Citations de Maurice Maeterlinck (296)
Une vérité cachée est ce qui nous fait vivre. Nous sommes ses esclaves inconscients et muets, et nous nous trouvons enchaînés tant qu'elle n'a point paru.
Rien n'est plus triste et plus décevant qu'un chef-d'oeuvre, parce que rien ne montre mieux l'impuissance de l'homme à prendre conscience de sa grandeur et de sa dignité.
Chacun donc, dans cet héroïque matriarcat, fait obstinément son devoir au profit de tous, comme si tous n'étaient que lui seul. Le centre de gravité de la conscience et du bonheur n'est pas le même que chez nous. Il n'est pas dans l'individu mais partout où se meut une cellule du tout dont l'individu fait partie. Il en résulte un gouvernement qui est supérieur à tous ceux que l'homme pourra réaliser.
Nous nous émerveillons que nos animaux domestiques les plus intelligents passent chaque jour à quelques millimètres d'une idée sans l'apercevoir.
Chacun donc, dans cet héroïque matriarcat fait obstinément son devoir au profit de tous, comme si tous n'étaient que lui seul.
LA PETITE FILLE (poussant un cri de désespoir). Maman !... Il est parti!...
(Elle éclate en sanglots.)
TYLTYL. Ce n'est rien... Ne pleure pas...Je le rattraperai... (S'avançant sur le devant de la scène et s'adressant au public.) Si quelqu'un le retrouve, voudrait-il nous le rendre?... Nous en avons besoin pour être heureux plus tard...
Rideau.
Le grand, le seul secret, c'est que tout est secret. Apprenons au moins, à l'école de nos mystérieux ancêtres, à faire comme ils l'avaient fait la part de l'inconnaissable.
Le Dieu qui mène les hommes et les peuples est toujours conforme au Dieu que ces hommes et que ces peuples ont créé. Il ressemble inévitablement à ce qu'ils sont. A peuple barbare, Dieu barbare; à peuple cruel, Dieu cruel; à peuple injuste et perfide, Dieu perfide et cruel. ce n'est pas leur Dieu qu'ils imitent, c'est leur Dieu qui pense et agit comme ils ont coutume de penser et d'agir. Il ne les précède pas, il les suit. Ils ne lui obéissent point, mais il ne fait que ce qu'ils veulent qu'il fasse. Quand un miracle unique dans l'histoire, ils rencontrent un Dieu juste et infiniment bon, ils ne le reconnaissent qu'après l'avoir défiguré à leur ressemblance.
"Nous avons créé Dieu parce que nous avons peur du néant qui, n'existant pas, ne pouvait nous faire aucun mal. Mais puisque ce Dieu ne dépendait que de notre imagination, pourquoi l'avoir crée vindicatif, souvent injuste, exigeant, tyrannique, incompréhensible et cruel ? Parce que nous le sommes."
Tout ce qui ne va pas au-delà de la sagesse expérimentale et quotidienne ne nous appartient pas et n''est pas digne de notre âme. Tout ce qu'on peut apprendre sans angoisse nous diminue.
Ils croient que rien n'arrivera parce qu'ils ont fermé la porte, et ils ne savent pas qu'il arrive toujours quelque chose dans les âmes et que le monde ne finit pas aux portes des maisons.
On ne sait pas comment il faut qu'on aime... les uns aiment ainsi et les autres ainsi ; et l'amour fait ceci, ou l'amour fait cela ; et c'est toujours très bien puisque c'est l'amour... On le regarde au fond de soi, comme un vautour ou comme un aigle étrange dans une cage... La cage vous appartient, mais l'oiseau n'appartient à personne... On le regarde avec inquiétude, on le réchauffe, on le nourrit, mais on ne sait jamais ce qu'il va aire, s'il va voler, se meurtrir aux barreaux ou chanter... (Aglavaine, Scène 2 Acte II)