. Il étonne, envoûte. Ici encore l'héroïne est malmenée, prise dans le désir sordide des hommes. Pourtant elle parcourt un chemin qui la ramènera à sa propre naissance, et à la mort aussi, les deux se confondant. Ce roman est plein de rêves irréalisés et ces rêves sont beaux. Malgré la noirceur du roman, une sorte de douceur paradoxale en émane.



Je suis heureuse d'avoir rencontré cet univers : je lirai tous les autres livres de Marie Redonnet, y compris ses pièces de théâtre.
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La femme au colt 45

Un roman qui se laisse lire. Après je ne sais pas si j'ai aimé ou pas .

Des pays imaginaires, dont l'un sous le joug d'une dictature que fuient ses habitants pour se réfugier dans le pays voisin.

Mais l'eldorado se transforme en misère, en combat de tous les jours pour survivre.

C'est l'histoire de Lora, qui menait une vie tranquille bien huilée , qui décide de fuir son pays armée de son colt 45.

Un voyage initiatique dont les épreuves permettent à Lora de se découvrir et de s'affirmer en tant que femme, elle, qui avant n'existait que par son mari. Un portrait de femme combative et volontaire.

Un roman qui ne me laissera pas un grand souvenir mais qui plaira sûrement à d'autres.
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La femme au colt 45

Une histoire de femme qui fuit un pays fictif en guerre pour trouver refuge dans un pays voisin où elle connait la vie précaire d'une sans papier et où l'on profite d'elle de toutes les manières possibles. le colt 45 est un prétexte ennuyeux pour faire passer ce personnage pour une "femme forte".



Les chapitre sont courts et à chaque début un narrateur introduit la scène avant que l'héroïne prenne le relais et raconte elle-même son histoire : c'est le seul aspect intéressant du livre.

L'écriture est faite de phrases courtes et factuelles, un style dont je me dis qu'il est plus répandu que je l'imaginais. le problème ici étant que ce style impliquant une distanciation froide et parfois ironique ne colle pas du tout avec le type d'histoire en question. Pourquoi me raconter des misères et en même temps m'empêcher de compatir ? Même quand l'héroïne raconte ses impressions, rien n'est jamais touchant. C'est en partie due au faite que Madame est parfaite, triomphe toujours de toutes les épreuves sans en être marquée le moins du monde – séparation avec sa famille, viol, prostitution, misère, esclavage, rien qui ne soit pas résolu par de la volonté et de la bonne humeur ; mais aussi car tout est raconté de manière très succincte et le livre est lui même très court – plus une longue nouvelle qu'un roman court. Beaucoup de choses se passent en peu de pages, le résultat étant que rien n'est traité avec profondeur.



On se dit finalement que l'auteure a voulu faire une histoire de réfugiés pour coller avec l'actualité – il y a même un passage avec une sorte d'attentat dans une sorte de camp de réfugiés – mais sans avoir rien à en dire. C'est du travail bâclé, superficiel comme un livre pour enfant ; tous les thèmes, qu'il aurait été intéressant de traiter sérieusement, sont réduits à être évoqués en quelques lignes.
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La femme au colt 45

Ce que j'ai préféré dans ce roman, c'est la couverture. Ce n'est pas le style d'écriture (très blanche, comme disent les spécialistes) ni d'histoire (très désincarnée) qui me touchent.
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La femme au colt 45

Arme non conventionnelle



Ce n'est pas le portrait d'une femme que brosse Marie Redonnet. C'est l'histoire d'une arme, un colt 45.



La suite sur...
Lien : https://lesheuresbreves.com/
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La femme au colt 45

Lora Sander est comédienne au Magic Théâtre en Azirie. Du moins jusqu’au jour où il dut fermer ces portes et que son mari, Zuka soit arrêté. Elle n’a pas le choix, elle doit fuir. Pour la première fois de sa vie et à 50 ans, elle doit apprendre à faire face toute seule à la violence du monde. Prêt pour une rencontre armée ?



Après être tombé deux fois sur ce livre comme coup de libraire et un libraire m’a venté aussi la qualité des ouvrages que propose les éditions du tripode. D’autant plus que j’adore la couverture avec ce jaune soleil brulant et le bleu océan avec les motifs répétitif. En plus, le papier est très agréable au touché. Alors bon, j’ai ouvert mon porte-monnaie et payer les 15.00€ demandée. Un montant un peu élevé à mon goût et beaucoup plus cher par rapport à ce que je paie d’habitude pour un livre. L’espoir était très grand avant que je me plonge entre les pages… L’espoir est traitre et la déception est alors très grande.



Un roman qui met à son cœur une femme de caractère, Lora Sander et qui sait manier le colt. Il y a un fil conducteur qui mettait en appétit. Elle était l’actrice principale du théâtre de son mari, le Magic Théâtre. La dictature se durcissant, son époux se fait emprisonner et elle s’enfuit. Très vite l’auteure, Marie Redonnet, introduit les sujets de l’émigration, la fuite, l’apprentissage de la vie sans l’autre, les passeurs, la peur, la vie sans papiers, la précarité, la position de femme sans/avec protecteur, les rencontres qui changent tout, la reconstruction de soi. Et voilà, quelques mots qui résument l’histoire.



Lora va se faire voler, violer, exploitation, mater, agresser avant de trouver un refuge dans lequel elle tentera d’y trouver sa place. Mais son personnage est un trouble aussi car elle va jouir pendant son viol, va être ravie d’être sans son mari, va s’exhiber devant un handicapé, et met à genoux certains hommes grâce à son arme phallique, le colt 45. Pour nous raconter tout cela l’auteure a choisi de court paragraphe où c’est le personnage principal qui raconte son histoire. Entre son récit, des détails sont données pour expliciter un peu plus le témoignage. L’idée est originale dans la présentation. Mais pourquoi faire un récit aussi mou ? Je ne me suis même pas attachée aux personnages.



J’apprécie les paragraphes assez court cependant j’apprécie l’énergie, les informations que cela peut contenir pour donner du relief à l’histoire. Ici, je me suis ennuyée alors que pourtant cette femme qui a vécu l’enfer et qui veut s’en sortir aurait dû m’emballer. Et puis aussi le fait de ne pas pouvoir situer dans l’espace et le temps le récit m’a dérangée. Pourquoi inventer des noms de ville comme Azirie, Santarie… alors qu’il y a tant de villes inconnues au monde, même pour y inclure une dictature fictive ? Où est-ce un choix pour signifier que cela peut être partout ? Et pourquoi ne pas indiquer une époque à part donner comme détails qu’il existe des téléphones portables et internet.



Malgré les critiques dithyrambiques trouvées un peu partout, je suis passée à côté de ce roman qui m’a ennuyée. Une femme, un colt, une quête d’identité, il y avait de l’idée mais raconter sous forme de récit de théâtre, ne m’a pas conquise. Je vais lire un western, histoire de plonger dans la noirceur que m’a inspirée ce roman.
Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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La femme au colt 45

C'est amusant comme ce petit livre, avec son titre de bande dessinée, sa couverture aux traits de dessins quelque peu naïfs et son écriture d'une apparente candeur cache bien son jeu. Sous les habits de la légèreté, le propos est terriblement fort, actuel, interpellant. Il emprunte aux fables, aux contes et surtout au théâtre dans sa construction. L'histoire de Lora Sander est à la fois celle de l'émancipation d'une femme, du déracinement d'une exilée et le reflet de la violence d'un monde qui ressemble trop à celui dans lequel nous vivons.



Lora Sander est comédienne, obligée de quitter son pays, l'Azirie tombé sous le joug d'une dictature. Le Magic Théâtre a été fermé (trop subversif), son mari Zuca est emprisonné, son fils Giorgio a pris les armes dans la résistance et la clandestinité. Lora est donc livrée à elle-même, à la merci des profiteurs, passeurs et autres exploiteurs qui jalonnent le chemin des exilés. Elle compte sur son colt 45, une arme de collection offerte par son père pour se défendre. Elle réussit à atteindre l'état de Santarie et ses promesses de liberté mais doit composer avec les contraintes de son statut de réfugiée sans papiers. Au fil de ses rencontres, bonnes et mauvaises, elle apprendra à connaître la vraie Lora Sander, sous le maquillage et les oripeaux de ses rôles qui l'habitent autant dans la vie que naguère sur scène.



La forme choisie par l'auteure est remarquable et contribue sans nul doute à la captation du lecteur. Lora raconte les épisodes de son exil, interrompue fréquemment par quelques lignes d'indication de décor, de costumes ou d'accessoires, exactement comme pour introduire une nouvelle scène dans une pièce de théâtre. De cette manière, on est exclusivement concentré sur son propos et l'on voit progresser au fur et à mesure son état d'esprit, les pensées qu'elle s'autorise, ses prises de conscience. Le rôle du colt 45 est loin d'être accessoire, d'abord rassurant puis aliénant avant de devenir un objet de malheur et un acteur clé de l'évolution de Lora.



Parfois, une jolie fable vaut mieux qu'un long discours. Marie Redonnet offre ici un texte épuré et poétique qui n'en est pas moins une profonde réflexion politique et sociétale. Vraiment une très très jolie découverte en ce qui me concerne même si j'ai cru comprendre que Marie Redonnet compte de nombreux admirateurs qui semblent regretter sa trop grande rareté. Cette lecture m'a donné envie de me plonger dans ses écrits antérieurs.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La femme au colt 45

Résumé :

L'Azirie est tombée entre les mains d'un régime totalitaire. Lora Sander, la cinquantaine, comédienne au Magic Theatre, quitte le pays car il lui est devenu impossible d'exercer son art. Elle est séparée de son mari Zuka pendant sa fuite et il ne lui reste plus pour se défendre que son colt 45. Arme qui n'est autre que le fil conducteur du roman.

La femme au colt 45 est une fable contemporaine. Il rassemble en à peine plus de cent pages des réflexions sur le monde actuel, la place de la femme et l'art en temps de troubles.



Avis :

Ce roman au format court ne manque pas de puissance.

D'abord, j'ai apprécié l'originalité dont fait preuve Marie Redonnet. En effet, la mise en page est particulière : les pensées du personnage sont amenées par le même tiret que celui dédié habituellement à la parole. Ce roman ne comporte pas de dialogue, nous ne sommes nourris que par les pensées de Lora et parfois, entre ses réflexions, s'insèrent de courts passages de description qui entrent en contraste avec le reste. Je m'explique : ces parties descriptives sont à la troisième personne du singulier, alors que les pensées de Lora sont à la première personne. Les descriptions sont si rares qu'on en vient parfois à avoir l'impression que l'on suit deux femmes différentes. Puis notre esprit s'adapte et refait le lien.

Ce traitement particulier du texte est ce qui m'a fait apprécier La femme au colt 45.



Lora est une femme qui se redécouvre et s'émancipe au cours cette fuite vers la Santarie, qui devient le reflet d'un voyage initiatique. Elle enchaîne les péripéties, sa vie est prise dans un engrenage sans fin et on a l'impression qu'elle ne parviendra jamais à retrouver la stabilité.

Au fil des rencontres qu'elle fait, passeur, femme d'écrivain, camionneur, etc,... nous découvrons diverses réalités. On réfléchit à la place de la femme, que l'on voit traquée ou victime et à sa difficulté à survivre sans séquelles.



Mais ce roman pousse aussi à penser à l'engagement de l'artiste dans un monde en guerre. On voit se développer plusieurs avis sur la question. Certains considèrent l'art en lui même comme une forme d'action et de résistance. D'autres préfèrent abandonner l'art pour prendre les armes et se battre.



J'ai aimé ce que j'ai pu tirer de ce roman.
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La femme au colt 45

Souvent c'est un auteur, un livre dont on a entendu parler ou que l'on nous a conseillé, parfois c'est un titre, une couverture qui ont retenu notre attention. Pour choisir La femme au colt 45, je coche l'entrée par la maison d'édition (bon, d'accord, la couverture a joué un peu aussi). La lecture du Caillou de Sigolène Vinson aux éditions du Tripode m'avait fait découvrir non seulement une auteure que je ne connaissais pas mais aussi une écriture originale. Avec ce livre, je découvre une autre auteure (mais mon libraire m'a aussitôt appris qu'elle avait déjà publié) et une écriture somme toute singulière mais je ne chercherai pas à comparer plus avant ces deux lectures, cela n'aurait pas de sens.



Cette femme au colt 45, c'est Lora Sanders, la belle cinquantaine, douée au tir depuis un apprentissage précoce et actrice au Magic Théâtre. (J'emploie le mot choisi par l'auteure, "actrice" et pourtant il s'agit de théâtre. Naïvement, je pensais que acteur s'employait pour le cinéma et comédien pour le théâtre mais après quelques lectures, il s'avère que cette distinction n'est pas très pertinente, celle que propose Jouvet l'est davantage !)



Savoir utiliser un colt 45 est bien utile a priori quand on vit dans un pays plongé dans une dictature féroce et que l'on cherche à fuir vers l'Etat voisin qui ne s'avèrera pas être le refuge escompté mais tout autant une terre de chaos et de violence. C'est bien utile aussi quand on se retrouve seule. Zuka, le mari et directeur du théâtre a été arrêté car ses pièces ne correspondaient pas à la ligne fixée par la dictature du général Rafi. Le fils Giorgio est entré dans la lutte armée. Lora ne peut donc compter que sur elle-même lorsqu'elle débarque dans la ville de Santaré. Même armée de son colt 45, elle reste une proie facile. L'actrice doit développer des stratégies de survie, se réinventer chaque jour ou peut-être simplement s'inventer tout court, se donner une consistance propre, sans être modelée par l'influence d'un père violent ou celle d'un mari aimant mais finalement trop enrobant. Qu'a-t-elle saisi de la réalité de la vie, choyée comme une star au sein du Magic Théâtre ? Qu'a-t-elle compris de son pays ? et d'elle-même ? De serveuse de pizzas en passant par libraire, elle retourne finalement au théâtre en prenant soin de se débarrasser des oripeaux de sa carrière précédente. C'est donc un parcours initiatique, un parcours de libération d'une femme qui entre pourtant dans la maturité que nous propose Marie Redonnet sur à peu près une centaine de pages (ce qui ne permet pas bien sûr tous les développements). En ce qui concerne l'écriture, j'ai trouvé très réussi le rythme donné par les changements de points de vue. L'auteure alterne des passages à la première personne du singulier où Lora s'exprime et se confie avec des passages à la troisième personne où le lecteur la regarde évoluer, obtient des précisions sur ses gestes, son habillement. Cela fait évidemment penser aux didascalies... de théâtre, allais-je dire mais elles existent aussi au cinéma !



Que la caméra glisse ou que le rideau s'ouvre, peu importe car le plus vaste imaginaire est encore celui du lecteur, me semble-t-il...
Lien : http://leschroniquesdepetite..
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La femme au colt 45

Lora Sander braque ses jumelles de théâtre sur la lisière de la forêt. Elle doit attendre le moment propice pour se présenter aux passeurs. Lola est l’ancienne star du Magic Théâtre. Ce voyage, cet exil, ils y avaient pensé depuis quelques temps avec son mari, Zuka. Fuir l’Azirie et la dictature du général Rafi. Mais pour Zuka, il est trop tard. Il vient d’être incarcéré par le dictateur. Elle laisse derrière elle son fils Giorgo qui, lui, a choisi la lutte armée. L’épreuve est dure pour Lora. Elle qui ne sortait jamais du théâtre et vivait sous la protection de son pygmalion de mari. Maintenant pour se défendre, elle ne peut compter que sur son vieux colt 45.



La suite de ma chronique sur le blog : lien ci-dessous
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La femme au colt 45

Je n'avais jamais lu cet auteur avant de lire La Femme au colt 45. Marie Redonnet a un univers qui lui est propre, bien particulier, qui ne ressemble à aucun autre livre.

Lora vient de fuir un régime politique opprimant, quitter un fils et un mari. Dans un monde totalement inconnu pour elle, elle se raccroche à un objet que lui a donné son père : un colt 45. Sorte de protecteur, d'objet la rattachant à la réalité et à ses souvenirs, il sera celui qui la retiendra à un passé maintenant révolu, l'empêchant de se révéler à elle-même et de suivre sa propre voie.

Cette voix de femme qui pour être enfin elle-même doit s'affranchir de son passé et ces autorité masculines et qui s'en l'avoir brimée l'ont assujettie, devant vivre dans l'ombre d'un homme. Une voix de femme forte et bientôt indépendante et libre.

Ce roman, c'est le récit de cette indépendance, de cette révélation à elle-même. Un roman intimiste et étonnant.
Lien : http://www.babelio.com/livre..
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La femme au colt 45

J'ai été complètement happée par la narration. Marie Redonnet a fait un choix audacieux : elle laisse son personnage parlé et commenté ce qu'elle fait du début à la fin du livre, nous glissant juste quelques phrases par-ci par-là à la manière des didascalies de théâtre. Son personnage étant comédienne, ce choix semble si pertinent et évident. Au point de se dire, qu'il serait passionnant de porter ce texte sur les planches.

Lora Sander est comédienne, elle a épousé le directeur du Magic Théâtre et y a fait toute sa vie. Mais lorsque son mari est arrêté par le régime en place, elle n'a d'autres choix que de fuir. Elle nous emmène avec elle dans cette fuite, elle nous fait vivre chacun des moments de sa vie, comme autant d'instantanés. Utilisant la parole et les mots comme d'autres les images sur instagram.



(Chronique à découvrir en entier sur mob blog)
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La femme au colt 45

Lora Sander décide de s'exiler d'un pays sous dictature, son fils et son mari sont déjà partis; le Magic théâtre qui les faisait vivre est fermé.Lora se veut désormais une femme libre capable de se défendre avec son colt 45; elle sera vite violée...puis trouvera un travail dans un camion de pizzas dont le propriétaire meurt après lui avoir avoué avoir venu toutes ses affaires y compris ses papiers: elle est désormais sans identité; pour vivre, elle va devoir vendre son colt; un moment, elle tient une librairie qui sera vendue et les livres seront achetés lors d'une braderie par une richa américaine qui veut créer une arche de Noé pour les jeunes réfugiés sans domicile et sans travail. La fin est inattendue et pourtant cohérente avec la vie que s'est forgée Lora. Une femme libre!
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La femme au colt 45

Après 10 ans d'absence, Marie Redonnet revient avec un nouveau roman, la femme au colt 45, belle fable sur la renaissance d'une femme ayant choisi la liberté à la dictature.



"Mais contrairement à ce qu'il pense, ma décision n'est pas un choix politique. C'est un choix personnel. Sans mon colt 45 maintenant qu'il rouille au fond du fleuve, je dois apprendre toute seule à devenir Lora Sander. Si je réussis j'aurai fait mes preuves."



Lora Sander, comédienne célèbre et émérite au Magic Theatre, décide de fuir son pays, l'Azirie, tombé sous le joug d'une dictature. Choisissant de rester libre, elle prend le chemin de l'exil et devient clandestine sur l'ile de Santaré. Rapidement mise à nue, il ne lui reste bientôt plus que son Colt 45, cadeau de son père sur son lit de mort, comme unique vestige de son ancienne vie.



Ayant besoin d'argent, elle finira par le vendre avant de le retrouver en fin de roman et de finir par s'en débarrasser définitivement. Ce colt 45 est l'image même de la transformation de la vie de Lora, le fil rouge de cette histoire.



"Elle jette son colt dans le fleuve.

- Maintenant que mon colt a accompli sa dernière mission, qu'il aille rouiller et pourrir au fond du fleuve. Et que j'en sois à jamais débarrassée. "



Tout au long de ce très court récit, 112 pages, Marie Redonnet témoigne de la dureté de la vie des réfugiés, entre vols, viols, violence, exploitation, dépouillement...C'est touchant, marquant, fort.



"À partir de maintenant je vis dans la clandestinité comme tous les étrangers sans papiers qui arrivent à Santaré par la mer encore plus que par le fleuve. Cette ville est comme un aimant qui les attire, le point de rencontre des errances et des naufrages d'une humanité à la dérive. Les pièces de Samir Osri dont j'ai été l'une des interprètes sont une image de notre monde. Mais quand je les jouais au Magic Théâtre je ne le savais pas."



L'écriture est poétique mais surtout sèche, minimaliste et acerbe. De même, elle peut exprimer une grande sensibilité ou à l'inverse de la désinvolture. C'est très étonnant à lire mais toujours très fluide, beau. Sous des aspects de simplicité, Marie Redonnet fait passer ses messages. Elle maitrise parfaitement sa narration.



La structure du texte est elle aussi assez atypique. Cela ressemble à une pièce de théâtre ou à un scénario de film dans lequel les déclamations à la première personne de l'actrice unique, récit intimiste et fort, alternent avec une sorte de voix off, à la troisième personne, très neutre, nous explicitant les lieux, les tenues, les changements de contexte et autres situations. Cela fait penser aux didascalies de théâtre.



On tourne les pages rapidement et on atteint la dernière sans s'en rendre compte. Ce qui prouve que l'auteur a me semble-t-il réussi son livre.



J'ai passé un bon moment et apprécié cet ouvrage dramatique et politique que je vous conseille. Je regrette toutefois un peu sa brièveté qui ne permet pas d'approfondir tous les thèmes abordés mais juste pour certains de les effleurer. Mais est ce que le message aurait été aussi percutant si cet opus avait été différemment organisé? Rien n'est moins sûr...



3,5/5




Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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La femme au colt 45

Livre choisi pour sa jolie couverture, dommage que le texte ne reflète pas la poésie de cette dernière. Une femme fuit son pays avec pour seul compagnie son Colt45. Arrivé dans une région très mouvementé elle va s'associer avec des personnages étranges pour survivre.

L'écriture trop enfantine (peut-être est-ce un effet recherché) m'a fortement déplu. Je suis allé jusqu'à la fin car c'est un roman très court.
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La femme au colt 45

Je n'ai pas accroché avec le style de ce roman, une écriture assez lapidaire qui m'a déroutée. Pourtant le thème est intéressant et d'actualité. J'aurais aimé que les rebondissements soient plus développés afin de m'attacher un peu plus au personnage qui dans l'ensemble m'a laissée indifférente.

Même si je n'ai pas franchement pris de plaisir à cette lecture, je reconnais sans peine à ce roman une grande originalité, aussi bien dans le fond que dans la forme.
Lien : https://madimado.com/2016/03..
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La femme au colt 45

Ce roman m'a désorientée et déçue après la lecture des trois premiers romans de Marie Redonnet qui m'avaient plongée dans l'émerveillement : Le Splendid Hôtel, Forever Valley et Rose Mélie Rose.

La narratrice relate dans La Femme au Colt 45 son terrible parcours d'exilée sans papiers d'une façon si explicative qu'elle en semble artificielle.

Exemple :

"Je vais attendre que les hommes soient arrivés au fleuve et qu'ils aient traversé. Ce sont des trafiquants qui profitent de la guerre pour faire des affaires. S'ils m'apercevaient seule sur le sentier descendant en direction du fleuve, ils abuseraient de moi, c'est sûr, et puis ils me tueraient."

Ou :

" Il est temps que je m'éloigne de la rive et que je cherche un gîte avant la nuit. Je suis étrangère et je dois respecter les lois du pays où je viens d'entrer et auquel je veux demander asile."

Comme tout cela est argumenté !

Lora Sanders a certes accompli un pas de géant dans la recherche d'autonomie qui motive les héroïnes de Marie Redonnet. Mais je n'ai pas ressenti la moindre sympathie à son égard : tout glisse sur elle comme sur les plumes d'un canard, elle n'a pas l'air de croire en sa propre aventure. Elle est faite de carton-pâte (ou d'acier inoxydable ).

J'ai préféré de beaucoup les trois romans cités plus haut malgré la mélancolie qui se dégage de toutes ces vies étouffées.

Ecrire de la littérature engagée est un exercice difficile parce que l'art est insensible au bien, au progrès, au bonheur.

Les premiers romans sont de l'art ; La Femme au Colt 45 est une sorte de manifeste selon lequel il est possible d'avoir une prise sur sa propre vie : je veux bien le croire, mais ce n'est pas vraiment mon affaire quand je lis. Mon affaire, c'est l'imaginaire.

Et puis encore un livre sur l'émigration ! Ce thème est intéressant entrecroisé avec d'autres, comme dans les grands livres. Il ne doit pas constituer un argument unique. C'est le défaut de la littérature contemporaine de broder autour d'un sujet "dit" d'actualité parce qu'on se met soudain à en parler frénétiquement : la monoparentalité, le transexualisme, l'émigration, l'inceste, les violences faites aux femmes, le don d'organes, l'homosexualité, le rapport fils/mère, fille/père, la recherche du père, la maltraitance... Cela manque de souffle et c'est un peu rebattu.

Je suis désolée de laisser cette critique car j'aime beaucoup l'auteur. Je relirai souvent des extraits de ses premiers livres empreints d'un charme envoûtant.
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