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Critiques de Matthieu Aron (69)
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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Mathieu ARON et Caroline MICHEL-AGUIRRE ont interrogé des dizaines de fonctionnaires, d’élus et de consultants pour comprendre comment l’état abandonne ses pouvoirs régaliens au profit de sociétés privées qui réalisent d’immenses profits … et échappent en grande partie à l’impôt.



Bourré d’anecdotes et d’exemples précis, cet ouvrage est captivant et instructif et les auteurs apparaissent comme de véritables « lanceurs d’alerte » dénonçant un régime corrompu et impuissant.



"Le pouvoir ne se prend pas, il se ramasse" énonce l’adage et cette enquête montre qu’un gouvernement obnubilé par « l’urgence » et les médias, finit par ne plus rien piloter et est condamné à abdiquer au profit de puissances extérieures.



Les « cartes grises », les « excès de vitesse » constatés par les radars et les voitures banalisées sont désormais dans les mains de sociétés privées, et ne sont que la face visible de l’iceberg.



Le gouvernement, incapable d’anticiper, d’appliquer les plans de crise, a paniqué face au COVID et a, dans la précipitation, confié à des cabinets des contrats faramineux : en neuf mois de crise sanitaire McKinsey a facturé 10,7 Millions témoignant ainsi de la perte de compétence du ministère de la santé.



Des cabinets conseils sont intervenus lors de la crise des gilets jaunes pour analyser les cahiers de doléances et établir des listes de propositions au gouvernement. A quoi servent nos élus ?



Emmanuel Macron, dès son passage à Bercy a fait appel à des consultants pour des analyses, un grand audit et alimenter son programme électoral. McKinsey a été payé 4 millions d’euros pour la réforme avortée des APL.



Puis les gouvernements ont multiplié les missions confiés à ces cabinets (Bain, BCG, Cap Gemini, Roland Berger) qui collectent ainsi énormément d’informations confidentielles et identifient les donneurs d’ordre ce qui les place en situation de force lors des appels d’offres ultérieurs.



Les données collectées « data crunching » par les consultants sont stockées sur des serveurs états-uniens (AWS et concurrents) et avec la législation Cloud Act, les USA peuvent exiger en prendre connaissance.



Des liens incestueux se nouent entre la caste des gouvernants et l’aristocratie des consultants : le Directeur de McKINSEY en France, Victor FABIUS, est le fils de Laurent FABIUS, président du Conseil Constitutionnel. Les auteurs pointent les connivences avec la fondation Montaigne et l’influence des Big Four sur les Grandes Ecoles et certains Think Tanks.



« Les infiltrés » pointe l’incompétence NUMERIQUE de l’état. Chaque projet informatique se transforme en gouffre dépassant délais et budgets initiaux. Le projet Louvois prévu pour gérer la solde des militaires a du être stoppé pour limiter les dégâts. Sur 2 millions et demi de fonctionnaires, seulement 17 000 sont informaticiens, soit 0,68% de l’effectif, et combien savent réellement coder ?

Sur qui l’état peut il s’appuyer pour exercer la Maitrise d’Art et contrôler la maitrise d’oeuvre ?



En dépit de la pléthore de fonctionnaires (cinq millions et demi) l'État échoue à trouver les compétences indispensables.



Le secteur de la santé paye un lourd tribut aux décisions dictées par ces cabinets conseil avec la suppression de 80 000 lits en 20 ans et 20% des lits inutilisés par manque de personnel à l’automne 2021.



A la lecture de ces constats le Sénat vient d’investiguer sur « l’influence des cabinets de conseil sur les politiques publiques », et a publié un rapport et une synthèse (http://www.senat.fr/rap/r21-578-1/r21-578-1-syn.pdf) qui fournissent des données comptables incontestables.



Les prestations facturées aux ministères sont passées de 379 Millions en 2018 à 894 Millions en 2020 (2,4 Milliards en 4 ans) et sont en forte accélération en 2021 (+45%). A ceci s’ajoutent 172 Millions pour les opérateurs publics (évaluation faite sur 44 opérateurs représentant 10% de ceux ci).



C’est donc plus d’un Milliard par an qui tombent dans les caisses des cabinets. McKinsey n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en France depuis 10 ans alors que son Chiffre d’Affaires atteint 329 Millions en France en 2020. Le sénat a demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire et transmis au parquet ses observations.



Le scandale révélé par « Les infiltrés » fait moins de bruit que le scandale ORPEA dévoilé par « Les fossoyeurs » car la situation internationale monopolise les médias.



Raison de plus pour lire, comprendre et réagir.



Car chacun paye « ce pognon de dingue » avec ses impôts.
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Le bûcher de Toulouse



Le sous-titre de cet ouvrage est très explicite : "D'Alègre à Baudis : Histoire d'une mystification".

Je suis heureux d'avoir découvert ce livre qui démystifie cette horrible campagne de presse dont l'ancien maire de Toulouse, Dominique Baudis (1947-2014), a été une des principales victimes. J'ai eu l'honneur de fréquenter Dominique Baudis, et encore davantage son père Pierre Baudis (1916-1997) au Parlement européen et je garde des 2 Baudis un excellent souvenir.

J'ai été horrifié de lire ce qui lui est arrivé dans son ouvrage "Face à la calomnie" et dont j'ai fait, malgré mon écœurement, un billet sur Babelio, le 8 avril 2018.



Le tsunami de la ville rose a été déclenché par les prouesses d'un tueur en série local, l'infecte Patrice Alègre, né à Toulouse en juin 1968 et condamné en février 2002 à perpète pour 5 meurtres et 6 viols + une tentative de meurtre.



Il a pris de l'ampleur "grâce" à la mission messianique que l'adjudant de la gendarmerie Michel Roussel a cru être investi et qui dans un excès de zèle fanatique a commis des libertés impardonnables avec les procédures judiciaires pourtant bien définies.



Le 3e élément de ce dérapage exceptionnel est constitué par l'imagination débordante de 2 ex-prostituées, Patricia (Christelle Bourre) et Fanny (Florence Khelifi), qui par leurs révélations mensongères sont à l'origine de ce qui fût baptisé : "Le scandale des notables".

Elles ont accusé le magistrat Marc Bourragué d'actes dignes de Sodome et Gomorrhe, compromis la réputation de Jean Volff, le procureur-général de Toulouse, avant de s'attaquer aux politiques tels Dominique Baudis, Philippe Douste-Blazy et quelques autres qui auraient abusé d'elles et d'autres pauvres filles ainsi que des enfants des 2 sexes dans des soirées sado-masochistes, régies par le Monstre ou la Bête de Toulouse !



Personnellement, je trouve que les supérieurs de Roussel ont eu également leur part de responsabilité en se montrant beaucoup trop indulgent avec leur inspecteur vedette qui ne respectait pas des règles élémentaires prévues par la loi. Au lieu de constituer une seconde équipe d'investigation, ils auraient dû freiner Roussel ou le décharger de l'enquête.



Ce 4e élément, souvent ignoré ou minimalisé, est resté à l'ombre du 5e élément : un emballement médiatique rarissime, qui en Occitanie a dû ressembler à l'affaire Dreyfus mais sans un Émile Zola accusateur.

Plutôt le contraire. C'est comme si entre les journalistes de la presse écrite une compétition avait été organisée à qui irait le plus loin dans la diffamation sans preuves. Une surenchère dans laquelle Gilles Soulliès de la Dépêche du Midi et Philippe Motta dans le Figaro se sont particulièrement illustrés. Le sacro-saint principe du secret de l'instruction y est devenue une notion purement fictive.

La télévision n'est pas restée absente dans cette course effrénée des nouvelles sensations, comme en ont témoigné des débats entre autres à TF1 et A2, sans oublier les prestations remarquables de Karl Zéro sur Canal +.



À toutes fins utiles, je tiens à remarquer que j'ai commencé ma vie professionnelle dans le journalisme et qu'aujourd'hui je suis toujours abonné sur la feuille d'information de l'association des journalistes. J'ai toujours estimé qu'une presse libre est absolument vitale pour la démocratie. Ce dont j'ai horreur c'est cette recherche de nouvelles sensationnelles fondées sur rien de concret, mais honteusement nuisibles à de pauvres individus innocents.



Les auteurs, sur la base d'une investigation minutieuse de cet engrenage démoniaque, illustrent dans "Le bûcher de Toulouse" sans merci les aléas lamentables pour les personnes directement concernées. Dans un ouvrage de 430 pages, publié en 2005, Marie-France Etchegoin et Matthieu Aron nous démontrent comment la boutade "il n'y a pas de fumée sans feu" peut conduire à l'absurde. Ils ont consciencieusement vérifié leurs sources et interviewé un grand nombre de protagonistes.



L'ironie veut qu'au moment où les auteurs venaient de terminer leur ouvrage, le 25 mars 2005, le juge Thierry Perriquet a rendu un non-lieu général dans l'affaire dite des "orgies sadomasochistes". Dans son ordonnance, il a "stigmatisé les errements procéduraux et le caractère mensonger des accusations portées par Patricia et Fanny".



Comme le note Marie-France Etchegoin à la page 214 : "La rumeur est un puits sans fond".

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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Un petit livre qui éclaire sur les nouvelles pratiques de nos délites. Celui de délocaliser l'expertise et la "vue globale" du système (notre système) vers des amis grassement payés : les consultants.

« Emmanuel Macron ? C'est l'idole des consultants ! Tout simplement parce qu'il est comme eux. » Alain Minc.

Le leitmotiv : « une manière moderne de faire de la politique » et même de « la réhabiliter, en la tournant vers la performance ». « Enfin l'État va être géré comme une entreprise privée ! » éditorialiste radio.

Comment selon les dirigeants du Syntec (organisation syndicale des cabinets de conseil) : diminuer de moitié la durée des indemnités chômage, alléger de 15 milliards les impôts pesant sur les entreprises, passer au plus vite la retraite à 64 ans...

Tous les pans de notre société y passent : santé avec COViD : 7 cabinets ont été sollicités 47 fois, pour un montant de 24,6 millions d'euros... McKinsey a réfléchit à la numérisation de la santé, marché à venir estimé à 22 milliards par an : applications mobiles, e-prescriptions, chatbots médicaux pour répondre aux questions des patients... Les soignants qui disent surtout avoir besoin de lits de réanimation et de personnels qualifiés en nombre sont inaudibles pour ces hérauts du modernisme (traduction : enfumage de haut vol).

Cela attire les promus des grandes écoles : 30 % des étudiants des établissements les plus prestigieux ont opté pour le consulting en 2020. L'argent attire, autant de cerveaux qui ne serviront pas de futurs grands projets industriels (décidément je raisonne au passé).

La « caste » des hauts fonctionnaires et la nouvelle « aristocratie » des consultants suivent un cursus identique : Sciences Pot, Et na, Hacheux c'est, mais aussi hélas Centrale, ou même Polytechnique. Les sociologues appellent cela « l'hybridation des élites ». Des délites plutôt vu les résultats engrangés.

Jusqu'à M Pierre de Villiers ancien chef d'État- Major des armées démissionnaire, défenseur de la souveraineté nationale qui intègre... un cabinet privé américain : le Boston Consulting Group pour 5 000 euros par demi-journée de travail...

Police et justice n'y échappent pas : En juillet 2021, M. Dupond-Moretti lance un appel d'offres de 500 000 euros, pour un « accompagnement en communication en période de crise durant des périodes de soixante-douze heures ». Disparitions d'enfants, féminicides, accidents dramatiques, terrorisme : il faut rendre cela moderne, « professionnaliser » les interventions publiques.

Une crise sociale (gilets jaune) et hop certains vont en profiter : Contrat de 1,8 million d'euros pour "se doter du concours d'experts afin de nourrir une réflexion stratégique par une approche pluridisciplinaire pour instaurer des liens de proximité durables avec les citoyens"

Ah j'oubliais la communication : en 2020, le budget du SIG (Service d'information du gouvernement) atteint 28 millions d'euros (14 seulement prévus initialement)...

Bref on se rend compte à cette lecture que l'argent existe et qu'il fonctionne comme l'osmose : du moins concentré vers le plus concentré. C'est l'inverse de la théorie du ruissellement que les chiens de garde du pouvoir nous vendent à longueur d'onde.

Mais cette propagande-la n'est jamais fact-checkée, et pour cause....











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Le piège américain







Frédéric Pierucci était cadre chez Alstom. Au nom de la législation anticorruption américaine (le Foreign Corrupt Practices Act), il se retrouve prisonnier et jugé sur le territoire américain en 2013, lâché par son entreprise, incarcéré. Cette histoire rocambolesque le transforme en personnage kafkaïen. Les Etats-Unis s’arrogent en effet le droit d’intervenir et de bafouer toute souveraineté nationale.



Matthieu Aron, journaliste, enquête et essaie de comprendre pourquoi et comment la vie d’un homme est broyée au nom d’intérêts économiques et politiques. C’est son histoire véridique qu’il nous livre ici. Les dessins d’Hervé Duphot, le plus souvent en noir et blanc, sont sobres.



Ce livre offre un point de vue intéressant pour comprendre le dessous des cartes et les enjeux internationaux. Néanmoins j’ai des difficultés à compatir avec Frédéric Pierucci, qui de par sa position était un acteur essentiel dans ce système et connaissait parfaitement les pratiques de corruption de son entreprise.







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Le piège américain

Seulement 2 livres de sélectionnés pour la Masse Critique de Février. Celui-ci m’a intrigué par son sujet, j’écoute assez peu les informations à la télé, trop répétitif sur certains sujets. Je remercie Babelio et les éditions J’ai lu pour l’envoi de ce livre, ainsi que pour le petit mot l’accompagnant. J’avais malgré tout quelques appréhensions en le commençant.



Les chapitres sont courts et se lisent très vite. Certains passages sont édifiants concernant les pratiques des US en matière de corruption, les prisons de là-bas ainsi que les pratiques de certaines entreprises qui se pensent au-dessus des lois. Ce n’est pourtant pas mon style de lecture mais le sujet m’intriguait, c’est tellement bien écrit et bien raconté que les pages défilent très vite malgré quelques passages assez hard. À ceci près qu’il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’un témoignage et non d’un thriller inventé. Le vrai système de la justice américaine est sidérant par sa logique très différent du système français, comme du vrai rôle des avocats de la défense. Le concept de la vérité pour les américains est vraiment hallucinant. Suivant le cours que prend son récit, F. Pierucci revient sur certains dossiers qu’il a ou non traité et donc sur son passé dans la société Alstom. Je ne retiens malgré tout pas toutes les informations concernant les différentes amendes et autres ; du coup, certains passages sont plutôt longs à lire. Certaines informations sont proprement ahurissantes, comme si la justice américaine ne recherchait pas réellement la vérité et la justice, mais plus à se remplir les poches sur le dos de leurs alliés. La guerre économique a commencé et elle ne fait pas dans la dentelle car les US ont une puissance de frappe bien supérieure à tout le monde. Veulent-ils devenir les rois du monde ? C’est un livre édifiant sur pas mal de sujets, le pire étant les prisons et la justice américaines, sa lenteur manifeste et ses process. Je n’ai pas forcément tout retenu ni compris concernant les dédales et les différences entre les lois françaises et américaines mais les process, je connais étant moi-même dans une entreprise américaine, ainsi que la lenteur décisionnelle. J’espère en tout cas que le suicide d’Alstom fera prendre conscience aux élus du danger des US en notre encontre. Je connaissais Alstom de nom mais je n’ai pas du tout suivi ses déboires et encore moins les informations annexes.



Comme vous l’aurez compris, on ne peut pas parler de coup de cœur mais ce témoignage se lit comme un thriller et il est très intéressant de part les différentes informations qu’il divulgue. Je vous conseille donc très fortement de découvrir ce livre édifiant par bien des aspects, c’est un témoignage qu’il est important d’avoir lu surtout si vous appartenez à une grosse entreprise française n’ayant pas encore été rachetée… Par contre, quelques coquilles ont été oubliées (mots en double, mots manquants, problème de correction, …). Pour ma part, je remercie Babelio de m’avoir permis de le découvrir.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Le piège américain

Un cadre dirigeant d'un fleuron de l'industrie française, retenu en "otage" par la justice américaine pour obliger la société pour laquelle il travaille à se vendre aux américains. Çà ressemble à un thriller et c'est pourtant la vérité ahurissante de ce racket mis en place par les USA.

Difficile de rester indifférent face à cette histoire. Au-delà de l'injustice criante dont a été victime Frédéric Pierucci, la méthode des États-Unis pour faire main basse sur les sociétés étrangères. Le récit est vraiment passionnant à lire, décortiquant autant l'économie des multinationales que les dessous de la justice américaine, mais aussi les prisons.

Les dessins, majoritairement en noir et blanc, appuie le côté documentaire de la BD avec élégance et sobriété.

Un livre édifiant sur les dessous du commerce international déséquilibré par les méthodes sans scrupule de certains états.
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Le piège américain

Plutôt que de faire une critique (sur un livre que je n'ai pas lu, ce serait moyen...), je poste en lien une très longue interview vidéo de l'auteur. C'est cette vidéo à qui j'ai mis 5 étoiles. Il faut prendre le temps de la regarder en entier. Ce qui y est dit est effarant.

Tout le monde sait bien que la géopolitique n'est le plus souvent – pour ne pas dire toujours – qu'un rapport de force cynique et brutal. Que la guerre économique est impitoyable. Et que sur ce plan, les Etats-Unis ne valent pas mieux que la Russie ou la Chine. Mais le savoir théoriquement et entendre expliquer très concrètement les dessous de la guerre économique que mène la première puissance mondiale, non par un idéologue mais par un cadre d'Alstom, otage économique devenu bien malgré lui spécialiste de ces questions (la prison, ça laisse du temps), ce n'est pas la même chose. Je me répète: c'est effarant.



Le lien en question:
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Amateurs de politique-fiction, de séries croustillantes sur les allées du pouvoir, férus d'informations choc sur les coulisses gouvernementales, vous ne serez pas déçus par la lecture des Infiltrés.



Ici les Infiltrés ne sont ni des espions ni des journalistes en quête de scoop.

Ce terme désigne les multiples cabinets de consulting auxquels les services de l'Etat font appel pour résoudre d'épineuses questions.



Du genre : comment réformer les retraites, diminuer le nombre d'agents de la Fonction Publique, comment calmer les Gilets Jaunes, pister les terroristes, optimiser l'organisation d'un Ministère, accélérer la vaccination contre le covid 19, pallier les lenteurs et la lourdeur du système judiciaire.

Tous les secteurs sont concernés : la Santé, la Justice, l'Armée, l'Education Nationale, les Finances, aucun projet, aucune réforme, aucune politique publique ne peut se passer des conseils, avis, rapports d'audit des Consultants.

Pour la plupart de gros cabinets d'experts en tous genres, qui ont des antennes un peu partout dans le monde et des effectifs pléthoriques.

Mc Kinsey, 33000 salariés, dont 620 en France. Deloitte: 345 000 salariés, dont 2570 en France. Accenture: 674 000 salariés, dont 7500 en France. Boston Consulting Group : 22 000 salariés dont 650 en France.

Un seul est français, Capgemini, expert en transformation digitale. 270 000 salariés, dont 1500 en France.



A quoi servent-ils? Officiellement, à épauler les équipes de nos méritants fonctionnaires, ces personnes au service de l'Etat, aussi consciencieuses que dévouées, dont la mission est de mettre en oeuvre les politiques de nos élus.

Fonctionnaires soumis à de nombreuses obligations, discrétion, loyauté, devoir de réserve, etc...

Fonctionnaires agissant sous le contrôle de Hauts-Fonctionnaires, eux-mêmes issus des Grandes Écoles où se forme l'élite de nos gouvernants.



Or, depuis les années 2000, nos élites ont du mal à s'adapter et se sentent un peu dépassées. S'ajoute aussi la crainte de devoir rendre des comptes si une situation est mal gérée. Alors on se rassure en faisant appel à des experts, quitte à y sacrifier un copieux budget, quitte à squeezer ses propres bureaux d'études et organismes créés pour collecter des données, analyser les contenus, rédiger des rapports.

Quitte à se fourrer le doigt dans l'oeil et fabriquer des usines à gaz qu'il faut ensuite supprimer. Comme par exemple Portalis, un projet numérique à 100 millions d'euros pour le Ministère de la Justice, où Scribe, pour le Ministère de l'intérieur.



Ce gaspillage d'argent public qui tombe dans l'escarcelle de multinationales est déjà choquant. Mais ce sont aussi des informations sensibles qui nous échappent et des compétences qui disparaissent. En déléguant ces missions, en externalisant ce qui relève de nos administrations, on ne sait plus qui pilote réellement les politiques publiques. On assiste à une privatisation de l'Etat, une dissolution progressive de sa souveraineté. Les intérêts privés et le "lean management " (dégraissage des effectifs et rentabilité maximum ) se sont installés au coeur de nos institutions.



Un constat ahurissant dont l'affaire Mc Kinsey offre un exemple édifiant.
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Le piège américain

Ceci n'est pas une fiction, c'est la réalité. F Pierucci, haut cadre d'Alstom, a été emprisonné pendant deux ans aux Etats Unis. le délit : un versement de pot-de-vin par sa société en Indonésie pour gagner un contrat. Son interpellation aux Etats Unis est parfaitement légitime du point de vue de LEUR jurisprudence, même si aucune firme états-unienne n'était impliquée, même si cela s'était produit en dehors des Etats Unis. Car la justice des USA s'est dotée de l'extraterritorialité, redoutable machine de guerre économique - autrement dit elle s'est érigée en gendarme international afin de poursuivre la corruption au-delà de ses frontières.





Vu d'Europe, l'incarcération de Pierucci apparaît comme une prise d'otage, au total mépris de la présomption d'innocence, de droits de l'accusé d'accéder à un procès et un jugement dignes de ce nom.





Pierucci est contraint de plaider coupable et se voit lâché par Alstom - il n'a pas les moyens de payer les faramineux frais d'avocat : le procureur s'appuie sur 1,3 millions de documents à charge (échanges de mails et autres). D'ailleurs, compte tenu des affaires semblables, ses chances de gagner sont infimes.





Cet ex-cadre a été un pion dans la poursuite judiciaire que le Department of Justice (Ministère de justice des Etats Unis) menait depuis plusieurs années contre Alstom. Alors que l'entreprise française refusait de reconnaitre ses torts, l'incarcération de Pierucci est devenue un moyen de pression.





Avec ce témoignage, l'auteur va encore plus loin : compte tenu de la chronologie de son interpellation d'une part et de la négociation pour la vente d'Alstom à General Electric d'autre part, Pierucci estime qu'il a été utilisé afin d'obliger les décideurs de vendre Alstom, affaibli par une amende exorbitante. Il avance aussi l'hypothèse suivante : le Ministère de la justice américain n'est pas indépendant, il est au service des grandes entreprises, dans le cas présent au service de General Electric.







A la fin du livre un tableau édifiant : les amendes exorbitantes infligées par le Departement of justice en Europe ces dernières années.

Un témoignage glaçant, la réalité dépasse la fiction.





Deux liens :

https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-16-janvier-2019

https://portail-ie.fr/short/1652/affaire-frederic-pierucci-le-cadre-dalstom-retourne-en-prison

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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Un coup de coeur cette lecture.

L'écriture est fort agréable à lire.

Cet essai doit être pour moi être plus connus de tous.

Il y a pléthore de révélations et pratiquement tous les secteurs sont concernés.

On cherche de l'argent pour faire des économies, il y a dans ce document des axes ou on peut en faire.

Tous les pages pourraient être mis en citations.

A la fin du livre les auteurs ont la génial idées de mettre les plus grand cabinets de conseils.

Chaque individu se fera sont avis.

J'ai trouvé dommage que les notes ne soient pas en bas de page.

J'espère que se livre pourra faire l'objet du rééditions dans quelques années pour savoir si cela a évolué.

J'ai fort apprécié qu'a la fin du livre il nous montre comment cela se passe chez nos voisins Européens.
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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Un livre déplaisant.

Il nous met le nez là où on n'a pas du tout envie de le mettre: la France est un pays vendu, où l'administration à qui l'on reproche d'être pléthorique ne peut plus remplir ses fonction et perd sa compétence. On est engagé dans la privatisation des services publics sans faire les économies censées en découler et on aggrave le déficit public "quoi qu'il en coûte".

Un livre déplaisant et donc indispensable pour comprendre à quel point finalement la "souveraineté nationale" si chère à de nombreux candidats n'est qu'un leurre puisque plus rien n'est transparent, que les contrats sont signés en coulisse à l'abri du regard de toute représentation nationale, que nos données personnelles qui devraient être protégées par la RGPD sont accessibles à des sociétés privées qui en font ce qu'elles veulent avec la bénédiction de nos dirigeants.

Un livre extrêmement déplaisant et donc à lire. C'est "urgemment urgent".
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Les grandes plaidoiries des ténors du barreau

Les plaidoiries choisies sont des tours de force oraux célèbres et du coup perdent beaucoup d'intérêt à l'écrit ; sorti de l'émotion de la salle du prétoire et de leur contexte c'est plutôt ennuyeux surtout quand l'insistance et la répétition font le style de l'avocat.

Sauf pour les plaidoiries historiques (Petain, Jouhaud...) qui apportent un éclairage sur l'approche politique de l'époque, l'intérêt est assez relatif, sauf si on ne connaît pas le contenu des affaires citées.

On aurait aimé plus de profondeur d'analyse sur le procès lui même , pour vraiment apprécier les plaidoiries les plus anciennes.

Une mention spéciale pour le discours de Badinter pour l'abolition de la peine de mort.



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Le piège américain

Ce témoignage est spectaculaire et glaçant. C’est un récit de première main qui dévoile les dangers de la guerre économique menée par les Etats-Unis. Une guerre jusque là invisible ou du moins inconnue du grand public et peu traitée par les médias. Je n’ai pas l’habitude de lire ce genre de livre, dont l’enjeu est économique et politique. Mais celui-ci est assez extraordinaire, digne d’être adapté en série ou au cinéma.

Cette histoire rocambolesque, c’est celle de Frédéric Pierucci, cadre chez Alstom, qui va se retrouver otage du Department of Justice américain, lâché par son entreprise, alors que le patron, Patrick Kron, négocie secrètement la vente d’une partie de l’entreprise à General Electric. Pierucci va donc connaître le système judiciaire et le milieu carcéral américain.

Le sujet nous interpelle forcément. Tous les éléments typiques des séries et films politiques ou d’espionnage s’y retrouvent: complot, négociations, menaces, etc. C’est d’ailleurs ce qui fait peur: la réalité a clairement rattrapé la fiction.



Au-delà de l’histoire particulière et dramatique de l’auteur, on découvre en même temps les coulisses d’une guerre dont nous, et même les victimes n’avaient pas encore conscience jusqu’à récemment. Et c’est bien là le grand intérêt de ce témoignage: découvrir ce qui se passe réellement.



Ce livre est très instructif sur le fonctionnement des systèmes judiciaire et carcéral américains.

D’abord, on en sait un peu plus sur cette fameuse loi, le FCPA, Foreign Corrupt Practices Act, dont la cause est noble mais dont l’étendue est proprement effrayante. Il s’agit d’une loi anti-corruption, qui condamne des entreprises qui auraient corrompu ou tenté de corrompre des fonctionnaires gouvernementaux étrangers, ou des candidats à des postes Gouvernementaux. Spécificité de cette loi: son extraterritorialité. En effet, sont susceptibles de tomber sous cette loi toute entreprise – américaine ou non – liée aux Etats-Unis d’une manière ou d’une autre, par exemple lorsqu’une entreprise est cotée en bourse ou si elle utilise le dollar dans ses affaires. Et c’est bien là le problème. Le filet est gigantesque. Et lorsque l’on fait comme l’auteur, que l’on regarde d’où proviennent les entreprises condamnées, on retrouve peu d’entreprises américaines.

Pour en savoir plus sur le FCPA: https://www.altares.com/fr/blog/2018/03/13/fcpa-la-loi-anti-corruption-americaine/



De plus, en passant, Frédéric Pierucci nous donne un aperçu de la vie en prison, et notamment en prison de haute sécurité. Et c’est effrayant. C’est un autre monde, que j’avais découvert un peu lorsque j’avais lu le livre de Tyree Bailey, J’étais à leurs côtés dans le couloir de la mort. Le système carcéral est très différent du nôtre. Il est en général privé, et donc chaque prisonnier est une source de revenus pour le gestionnaire de la prison. Tout est matière à faire de l’argent. Au contraire, les coûts sont minimisés, quitte à avoir par exemple des cellules vétustes. Et quant à la justice américaine, mieux vaut ne jamais la connaître. C’est une effroyable machine qui broie les gens plus qu’autre chose, y compris les riches qui peuvent cependant s’en sortir davantage que les moins favorisés. Tout est basé sur la négociation. Peu importe la vérité. C’est à celui qui va savoir négocier le meilleur deal pour s’en sortir. La grande différence, qui peut choquer chez nous, c’est que c’est au défendeur de fournir la preuve de son innocence, pas à l’accusation. Les enquêtes sont menées uniquement à charge, pas à décharge. Je vous laisse donc imaginer ce qui arrive aux gens lambda, qui ne sont pas assez riches pour se payer un avocat spécialisé.



En tout cas, le livre est très facile et rapide à lire car l’écriture est simple et directe, comme si Frédéric Pierucci nous racontait son histoire en nous parlant. Le style est donc plus « parlé » que littéraire.

Il est très accessible, très pédagogique. L’auteur a pris le temps de nous faire part de ses émotions à travers les multiples épreuves qu’il a subies et de nous expliquer chaque étape du processus que la justice américaine lui a fait suivre.

J’ai cependant trouvé le début assez long à se mettre en place. C’est surtout la deuxième moitié du livre qui m’a le plus plu, lorsque ça s’active et que l’auteur commence à avoir plus d’informations et de contexte concernant son arrestation. La fin est particulièrement intéressante car on a un aperçu des conséquences de tout ce qui a précédé.



Bref, c’est un livre d’actualité qui mérite d’être découvert. Et à la fin, on se demande: comment est-ce possible? Pourquoi cela n’a-t-il pas fait plus de bruit?
Lien : https://leshistoiresdesympho..
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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Ce livre, agréable à lire quant à la forme, alerte sur les graves problèmes posés par les recours aux cabinets de conseils.

Comme indiqué dans l'introduction :

" Depuis une trentaine d'années, l'Etat a délégué à des sociétés privées l'équivalent d'un quart de son budget ! Sans que les déficits aient été pour autant maîtrisés. Recourir à un consultant coûte en effet en moyenne quatre fois plus cher que de s'appuyer sur un agent administratif. [..] Ou comment l'Etat paie deux fois. La première pour que des cabinets l'incitent à rogner les budgets, la seconde pour que ces mêmes cabinets l'aident à suppléer les carences qu'ils ont eux-même contribué à organiser. "
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Les infiltrés : Comment les cabinets de conse..

Gestion de la pandémie, stratégie électorale, grand débat ... Depuis quelques années l'Etat français, comme les autres, fait de plus en plus appel à des cabinets conseils qui l'assistant pour détecter les tendances', proposer des pistes de réflexion, voire de nouvelles organisations. 



Payés a prix d'or, des millions d'euros leur ont été déversés pour des résultats médiocres voire inexistants. 



Matthieu Aron analyse se phénomène en remontant à la présidence de Nicolas Sarkozy, là où tout s'est emballé ! 



A l'image de ce qui se passe dans les grandes entreprises, l'état a soudainement   renonce à l'utilisation de ses super cervaux et a préféré ceux formatés, bien polis et maîtrisant le sabir franco anglais en vogue dans ces cercles. 



Résultat : les gestionnaires ont pris le pas sur les acteurs du coeur de métier, clés tableaux de reporting fleurissent et les indicateurs sont au beau fixe quand la situation du terrain se dégrade ! 



Un essai qui complète a merveille les constats énoncés par Nicolas Mathieu dans Connemara.



Tout n'est peut être pas encore perdu ! Il faudrait juste limiter leurs champs d'intervention, plafonner leur rémunération et les confronter plus souvent au réel.



Et pourquoi pas passer de la sacro-sainte volonté de maîtrise des effectifs de l'état, des entreprises publiques, a une analyse des dépenses de fonctionnement globales, un coût complet des investissements (usage et maintenance inclus) pour des choix financiers enfin pertinents ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Le piège américain

Ce livre est un témoignage et non un thriller inventé. D’ailleurs si cela avait été le cas, on se serait dit que l’auteur avait exagéré, que c’était une dystopie. Non, c’est la réalité réelle, c’est un livre où l’on apprend qu’aux Etats-Unis, l’économie est ‘über alles’.



Le livre est très bien écrit, l’écriture est constante, et j’en félicite Matthieu Aron.



Quant à Frédéric Pierucci, je crois qu’il oublie une petite chose : il a participé à un acte de corruption. Les conséquences sont tout à fait disproportionnées mais il a quand même apposé sa signature et ensuite il s’est fait prendre la main dans le pot de confiture. ‘C’est mon employeur qui a mis le système en place’, dit-il (je me permets de rappeler qu’il était directeur d’une grosse filiale de Alstom, pas un cadre moyen). ‘Je n’avais pas le choix : c’était cela ou je prenais la porte’, répète-t-il à l’envi. Je lui répète que dans sa phrase il y a le mot ‘ou’ qui par définition offre un choix. Personnellement j’ai choisi de travailler pour une ONG pour éviter ce genre de problème de conscience. Et si le problème devrait advenir je suis sûr que je déciderais de travailler pour une autre ONG. A aucun moment l’auteur admet son erreur. C’est dommage. Une lueur d’espoir, l’auteur a créé une société de conseil spécialisée dans la prévention de la corruption internationale. Quel est le problème de la corruption ? Le panurgisme : les autres le font, je dois le faire aussi…



Par contre, j’admets bien volontiers qu’il en a vu des vertes et des pas mûres – en prison, devant l’attitude de son employeur (il est licencié pour absence au travail), devant l’attitude de la justice américaine (qui n’est pas vraiment indépendante) et devant l’attitude des avocats (mais il a accepté l’avocat proposé par son employeur…).



Donc effectivement les Etats-Unis mènent une guerre économique dans le monde entier. Ils se sont dotés des moyens légaux et foncent dans le tas vis-à-vis des plus faibles (et pas contre la Chine). Ce n’est pas avec Trump que cela va changer. On le savait, mais lire noir sur blanc comment cela se déroule réellement, comprendre que tous les acteurs américains sont impliqués dans ce but, est renversant.



Un livre où l’on comprendra que les dirigeants français aussi ont baissé leur culotte, à l’exception de Arnaud Montebourg. « Chez nous, la consanguinité au sein des conseils d’administration est telle, que tout le monde se tait » (p. 287).



Un excellent témoignage, bien meilleur que le roman de Dominique Manotti, ‘Racket’, sur le même sujet. Tout est bien décrit, et l’enchaînement des éléments est clair.

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Le piège américain

L'édifiante histoire d'un cadre d'Alstom devenu l'otage de la justice américaine. Abandonné et trahi par Alstom et par son P-DG, il va passer cinq années en enfer. En tournant les pages de ce témoignage particulièrement précis et documenté, on découvre le calvaire de cet homme qui est confronté à l'injustice, à la brutalité et, au final, à l'inhumanité. A lire absolument.
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Les grandes plaidoiries des ténors du barreau

il est des livres qu'on prend plaisir à laisser durer, des livres qu'on aime lire à haute voix pour la puissance des mots.



Forcément, ces plaidoiries (enfin ces extraits) s'y prêtent volontiers et quel que soit le sujet abordé ou la partie représentée.



Pour peu qu'on ait une appétence à la matière juridique, pour peu qu'on se dise que la justice ou le droit d'un pays reflète son régime, alors ce livre ne peut que vous séduire.



Je comprends ces concours de plaidoiries pendant mes années d études car le mot doit être incarné.



Alors oui, on retrouve des grands noms du barreau mais ils ne gagnent pas toujours malgré leur qualité, on retrouve des procès affreux et même convaincus de la culpabilité de l inculpé, la plaidoirie nous touche... et ça peut déranger !



J'ai aimé plus Leclerc, Halimi et même de plus modérés. j'ai moins aimé le style Collard ou Verges.

Mais on ne peut nier 2 choses :

- la force des mots et des avocats à les incarner

- la grande difficulté d'être juré face à ses maîtres du prétoire.



bonne lecture à tous, pour ma part je suis déjà nostalgique .
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Le piège américain

Pierucci Frédéric et Aron Mathieu – "Le piège américain : l'otage de la plus grande entreprise de déstabilisation économique témoigne" – Lattès : 2019 (ISBN 978-2-7096-6407-3) – format 23x14cm, 396p.



Comme l'indique le texte de la quatrième de couverture, Frédéric Pierucci était – pendant plus de deux décennies – l'un de ces capitaines d'industrie œuvrant en toute bonne conscience pour une des rarissimes entreprises multinationales françaises, à savoir Alstom.

Laquelle multinationale constituait l'un des fleurons de la technologie et du savoir-faire franco-français, de surcroît dans des secteurs clés pour l'indépendance nationale puisque touchant à rien de moins que les armements nucléaires ou la production (ô combien vitale aujourd'hui) d'électricité. Ces quelques entreprises étaient tout droit sorties du rêve gaullien de grandeur nationale, via la création en 1969 de la "Compagnie Générale d'Electriciré" (CGE), devenue par la suite (1991) "Alcatel-Alsthom".



Avec l'avènement de cette caste de technocrates mondialisés hors-sol pour lesquels les Etats-Unis constitue la référence absolue – à grands renforts de de multiples "-ing", marketing, trading, managing etc –, jouant au poker "à l'international" (sic) avec les sociétés employant des milliers de personnes, il fallut "bien évidemment" privatiser complètement ces activités et les laisser dériver aux "bons" soins de chevaliers d'industrie ayant pour objectif de se remplir les poches tout en jouant les héros totalement dévoués à "leur" entreprise – comme l'auteur l'écrit en toute bonne foi à plusieurs reprises.

Cette caste est issue, produite, engendrée par le système typiquement franchouillard des "grandes écoles" en passe aujourd'hui de se voir supplantées par les "MBA" commercialisés par toute sorte d'officines, dont les plus "sérieuses" sont de pures émanations états-unisiennes.

Jusqu'en avril 2013, le brave petit soldat Frédéric Pierucci était tout fier d'appartenir à cette "élite" mondialisée qui pille allègrement la planète, tout particulièrement les pays du Tiers-Monde, et détruit les emplois sans vergogne dans les pays industrialisés lorsque "le marché" et – surtout les dividendes des actionnaires l'imposent.

Bien naturellement, cette engeance recourt sans scrupule à ce que l'on appelle "la corruption", Alstom avait même instauré des "process" (un mot fétiche chez ces gens-là) internes définissant et organisant ces procédures très courantes dans cette nomenklatura.



Notre auteur consacre des pages entières et un chapitre particulier, le vingt-deuxième (pp. 150-158), à la description de cette législation états-unisienne dénommée FCPA, "Foreign corrupt practices act", édictée en 1977 suite – croit-il naïvement – aux découvertes de multiples trafics de corruption dans l'affaire du Watergate à l'époque de Nixon.

Il oublie de préciser que l'une (parmi d'autres) des racines fondamentales de cette loi réside plutôt dans la fin des empires coloniaux (chaque grande puissance coloniale se réservait son pré carré) et l'avènement de régimes dictatoriaux dirigés par des sbires avides d'argent, dépourvus de tout scrupule, s'empressant d'armer leurs pays en affamant leur population (affaire Lockheed, p. 151) sans oublier de remplir leurs comptes en Suisse.

C'est un simple oubli, notre auteur montre fort bien comment, très rapidement, les grandes entreprises états-unisiennes détournent cette "louable et vertueuse" législation en l'utilisant pour racketter les sociétés étrangères (pp. 152 et suivantes). Toujours aussi enfarinés et béats, nos dirigeant(e)s européen(ne)s se laissent rouler dans la farine depuis les années 2000...



L'intérêt majeur de ce témoignage réside en effet dans cette démonstration : ce FCPA est dorénavant utilisé délibérément par le fisc états-unisien pour rançonner à grande échelle les entreprises étrangères.

Les annexes (pp. 387-391) appuient ce que tout le monde savait depuis vilaine lurette. Rien que pour la France, on relève les amendes astronomiques infligées à Total, la Société Générale, Alcatel, Technip, et la liste des entreprises ainsi pillées est largement dominée par les européennes. Ben voyons.



Ce témoignage écrit dans un style clair dénué de tout pathos, explicite d'autres aspects cruciaux du "paradis états-unisien" : la justice toujours à charge, son fonctionnement, les prisons de haute sécurité, le mépris des droits les plus élémentaires de la défense, l'obsession de l'argent etc etc.



Accessoirement, il exhibe également la lourde responsabilité que portent certains de nos dirigeants, comme un Hollande (effarant d'incompétence), un Patrick Kron ou un Macron (vendant les débris d'Alstom à General Electric).

Sans scrupule aucun, du haut de son abyssale sottise, notre élite mondialisée, standardisée à grand renfort de MBA, continue de démanteler les industries européennes au nom de la sacro-sainte libre concurrence : ces gens viennent de signer l'accord du CETA, le démantèlement des restes d'agriculture locale "grâce à" l'accord commercial avec les pays du Mercosur, sans oublier de refuser l'alliance avec Siemens pour contrer Huawei : le massacre se poursuit... ces vautours sont en train de dépecer EDF...



A ce titre, même s'il est quasiment impossible de compatir au triste sort de l'auteur puisqu'il fut acteur de ce système infernal et n'aspire qu'à y reprendre du service, il faudrait assurer une diffusion la plus large possible de cet ouvrage, à lire et à offrir. Je ne saurais conclure sans une pensée émue pour les salariés de General Electric à Belfort...



Un livre à lire et à offrir.

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Le piège américain

Livre extrêmement intéressant sur la puissance du droit américain et le combat d'un homme. La force de l'auteur réside dans la manière dont il raconte cette prise d'otage.



Le récit personnel m'a beaucoup attristé et je n'avais qu'envie de voir l'auteur sortir de ce tourbillon administratif et pénitencier sans coeur et sans justifications. Sur l'analyse de l'influence américaine et de ses méthodes d'action, Frédéric Pierrucci est brillant et explique parfaitement l'outillage administratif et juridique de Washington.



Ce livre est à mettre entre les mains de toute personne intéressée par les récits économiques, juridiques, carcéraux et même politique. Quant à ceux qui souhaitent se spécialiser dans l'analyse économique et l'intelligence économique, ce livre est tout bonnement indispensable.
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