Metropol, tome 1 : Corps-à-corps de
Martin Holmén
Lundi 12 décembre
Je jette un œil à ma montre. Sept heures vingt, déjà. J'attends sous la pluie, devant l'immeuble de Zetterberg, là où les boulevards coupent les ruelles sombres. Ici, dans le quartier de l'église Sainte Clara, la nuit est laissée au règne des agents de change, des petits délinquants, des maquereaux et des putains. Entre les hôtels, les officines de paris et les bars clandestins, les voyous attirent les provinciaux endimanchés et bien peignés, tout juste arrivés dans la capitale par la gare centrale. Au bout d'une heure, il n'y a plus qu'à les ramasser, plumés comme des oies.
La pluie ne parvient pas à purifier l'air, chargé d'une odeur d’égouts, de gaz d'échappement et de charbon. A la lumière des réverbères, les rails mouillés du tramway brillent comme des lames de rasoir le long de la rue Kungsgatan. Dans mes chaussures d'été à bout fleuris, j'ai les pieds trempés. Quelques degrés de moins, et il se mettrait à neiger. Depuis quelques semaines, les rues reposent sous une épaisse couche de givre.
« La misère commence tête nue et finit sans souliers », m'entends-je murmurer d'une voix enrouée par les cigares et les verres d'eau-de-vie qui ont accompagné le café de l’après-midi.
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