Citations de Marion Achard (84)
Ils savent bien que pour préserver la vie, ils ont besoin de l'esprit de la forêt.
Je vois bien qu'aujourd'hui, ce qui nous a profondément marqués s'efface. Les derniers survivants de la Shoah sont en train de s'éteindre. Et avec eux, leur mémoire.
Alors il faut rester vigilant. Et encore et toujours briser le silence.
Et se souvenir que l'homme est aussi capable de ça.
Autour de moi, mes camarades se sont mis à crier. Leur hargne se mêlait à leur désespoir, leur désespoir à leur peur et leur fusil parlait à leur place. Ils tiraient ! Ils tiraient ! Vous comprenez ?
Nous rebroussons chemin. Nous qui habituellement marchons si doucement et mesurons nos gestes, nous nous précipitons, plus rapides qu'un troupeau de pécaris en colère, pressés de retrouver, au fond de la forêt, l'abri qui nous a toujours si bien cachés. P.22
" A partir de ce jour là je ne m'appellerai plus jamais, Paul le bon en math, Paul le bon copain, non ce sera PAUL LE DIABETIQUE. "
Cher journal,
Le voyage a très mal commencé. Les virages se sont enchaînés et Papa m’a passé un sac en papier :
- Si tu vises sans en mettre à côté, tu gagnes un paquet de bonbons !
Rien que l’idée m’a donné la nausée, et j’ai remporté sur-le-champ mon premier paquet. C’était horrible, on a fait mille kilomètres et pendant mille kilomètres Lucas a répété :
- Y a un lot de consolation pour ceux qui supportent l’odeur ?
Ils pensent que je n'ai pas l'âge de comprendre. Mais j'ai l'âge de comprendre....et celui d'avoir peur.
Lorsqu’ils sont venus dans mon village, ils ont demandé à mon grand frère s’il était prêt à rejoindre la milice. Il avait tout juste 17 ans et il a dit non ; ils lui ont tiré une balle dans la tête. Ensuite ils m’ont demandé si je voulais m’engager, alors qu’est-ce que je pouvais faire – je ne voulais pas mourir.
La mise au piquet est de loin la punition que je préfère. Car sur le mur écaillé au fond de la classe, il y a cette lézarde qui me permet de m'échapper.
Une lézarde, c'est un chemin. Et un chemin, c'est le début de la liberté.
En octobre 1940, la politique du maréchal Pétain, copiée sur le régime hitlérien, se met en place.
Ils nous séparent, ils nous effacent.
Armand, ils nous font disparaître !
Ils nous séparent, ils nous effacent.
L'expérience, c'est juste un truc qui te fout la pression. Faut être meilleur à chaque spectacle.
…désapprendre quelque chose qu’on a appris est quasiment impossible. Il faut déprogrammer sa mémoire pour y effacer la chose qu’on s’est forcé à imprimer. C’est comme quand on apprend mal l’orthographe d’un mot, on a toujours un doute, parce que le cerveau se souvient de ce qui lui a été inculqué en premier.
Je m'appelle Daboka.
Je vis dans le ventre de la forêt.
Depuis des mois, les lois antijuives se succèdent.
Les Juifs ne peuvent plus être propriétaires.
Ils ne peuvent plus être médecin ou sage-femme. Enseignant. Artiste ou chanteur.
Ils n'ont plus le droit d'utiliser les téléphones.
Ni de posséder un récepteur radio.
Dans la zone occupée, ils n'ont même plus le droit d'aller jouer dans les parcs publics.
Mais tu dis toujours que l’obéissance sans esprit critique est le vertu des imbéciles !
Dès que j’ai vu son visage, ses joues rouges, ses lèvres pincées et ses narines qui palpitaient, j’ai creusé un immense trou entre elle et moi. Si grand et si profond que personne ne pourrait sauter par-dessus.
Chaque cri qu’elle poussait élargissait le gouffre.
Ils savent bien que pour préserver la vie, ils ont besoin de l'esprit de la forêt.
Ne t'inquiète pas, Mayta. Ils le savent et ils ne détruiront pas tout.
Crois-tu qu'ils sont fous ?
Et chaque fois que je plongeais la tête sous l'eau, dans les bruits aquatiques étouffés, j'entendais une voix résonner et me murmurer : prends le temps de rire et d'oublier. (choisie par Marvin)