Citations de Mary Lawson (51)
Tu passes ta vie – enfin, celle de ton gosse – à le préparer à voler de ses propres ailes, à essayer de lui offrir une bonne éducation pour qu'il ne soit pas limité dans ses choix, à mettre un peu de côté tous les mois, quoi qu'il arrive, pour qu'il puisse aller à l'université s'il en a envie, et voilà qu'un jour, bam, ton gamin se barre, et au lieu d'être tout content, tu as l'impression que le monde s'écroule autour de toi.
Il ne pensait plus qu'à la mort. Elle ne le quittait pas un instant le jour, hantait ses rêves la nuit. Lorsqu'il lisait les journaux, elle lui sautait aux yeux. Qu'il s'agisse d'un seul décès ou de disparitions en masse, d'un meurtre ou d'un génocide, d'une guerre, d'une famine, d'une épidémie, d'une maladie, elle l'appelait, attirait son attention. Le matin précédent, la rubrique nécrologique du Globe and Mail comptait quatre colonnes et Tom n'avait pas pu s'empêcher de lire chaque avis. On aurait dit que son cerveau tournait en rond, comme un rat en cage, pour essayer de trouver une manière de rationaliser ce qui était arrivé. Regarde tous ces décès, lui disait-il. Tout le monde meurt, alors, pourquoi en faire un drame ? Tout le monde meurt, et il faut le prendre au pied de la lettre, c'est-à-dire à chaque seconde du jour ou de la nuit. Certains meurent vieux, d'autres jeunes, mais ils meurent tous, et le fait que quelqu'un trouve une mort précoce ne change rien à l'ordre du monde. Çà n'a aucune importance parce que rien n'en a dans l'ordre du monde.
Il y avait une vérité à connaître sur le mariage, avait-il pensé une nuit à 3 heures du matin. Il faudrait prévenir les gens : réfléchissez bien avant de vous engager, parce que vous ne vous sentirez jamais, jamais aussi seuls qu'en étant malheureux en ménage.
C’est peut-être une question de conjugaison. Ou de grammaire. Notre amour a existé, existe toujours et continuera d’exister. Dans le grand continuum du temps, peut-être que ces distinctions cesseront d’être.
Avoir beaucoup de monde autour de soi ne veut pas dire qu'on ne peut pas se sentir seul.
Il y a une loi de la nature - du moins de la nature humaine - qui stipule qu’on ne doit jamais, au grand jamais, se dire que les choses s’arrangent enfin, parce que le destin ne pourra pas s’empêcher, à un moment ou à un autre, de vous faire un croche-pied.
Nous semblons programmés pour chercher des réponses. Quelque chose se produit et il nous faut savoir pourquoi. Nous nous creusons la cervelle, nous essayons de suivre tel ou tel raisonnement, d'en chercher un qui puisse coller à notre cas de figure. Mais souvent, il n'y a pas de réponse, ou alors il y en a trop.
- J'essaie de ne pas me projeter trop loin dans le futur et de ne pas me fixer de règles. de même que j'essaie de ne pas regarder en arrière.
- Ça paraît sage.
- La théorie , ça va. La pratique, c'est autre chose._
Le froid est une chose qu'on a peine à imaginer d'une façon abstraite, il faut en faire concrètement l'expérience.
On pourrait qualifier ça de technique de survie, je suppose ; ici on en a besoin en hiver. Ma vie aussi, d'ailleurs, en a besoin.
Son ton était capable de vous geler les couilles songea Tom. Ce qui expliquait peut-être pourquoi le mari n'avait pas l'air d'en avoir. C'était marrant, quand on y pensait, le nombre de types pleins aux as qui ressemblaient à des eunuques.
Je ne comprends pas les gens. N'y voyez pas de l'arrogance - je ne dis pas que les gens sont incompréhensibles parce qu'ils n'agissent pas comme moi. Je me contente d'énoncer un fait.
Ses larmes brulantes. Un mariage roué et écartelé, réduit pour finir à un tas de cartons, sept pour elle, quatre pour lui, au milieu d'un salon.
On se défonce pour nos mômes, on leur procure trois repas complets par jour, une jolie maison bien chauffée, on leur apprend un bon métier, et eux, qu’est-ce qu’ils font ? Ils foutent le camp pour devenir vétérinaires. Je lui ai dit, moi, si tu aimes tant les animaux, adopte un chien, nom de Dieu ! Ou un cheval ! Ou même un éléphant ! Ça coute moins cher qu’un diplôme de vétérinaire. Je vais finir sur la paille, moi, s’il continue.
J'ai toujours trouvé que la Nature nous induisait en erreur en nous faisant prendre les décisions ls plus importantes de notre vie à un âge où nous sommes trop jeunes pour envisager les conséquences de nos actes.
l y a une loi de la nature - du moins de la nature humaine- qui stipule qu'on ne doit jamais, au grand jamais, se dire que les choses s'arrangent enfin, parce que le Destin ne pourra pas s'empêcher, à un moment ou à un autre, de vous faire un croche-pied.
Les villes minières perdaient leurs habitants et, dans certaines endroits, seuls les immenses chevalements en tôle ondulée dominaient le paysage. Il en reste encore quelques uns. A leur manière, ils sont magnifiques. On dirait de gigantesques dinosaures rouillés.
Comment cesser d'aimer la personne qu'on aime ?
Je me souviens d'avoir lu quelque part une théorie selon laquelle chaque membre d'une famille se voit attribuer un rôle - "l'intelligent", "la jolie", "l'égoïste". Une fois qu'on a endossé ce rôle un certain temps, l'étiquette vous colle à la peau et, quoi qu'on fasse, il est impossible de s'en défaire, mais tout au début, d'après cette théorie, on dispose d'une certaine liberté dans le choix du rôle.
Le message était bref et sans circonlocutions: "Désolé de partir sans vous dire au revoir. Bises. Jake."
Des années plus tard encore, le spectacle de sa mère en train de lire ces mots restait le souvenir le plus net et le plus douloureux qu'il conservait d'elle. Pendant qu'il réparait une clôture par exemple, ou ôtait un caillou au sabot d'un cheval sans penser à rien, voilà qu'elle faisait irruption dans son esprit, femme courageuse, aimante, folle, mère avant tout, finalement vaincue , plantée dans la chambre de la personne qu'elle aimait le plus au monde, en train de lire l'unique phrase par laquelle il lui disait adieu.