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Citations de Martin Suter (197)


Il avait ramolli des asperges séchées, les avait broyées au batteur et en avait extrait l'essence dans le rotovapeur. Puis il l'avait mêlée au ghee et à l'algine, et au moment où cette pâte s'épaississait, il lui avait donné la forme de petites asperges dont il colora les pointes en vert avec de la chlorophylle.
De la préparation ayurvédique la plus couramment utilisée pour éveiller le désir, un simple mélange de réglisse broyée, de ghee et de miel, il avait fait des esquimaux en leur donnant la forme de petites glaces pourvues d'un bâton de bois, décorées avec des éclats de pistache et congelées.
A sept heure moins vingt, il prit sa douche, se changea et ouvrit une nouvelle fois toutes les fenêtre. Seule la nourriture devait sentir la nourriture.
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Ces petites sphères glacées étaient entourées d'un cylindre de gelée d'un autre jaune à travers lesquels transparaissaient, à la lueur des bougies, des fils de safran orangé. En bouche, ils se déployaient comme une nouvelle récompense offerte à qui avait eu le courage de mordre dans ces blocs de soufre glacés.
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Le soir même, il se mit au travail. Il détacha les petits grains des panicules de poivre long, dénoyauta des piments séchés du cachemire, dosa des grains de poivre noir, des graines de cardamone, de cumin, de fenouil, de fenugrec, de coriandre et de moutarde, éplucha des racines de curcuma, brisa des tiges de cannelle et fit frire le tout dans la poêle de fer, jusqu'à ce que tout le parfum se soit déployé. Il mélangea les épices en différentes combinaisons soigneusement dosées et les pila en poudres fines qu'il utilisa la nuit même ou conserva jusqu'au lendemain, dans des bocaux étanches étiquetés.
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Il n’avait encore jamais remarqué combien toute vie était impitoyablement emplie de bruits. Le bavardage de sa famille, les coups de klaxon de la circulation, le vent dans les palmiers, le ressac de l’océan Indien, les détonations de la guerre civile, les tintements des cuisines, les mélopées des temples, le bavardage des pensées. Et tout à coup, ce silence. Comme un bijou. Un article de luxe auquel des gens comme lui ne pouvait pas prétendre.
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Celui qui creuse la tombe de l'autre s'y enterre lui-même.
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Elle commençait une nouvelle vie avec des bagages légers. Malou mise à part, personne ne savait où elle était partie. Et personne d'autre ne connaissait non plus son nouveau numéro de portable.
Malou avait pris l'appartement avec tous ses meubles ; elle ne voulait pas s'installer, elle en avait juste besoin pour «apporter un peu d'espace dans sa relation intime avec Alfred», lui avait-elle dit. Elle comptait le rendre à Sonia à la fin de la saison d'été.
Mais Sonia savait qu'elle ne reviendrait jamais plus dans cette rue sinistre.
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Par les temps qui couraient, c’était précisément aux pingres qu’on donnait le titre de managers de l’année.
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Non, son rapport avec la sexualité n’était pas perturbé. Elle jouait un rôle important dans sa culture, sa religion, sa médecine. Mais ici, elle le gênait. Et il devinait aussi pourquoi : parce qu’elle avait beau être omniprésente, elle gênait aussi ces gens au plus profond d’eux-mêmes.
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Melody ! Et c’est bien ce qu’elle était : une musique qui traverse l’espace et emporte tout le monde dans les rêves.
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La mystérieuse Melody devenait de plus en plus présente pour Tom. Quel effet avait-elle dû produire sur Stotz, lui dont, depuis des années, la première pensée au réveil était pour la jeune femme, tout comme la dernière, quand il s’endormait ?
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Les histoires ne sont-elles pas toutes inventées ? Alors fiction ou vérité, quelle importance ?
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C’est alors seulement que le regard de Tom fut attiré par une peinture à l’huile. C’était le portrait d’une jeune femme. Elle était assise dans un fauteuil, devant une bibliothèque, elle tenait un livre ouvert sur ses cuisses et paraissait intriguée, comme si elle avait été dérangée par l’observateur. Sa chevelure noire, qu’elle avait laissée libre, lui tombait sur l’épaule du côté droit et dissimulait à moitié le décolleté de son corsage jaune. Ses lèvres généreuses, du même rouge que son collier, tranchaient avec sa peau. Le bleu de ses yeux ainsi que le noir de ses cheveux et ses cils contrastaient eux aussi avec son épiderme.
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Je t’aime bien, tout simplement. Tu es tellement différent de moi – plus enjoué. Pas aussi ambitieux. Tu es ce que j’ai manqué être. Tel que j’aurais aimé être.
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Sa main sentait le visage, mais son visage ne sentait pas la main.
Fabio Rossi la laissa retomber sur la couverture et tenta de revenir là où il se trouvait encore un instant plus tôt. En ce lieu dénué de sentiments, de bruits, de pensées et d'odeurs.
C'était surtout l'odeur qui le dissuadait d'ouvrir les yeux. Ça sentait l'hôpital. Il apprendrait bien assez tôt pourquoi il se trouvait ici......
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Ce que nous considérons comme le temps, écrivait-il, n'est que la méthode permettant de mesurer le changement. Ce n'est cependant pas le temps qui est à l'origine du mouvement, qui porte le sprinter de la ligne de départ à celle de l'arrivée, qui teint les cheveux en gris et donne aux feuilles des couleurs vives. La modification, l'unique indice de l'existence du temps, n'est pas produite par le temps. Et elle constitue donc la preuve de son inexistence.
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Il la porta sur la table du microscope. Solennellement, car ce qu’il tenait en main était le résultat de nombreuses années de travail, la raison pour laquelle il s’était endetté jusqu’au cou…
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Il rêva d’un minuscule éléphant rose qui brillait dans l’obscurité. Une personne qu’il ne connaissait pas disait : « Ça n’est pas un rêve, c’est la réalité. » Quand il regarda de nouveau dans cette direction, l’éléphant était devenu un petit chien. Il voulut le caresser, mais l’animal partit en courant. Il essaya de le suivre, mais était incapable de courir.
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La soupe populaire n’était pas réputée pour sa gastronomie, mais les repas étaient gratuits. Au Rencart, ils coûtaient quatre francs, pour cette somme-là on pouvait s’offrir au CONSU quatre cannettes d’un litre de bière à 5,4°.
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Gagné, volé ou mendié, l’argent, c’est de l’argent.
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Schoch faisait partie des taiseux. Il ne buvait pas avant dix heures. Et même quand il avait avalé quelque chose, il ne parlait pas beaucoup. Quand il parlait, il le faisait à voix basse. Ça lui donnait quelque chose de mystérieux. Cela, et le fait qu’on n’ait rien su de lui. La plupart des autres, parmi ceux qui étaient dans la rue, on connaissait leur histoire, on savait ce qui les avait conduits ici et ce qu’ils étaient auparavant. Mais sur Schoch, on ne savait rien.
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