Citations de Marie de Hennezel (540)
La révolution narcissique, c’est celle que Woody Allen définit ainsi : « Je ne me regarde plus jamais dans la glace, car c’est désespérant, je regarde à l’intérieur de moi parce qu’à l’intérieur je suis jeune. » C’est valable pour les femmes aussi, bien sûr ! Il s’agit de passer « du corps que l’on a », celui qu’on voit dans le miroir, au « corps que l’on est », la corporalité animée, le corps ressenti. « Je me fiche pas mal de voir mon corps vieillir, me dit une amie de mon âge, je me sens bien à l’intérieur. »
L'être humain ne se réduit pas à ce que nous voyons ou croyons voir. Il est toujours infiniment plus grand, plus profond, que nos jugements étroits ne peuvent le dire. Il n'a enfin, jamais dit son dernier mot, toujours en devenir, en puissance de s'accomplir, capable de se transformer à travers les crises et les épreuves de sa vie.
Personne ne peut affirmer qu'il ne passera jamais de l'autre côté de la barrière des bien portants. Personne ne peut prétendre qu'il ne se retrouvera pas un jour sur un lit d’hôpital, ni assis au chevet d'un proche malade ou près de sa fin.
Ce jour-là, nous voudrions non seulement des soins efficaces mais des soins humains. Nous avons soif de ce regard, de ce sourire, de ce
geste qui disent l'attention et le respect. De ces petites choses qui donnent le sentiment intime que l'on reste un être humain.
Le brouhaha s'est estompé dans l'immense salle des congrès, car Sa Sainteté le Dalaï Lama est arrivé sur l'estrade. On voit monter par les marches sur le côté un jeune garçon très frêle, le crâne chauve, presque diaphane. On voit qu'il s'agit d'un enfant malade, bien qu'il soit debout, très droit. Une femme le guide jusque devant le Dalaï Lama, prononce quelques mots, et nous voyons le saint homme se pencher vers l'enfant. Les deux crânes chauves, l'un tanné et brun, l'autre d'un blanc presque transparent, sont maintenant front contre front. Il y a quelque chose d'infiniment émouvant dans cette rencontre entre un vieux sage et cet enfant malade. Un homme, au micro, nous explique que l'enfant est atteint d'une leucémie et que sa vie est en danger, car les traitements ont tous échoué. Le plus grand désir de l'enfant était de rencontrer un jour le Dalaï Lama. Ce désir est donc exaucé aujourd'hui.
Le vieux moine place l'enfant à la table de conférences, à sa droite, et les dernières interventions du colloque se succèdent au micro. Arrive enfin le temps des questions posées par la salle. Luc Bessette s'adresse alors à l'enfant et lui demande : "Peux-tu nous dire ce dont tu as le plus besoin, au point où tu en es arrivé de ta maladie ? Peux-tu nous dire aussi ce que la mort signifie pour toi ?"
On voit alors l'enfant prendre le micro et, avec une autorité intérieure certaine, répondre d'une voix calme et étonnamment posée : "J'ai besoin que l'on soit avec moi, comme si je n'étais pas malade. Que l'on rie, que l'on s'amuse avec moi, qu'on soit naturel ! Je sais que je suis sur terre pour un temps limité, pour apprendre quelque chose. Lorsque j'aurai appris ce que je suis venu apprendre, je partirai. Mais dans ma tête, je ne peux pas imaginer que la vie s'arrête !"
Voilà comment mille cinq cents personnes savantes ont reçu, cet après-midi-là, la plus belle leçon de sagesse et de simplicité qui soit. Une parole d'or dans la bouche d'un enfant condamné par la médecine. Un immense frisson a couru dans la salle, suivi d'un profond silence. Il y avait des larmes dans bien des yeux. Le vieux moine s'est levé et s'est penché vers l'enfant, comme il se serait incliné devant un maître. Il a entouré ses épaules d'une écharpe blanche et l'a béni. Des applaudissements sans fin ont soulevé la salle qui ne savait pas comment dire autrement l'émotion intense qui était la sienne.
Finalement, le grand privilège de la mort est de nous délivrer de toute doctrine. Je repense à ce que me disait le Dalaï Lama quand je lui demandais quelle était la meilleure religion, quelle était celle qui pouvait le mieux m'aider à mourir. Il me répondit : "La meilleure religion est celle qui peut te rendre meilleur."
La meilleure pratique est celle qui nous ouvre le plus. Que l'on soit bouddhiste, chrétien, ou autre... encore une fois, il s'agit de devenir un peu plus humain !
Jean-Yves Leloup
Un jour, ceux que nous aimons passent de l'autre côté des choses. Ils quittent leur corps visible pour entrer dans l'invisible. Les proches pleurent, mais, dans leur "jardin secret", la relation aux morts reste vivante. Comme si ces derniers étaient seulement passés de l'autre côté d'un miroir.
(sonia) Être dans le plaisir que l'on se donne est extraordinaire ! J'ai envie de me le donner ce plaisir je le fais. Je dis souvent aux femmes qui se plaignent de ne pas avoir de sexualité : "mais vous avez des mains, utilisez-les!"
(Michèle) On se touche, on se tendre, on se caresse, on s'écoute, on se murmure, on échange, on se frôle, on s'explique, on se cherche, on se trouve, on se retrouve, on partage, on s'apaise, on ose, on ose tout, on sème, on s'aime!
(françoise simpère) "on nous parle sans cesse de biodiversité indispensable à la nature, dans les ressources en énergie, de la capacité à changer de travail, et en amour seulement on voudrait imposer la monoculture, qui dessèche et appauvrit les sols comme les sentiments"
L'inconscient n'est pas seulement la mémoire du refoulé, il contient aussi tous nos possibles. Il est un vivier d'images et de symboles susceptibles d'aider à notre croissance
La tradition juive insiste sur le fait que la présence au monde d'un disparu reste solidement accrochée à nos vies grâce aux mots. Ainsi en témoigne la magnifique prière des morts qu'est le Kaddish, qui dit: "Puisse son âme être tissée au fil de nos vies."
En hébreu, les fantômes sont dits Rouah'Refaïm, littéralement l'esprit décousu. Le rabbin Delphine Horvilleur pense qu'ils nous tourmentent tant qu'on ne les a pas recousus à nos vies. Et précise que dans la mystique juive, on les nomme Dibbouk, ce qui signifie adhésif, eux qui sont comme du scotch, une présence qui ne lâche pas et colle à l'existence si on n'y prend garde.
Alors que je poursuis la rédaction de ce livre, le rabbin Delphine Horvilleur, auteure de "Vivre avec nos morts", intervient sur France Inter. Lorsque Léa Salamé lui demande si elle croit aux fantômes, elle répond: "Je crois qu'il y a toujours eu autour de nous des fantômes. Il y en a toujours eu. En temps de crise, ils se font beaucoup plus loquaces. La question est de savoir quel dialogue on va engager avec eux.
La question, c'est comment vivre avec les résidus dans sa vie, avec ce que vous n'avez pas pu faire, pas pu dire, pas eu le temps de réaliser. Plus on s'obstine à les ignorer, plus ils s'accrochent."
Car il faut parler des morts. Car il faut les faire vivre parmi nous, via le souvenir, via la trace qu'ils ont laissée dans nos coeurs. Parfois ils nous laissent avec des questions sans réponse, leur disparition nous remue en profondeur, mais ne pas les évoquer serait pire.
Une de mes soeurs vit à Jérusalem. Nous parlons de l'invisible. Je lui dis que je pense souvent , ces temps-ci, à nos parents et grands-parents. Ils me semblent plus proches que jamais. C'est aussi son expérience.
"Tu sais, me dit-elle, nos morts nous voient. Ils nous aident. Ils sont là quand nous en avons besoin." Jeanne en est convaincue.
"Les morts ne nous demandent pas de les pleurer mais de les continuer" disait François Mitterrand.
La prémonition est aussi une forme d'intuition. Elle nous prévient d'un danger ou d'un événement important. Elle est un avertissement qu'on ne peut expliquer rationnellement et qui se manifeste par une émotion, un malaise, une angoisse, parfois par un rêve.
Un plaisir inscrit dans la peau, puisque la peau a une mémoire.
Il y a urgence à faire la paix avec la mort.
Finalement, le véritable artiste est celui qui fait la jonction entre le visible et l'invisible.