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Critiques de Max Porter (113)
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La douleur porte un costume de plumes

Un gros coup de cœur pour ce récit qui mêle conte, théâtre, poésie. Deux garçons perdent leur mère, restés seuls avec leur père, leur apparaît alors un corbeau pour les aider à traverser cette période difficile. Très beau roman.
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La douleur porte un costume de plumes

Un petit livre totalement atypique et tellement intense qu'une fois refermé on n'a qu'une envie, le relire ! Le relire pour savourer à nouveau chaque mot, chaque dialogue, retrouver le corbeau et sa façon de parler hilarante, le relire pour ressentir à nouveau toutes ces émotions qui nous envahissent. C'est un petit chef-d'œuvre de tendresse et d'humanité, on passe du rire aux larmes en un mot, de la magie à la réalité en une phrase et on tente d'oublier que les corbeaux ne frappent pas à votre porte en tenant des propos délirants. C'est un livre sur le deuil, sur l'absence, la perte d'un être cher et la façon dont chacun appréhende ce moment.



Si le propos est original, la construction du livre l'est aussi. De courts chapitres attribués à chacun des personnages, un style varié en fonction du narrateur, une écriture entre la prose et la poésie, rien dans ce livre n'est plat ou banal. Max Porter joue avec les mots et avec ses lecteurs à travers la diversité de son style et la façon dont son texte vient se positionner sur la page. C'est toujours réalisé avec intelligence et finesse et si on est surpris, interpellé et bousculé c'est pour mieux savourer le texte et ressentir l'intensité des sentiments que procure ce roman.



Le personnage de Corbeau est une sorte d'entité magique qui sert de béquille pour aider cette famille endeuillée à supporter la souffrance de l'absence. Chacun y trouvera ce qu'il souhaite y voir, une baby-sitter compréhensive et amusante, une aide compatissante, une sorte de catalyseur des sentiments, un psy gratuit et disponible… Personnage haut en couleurs, à la gouaille hilarante, Corbeau dédramatise la situation dans un style bien à lui, imagé, voire vulgaire et malgré tout c'est beau, touchant, drôle et infiniment intelligent. On sort de ce récit bouleversé, amusé et revigoré, et si le propos est plutôt triste, on en sort pourtant regonflé à bloc. Comme si Corbeau nous avait à nous aussi apporté un peu de son aide précieuse pour affronter nos propres difficultés.



Un petit livre tendre et intense qui m'a emballé. Je remercie Babelio et les Editions du Seuil pour ce moment de grâce et d'humanité.

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Shy

Holy shit.



C'est dans ta forme ou dans ce que tu racontes que j'ai eu autant l'impression de me lécher les doigts ?



J'aime les récits qui utilisent une typographie déconstruite. s'en allant pulvériser des murs invisibles afin d'y former des puzzles aux champs lexicaux taillés sur mesure.



Shy se déroule dans les années 90 et suit l'histoire d'un gosse qui vrillebrille sévère. Il séjourne à la Dernière Chance, ce qui en dit long sur les possibilités que lui offrent la vie.



C'est ce genre de textes impossibles à décrire, héritiers de Zadie Smith et s'inscrivants du côté des nouvelles générations anglo-saxonnes constituées entre autres par Kae Tempest (Écoute la ville tomber) ou encore Colin Barrett (Jeunes Loups).



La métaphore du sac à dos, tellement explicite, des silex qui ne demandent qu'à être lourdés dans des fracas, balancés par des gosses de la jungle urbaine aux rythmes étouffés de la drum and bass.



Comment peut-on se sentir aussi touché par une histoire qui ne nous concerne qu'à moitié, parce que vécue le plus souvent du côté spectateur de la scène.



À cause des dégâts provoqués dans les dedans, universels et ravageurs.



Poétique, sombre, violent, le Dog Pound de la littérature, que je vais pouvoir piler comme il se doit, n'est-ce pas ?
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La douleur porte un costume de plumes

Le Corbeau vient un soir frapper à la porte. Le père l’accueille. Les deux fils dorment. Et la mère vient de mourir. Le Corbeau s’immisce, conseille, apaise, se moque, parasite. L'oiseau n’est pas là pour aider à faire le deuil, il accompagne le désespoir, apprend à chacun qu’il faut continuer à vivre. Il est protéiforme, à la fois « charognard et philosophe », insupportable et indispensable.



Le texte fait alterner les voix des personnages en courts paragraphes : Papa, Corbeau, Les garçons. Monologues, dialogues, contes, listes, invectives, la narration chaotique retranscrit à merveille l’état émotionnel fluctuant provoquée par la souffrance. De prime abord, la forme est déstabilisante. Mais au final, les passages incongrues, le comportement trivial du corbeau, les anecdotes légères, les séquences poignantes s’enchaînent et forment un tout cohérent. Le cheminement de la douleur apparaît fluctuant, avec ses moments d’apaisement et ceux où le manque devient trop fort : « Elle n’utilisera plus jamais son maquillage / Elle ne terminera jamais son roman de Patricia Highsmith / Et je n’irai plus lui dénicher des livres pour son anniversaire / J’arrêterai de trouver ses cheveux / J’arrêterai de l’entendre respirer ».



Il y a dans ce premier roman quelque chose d’aérien, de léger, de totalement libre. De l’éparpillement naît la profondeur, des silences montent la gravité. Max Porter a su trouver les mots pour dire la perte, l’absence, en insufflant à sa prose une vitalité qui pousse ses personnages à aller de l’avant. Sans pour autant tourner la page. Car au cœur de tous les échanges demeure la disparue. Son ombre nimbe chacun d’une présence que le temps n’effacera jamais. Mais avec l’aide de Corbeau, la tristesse va prendre son envol et s’éloigner doucement comme, à la dernière page, ces cendres emportées par le vent au dessus de la mer tandis que les garçons crient « JE T’AIME JE T’AIME JE T’AIME ».


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Shy

« Peut-être que tout aurait été différent s’il avait fait cette rencontre, le jour où il a décidé de partir. Peut-être qu’à cet instant, son regard tourné vers l’intérieur, se serait posé sur une douleur qui n’était pas la sienne. Et peut-être qu’il aurait suffit de ce rien pour changer le cours du destin. »



Ce court roman est un déchirement qui, en nous immergeant dans les pensées destructrices d’un adolescent colérique et torturé, nous montre à quel point la vie ne tient qu’à si peu choses. Comme le hasard d’une rencontre qui vient percuter une décision sans appel et le libère de ce « rouleau de fil de fer barbelé qui l’écorche à l’intérieur, tous les jours, du matin au soir. »



Shy est enfermé dans ses pensées où se mêlent des textes de chansons, des paroles de son entourage et les rêves agités qui encombrent ses nuits. Ses rapports avec les autres sont difficiles, souvent violents. Car c’est tout un monde qui se côtoie dans sa tête, ses parents, ses éducateurs, ses petites amies, des héros de feuilletons et des êtres mythiques. Une grande famille qui constitue sa vie et provoque un chaos indescriptible dans son esprit.



Malgré une mère aimante et un beau-père compréhensif, il se sent mal partout et, en 1995, il est placé dans un de ces établissements britanniques pour jeunes délinquants, La dernière chance. Mais rien ne s’arrange dans ce lieu retiré, son malaise ne le quitte pas.



Grâce à l’écriture toute en images et en sensations de Max Porter, nous regardons vivre cet adolescent, convaincus de la justesse du propos malgré un apparent désordre et comprenant cette révolte qui l’empêche de grandir et d’envisager un avenir.



Ce roman m’a déchiré le cœur, par tout ce qu’il dit nous dévoile, à la fois de l’adolescence et de ses tourments, mais aussi des hasards de la vie et peut-être du destin.



Je n’ai pas fini de pleurer en pensant à Shy et je vais le garder dans mon cœur comme une lumière qui n’a pas voulu s’éteindre et que j’aurais tant aimé offrir à mon fils.
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La douleur porte un costume de plumes

Elle vient de mourir: la femme, la mère. Ce jeune veuf, papa, se confronte à la compassion des voisins, de sa famille, de celle de la défunte, des amis. Il n'y a pas eu la voix de l'urgence pour que la maman revienne à la vie, ce fut le fait, acté. Elle n'est plus là.

Un être étrange arrive lui, il n'est pas attendu, pas même convié à entrer, le Corbeau. Il s'agit bien d'un corvidé de deux mètres de haut, un oiseau anthropomorphe c'est sûr mais aussi au comportement bien animal. Il est là, il prend toute la place. Il est l'agitateur par lequel la vie du père et de ses deux jeunes fils va reprendre vivacité, spontanéité et petit grain de folie.

"La douleur porte un costume de plume" de Max PORTER parle du deuil. L'auteur s'appuie sur du vécu et sur les poèmes de Ted Hughes, en particulier "Le Corbeau", dont son héros paternel est passionné et analyste.

"Mais qui est plus fort que la mort ? Moi, évidemment.

Admis, Corbeau."

Ted Hughes (extrait de "Examen à la porte du ventre")



Corbeau est ainsi ce volatil chamanique, une voix entre les morts et les vivants. Il est le chasseur de la mort, un de ses subalternes peut-être, un charognard, un viandard de chair humaine, d'humeurs liquides et molles de toute façon. Il aime à se rappeler la mort, pas cette absence mais bien dans sa matérialité, se démembrement, sa décomposition. Il aimerait tant se complaire dedans et pourtant il offre au vécu de la douleur de cette famille un balancier outrancier. Corbeau est l'asticoteur, il parle sans ambages, cru. Il faut prendre ses gardes avec lui et pourtant il apporte en même temps un soutien infaillible.

Alors oui, est-il vrai? N'est-il qu'une illusion? Dans le corps du texte même la question apparait. Ce roman très court, à 3 voix quand ils sont quatre personnages, est un ping pong de réactions, de culpabilité mais aussi de sursauts. Pas de compassion, de la justesse. L'acte de se tromper, de mentir, de jouer pour grandir apparait en même temps que la responsabilité d'un homme qui ne doit pas se perdre pour ses enfants. Un être envoyé par la morte... baby-sitteur?

C'est beau, scotchant! A relire!
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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La douleur porte un costume de plumes

Voilà un livre qui aura fait parler de lui, un livre singulier, unique et d'une grande originalité !



Si au début de ma lecture j'étais extrêmement surprise du style de l'auteur, de sa façon de narrer son histoire, du caractère fantastique que prenait le récit; c'est au fil des pages que je suis tombée sous le charme de ce conte pour adultes. Après tout face à la question du deuil tout le monde est logé à la même enseigne, il n'y a pas de moyens de se préparer à cela : et si la littérature pouvait nous permettre de guérir (ne serait-ce qu'un peu) ?



Dès lors si la première partie du roman vous déconcerte, persévérez et lisez ce court roman jusqu'au bout ! Est-ce un roman ? Je pense qu'il transcende les genres, c'est un conte, une fable, un roman, un recueil de nouvelles et de poèmes à la fois. Son originalité est sa force et sa faiblesse, c'est ce qui en fait un livre d'une sensibilité aigüe, un roman qui a une couleur, une âme qui plaira aux uns et rendra sceptiques les autres.



J'ai préféré lorsque la parole était donné aux garçons et à leur père, tout simplement parce que leurs sentiments et pensées sont d'une force émotionnelle rare, on comprend petit à petit l'impact de la perte sur leur vie. Le Corbeau quant à lui permet à l'écrivain de faire jouer les mots et la langue : c'est un véritable exercice de style et je vous invite à lire ces passages à voix haute. En effet pour moi ce livre est aussi une pièce de théâtre, imaginez les protagonistes jouer devant vous et vous verrez cela sous une autre perspective.



En définitive, un court instant d'existence, de poésie et d'originalité... Ce livre se différencie de tout ce que j'ai pu déjà lire et il mérite d'être salué pour cela !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Shy



Je tiens d'abord à remercier Babelio et Les Editions du Sous sol pour cet envoi.



Je me faisais joie de découvrir un nouvel auteur et un autre genre, mais là, je n'ai vraiment pas adhérer à sa plume.



On se retrouve avec un ado, Shy, 15 ans, dans les années 90 et qui va devoir quitter « L'école de la dernière chance » car le bâtiment va être vendu. L'école de la dernière chance , c'est là où on place les enfants/ado délinquants. L'histoire se déroule sur une nuit. Shy quitte l'école durant la nuit, avec un sac à dos rempli de silex.



S'ensuit une sorte de dialogue interne, d'idées de retour en arrière , de choses qui se sont passées dans sa vie ou pas. On y retrouve ses

parents, des profs, des amis, des ennemis. Il y a beaucoup de douleur, de problèmes psy.



J'ai eu par moment un peu d'empathie pour Shy, mais seulement vers la 100ème page et cela m'a paru un peu moins "fouilli".



C'est un roman très court (136 pages). Il n'y a aucun chapitre, les différents intervenants/idées sont différenciés par la police de caractère et par une structure, parfois particulière, des paragraphes. C'est très perturbant car on s'y perd un peu, enfin, moi, je m'y suis perdue et j'ai eu du mal à suivre.

Certains passages/vocabulaires utilisés sont assez crus.



Si vous connaissez l'auteur et que vous l'appréciez, foncez. Sinon, si vous êtes curieux et que vous vous voulez faire votre propre avis, foncez aussi. Ce roman est vraiment trop atypique pour moi.



Je mets 3 étoiles parce que je pense qu'il plaira à un certain public (et pour ne pas descendre le livre) mais je suis complètement passée à côté.

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Shy

J'ai découvert avec Shy l'écriture atypique de Max Porter que je voulais lire depuis longtemps. Je savais un peu à quoi m'attendre car j'avais lu de nombreuses critiques de ses précédents ouvrages. J'ai eu l'impression de lire un roman cubiste car comme les peintres cubistes qui analysent, décomposent et réassemblent les objets, Max Porter, nous propose un texte en mosaïques constitué de plusieurs voix narratives nous permettant de découvrir la personnalité pour le moins tourmentée de son personnage principal.



Le texte est donc constitué de fragments plus ou moins longs. Les passages plus développés sont racontés par un narrateur extérieur mais celui-ci adopte le point de vue du personnage principal. On plonge ainsi dans les pensées intérieures et les rêves de ce jeune adolescent, surnommé « Shy » que l'on peut traduire par « timide » voire « sauvage ». On comprend peu à peu que son quotidien est difficile puisqu'il vit dans un centre pour délinquants nommé La Dernière Chance. On découvre aussi son passé et on aborde notamment la rixe qui a mal tourné et l'a sans soute conduit au centre. On le suit dans ses pulsions de mort : il a décidé de se suicider en s'immergeant dans un lac avec un sac à dos rempli de silex. On bat avec lui la mesure puisqu'il est passionné par la musique. Mais tout est souvent brumeux car Shy fume beaucoup. On peine parfois à suivre le fil.



J'ai beaucoup apprécié que l'auteur s'intéresse aux adolescents sans que son roman soit un roman expressément destiné à la jeunesse. J'ai pensé à plusieurs reprises à Holden Caulfield parce que j'ai ressenti la même chose en lisant ce livre qu'en lisant L'Attrape-coeurs. Or, on n'oublie pas ce roman quand on l'a lu, il laisse une empreinte. Je pense que c'est aussi le cas de Shy qui me trotte dans la tête depuis ma lecture. Le personnage de Shy a des côtés attachants, je le vois avant tout comme un adolescent victime de violence qui n'arrive pas à communiquer. Il est devenu délinquant parce que la rage a remplacé les mots qu'il ne trouve pas pour se défendre, puis il sombre dans la déprime et s'échappe du réel par tous les moyens. L'écriture morcelée mime parfaitement le mal-être et le désordre psychologique de Shy et en cela l'oeuvre de Porter est tout à fait réussie. Cela va parfois dans tous les sens et il ne faut pas toujours chercher à comprendre la logique, juste écouter et ressentir. C'est donc une belle expérience de lecture qui sort forcément le lecteur de sa zone de confort.



Une dernière remarque sur le choix de la toile présentée en couverture que j'aime beaucoup et qui permet de mettre en valeur le travail de Nathanaëlle Herbelin . La toile choisie représente l'ombre d'un chien efflanqué qui semble marcher d'un pas décidé le long du rivage comme Shy qui marche d'un pas décidé dans la nuit pour rejoindre le lac. Il se dégage de cette toile une grande mélancolie comme celle que l'on ressent en lisant ce passage au début du livre : « La nuit est immense et elle fait mal. Il tourne le dos à la maison et s'enfonce dans le bleu. Ombre mouvante. »
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Shy

Merci à Babelio, merci aux Editions du sous sol qui m’ont permis de découvrir un auteur que je ne connaissais pas, avec un roman fort dans lequel on plonge sans retour.

C’est l’histoire d’une adolescence fracassée, racontée dans la peau de Shy, à hauteur de son vécu, petite quinzaine d’années et la souffrance au coeur. Le récit vous agrippe en grande partie par l’écriture. Phrases courtes comme une respiration qui peine à reprendre son souffle, et tout le poids de la douleur de Shy dans la lourdeur des silex dont il bourre son sac à dos. Le récit nous invite à le suivre, dans son périple nocturne vers l’étang, son sac sur les épaules et ses pensées dans la tête. La force du roman réside dans la manière dont l’auteur nous fait entrer dans le personnage. C’est une entrée par effraction dans les flashs et les connections qui le hantent, dans le désordre, sans souci de retracer une histoire linéaire, avec les mots de 1995 dans le vocabulaire des ados un peu paumés. La descente aux enfers de Shy prend forme toutefois, avec l’ombre lointaine de l’enfance heureuse qui donne le relief des déchirements d’après, quand tout part en vrille et qu’il ne reste plus que la musique et quelques joints pour se tailler du réel qui blesse.

Un cri de colère convainquant.
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Shy

Run boy run



Shy, timide en anglais, est le patronyme avec lequel l'auteur a choisi de désigner son personnage principal. Un choix qui peut paraître étrange car l'enfant perturbé qui nous est présenté dans ce cours récit traîne derrière lui un nombre important de qualificatifs mais timide n'en fait pas vraiment partie.



L'auteur met en scène son personnage à la croisée des chemins, à un moment où il devra prendre une décision déterminante pour son avenir, poursuivre sur la voie de l'autodestruction ou tenter de faire face à ses démons.



Lors d'une fugue qui s'apparente à une nuit de cauchemar, Shy nous fait part de son mal-être profond, une eau noire tumultueuse. À l'aide d'une narration frénétique qui mélange passé et présent, les souvenirs de Shy sont tels des récifs mortels sur lesquels menace de s'écraser le peu de raison qu'il lui reste.



En creux se dresse le portrait d'un jeune homme désœuvré qui ne sait ce qu'il doit détester le plus, lui-même ou le monde qui l'entoure.



La seconde partie, à défaut d'apporter une réponse aux tourments de Shy, offre un répit salvateur, telle la lumière de l'aube après une tempête nocturne, la narration s'apaise tout comme l'esprit de Shy. Une lueur d'espoir dans un récit d'une noirceur palpable.



En quelques centaines de pages, Max Porter est parvenu à dresser le portrait d'un jeune homme en déshérence à travers un récit écrit au cordeau.


Lien : https://culturevsnews.com/
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Shy

Une première lecture de Max Porter, elle est plutôt déconcertante mais intéressante.

On pourrait prendre une expression

de la dernière page pour donner la tonalité du récit: « La Dernière Chance ravagée ».

L'auteur se met dans la peau de Shy, un adolescent torture. Et Porter ne mâche pas ses mots. Shy a sombré dans la violence et dans la délinquance. Les regards portés sur des individus comme lui par la société s'opposent: pour certains ce sont des criminels que l'Etat est contraint de prendre en charge, pour

d'autres ce sont des jeunes psychologiquement dérangés qui nécessitent une pédagogie adaptée.

Ainsi Shy se retrouve-t-il depuis un an à l'Ecole de la Dernière Chance hébergée dans un vieux manoir.

La mise en page et la typographie particulières accentuent le caractère tourmenté de Shy qui ne cesse de faire des retours en arrière sur son passé et sur ses rêves, ses passages à l'acte ont été nombreux et il

est emmuré dans ce passé malgré la bienveillance et l'écoute dont il est l'objet . Ce garçon n'a plus aucun espoir et il semblerait que l'annonce de la vente du manoir et partant la fermeture de l'Ecole le déstabilisent encore davantage.Et les pierres de silex qu'il porte dans son sac à dos sont la métaphore des échecs qu'il a vécus et qui le plombent…

Merci à Babelio et aux Éditions du sous-sol.

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Lanny

un village, 6 personnages, un enfant disparait. Mais en fait il s'agit d'un conte choral a plusieurs voix, ecriture très très original, mais si vous aimez les récits linéaires ce n'est pas pour vous, pas si facile à lire car parfois on ne sait pas qui parle, on s'y perd. Je pense que c'est un peu la volonté de l'auteur. Des decors de nature avec des bois, de la mousse, un des personnages est irréel.... laissez vous emporter et soit vous vivrez un magnifique conte, soit vous aurez simplement découvert une curiosité, un "petit poucet" original ! Pour ma part je n'ai pas vraiment accroché, d'ou simplement 2 etoiles. Mais là il s'agit vraiment d'une question de goût.
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Lanny

Dans un village, aux abords de Londres, vit un jeune garçon nommé Lanny. Sa mère passe ses journées à écrire des romans policiers et son père prend le train tous les matins afin d'aller travailler dans la capitale.



Ce dernier sait très bien que son fils n'est pas comme les autres enfants, qu'il est différent. Lanny est rêveur et il prononce parfois des paroles qui déconcertent son entourage.



Parmi les villageois, nous faisons également la connaissance de Pete surnommé "le dingue" par les habitants. Un vieil artiste qui collectionne les squelettes d'oiseaux et initie Lanny à l'art lors de cours hebdomadaires à son atelier.



Mais surtout, il y a le Père Lathrée Morte. Une créature malveillante, sans âge, qui erre dans le village et se nourrit des mots des villageois. Il scrute les habitants, notamment le jeune Lanny, avec beaucoup d'attention. Jusqu'à ce que survienne un événement qui va semer le chaos dans le village.  



Il est vraiment difficile de vous parler de ce roman très étrange, à l'atmosphère inquiétante, qui bouscule les codes. 



Les mots de Max Porter virevoltent sur les pages de ce roman au rythme des voix des villageois qui s'entremêlent.



Un texte fascinant, décousu aussi et dans lequel je me suis parfois égarée. Cependant, le mystère qui se dégage de cette histoire m'a happée jusqu'à la dernière page.



Un récit noir, fantastique, oscillant entre conte et légende. Une expérience de lecture unique et déroutante, où la réalité se perd dans les dédales de l'imagination fertile de Max Porter.  
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Shy

J'avais très envie de découvrir l'écriture de Max Porter.



Comment dire ! C'est déconcertant, interpellant ! Rien qu'en tournant les pages de Shy, on découvre plusieurs polices d'écriture, de grandeurs de caractères. Un style d'écriture atypique, c'est certain.



Même si j'ai été déconcertée, j'ai été happée par ce récit qui nous plonge dans la tête d'un ado en difficulté d'être au monde.



Shy a tout fait, il a volé, sniffé, frappé son prof, s'est fait viré de l'école. Nous sommes en 1995 en Angleterre, il est à l'école de la dernière chance, une résidence pour mineurs délinquants mais malheureusement celle-ci va fermer car des promoteurs immobiliers ont d'autres projets.



Shy fugue et se dirige droit vers une mare, un sac à dos rempli de pierres bien lourdes pour être certain de ne pas remonter et d'en finir.



Il n'en peut plus de ce monde, de ses cauchemars, de ses pétages de plomb, de cette impossibilité de communiquer, de ne pas savoir se faire des amis, de toujours disjoncter. Il souffre et est violent sans raison. Il a honte, se sent coupable, est solitaire dans un mal-être constant, incompris malgré l'amour de sa mère.



Toutes ces voix dans sa tête... Il revit sa courte vie, c'est le chaos le plus complet, toute cette rage, ce désespoir.



Avec la forme de l'écriture, parfois sur quelques pages sans réelle ponctuation, Max Porter se glisse dans la tête de Shy. On comprend comme c'est terrifiant. On ressent la tristesse colossale de Shy, l'agitation et sa détresse transpirent dans l'écriture.



J'ai beaucoup pensé aux "dragons" du roman de Jérôme Colin. Un livre puissant, touchant, indispensable pour qui veut essayer de comprendre.



Ma note : 8.5/10


Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Shy

Shy est un adolescent timide et renfermé, il s’est toujours senti mal dans son corps et sa vie. Il passe par des phases dépressives et/ou agressives tout en trouvant une échappatoire dans la musique, la drogue et la violence. Devenu pensionnaire de l’Ecole de la dernière chance tenue par des travailleurs sociaux très dévoués, il retrouve un fragile équilibre mais voilà qu’on annonce que ce manoir est devenu la proie de promoteurs. C’en est trop pour lui, il prend son sac à dos rempli de pierres et fait le mur… Par ce voyage, Shy peut-il devenir enfin plus fort ?

Ce roman est le récit d’une errance : Max Porter y mêle plusieurs voix narratives et plusieurs époques en jouant sur la graphie et la mise en page du texte. C’est cette recherche stylistique qui fait l’originalité du roman et sa force pour traduire le malaise et l’histoire de Shy. D’ailleurs, le travail de traduction est très réussi. J’ai été touchée par plusieurs passages mais l’ensemble m’a paru trop sombre et parfois confus pour vraiment me convaincre totalement.

« Il aimerait arrêter d'avoir des hauts et des bas. Il aimerait arrêter son esprit. L'éteindre. Il aimerait dormir pendant des jours sans faire de rêves. Il aimerait avoir dix-huit ans, pouvoir s'acheter une bouteille de Captain Morgan et un paquet de clopes, se poser quelque part sans personne et ne pas penser. »

Merci aux Editions du sous-sol qui m’ont fait découvrir l’écriture recherchée de M. Porter dans ce roman du mal-être via une masse critique Babelio.

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Shy

Écriture incandescente pour cette éruption littéraire.

Suivre le magma sur les flancs de Shy, volcan adolescent, vous obligera et suivre plusieurs sillons en parallèles, comme autant de fils narratifs d'époques et de voix différentes. Au final, tous se rassemblent pour former l'histoire de Shy, adolescent volcanique.



Une jeunesse brisée, à la violence à fleur de peau, dans l'Angleterre des 90's. Jeunesse incomprise et qui frappe, fume, boit, par réflexe, croyant y bâtir sa survie.



Dans un centre pour ados à problèmes, Shy vivote avec ses camarades d'infortune. Amitiés brutales qui s'envolent et se recollent, dans un tourbillon lancinant.



Quel sens donner à la vie ? Quelle valeur donner à ses envies, quand sa parole résonne dans le vide ?



Shy est une expérience de lecture formidable, où les changements de typographies transportent la narration dans le temps, et parfois l'espace.

La musique traverse les pages et ne pas connaître les références ne gêne pas la lecture - je plaide coupable.



Merci à Babelio et aux éditions du Sous-sol pour ce livre reçu via une Masse Critique.
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Shy

Un récit court, embrouillé, avec une touche de poésie et une grande force des mots. Voilà ce qu'est Shy.

Dans l'esprit d'un jeune homme complexe, en grande détresse et au bord du gouffre, on découvre peu à peu qui il est. Ce qui se cache derrière l'image que les autres peuvent en donner. Ce qu'il ne dit pas. Ce qu'ils ne comprennent pas. À travers la mise en scène, la psychologie du personnage et le récit lui-même, l'auteur réussit à se mettre dans la peau de cet adolescent et à faire ressentir au lecteur toutes les émotions et les sentiments par lesquels il passe au fil des moments de sa vie qui sont racontés entre ses pages.

La mise en scène, parcellaire et donnant une impression d'infini, sans début ni fin, renforce ces émotions ressenties par Shy. On y perçoit tout son mal-être, sa souffrance, sa colère et sa solitude. Et tout ramène à ce sac-à-dos rempli de pierre qu'il traîne une nuit, quand même la dernière chance semble sur le point d'échouer, avec l'intention de disparaître.

Même si le texte est court, il n'est pas si facile à lire. Traitant de sujets difficiles et sombres, il est émouvant, dur, mais il résonne aussi avec une certaine force. Une sorte de poésie crue s'en dégage et installe une atmosphère tour à tour délétère et non dénuée d'espoir. Et ce malgré le fait que le personnage ne voit et retient essentiellement que les mauvais côtés de son existence. C'est un peu une mise à nu dont seul le lecteur voit réellement l'intégralité de ce qu'il en retourne grâce à ce qui lui est révélé dans le secret de ces pages, ainsi que ce que le narrateur se garde de montrer de lui-même.



Un texte qui a retenu mon attention. Malgré ses quelques 140 pages, il m'a fallu quelques semaines avant de toucher le point final. Car il peut être lourd parfois. Mais je ne suis pas déçue de lui avoir donné une chance.


Lien : https://lenaaupuitsdesmots.w..
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Lanny

Livre « donné » à lire par notre libraire, animatrice du club de lecture “un incontournable de la rentrée littéraire”!!!

Je n’ai rien compris (jusqu’a la page 15) mais j’ai insisté (jusqu’a la page 50)! Puis j’ai résisté ( jusqu’a la page 78). La maman de Lanny m’a fait tenir. Page 79 j’ai abandonné!!!

Loufoque comme Pete, incohérent avec le Père Lathrée Morte, inconsistant comme le papa de Lanny.
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La douleur porte un costume de plumes

La première fois que j'ai entendu parler de ce livre, c'était par Pretty Books. Le résumé m'avait donné l'eau à la bouche mais elle avait abandonné sa lecture alors j'ai décidé de ne pas acheter le livre, on ne sait jamais ... Et puis je suis tombée sur lui par hasard à la médiathèque de la ville où je travaille alors je me suis dit que c'était l'occasion pour découvrir ce bouquin et me faire enfin ma propre opinion ...



Une mère meurt. Elle laisse derrière elle deux petits garçons et leur père terrassés par le chagrin. Un soir, on frappe à la porte de leur appartement londonien. Surgit alors un étrange personnage : un corbeau, doué non seulement de parole mais d’une verve enfiévrée, d’un aplomb surprenant et d’un sens de l’humour ravageur. Qu’il soit chimère ou bien réel, cet oiseau de malheur s’est donné une mission auprès des trois âmes en péril. Il sera leur confident, baby-sitter, analyste, compagnon de jeu et d’écriture, l’ange gardien et le pitre de service — et il les accompagnera jusqu’à ce que la blessure de la perte, à défaut de se refermer, guérisse assez pour que la soif de vivre reprenne le dessus



J'ai terminé ma lecture il y a quelques jours déjà et je ne parviens toujours pas à savoir si j'ai aimé ou non. Alors, pour être plus précise, je n'ai jamais eu envie d'abandonner ma lecture. Ca m'a toujours suffisamment plu pour que je souhaite connaître le fin mot de tout ça mais ce livre est assez étrange et je ne sais pas trop quoi en penser.



J'ai quand même été touchée par cette famille brisée par la mort de la mère. Son mari doit réapprendre à vivre avec ses deux fils encore bien trop jeunes pour être privés de maman. Intervient un étrange corbeau qui a pour mission de tenter d'alléger leur peine. J'ai aimé le thème de ce livre, comment faire son deuil après un décès soudain, comment se reconstruire face à un manque terrible. Je dois dire que c'est une thématique à laquelle je suis extrêmement sensible et ça fait souvent mouche avec moi ...



Et puis la plume de Max Porter est vraiment très jolie, très poétique et elle m'a touchée en plein coeur. Son récit est plein de sensibilité, le lecteur se retrouve impliqué dans la reconstruction de cette famille et il est difficile de rester insensible face à la détresse de ce père.



Finalement, après réflexion, je crois que j'ai tout de même aimé ma lecture. C'est un peu un ovni dans le paysage littéraire, c'est un livre qui ne ressemble à aucun autre connu (ou en tout cas, aucun autre livre que moi je connais ... si vous avez des titres à me proposer, n'hésitez pas !). Si votre chemin croise celui de ce livre, tentez le coup car je pense qu'il peut plaire à pas mal de monde.



Une lecture inattendue qui m'a parfois remué les tripes ...
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