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Critiques de Martín Mucha (15)
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Tes yeux dans une ville grise

Coup de cœur!

Jeremias Carpio,jeune étudiant métisse ,sans pére et une mère trop occupée à survivre, a grandi à Lima chez son grand-père,du côté pauvre.A la mort de ce dernier, il se réfugie avec sa mère,de l'autre côté du Mur,chez un riche "oncle".Ce Mur, qui existe vraiment, matérialise la ségrégation sociale, scindant la population de Lima en riches et pauvres.Jeremias, lui ,à la longue ne parviendra pas à le franchir,aussi bien au propre qu'au figuré.

C'est un Lima des années 90 que nous raconte Jeremias,à travers ses périples en bus ou en combi ,d'un bout à l'autre de la ville.Une description tres visuelle des gens,de leur vie,de la ville, une critique sans pitié de la société péruvienne de Lima,riches,pauvres,classe politique..une ville où les pickpockets,les piranitas(gamins des rues), les criminels "sans classe", les pervers de bus ou de la rue sont de service vingt-quatre heures sur vingt-quatre ( une ville où j'ai passé une semaine,il y a dix ans, une ville vraiment grise et sans charme).

Dans la dernière partie du livre,l'auteur donne la parole aux personnages qui ont partagé la vie du jeune homme,complétant ainsi les quelques pièces manquantes de l'histoire,et nous rapprochant encore plus de Jeremias.

Ce livre me rappelle beaucoup "Camanchaca" de l'auteur chilien, Diego Zuniga(un autre coup de cœur!), meme style d'écriture sec et sans effets (j'adore), et meme ton détaché, teinté d'humour pour raconter une ville et une vie infiniment triste, sujette à la violence physique et psychologique.

Beaucoup de musique aussi dans ce livre, qui apporte des moments de pure poésie à ce très beau roman qui m'a énormément touchée!
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Tes yeux dans une ville grise

Tous les jours, Jeremias traverse Lima en bus ou en combi pour rejoindre l'université où il est étudiant. Il s'entasse avec ceux qui n'ont pas de voiture et pas les moyens de prendre un taxi, dans une promiscuité propice aux vols, aux attouchements, aux viols même, pour un trajet long et chaotique dans une ville où la misère la plus crasse côtoie l'opulence la plus ostentatoire. Abandonné par son père, élevé par une mère ruinée par la crise financière, Jeremias a vécu chez son grand-père jusqu'à la mort de celui-ci, du mauvais côté du mur qui sépare riches et pauvres. Maintenant, il vit chez son oncle dans une belle villa mais dans sa tête rien a changé. Il est toujours un de ces indiens pauvres descendus de la montagne avec l'espoir de s'intégrer dans une ville et une société qui ne leur ont pas fait de place.



Roman plus noir que gris, Tes yeux dans une ville grise, outre un joli titre, possède une extraordinaire force de narration, portée par le style à la fois brut et poétique de Martin Mucha. A travers son personnage qui sillonne la ville dans une errance désespérée, il porte un regard lucide sur la société péruvienne où règne la corruption, où la violence est quotidienne, où la pauvreté est devenue de la misère. Cet étudiant qui en a trop vu pour croire encore à l'ascenseur social traîne son mal-être parmi les pickpockets, les pervers, les enfants des rues, les mendiants dans un Lima tentaculaire où la vie ne vaut guère plus qu'un ticket de bus.

Cette vision sombre et désenchantée laisse un goût amer, dépeignant une société désincarnée qui ne tient plus compte des individus. Fatalistes, les péruviens n'ont plus confiance en rien, ne croit plus en leur avenir, s'accommode d'un pays où la loi du plus fort régit les rapports humains. Une belle découverte, sordide et brutale, de la vie au Pérou. A lire.
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Tes yeux dans une ville grise

Jeremias Carpio prend chaque jour le bus ou le combi pour aller à l'Université. Il a 22 ans et vit à Lima.

Lima une ville où le ciel n'est jamais vraiment bleu, où il ne pleut pas vraiment, seul un crachin mouille un peu les visages. Une ville pas tout à fait comme les autres.



"À Lima le panorama change à chaque rue. La ville est grise. Mais ses contrastes sont sauvages. Sa mer a des falaises. Ce sont deux beaux mots, rythmés. Il faut pourtant souligner un détail : Lima a son propre mur de Berlin. Il ne sépare ni des opinions, ni des religions, ni des choix politiques. Les gens le regardent et ne font pas de commentaires. On n’en parle pas. Je n’ai jamais rien lu à son sujet. On dirait qu’il est là et qu’il n’y est pas. Son acceptation est tacite. C’est une cicatrice ; ce mur long de plusieurs kilomètres situé au sommet des collines de Las Casuarinas" p 35



Jeremias est un enfant métis, indien par sa mère , il a été élevé par son grand-père maternel sans la présence du père. Quand il découvre la vie de l'autre côté du mur son monde s'effondre et quand il a l'opportunité d' y vivre, il reste le môme miséreux de Pamplona.



Le bus défile et Jérémias observe sans relâche le monde qui l'entoure, celui des petites gens, des miséreux, des mendiants, des pervers, des voleurs, des survivants en quelque sorte. Le lecteur découvre une succession de portraits instantanés au milieu du bruit, de la cacophonie, des cris et des silences ... à chacun de découvrir Lima avec ses propres yeux.

Une lecture aussi époustouflante que tragique.



Martin Mucha vit à présent à Madrid et y exerce le métier de journaliste. A noter l'époustouflante traduction d' Antonia Garcia Castro à qui j'emprunte ces quelques mots de sa préface:

"Écrit loin de Lima, Tes yeux dans une ville grise ne nous parle que de Lima. Et du drame de la terre qu’on ne quitte pas. Qu’on ne peut pas quitter parce qu’on la porte en soi, parce qu’on fait corps avec elle."



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Tes yeux dans une ville grise

Jeremias, jeune étudiant, traverse tous les jours la ville de Lima sur de nombreux kilomètres en bus ou combi. Il s'agit ici d'une errance urbaine avec les rencontres que cette dernière impose. Jeremias a toujours vécu à la marge de la haute société liménienne et pourtant il entre à l'université et a fait sa scolarité dans une école réputée où les enfants bourgeois le traitaient de "cholo" terme péjoratif pour nommer les indiens. La fissure est effectivement très profonde entre les riches et les pauvres et le narrateur nous la fait pleinement sentir, au Pérou il n'y a pas de transfuge de classe malgré les efforts personnels de Jeremias pour changer de vie. D'ailleurs il nous le dit, les gens aisés n'empruntent dans cette ville jamais les transports en commun. Il se sait condamné dans cette société hyper inégalitaire. Dans ces pages, aucun espoir, tout est gris à l'image de Lima, souvent plombée par un ciel gris.



L'écriture est comme parlée, comme si Jeremias avait écrit tous ces mots dans un carnet qu'il aurait publié. Quel meilleur moyen que ce type d'écriture pour montrer la réalité ? Presque un documentaire. Une perle rare de livre, d'un auteur péruvien, d'une littérature péruvienne trop peu souvent traduite.
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Tes yeux dans une ville grise

Après quelques mois de fréquentation, on n’est plus surpris d’être surpris par les éditions Asphalte qui, cette fois, sont allées dégoter un jeune auteur péruvien.



C’est Lima que nous donne à voir Martín Mucha dans Tes yeux dans une ville grise. Une ville donc, qui n’est pas de carte postale et des yeux, ceux de Jeremías qui traverse chaque jour Lima dans un combi dédié aux transports collectifs pour aller à l’université, qui la regarde dans sa cruelle nudité. Pas de fard, donc, pour décrire une cité bien loin de l’image que pourrait laisser supposer la publicité faite au boom économique des années 2000 au Pérou.

Une ville donc coupée en deux, littéralement, entre les très pauvres et les très riches et un Jeremías avec un pied de chaque côté de la barrière et un profond dégoût qui semble l’anesthésier mais n’ôte rien à la lucidité du narrateur.

Au travers des tranches de vies, éclats du quotidien, résurgences de souvenirs, Jeremías dit la souffrance et le mal-être qui l’habitent parce qu’il habite ici, là-dedans. La Lima qui apparaît est surtout prison, nasse, asile de fous.



Certes, on commence à connaître le procédé littéraire qu’utilise Mucha, l’utilisation de flashes et de flashback qui, en s’accumulant, donnent ce sentiment de trop plein, d’inéluctabilité de la violence morale. Un procédé qui, mal maîtrisé, peut aboutir au pire mais que Mucha domine grâce à une écriture précise et concise qui donne de la chair au récit et permet au lecteur de véritablement s’immerger dans l’esprit du narrateur et de partager son regard.

Gris, comme son titre l’indique, voilà un roman à vous rendre neurasthénique mais dont la beauté vaut bien que l’on s’offre un petit coup de blues.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Tes yeux dans une ville grise

C'est une plongée en apnée dans Lima que j'ai effectuée avec Jeremias, étudiant qui a bien du mal à trouver du sens à son existence, à l'ouverture de Tes yeux dans une ville grise.



Le récit du jeune homme lui-même a bien du mal à donner sens, morcelé comme il l'est de réminiscences diverses, qui content par bribes, toujours assez brèves, souvent assez abruptes, comme crachées avec violence par leur narrateur, dans le ton comme dans la syntaxe, des pans de vie, plus souvent tragiques que légers, ou plus encore la capitale péruvienne, véritable protagoniste de l'histoire, dont Jérémias n'est finalement qu'un des avatars. Pans de vie et de description de la capitale qui prendront finalement sens en un dénouement dramatiquement prévisible.



Et en effet, Lima est bien grise, terriblement grise, surtout pour celui qui fait partie du mauvais côté du mur séparant les bidonvilles des villas cossues ; pour celui qui doit, chaque jour, faire des kilomètres en combi-bus afin de se rendre dans son université ; pour celui qui, malgré son accession inespérée dans des études supérieures, ne parvient pas à supporter le monde dans lequel il se lève chaque matin - et l'on ne lui en tiendra pas du tout rigueur.



Ce gris m'a étreinte, secouée, émue, pendant toute ma lecture, faite d'ailleurs en une traite, notamment en ce qu'il est vraiment rendu perceptible par un style paradoxalement âpre, rugueux, et sensible, mais aussi d'un prosaïsme violent, cru, parfois rendu poétique par cette même sensibilité.



Un roman dont je garderai longtemps souvenir en somme.
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Tes yeux dans une ville grise

Sur quelques dizaines de kilomètres, un mur se dresse à Lima, qui sépare le quartier cossu de Las Casuarinas du plus grand bidonville du pays, Pamplona Alta. L’image est particulièrement saisissante: côte à côte se côtoient tant l’opulence que la plus grande misère. Bien qu’il vive maintenant avec sa mère chez Don Alfonso qui les a recueillis, ce n’est pas pour autant que Jeremías Carpio s’est élevé dans l’échelle sociale, et c’est en combi ou en bus qu’il se rend chaque jour à la Pontificia Universidad Católica où il étudie l’économie, mais à quoi bon, alors que cette même économie s’est effondrée... Fatigué, prématurément usé, désenchanté face à un avenir sans aucune promesse sinon celle de subir une violence quotidienne qui n’épargne personne (vols, agressions sexuelles, tabassages…) et dont il est tour à tour soit témoin soit victime, Jeremías traîne une désespérance qui teinte sa vision de la ville, un état psychologique que Martín Mucha réussit fort bien, par petites touches, à faire ressortir, certaines scènes étant même à la limite du soutenable. C’est l’âme noire de la dictature qui se déploie sous nos yeux effarés. Un texte très fort auquel je ne m’attendais pas, attirée par son si joli titre.
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Tes yeux dans une ville grise

Tes yeux dans une ville grise se lit comme un album photo dont il ne resterait qu'une succession de légendes. Chaque phrase dépeint un espace, une personne, un moment et rend ainsi compte de l'implacable conjecture qui régit la capitale péruvienne.



À travers la plume de Martín Mucha perce en effet le regard indigné du journaliste, attisé par l'injustice qui règne autour de lui. Tes yeux dans une ville grise est donc un récit sociologique, un photo-reportage sur la mégapole Lima et les éclats de vie qui l'habitent.



Il faut s'arrêter à chaque paragraphe, que dis-je, chaque phrase pour regarder. Regarder la misère perdurer, la violence se propager. Et écouter. Écouter le rugissement muet de ces bribes de quotidien.



Et plus spécifiquement le cri aussi désarticulé que désenchanté d'un étudiant, Jeremías Carpio, qui, chaque jour, traverse Lima en bus ou en combi pour se rendre à l'université. Ce trajet est en effet l'occasion pour lui d'appréhender l'instable faune urbaine. À l'inverse de celles d'Ingemar dans Ma vie de chien, ses pensées et ses réminiscences se fondent ici, en revanche, avec une précision exemplaire dans ce récit fragmentaire.



À mesure qu'il évolue dans les rues tentaculaires de la ville, la terrible et parfois insoutenable réalité aiguise son regard. Tes yeux dans une ville grise décrit ainsi sans le moindre pathos les tensions ethniques, géographiques – le mur de Berlin qui sépare favelas et quartiers luxueux – mais aussi les attouchements dans les transports en commun ou encore le viol, qui apparaît comme traditionnel, presque initiatique. Martín Mucha illustre donc dans ce texte les contrastes d'une jungle urbaine malheureusement régie par la loi du plus fort.



En ce sens ce roman est, comme l'écrit si bien Antonia García Castro dans sa préface, "parfois poème, parfois témoignage" et signale "ce qu'on ne voit pas, même en ayant les yeux ouverts", c'est-à-dire à mon sens cette grisaille généralisée dont plus personne ne se préoccupe et qui semble déteindre sur tout ce qui l'entoure – Jeremías lui-même n'est qu'un morne fantôme. Cette grisaille généralisée qui, enfin, semble anesthésier toute humanité.



La dernière partie intervertit quant à elle brillamment le regard. Celui qui observe (Jeremías) devient celui qui est observé et ceux qui étaient observés (famille, proches...) nous brossent désormais son portrait. Cet épilogue complète le puzzle constitué par l'auteur de manière inopinée et permet d'avoir une vision plus objective du narrateur. Vecteur d'espoir, il révèle en outre subrepticement l’amitié, la tendresse et la solidarité qui les lient tous en dépit de leurs différences.



Tes yeux dans une ville grise c'est donc une complainte lucide ou, du moins, un chant profondément désillusionné. Je parle de "chant" car s'il est une particularité dans cet ouvrage c'est bien l'incroyable musicalité de Martín Mucha. Les chapitres, courts mais puissants, sonnent comme des octaves et hérissent les poils.



Tes yeux dans une ville grise est une symphonie à l'honneur de Lima, terre de paradoxes, mégalopole ambiguë où le silence est gangrené par le désespoir. Martín Mucha offre ici un panorama réaliste même si désabusé de la capitale péruvienne.



Un hommage saisissant, triste mais poétique, aux oubliés de Lima.



Ce roman a été reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je remercie donc Babelio et les éditions Asphalte pour cette merveilleuse découverte !



Plus de détails (mes rubriques "n'hésitez pas si ; fuyez si ; le petit plus ; le conseil (in)utile, en savoir plus sur l'auteur") en cliquant sur le lien ci-dessous.
Lien : http://blopblopblopblopblopb..
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Tes yeux dans une ville grise

Regarde bien petit,

regarde bien *

Dans sa très intéressante préface, la traductrice, Antonia García Castro nous donne quelques clefs pour mieux appréhender ce livre, car honnêtement mes connaissances sur Lima sont plus que sommaires.

Un jeune homme pour suivre ses études doit tous les jours prendre les transports en commun pour traverser Lima, ses quartiers et ses paradoxes en tous genres.

Actualités malheureusement, nous ne sommes pas en Inde, mais les bus semblent être régis par les mêmes lois, celle du plus fort et du silence. Laura a capitulé et une autre jeune fille, victime elle aussi d'attouchements a été retrouvée morte dans un jardin. Le narrateur aussi fut la proie de certains pervers sans compter les pickpockets et contrôleurs abusant de leurs fonctions! La jungle urbaine dans toute son horreur. Mais Pablo Escobar y avait une maison surnommée "La Villa Coca".

Dans son enfance, Jeremías Carpio se souvient d'avoir échappé de peu à un attentat du "Sentier Lumineux" et aussi à la sauvagerie au quotidien, il se rappelle une autre jeune fille violée par son père et une autre par un ami. Il se remémore aussi un passage à tabac, puis s'est retrouvé avec un pistolet sur la tempe pour le prix d'un ticket de car...Il repense à sa famille, en particulier sa mère ruinée par des hommes d'affaires avec la bénédiction du monde politique et une hyper inflation de un million pour cent...

Une certaine apathie fait que peu de choses bougent...chacun reste sur ses désillusions et ressasse son amertume en se préservant au maximum dans une société égoïste où le seul mot d'ordre est "Chacun pour soi", Que peut-on attendre d'un pays où certaines personnes sont contraintes de mettre leurs dents en or en gage ! Que reste-t-il : la musique? * Et le football en parfait opium du peuple.

Jeremías ne croit pas beaucoup en son avenir car il se définit lui-même comme indien et pauvre ; alors le fatalisme aidant, il regarde avec résignation le monde qui l'entoure. Et c'est déprimant. Il pense au suicide souvent. Il se sent depuis très longtemps responsable de la mort de son grand-père. Son père l'a abandonné, sa mère est seule, ils sont hébergés chez un oncle qui a une grande maison. Elle travaille dur pour pas grand chose ayant tout perdu elle aussi comme la plupart des Péruviens.

Il a peu d'amis, mais il est proche de l'un d'entre eux ; malgré tout il a embrassé sa petite amie...sans y prendre particulièrement de plaisir. Ses relations avec les femmes sont pour le moins ambiguës et compliquées car il en a peur et ne les comprend pas, mais ne cherche pas non plus à remédier à cela!

Mais laissons les autres parler de lui, sa famille, certains amis, une jeune fille, son chien....

Des personnages hors-normes, car leur seul but est de survivre. Alors il y a les prédateurs et les autres qui subissent et se taisent n'ayant malheureusement guère d'autres choix. La Loca Très Pieles est un travesti noir qui loue des enfants pour faire l'aumône, le Prophète est un vagabond divin et alcoolique qui un jour creva l’œil d'une femme, et fut mis à mal par les voyageurs ! Des clochards et des prostituées de la drogue aussi et parfois de pauvres enfants qui tentent de garder une certaine dignité au milieu d'une violence latente en vendant par exemple des fleurs dans le bus.

Mais le principal sujet de ce livre, c'est la ville de Lima elle-même ! Terre de contrastes, la misère la plus noire y côtoie la plus folle opulence, les quartiers de Pamlona et son opposé Las Casarinas, trajet quotidien de Jeremías.

Une série de faits de la vie courante (souvent ici, des faits-divers) d'une ville que l'on découvre à travers le prisme d'un de ses habitants et non pas par une image d'Épinal tronquée et truquée!

L'auteur ne s’embarrasse pas de fioriture pour parler du monde de la finance et de la classe politique du pays. Exemple, ce professeur ancien ministre qui coula le pays :

-"Il a converti les 10000 dollars d'un compte bancaire en 100 dollars"

ou l'ancien président Alberto Fujiromi décrit ainsi par Mucha :

- Un fils de japonais qui était arrivé au pouvoir dans une hypnose générale. Il ressemblait à une caricature de président qui s'humiliait en permanence pour parvenir à gagner des élections.

Les pays d'Amérique du Sud ont une longue tradition de gouvernements pour le moins très limites comparés avec nos conceptions de la démocratie.

Des chapitres très courts, donc rythmés, sorte de symphonie musicale avec des faux airs de musique sud-américaine bercés par les roues du bus ou des combis.

Ici, les nuances de gris sont très foncées!

Titre original :Tus ojos en una ciudad gris (2011)

* Jacques Brel.

* *Voir l'habituelle playlist musicale en fin d'ouvrage.
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Tes yeux dans une ville grise

Cette ballade urbaine m’a emmenée en bus, dans un paysage pauvre et blessé où les sachets plastiques s’accrochent au sommet des arbres. Le personnage principal est un étudiant tourmenté, à bout, à la recherche du silence, de la paix, et qui fait le trajet tous les jours pour aller à l’université. Il parle de son histoire, de sa famille, de ses amis, de son pays. La misère, le viol, la drogue, la petite délinquance, la prostitution, etc. Ce livre se lit vite, les chapitres sont courts, les phrases sont courtes, les mots sont simples. Je me suis sentie ainsi au plus près de la réalité, pour explorer les fractures sociales du Pérou, et ce moment poétique et triste m’a fait passer un moment agréable.
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Tes yeux dans une ville grise

Plutôt juxtaposition de chroniques que roman, cet ouvrage, bien que déroutant au premier abord, se veut un portait réaliste de Lima, capitale péruvienne, et de ses habitants non dénué d’intérêt.

Jeremías, étudiant, se fait le rapporteur de ce qu’il voit, et perçoit lors de ses transports, et de ses errements au cœur de cette ville. Loin des splendeurs des civilisations d’antan, Le Pérou se dévoile, avec ses déshérités, sa violence urbaine, sa jeunesse désabusée et sans espoir, ses sniffeurs de colle, ses mendiants.

La plume de Martin Mucha se veut taillée au cordeau, sans fioriture, ni rondeur. Une écriture qui peut être chaotique, un peu brute, parfaitement adaptée pour un ouvrage petit format.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Tes yeux dans une ville grise

Les éditions l'Asphalte m'avait déjà assis avec « L'employé » de l'argentin Guillermo Saccomanno. Cette fois l'auteur est péruvien mais le résultat est le même : je me suis pris un mur.



Il faut dire que les deux romans ont recours à des tonalités similaires : le récit est âpre, désenchanté, sinon désespéré, dans les deux cas. Cette noirceur colle parfaitement aux mondes urbains décrits dans les deux romans. Autre point commun : le narrateur n'inspire aucunement la sympathie, il ne se cache pas derrière de beaux atours, il est à l'image de son environnement : triste et gris, parfois sordide.



« Tes yeux dans une ville grise » est un roman fragmentaire, volontiers digressif, sur Lima, capitale du Pérou et ville réputée pour son effarante violence. Le lecteur suit le trajet quotidien du narrateur pour se rendre à l'université. Un combi puis un bus à travers Lima. Les anecdotes du narrateur sont autant de règlements de compte saturé de résignation : avec lui-même, avec une société détruite par la mondialisation heureuse, les ghettos des riches et ceux des pauvres, l'éreintante violence physique et morale, avec cette ville, Lima, synthèse monstrueuse des abjections contemporaines, etc.



Les courts chapitres se suivent et forment un nuancier de gris foncés. C'est que Martin Mucha ne fait pas dans la dentelle : aux chapitres courts, il faut ajouter un style lapidaire fait de phrases définitives. Martin Mucha écrit comme on tire à la mitraillette : de manière saccadée et implacable.



Une réussite.



NB : outre « L'Employé » de Saccomanno chez l'Asphalte, où le lecteur retrouvera une ambiance comparable, il est à signaler la parution récente chez un autre petit éditeur d'un livre sur Lima : « La conscience de l'ultime limite » aux éditions de L'Arbre Vengeur.

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Tes yeux dans une ville grise

Une peinture brutale et émouvante de la ville de Lima.

Des phrases courtes, un style percutant empreint de poésie.

Un premier roman maîtrisé.
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Tes yeux dans une ville grise

Ce roman se situe à Lima et raconte l'histoire d 'un homme comme étranger à lui-même, à cette vie et à cette ville. Il me rappelle beaucoup L'Etranger de Camus. Ce livre d'une poésie extraordinaire se lit très facilement. C'est un vrai coup de cœur.
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Tes yeux dans une ville grise

C'est depuis le "combi" qu'il emprunte quotidiennement pour se rendre à l'université, que Jeremías livre les pensées, les souvenirs, que lui inspire le paysage gris et étrangement mouvant de la ville de Lima.

Il le fait d'une manière qui peut sembler a priori chaotique, en une succession de courts paragraphes sans véritable fil conducteur, mais d'où se dégage finalement une cohérence. L'ensemble des éléments qu'il évoque fait peu à peu émerger un patchwork homogène, nous donnant ainsi le sentiment d'appréhender ce que l'on serait tenté de désigner comme "l'âme" de cette ville grise.



Le tableau n'est guère réjouissant...

C'est celui d'une société qui ne s'est toujours pas relevée d'un passé de dictature et de corruption, celui d'un monde à deux vitesses, où, parce que l'on refuse de cohabiter, ne serait-ce que du regard, avec la misère, on refoule les indésirables au-delà du mur qui sépare les riches quartiers résidentiels des bidonvilles.

C'est sur ces exclus que Jeremías s'attarde, lui qui, issu de leur monde, a pourtant eu l'occasion de pénétrer celui des privilégiés, et d'entrevoir ainsi le fossé qui les sépare.

Au gré des personnages que l'on croise -mendiants, pickpockets, enfants des rues-, se dessine une sordide cour des miracles, où règnent la précarité, la violence et le désespoir... quoique "désespoir" n'est peut-être pas le terme le mieux approprié. De la part du narrateur en tous cas, c'est davantage une sorte de résignation que l'on ressent, une soumission fataliste à un ordre injuste, qui ne laisse entrevoir aucune chance.



Entre les anecdotes sur son passé, qui révèlent une enfance de maltraitance, des amitiés sincères mais soumises aux aléas de la galère, des amours inexistantes, et les pensées que le spectacle de la ville suscite en lui, il sourd de ce texte une infinie tristesse, une fatigue immense face au constat de sa solitude, du vide de son existence, de son impuissance face aux malheurs du monde. Jeremías aspire au silence, à la paix...



A l'instar de ceux qu'il dépeint, ces spectres qui évoluent dans sa ville grise, Jeremías peut disparaître à tout moment dans l'indifférence la plus totale...

... il restera ses mots, leur force et leur poésie.


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