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Critiques de Martin Dumont (175)
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Tempo

Dans les premières pages, on découvre le narrateur, Félix, plongé dans ses souvenirs, lorsqu'il faisait partie d'un groupe de rock mené par le charismatique Louis : un album remarqué, des concerts électriques, une notoriété grandissante. C'était il y a plus de neuf ans. Désormais,il a trente ans, est en couple, vient d'avoir un bébé. Il est serveur mais continue en solo à composer, à jouer en concert, espérant être signé.



Avec une évidente fluidité narrative, Martin Dumont alterne une double temporalité, entre les chapitres ancrés dans le présent de l'année 1984 et ceux dédiés aux années glorieuses du groupe. L'enjeu pour Félix est de construire son avenir alors qu'il est tiraillé entre un passé magnifié par la patine du temps, et les réalités concrètes du présent ( un bébé, un couple, des factures à payer ).



« Moi qui n'ai plus de groupe, plus un seul musicien, j'ai la clameur des bars. Le brouhaha des salles indifférentes. Les rires, les cris et les anniversaires. Le son des retrouvailles et des joies éphémères, le tintement des verres qui trinquent au bonheur de l'instant. J'ai le fracas de la vie qui s'efforce d'être heureuse. »



Martin Dumon est l'écrivain de la douceur. Avec sa prose simple et sobre, mais pas simpliste pour autant, il excelle à trouver un équilibre harmonieux entre la pudeur des sentiments et leur éventail expressif. Tout sonne juste, aussi bien dans les dialogues que dans les les très belles scènes de concert qui retranscrivent parfaitement l'énergie et l'exaltation du musicien.



«  Qu'est-ce qu'il nous reste exactement une fois qu'on a laissé filer nos rêves ? »



Le lecteur accompagne totalement Félix à la croisée des chemins, il comprend son dilemme et est questionné dans sa propre relation à ses rêves de jeunesse. On a tous été des « tireurs d'étoile », on a tous eu à composer avec les réalités triviales du quotidien, on a tous cherché à un moment comme Félix à tourner la page du passé tout en conservant sa flamme vivante pour s'en servir comme tremplin. Félix est un des nôtres, et Martin Dumont aussi tant on devine que cette histoire d'amour, d'amitié, de musique, de paternité, du Paris de Belleville, doit aussi lui appartenir un peu.



Tempo est également très bien construit avec son avancée narrative fluide et subtile, à la fois nostalgique et propulsive. Il y a même un certain suspense à découvrir, par touche, ce qui est arrivé au groupe de rock, à Louis, les causes de leur séparation. Et puis, les dernières pages arrivent avec une certaine évidence pour boucler la boucle et laisser entrevoir une lumière apaisante qui fait du bien au cœur du lecteur.



Un roman humble et sensible, sans esbroufe spectaculaire mais touchant et plein de grâce.
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Tant qu'il reste des îles

Martin Dumont nous ouvre les portes de la vie de Leni, jeune père séparé de la mère de sa fille, au moment où le destin de l'île, sur laquelle il vit et travaille, connait un bouleversement irréversible puisqu'un pont est en cours de construction pour relier le continent. Une opportunité économique pour certains, une nécessité face à la baisse démographique, la fin d'un monde pour d'autres.



« Ce pont, il a chuchoté, c'est la mort de la poésie. [...]

C'est pas rien, une île... C'est un bout de terre planté au milieu de l'océan. Un caillou peut-être, mais avec la mer autour. Un truc magique, un endroit d'où tu ne peux pas te barrer comme ça, juste sur un coup de tête. Et même pour la rejoindre d'ailleurs ! Une île, ça se mérite. Faut prouver qu'on est digne de l'atteindre, faut être à la hauteur. [...] Si tu construis un pont, tu détruis tout, non ? Moi, je dis que tu la tues, cette île. »





Tout le roman est construit autour d'une jolie analogie. Leni aussi est une île qui a peut-être besoin d'un pont. Sa vie aussi va être bouleversée par l'irruption du pont qui amène Chloé. Doit-il s'ouvrir aux autres ou se recentrer sur lui voire se refermer ?



Même si j'ai trouvé l'histoire convenue, sans la densité romanesque que j'attends pour frissonner de quelque part, Martin Dumont déroule son récit avec tellement de sensibilité, à hauteur d'hommes, avec pudeur, que le charme a tout de même pris. On sent toute la passion de l'auteur, architecte naval, pour la mer et tout ce qui gravite autour d'elle. Il dit avec sincérité la rudesse, la solidarité, la camaraderie de ce microcosme insulaire exclusif. Il raconte magnifiquement la fierté qui anime ceux qui sont liés à la mer.



C'est cette simplicité limpide, ces silences justement dosés qui respirent entre les actes, qui m'a touchée. Ce livre ne restera pas profondément ancré en moi, mais il m'a fait immédiatement du bien par la lumineuse humanité qui s'en dégage. Jusqu'à la dernière phrase, poétique et positive, très réussie.





Lu dans le cadre du collectif des 68 Premières fois
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Le chien de Schrödinger

Derrière ce titre qui évoque ce paradoxe de la physique quantique, en vertu duquel un chat peut être à la fois mort et vivant, se cache une autre réalité, bien tangible celle-là. Le fils du narrateur vit ses derniers jours. La tumeur dont il est atteint est trop évoluée et a déjà essaimé , réduisant à néant l’espoir de guérison. Et pour un homme qui a déjà perdu sa compagne dans des circonstances qui laisseront à jamais planer le doute, c’est quasi insurmontable.



Dit comme ça, c’est plombant. Et pourtant, les confidences que l’on reçoit, ne le sont pas. Parce que cet homme, même après avoir perdu tout espoir, consacre son énergie à rendre les derniers jours de son fils plus lumineux, allant jusqu’à mettre en place un simulacre de rencontre avec une éditeur, tant ce fils rêvait de voir publier ce roman qu’il venait d’achever.



Bien sur, il y a de la révolte, mais elle n’est pas conduite par la recherche d’un responsable, voire d’un coupable. Le deuil se passera d’un bouc émissaire.





Loin d’une acceptation, d’un fatalisme, le combat ne cesse que lorsque l’étincelle s’éteint. Avec une fin ambiguë que chacun interprétera à sa façon.





C’est un récit de deuil pudique, questionnant, et porté par une écriture à la fois simple et lumineuse. Un cri d’amour éperdu, devenu urgent dans cette course contre la maladie.
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Tant qu'il reste des îles

Tant qu’il reste des îles, des hommes vivront en communauté avec ce statut d’Iliens qui leur est cher, tant qu’il reste des îles, le trafic sera moindre et la faune et la flore bénéficieront d’une relative sécurité, certainement plus grande que si elles étaient accessibles pas le plus grand nombre d’individus, tant qu’il reste des îles, on parviendra à limiter l’afflux de touristes et à les accepter pour le bien-être économique de ces lieux isolés de façon plus raisonnée.



Tant qu’il y aura des îles, des hommes feront le choix d’y vivre, d’en faire leur refuge, de goûter à la paix et la sérénité d’un chez soi que l’on a dompté et auquel on s’est adapté, malgré les difficultés d’approvisionnement en denrées, en énergie, en eau parfois...



Alors ? Pont ou pas pont pour donner une chance de partage et d’échange avec le continent ? Les habitants de cette île fictive feront-ils ce choix avec option touristes, voitures, pollution, saccage des lieux de pêche et de promenade ?



Ce sont là les questions soulevées par ce beau roman qui nous emmène dans cette île refuge où tout le monde connaît tout le monde, où la vie s’est organisée, et où l’on prend conscience que la vie quotidienne n’est pas toujours si confortable, mais où subsiste une vie communautaire vraie avec ses hauts et ses bas.



Un roman intéressant quoique longuet pour une raison bien précise : le personnage principal et narrateur, Léni, se laisse porter par ses angoisses, il flotte au gré du vent, il ne sait pas prendre de décision, il constate les difficultés sans agir, pour cette raison je n’ai pu m’y attacher et son histoire bien qu’intéressante, ne m’a pas permis de m’ancrer dans ce récit.



La fin aurait été bien surprenante si quelque étincelle dans la deuxième moitié du roman, n’avait allumé un doute qui se révélera plus tard une certitude.



Un bon roman à lire si on veut réaliser les difficultés que peut engendrer la construction de ponts pour relier les îles au continent.
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Tant qu'il reste des îles

Le petit chantier naval est en sursis. Tout le monde le sait. Mais ce qui anime les soirées au café local, outre l’accordéon de Christine, et les tournois de coinche, c’est le pont et avec lui la fin de l’insularité. Même si les dés sont jetés, quelques uns poursuivent leur lutte inutile. Le référendum a tranché, et les fondations sont déjà bien avancées.



Léni sait que ce combat est vain, et une autre guerre l’anime : celle qu’il mène contre son ex, pour passer plus de temps avec sa fille.

L’arrivée sur l’île d’une photographe change la donne.

Le portrait de ce taiseux, incapable d’exprimer ce qu’il ressent, au risque de s’isoler dans sa forteresse intérieure et d’en crever, est attendrissant.



C’est un roman d’amitié, d’appartenance à un terroir, particulièrement marquée pour des iliens et c’est en cela que le pont menace cette singularité. La route, c’est la fin de la tranquillité, la horde de touristes, les voitures. Difficile à accepter même si c’est aussi un accès plus facile au continent, et une manne pour ceux qui vivent du tourisme.



On retrouve avec plaisir la plume sensible de l’auteur du Chien de Schrödinger pour un deuxième roman réussi.


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Le chien de Schrödinger

Martin Dumont raconte … l’histoire d’un père aux abois, l’histoire d’un homme qui avait pour dessein de fonder une famille, d’un homme doux, compréhensif, bienveillant, qui apprend la fugacité du bonheur, un père qui a fait le deuil d’une vie de couple et s’est dévoué à son fils, Pierre, pour quelques années heureuses...





Mais Pierre est malade, une de ces terribles maladies que la médecine n’a pas les moyens de maîtriser.

Le deuil, il le vit avant : deuil d’un fils qui lui apportera les moments heureux que tout un chacun est en droit d'espérer.





On assistera à son combat, son questionnement, son impuissance à soulager Pierre, et enfin ce pieux mensonge qui pourrait lui assurer une mort heureuse : l’édition d’un premier livre qui ferait de lui un grand écrivain. Un choix : lui conserver au moins ce rêve et adoucir sa fin de vie. Choix qui prête à discussions avec des arguments recevables de la part de chaque personnage en fonction de son vécu.



Belle réflexion sur l’accompagnement des malades en fin de vie, intelligente description des états d’esprit d’un être humain qui passe par une épreuve réveillant toutes sortes de sentiments, de contradictions, sur l’impuissance à communiquer de l’entourage dans de telles circonstances.





Un roman poignant et laissera dans la tête du lecteur, quelques questions et et lui donnera l’occasion d’interpréter la fin selon son besoin d’apaisement.


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Tempo

Merci beaucoup à Babelio et aux Éditions Les Avrils de m’avoir permis de découvrir ce roman.

Troisième livre de Martin Dumont que je lis, et que je suis depuis son premier roman « Le chien de Schrödinger ». Chaque lecture est un moment de découverte car l’auteur se renouvèle à chaque livre et aborde des sujets complètement différents.

Là, on suit Félix et sa famille. Marié à Anna, qui est infirmière et père d’un petit Élie, né deux mois plutôt qui se démène pour joindre les deux bouts. Ils sont en mode survie.

Félix n’a pas oublié ces moments de jeunesse où son groupe musical s’est créé. L’amitié qui a lié ces quatre musiciens et, où, il a été très proche de l’autre chanteur, Louis. Ce groupe qui est monté au firmament avec à la clé, album et concerts …

Dans ce livre autobiographique, Martin Dumont nous fait vivre la vie d’un musicien et d’un groupe de sa création à son apogée, puis à sa déchéance. Le quotidien du musicien qui croit encore en ses rêves et se produit dans des bars où personne ne l’écoute.

Un livre plein de nostalgie, mais aussi d’espoir, écrit d’une plume sobre et pleine de délicatesse, tout en pudeur et c’est ce que j’ai adoré.

Une partition qui se joue entre les chapitres, qui alternent le présent et le passé.

Une belle mélodie qui me conforte dans l’envie de continuer à suivre Martin Dumont qui sait se renouveler à chaque roman.

J’adore également les Éditions Les Avrils dont chaque lecture m’enchante.

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Tempo

Le son d’un riff de guitare imprègne chaque page de ce roman, qui fait la part belle aux rêves déçus. Un drame pour ceux qui vivent avec celui qui ne veut y renoncer. La musique n’est pas une option. Que pourrait-il faire d’autre ? Les petits boulots acceptés sous la pression sont toujours un tremplin en attendant le miracle…



On perçoit le sentiment de solitude de cet éternel incompris, que le destin a préservé jusqu’à ce qu’un drame ne fasse éclater les fragiles liens d’un groupe aussi talentueux que motivé.

Le choix est cruel, aller au bout de ses rêves et se séparer de celle qu’il aime pour jouer le père à temps partiel, ou accepter la grisaille d’un quotidien alimentaire…



Les ambitions de jeunesse viennent souvent s’échouer sur les rives de la nécessité. C’est tout le propos de Matin Dumont, qui révèle ici sa passion pour la musique, dans ce qu’elle suscite d’émotions partagées.



Dans la droite lignée des deux romans précédents, on retrouve la plume mélancolique mais précise, qui fait apprécier chaque ligne du récit.





240 pages Les Avrils 3 janvier 2024

Masse Critique Babelio
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Le chien de Schrödinger

Tout mensonge est-il bon à dire ?



Et dire que ce premier roman, paru en 2018, aurait pu être condamné à l’oubli! Ç’aurait été dommage, tant l’histoire de ce père confronté au cancer de son fils est prenante et émouvante.



On pourrait résumer ce court roman en disant que Jean, le narrateur, n’a pas eu de chance. En épousant Lucille, il savait que sa femme était sensible et fragile. «Pas triste, non, mais mélancolique. Oui, j’aime bien ce mot. Mélancolique. Les médecins ne l’ont pas dit pareil. «Une maladie». Ça portait un nom dont je n’ai pas voulu me souvenir. Un souci dans la tête, quelque chose d’invisible en fin de compte.» Et quelques mois après avoir mis au monde leur fils Pierre, un accident de voiture lui coûte la vie. Un décès qui va hanter Jean, qui se rattache alors à l’éducation de son fils, aménageant ses horaires de chauffeur de taxi pour être plus près de lui. Les vacances qu’ils passent ensemble à faire de la plongée les rapprochent indéniablement. Rêvant d’un avenir heureux pour sa progéniture, il lui laisse choisir sa vocation. Pierre délaisse ses cours de biologie à l’université pour un club de théâtre et pour écrire. Il imagine déjà son œuvre publiée.

C’est alors que survient un nouveau drame. Après des examens consécutifs à une fatigue inhabituelle, les médecins constatent que les résultats des analyses ne sont pas bons: «C’est une tumeur. Il est trop tôt pour en dire l’état d’avancement, mais il faut vite régir.» Le cancer du pancréas, l’un de ceux qu’il est difficile de guérir, gagne du terrain jour après jour.

Pour lui remonter le moral, Jean le laisse espérer une réponse positive à l’envoi de son manuscrit. «J’étais si fatigué d’être ce type, cette moitié d’homme, ravagé de peur et de chagrin. Et puis cette culpabilité, un truc qui n’en finissait plus . Il fallait bien que ça s’arrête. J’avais menti, d’accord; mais ce n’était pas ma faute. On me forçait. Pierre, ses yeux, sa souffrance placardée partout.»

Dès lors Martin Dumont va réussir un vrai tour de force, donner à ce roman si chargé en émotion une dimension métaphysique. Interroger le mal et le bien, le mensonge et la vérité. Dans les choix que l’on fait qu’est ce qui est raisonnable et qu’est ce qui est juste? En mettant ainsi en lumière l’énigmatique titre de son roman. Le paradoxe de Schrödinger est une expérience scientifique – qui n’a jamais été tentée – et dans laquelle, comme nous l’explique Wikipédia «un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome d'un corps radioactif». Cette expérience est censée démontrer que tant que la boîte n’est pas ouverte le chat peut être à la fois mort et vivant et par extrapolation qu’il en est de même de la physique quantique. À chacun alors de tout reconsidérer, selon le point de vue dans lequel on se place. Pour Philippe, la vie qu’il imagine est sans doute plus facile à vivre que celle qui le fait tant souffrir. Et pour le lecteur?




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Le chien de Schrödinger

Un premier roman d'excellence, le mensonge peut-il être utile ? Une question qu'il est bon de se poser si ce n'est déjà fait. Martin Dumont nous dévoile avec délicatesse et humilité les liens entre un père et son fils, tout cet amour qui déborde à s'en étouffer. Il développe ce sujet tel un marionnettiste, dans l'ombre de ses personnages sans jamais se mettre en avant, ce qui fait de lui un écrivains qui mérite de côtoyer les hauteurs. Je recommande fortement ce livre.
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Tant qu'il reste des îles

Tant qu'il reste des îles est le portrait d'une bande d'insulaires (Leni, Karim, Stéphane, Yann, Serge, Christine) bouleversés par la construction d'un pont entre leur île et le continent. Des amis partagés entre ceux qui voient l'intérêt touristique de cette construction et ceux qui ne veulent pas perdre leur statut d'îlien.

C'est donc la fin d'une époque et la construction d'une autre que relate Martin Dumont, d'une plume concise et imagée. Avec en sus le portrait d'un homme qui se cherche, confronté à la séparation d'avec sa compagne, à sa paternité en solitaire, à la maladie de sa mère, à son métier qui se perd.

La mer, personnage à part entière, est terriblement belle et vivante.

Au final, un très joli texte à la fin émouvante, pour une nouvelle collection des plus intéressante 😀
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Tant qu'il reste des îles

Le cœur de Léni est aussi une île



Superbe confirmation du talent de Martin Dumont avec ce roman qui sent bon les embruns et la mer. En suivant Léni sur son île, en passe d’être reliée au continent par un pont, il nous offre une belle réflexion sur l’identité et la fraternité.



Léni n'est pas vraiment dans une situation enviable. La trentaine passée il travaille toujours sur le chantier naval de Marcel situé sur une île, à quelques dix minutes du continent. Mais les affaires ne vont pas très fort. Marcel n'arrive plus à payer les salaires, croule sous les dettes et songe à vendre avant de prendre sa retraite. De plus Léni s'est séparée de Maëlys qui vit désormais avec sa fille Agathe sur le continent. Il ne lui reste guère que les parties de cartes avec les amis, le repas hebdomadaire au restaurant et les sorties en mer sur le Fireball, le beau voilier en bois du patron dont il prend grand soin.

Le début des travaux du pont, qui cristallise l'attention entre les pour et les contre, contribue à faire monter la tension. Même si un vote a plébiscité la construction de l’ouvrage, les marins pêcheurs y voient notamment un danger pour l’environnement, sans compter les hordes de touristes qui vont déferler après l’achèvement de la liaison terrestre. Dans cette atmosphère qui se tend, Chloé, une photographe chargée d'un reportage sur ce pont, apporte une distraction bienvenue.

Après le départ des experts qui annoncent à Marcel que son entreprise ne vaut plus rien, la tristesse et la colère s’ajoutent à la déprime. Mais après une quinzaine à broyer du noir, il entend se battre. Il va accepter de construire un voilier et mobilise tous ses employés pour relever le défi, y compris Karim, qui était prêt à démissionner.

Dès lors, on va suivre en parallèle les deux chantiers, celui du voilier et celui du pont, que Léni ne peut s'empêcher de comparer. «Ces gars aussi étaient tendus vers l'objectif, poussés par la pression d'un supérieur qui devait leur promettre une prime s'ils finissaient dans les temps. Beaucoup devaient se sentir fier à l'idée de participer à une telle construction.»

Nous avions découvert Martin Dumont avec Le chien de Schrödinger, l’histoire prenante et émouvante d’un père confronté au cancer de son fils. Nous le retrouvons avec plaisir avec ce second roman, toujours aussi riche d’humanité. Car Léni est à l’image de cette île, refermé sur lui-même, taiseux et peu enclin à aller vers l’autre et à s’ouvrir. L’auteur montre ce combat entre les partisans de la tradition et ceux de la modernité, souligne que le progrès s’accompagne souvent de remises en cause, réfléchit aux vraies valeurs. Mais ce qui, comme dans le précédent, nous emporte, c’est cette écriture à hauteur d’hommes. Des qui essaient de s’en sortir, de rester debout. Face à la difficulté et à l’adversité, on voit les liens se resserrer, on ne peut plus tricher… tant qu’il reste des îles!




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Tempo

Après quelques années d'attente, j'ai été contente de retrouver la plume de Martin Dumont qui est restée très douce et poétique.

Avec tempo, nous nous éloignons de la mer pour découvrir un autre pan de la personnalité de l'auteur ; celle de sa passion pour la musique.



Dans ce roman, Martin Dumont va nous proposer un récit à la double temporalité où Felix, un jeune père de famille vivotant de sa musique sans parvenir à vraiment percer, revient sur les moments d'une gloire passée lorsqu'il jouait avec un groupe d'amis des années auparavant.



J'ai beaucoup aimé l'émotion se dégageant de ce texte ce qui apporte finalement beaucoup de lumière au récit. Martin Dumont a vraiment su accorder sa guitare pour nous offrir un récit où les notes et accords s'adaptent au rythme de la vie de Felix.



En lisant ce roman, je me suis sentie touchée par le personnage principal auquel je me suis finalement rapidement identifiée, car, il est parfois plus facile de vivre dans le passé que de tourner la page.



Si vous ne connaissez pas les ouvrages de l'auteur, je vous conseille de les découvrir, car ceux-ci ont quelque chose de savoureux et apportent un certain bien-être en les lisant. Je sais que je manque complètement d'objectivité quand il s'agit des romans de Martin Dumont mais, franchement il serait vraiment dommage de faire l’impasse dessus.



Je tiens à remercier les Éditions Les Avrils et Netgalley France pour m'avoir permis de découvrir Tempo, un roman dont je ne peux que vous conseiller la lecture...
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Tempo

Il y a le souffle de la musique dans ce roman. Et celui de la vie qui passe et des regrets qui vont avec. Felix est musicien. Après un disque et une tournée, son groupe s'est dissout dans la douleur. Il court depuis après les cachets et les producteurs. Il a bien sûr quelques jobs alimentaires à côté. Pour rassurer Anna sa compagne. Pour nourrir son fils qui vient de naître. Mais il refuse de renoncer à la musique tel qu'il l'envisage. Malheureusement , les goûts du public changent. Et les fins de mois sont difficiles. Félix va devoir grandir. C'est ce passage délicat que raconte Martin Dumont avec sensibilité et beaucoup de tendresse. Cette fragilité, ce moment charnière. Et c'est très beau.

Un livre doucement mélancolique

Merci à Netgalley et aux Avrils pour le partage
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Tempo

Que reste-t-il de ces beaux jours?



Martin Dumont confirme tout son talent dans ce roman dans lequel Félix se raconte. Ce musicien, qui vient de devenir père, se bat désormais pour assurer l'avenir de sa femme Anna et de son fils Élie. Si le groupe qu'il formait avec Louis, Alex et Rémi est remisé au rang des souvenirs, il rêve d'une carrière solo.



Quand il range sa guitare, après avoir joué quelques morceaux de sa composition dans le bar de son ami Kacem, Félix a le moral en Berne. On lui a dit et répété qu'il était un bon musicien, qu'il y avait quelque chose dans ses compositions et que sa maquette circulait. Mais il est désormais le père d'un petit Élie et se doit d'assumer cette charge trop lourde pour les épaules de sa femme Anna, qui après son congé maternité a retrouvé son boulot d'infirmière et accumule la fatigue.

Il sent bien que c'est sa dernière chance de rebondir, d'entamer une carrière solo, lui qui est passé tout près de la gloire avec son groupe.

Tout avait commencé lorsqu'il avait rencontré Louis, en seconde. Très vite, ils sont devenus amis, très vite il lui a fait aimer la musique, très vite il s'est mis à la guitare.

Quand Alex est arrivée, Félix s'est dit qu'une femme allait apporter des emmerdes. Mais au contraire, elle a su trouver sa place dans ce trio que Rémi est venu compléter. Il fallait bien un batteur pour réussir. C'était le temps des répètes dans une cave, c'était le temps des rêves...

«On s'imaginait sur une scène immense. Public en feu et colonnes d'amplis dans le dos. Louis faisait semblant de haranguer la foule tandis que je lançais des «Bonsoir!» et des «Merci!» aux murs à chaque fin de chanson. On bossait comme des dingues. On voulait progresser, constituer un set et se produire. le samedi était le plus beau jour de la semaine. Une fois épuisés, on rangeait les instruments, on débriefait, puis on sortait faire la fête.»

En faisant alterner les chapitres dans lesquels Félix se remémore ces années où le groupe s'est construit, leurs premiers succès et leurs premiers excès et les chapitres où le père de famille sent une pression de plus en plus forte sur ses épaules, — «j'ai été assez patient comme ça, je ne veux plus attendre. Rien ne vient jamais et je ne peux plus jouer pour des gens qui s'en foutent. J'ai besoin de fric et peur de perdre Anna. Une trouille pas possible» — Rémi Dumont réussit à donner à ce roman une forte dimension nostalgique. Et nous rappelle combien nos rêves de jeunesse, une fois confrontés à la vie réelle, peuvent être difficiles à assumer. Mais aussi, comme le confie Louis à son ami, que les moments difficiles donnent du sens à tout. Ces moments «qui mettent en valeur le reste. le plaisir, les frissons, le bonheur. Tout ce que l'on poursuit sans cesse. Et ce que l'on a vécu avant bien sûr! Il faut ça pour se rendre compte à quel point c'était fort. À quel point c'était grand.»

Si Félix est si attachant, c'est qu'il porte avec lui ses blessures narcissiques. Des blessures qui, si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous accompagnent aussi.

C'est sans doute aussi la raison pour laquelle ce roman nous touche autant. En le lisant, on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il reste de ces beaux jours. de nos rêves d'enfant. A quel moment la réalité de la vie nous a-t-elle rattrapée ? Nos choix ont-ils été judicieux ? Et si c'était à refaire ? Cette réflexion douce-amère sur les moments-clé d'une vie confirme, après le Chien de Schrödinger et Tant qu'il reste des îles la place de choix que Rémi Dumont a pris au sein des romanciers contemporains.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. En vous y abonnant, vous serez par ailleurs informé de la parution de toutes mes chroniques.






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Le chien de Schrödinger

Est-ce que toutes les vérités sont bonnes à dire? Peut-on parfois cacher la vérité pour le bien de ceux que l'on aime?



Suite au départ précipité de Lucille, Paul a élevé seul Pierre qui est devenu un jeune homme adorant les sciences et l'écriture. Les années passant, le père et le fils, très complices, ont développé des passions communes et un goût pour la plongée.  Un week-end, lors d'une virée en mer, Pierre, qui semble fatigué depuis quelques semaines va voir sa vie basculer en l'espace de quelques instants... Malgré la terrible découverte, les deux hommes affronteront ensemble la situation, chacun à leur manière...



Ce premier roman très poétique et plein de délicatesse est un véritable hommage d'un amour paternel d'un père pour son fils. C'est avec beaucoup de pudeur que Martin Dumont aborde des thèmes difficiles, et, de part sa plume, nous offre un récit bouleversant et qui, comme dans le cas du

chat de Schrödinguer, nous laisse face à de nombreux questionnement et incertitudes.



Après la lecture de "Tant qu'il reste des îles" dans le cadre des 68premièresfois, c'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé l'univers magique et mystérieux de la mer, fil conducteur cher à Martin Dumont. 



J'espère pouvoir retrouver rapidement l'auteur dans un troisième ouvrage.



#item 58
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Tant qu'il reste des îles



Léni a 30 ans, il répare des bateaux sur un chantier naval et vit sur une île depuis son enfance , où "ici les gamins se connaissaient tous".



Sa vie prend l'eau : sa mère est en maison de retraite et ne parle plus, séparé de sa femme, il ne voit sa fille Agathe, 3 ans, que peu souvent et elle lui manque, la pêche marche moins bien et l'activité autour aussi.....



Et puis à l'horizon, la construction du pont, cristallisant la fin d'une époque, anéantissant l'idée même de l'île mystérieuse, inaccessible, poétique.



Ce pont auquel beaucoup s'opposent n'est-il pas aussi le début d'autres possibles ? De rencontres, d'un projet et au final d'un nouvel élan de vie pour Léni ?

J'ai ouvert ce roman juste pour son titre et j'ai découvert la plume sensible de Martin Dumont.



L'auteur écrit avec beaucoup de justesse le quotidien des insulaires, l'incommunicabilité (qu'il est touchant cet antihéros dont les mots restent coincés dans sa tête et ne franchissent jamais le mur de ses lèvres quand il le faudrait), la technique devenue banale dans nos vies mais incroyable quand on y pense permettant de bâtir quelque chose de solide au fond et au dessus de la mer.Je me suis aussi demandée en lisant " Tant qu'il reste des îles" si l'absence totale de projet (pas forcément de grands projets) enlevait tout sel à la vie.



En tous cas, j'en ai besoin pour avoir envie de me lever le matin (et cela ne m'empêche pas d'essayer de vivre pleinement le temps présent).
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le chien de Schrödinger

*****



Jean est chauffeur de taxi. Il élève seul son fils depuis le décès accidentel de sa femme alors qu'il était encore un tout jeune enfant. de cette vie à deux est née une grande complicité, un amour décuplé et un des souvenirs chaque jour renouvelé. Mais à 20 ans, Pierre est fatigué. Il ne va pas bien et le diagnostic tombe. Commence alors pour Jean une autre vie, une nouvelle réalité...



Martin Dumont signe ici un premier roman époustouflant de justesse et d'émotion. Sans jamais versé du côté larmoyant, il nous livre le combat d'un père pour ne perdre pied, ne pas fléchir devant la maladie de son fils.



Les phrases sont courtes, les mots sont à leur place et on regarde ces deux hommes se démener pour fuir une réalité qui les dépasse.

Comment accepter l'inacceptable ? Comment soulager son enfant de ces douleurs intolérables ? En s'inventant une nouvelle vie, en imaginant un rêve qui se réalise, en enjolivant les jours qui passent... Mais la culpabilité fait alors place parfois au soulagement... Et la douleur, la colère et la peur changent de visage.



On lit ce roman en apnée, on cherche son souffle, on a le coeur qui ralentit. On partage l'amour infini de ce père qui pourrait tout inventer pour que son fils quitte ce monde en beauté...



Merci aux 68 premières fois pour cette lecture touchante et douloureusement intense...
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Tempo

Notre héros est un musicos. Il tente sa chance dans un groupe, ils font un album, ils se séparent. Il la tente en solo, et commencent les galères. Il faut être un musicien, l'avoir vécu, pour bien comprendre cette dichotomie entre vouloir vivre de sa musique et devoir manger, se loger, construire une famille. A persister quitte à tout perdre. Roman simple sur ce thème, sur ces gens qui y croient et qui galèrent. Beaucoup jouent et peu font les charts. Nos bars, nos fêtes, sont remplis de ces courageux là. Gentil hommage qui fait pas un barouf d'enfer au final mais rappelle des souvenirs.
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Tant qu'il reste des îles

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Il était une fois une île... Une île qui vivait ses derniers jours en solitaire, sans attache, sans lien avec la terre ferme. Une île qui portait son petit monde, rempli d'amitié, de rêves et d'amour aussi. Une île qui voyait s'ériger un pont, ses piliers de béton et la mort lente de son ferry...



Voilà... J'ai fermé la dernière page de ce roman en me disant qu'il n'était finalement pas si difficile d'être encore plus enthousiaste qu'avant de l'avoir ouvert. Parce que j'étais conquise bien avant tout cela.



Martin Dumont est un conteur. Un vrai.

Quand enfant vous vous laissez bercer par la voix de l'adulte qui vous lit une histoire, plonger dans celles de Martin Dumont procure les mêmes sensations... Il y a ses mots, ses odeurs, ses mélodies, et ses silences aussi. Il y a son univers, son atmosphère et ses rêves d'humanité.



Léni, Karim, Marcel et tous les autres sont des hommes que le trait d'union entre leur île et le continent affole ou intrigue. Ils ont leur courage, leur ténacité, et leurs fragilités. Ils ont les mots qu'ils disent et tous ceux qu'ils taisent... Ils ont ce grand coeur qui fait battre le notre.



Ce deuxième roman est une pépite. Un petit bijou de sentiments, d'émotions et de sensations. A l'image du chien de Schrödinger, Martin Dumont nous offre des personnages attachants et émouvants... L'écriture est toute en subtilité, en poésie, en pudeur aussi...



Aux fées des 68, merci... Il est des rencontres qui ne s'expliquent pas, qui se vivent et se chérissent...
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