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Critiques de Mervyn Peake (87)
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La trilogie de Gormenghast, tome 3 : Titus ..

Dans le château de Gormenghast vit une famille noble dont la seule occupation consiste à accomplir des rites fixés par une tradition ancestrale. La naissance de l’unique héritier, Titus, laisse tout le monde indifférent, si ce n’est que cela donne lieu à de nombreuses cérémonies indispensables à son rang. C’est dans ce contexte qu’un jeune apprenti s’échappe des cuisines et, par ruse et intrigues, réussit à s’introduire dans l’entourage des seigneurs…

Ce début d’intrigue peut paraître convenu, mais la trilogie de Gormenghast n’a pas pour prétexte de mettre en scène un suspense. Elle cherche avant tout à décrire un univers, et les personnages qui le composent. Le nom même de la trilogie (et du deuxième tome) est celui d’un lieu, celui du château, dont les habitants ont l’impression que rien d’autre n’existe en dehors. Cela en fait d’ailleurs un "personnage" à part entière, voire même le personnage principal de l’œuvre. Pour les anglophones, Gormenghast est un nom plutôt évocateur puisqu’il est la conjonction de deux mots : "gore", qui signifie "sang", dans le sens de sanglant, et "to be aghast", qui peut être traduit par "être frappé d’horreur".

L’horreur est en effet présente tout au long des 1300 pages de la trilogie. En premier lieu parce que Gormenghast est un lieu froid qui semble régir toute la vie qui gravite en son sein et dans ses abords immédiats. En second lieu parce que bon nombres de personnages centraux de la trilogie périssent de mort violente.

Les personnages justement, parlons-en. Rien que leur nom est évocateur. Lord Tombal, 76ème comte d’Enfer, personnage mélancolique qui ne semble intéressé que par les livres qui remplissent l’immense bibliothèque de Gormenghast. Craclosse, son serviteur, aussi rigide d’esprit que la maigreur qui fait craquer ses os à chaque mouvement. Et que dire de Lenflure, l’immonde cuisinier dont le corps est aussi gras que la cuisine qu’il prépare ? Il y a aussi Finelame, personnage médiocre, mais prêt à tout pour assouvir son arrivisme, c’est à dire se hisser tout en haut de l’échelle de l’aristocratie de Gormenghast. Et il y en a bien d’autres encore, chacun représentant une facette exacerbée des travers de l’âme humaine.

Tout cela fait de la trilogie de Gormenghast une oeuvre difficilement classable. Farce ? Drame ? Conte ? Roman médiéval ? Probablement tout cela à la fois et certainement bien plus encore. On pourrait la comparer à Alice au pays des merveilles pour l’irrationalité apparente qui n’est peut-être pas si absurde que cela… Mais émergent également de l’œuvre une angoisse kafkaïenne, celle d’un univers qui a perdu son âme, et une prose rabelaisienne, de par la truculence des personnages. L’écriture de Peake est donc extrêmement riche. Mais l’auteur ne se contente pas de cela et nous invite en plus à analyser la manière dont nous vivons pour, in fine, nous montrer la voie de notre seul et unique but dans la vie : la liberté. Car l’univers de Peake a beau être imaginaire, il est très facilement transposable au notre…

On l’aura compris, la trilogie de Gormenghast est incontestablement l’un des chefs-d’œuvre des littératures de l’imaginaire. Certains auteurs bien plus connus que Peake ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et le revendiquent comme source d’inspiration, Michael Moorcock et Roger Zelazny en tête.
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La trilogie de Gormenghast, Tome 2 : Gormen..

Deuxième volet de la « trilogie de Gormenghast », ce roman est la suite de « Titus d’Enfer ».

Titus a maintenant sept ans. C’est un petit garçon mélancolique qui parle peu ; les obligations qui incombent à son rang lui semblant déjà très pesantes. Il n’y a qu’à l’école qu’il soit traité comme les autres enfants par ses professeurs, car pour tout le monde il est loin d’être un petit garçon ordinaire.

Il n’éprouve de sentiments que pour Nanny Glu, qui l’a élevé, et pour sa sœur aînée Fuschia. C’est d’ailleurs l’un des éléments clé du roman, cet amour qui va se révéler et grandir dans le cœur du frère et de la sœur.

Fuschia est le seul véritable attachement de Titus pour Gormenghast. Rien d’autre ne le retient vraiment, et certainement pas le sens du devoir. Et c’est pourtant lui, Titus, devenu adulte, qui délivrera le château de Gormenghast du mal qui s’y tapissait depuis sa naissance !



Ce sont ces années, de l’enfance à l’âge adulte, que nous suivons, à travers les péripéties du docteur Salprune et de sa sœur Irma, du fidèle serviteur Craclosse banni depuis des années et qui connaîtra un retour en grâce. A travers aussi la présence de « la créature », qui rôde et effraie la population. Sauf Titus bien sûr, littéralement fasciné par elle. Il la suivra dans la forêt lors d’un terrible orage, et le face à face qui en résultera renforce le caractère fantastique de ce livre.

Toutes ces personnes et ces aventures ont un rôle à jouer dans l’évolution du personnage du jeune comte, dans son cheminent vers l’homme qu’il veut devenir.



Ce deuxième roman est beaucoup plus sombre et tragique que le précédent, ce qui le rend encore plus fort et plus beau. Beaucoup de drames vont survenir, donnant lieu à des scènes magnifiques remarquablement écrites. Les personnages vont évidemment s’en ressentir et évoluer vers plus de noirceur, plus de profondeur. Le Docteur Salprune notamment, qui va perdre le sourire qui jusqu’ici ne le quittait jamais. Plus fort encore, la Comtesse d’Enfer, apparemment incapable d’aimer, va pour la première fois sentir vibrer son cœur pour son fils et non plus uniquement pour ses chats et ses oiseaux.

Le roman s’achève sur la décision de Titus quant au chemin qu’il va suivre, et on a alors plus qu’une envie : commencer immédiatement la lecture du troisième et dernier volet !


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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Une trilogie bien étrange et sans comparaison possible avec un tout autre livre: un monde à part, plein de poésie et de cruauté. Une écriture magnifique pour une histoire et des personnages qui restent longtemps en mémoire après lecture !
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

"Títus d'Enfer" de Mervyn Peake offre un huis-clos captivant dans un château gothique, peuplé de personnages hauts en couleur, et rempli de manipulations pour le pouvoir. Une véritable immersion dans un univers fantastique où la folie douce et la mélancolie des personnages ajoutent une profondeur mystérieuse. Malgré quelques longueurs vers la fin, l'expérience de lecture reste envoûtante. Le château de Gormenghast, avec ses salles labyrinthiques et ses couloirs infinis, est un personnage à part entière du livre, j'ai aussi beaucoup aimé certains personnages comme Fuchia ou Finelame et j'ai hâte de lire le tome deux pour retourner dans cet univers particulier.
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Le Cycle de Gormenghast

Bonsoir chers zamis,

Toujours dans le Cycle de Gormenghast de MERVYN PEAKE



Lord Tombal est décédé laissant un Titus de deux ans prendre le trône.

Le temps passe et pour ses douze ans Titus d'Enfer n'en peut plus, il fait une fugue .

Je me retrouve dans ce deuxième chapitre en plein milieu DES TÉNÈBRES avec TITUS.

MERVYN PEAKE n'avait peut-être plus toute sa raison, la maladie envahissait son corps et sa tête. Seulement mes amis, j'ai été propulsée dans le monde de MAJIPOOR (Robert SILVERBERG).

Enfin c'est ce que j'ai ressenti au plus profond de moi avec HYÈNE, BOUC ET L'AGNEAU.



TITUS, me ramène dans Gormenghast après avoir quitté ces forêts maléfiques.



Je vous souhaite une belle lecture
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La trilogie de Gormenghast, tome 3 : Titus ..

Avec "Titus Errant", qui clôt la trilogie de Gormenghast, Mervyn Peake nous offre quelque chose de différent : un voyage halluciné, tourbillonnant...





Titus a quitté Gormenghast, et nous le retrouvons au début de ce récit perdu et à bout de force dans un monde qui lui est totalement inconnu. Sa conscience oscille entre rêve et réalité ; le style se fait saccadé, nous imprégnant du cauchemar éveillé de Titus, qui est pourtant en train de réaliser ce à quoi il aspirait depuis si longtemps : découvrir le monde. Et quel monde !! Qui aurait pu imaginer qu'il existait, hors du domaine, un univers si différent ? Le lecteur avait jusqu'à présent été plongé dans un environnement qui semblait intemporel, comme figé dans une sorte de société médiévale, où l'on s'éclairait à la bougie, et où le seigneur du château étendait son pouvoir sur ses terres de génération en génération et ce depuis des siècles... et là, il est question d'ascenseurs, de machines volantes, et surtout d'une population qui n'a jamais entendu parler de Gormenghast, ni a fortiori d'un éventuel Comte d'Enfer...



Quel choc pour Titus, qui croyait vivre au centre du monde, et à qui ne déplaisait pas tant que ça les marques de déférence inhérentes à son statut. Devenu anonyme, et surtout méconnu, misérable et pourchassé, il en finit lui-même par douter de l'existence d'un Gormenghast dont il devient de plus en plus nostalgique... Ce n'est sans doute qu'à ce prix qu'il pourra comprendre qui il est et réaliser que même loin de son monde qu'il a tant voulu fuir, ses origines déterminent en grande partie l'homme qu'il est devenu.



A l'inverse d'un tome II dense et labyrinthique, le récit est ici composé d'épisodes courts. Le style est direct, efficace, nous découvrons de nouveaux personnages, une nouvelle intrigue et... c'est toujours aussi surprenant, captivant et fantastique !



Pour résumer, et vous m'en voyez grandement désolée pour vos bonnes résolutions PALesques, il faut lire la trilogie de Mervyn Peake, AB-SO-LU-MENT !
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Gormenghast est un incontournable de la littérature gothique : un château lointain, isolé de toute civilisation extérieure, une ambiance lugubre, des personnages tour à tour sombres, loufoques et parfois monstrueux...

Ce récit suit à la fois l'ascension de Steerpike, un jeune garçon de cuisine qui au fil des années s'élève dans la hiérarchie de Gormenghast, en manipulant et utilisant les autres habitants du château à ses fins personnelles, et l'évolution de Titus, comte de Groan, seul à ne pas être dupé par Steerpike.

L'intrigue est prenante, le suspense constamment présent, teinté parfois d'une pointe d'humour, et les personnages tous plus uniques les uns que les autres, dans leur personnalité et leur comportement.

À tous les fans de littérature gothique et à tous ceux qui aiment le fantastique et l'absurde.
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Si je connais depuis longtemps Mervyn Peake pour son travail d’illustrateur sur Alice au Pays des merveilles, ses romans restaient pour moi inconnus. Je connaissais déjà la trilogie Gormenghast par le biais d’une adaptation cinématographique (je n’en ai vu que des extraits) et parce que ma sœur aime beaucoup. Elle m’a prêté les livres il y a déjà quelques années et, ça y est, je me suis enfin lancée. Et je vous le dis d’emblée : ce premier tome est long !

J’ai beaucoup aimé l’écriture de Mervyn Peake ; il ne fait aucun doute qu’il savait se servir de sa plume. En revanche, pour ce qui est de sa narration, c’est autre chose. En effet, si les descriptions sont bonnes, si les personnages sont bien décrits et très distincts les uns des autres (sauf les jumelles), Peake tourne toutefois beaucoup trop autour du pot et, du coup, le texte est très long. Titus naît au début du bouquin ; à la fin des 600 pages, tout juste un an s’est déroulé. Moi qui m’attendais à suivre Titus, à le voir grandir, c’est raté ! Cela dit, j’ai beaucoup apprécié suivre certains personnages comme Cracloss, l’intendant si maigre que, lorsqu’il marche, ses os craquent, Lady Fuschia, fille du comte et grande sœur de Titus, Leurs Excellences Cora et Clarisse, etc. Étonnamment, j’ai bien aimé Finelame alors que ce protagoniste se révèle bien vite horrible : il est charmeur, manipulateur, profondément mauvais. Toutefois, j’ai détesté le chef cuisinier que j’ai trouvé très malsain. Il y a de tout, dans les personnages imaginés par Mervyn Peake, et aucun ne peut laisser quiconque indifférent.e. Sur ce point, c’est une grande réussite d’autant plus qu’ils sont tellement bizarres que c’en est presque étrange de réussir à les apprécier.

Voilà, heureusement que les personnages sont là sinon je me serais ennuyée tout du long. Cela n’empêche pas certains passages d’être interminables mais, quand on retrouve nos héros et héroïnes préféré.es, c’est déjà un peu plus palpitant. Aussi, iels évoluent dans un univers fantasmagorique, surprenant et, pour moi, cela a ajouté une part de mystère aux personnages eux-mêmes, comme s’ils faisaient partie du château de Gormenghast.



Un premier tome en demi-teinte mais je compte bien lire la suite pour me faire un avis plus construit sur cette œuvre.
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Le personnage principal de ce roman est le château-monde de Gormenghast, on l'explore et le parcourt sans arriver à le délimiter. On part à la rencontre de ses habitants, avec leurs émotions et leurs désirs. Tour à tour émouvant et cruel, terrifiant et poétique, tragique et pantagruélique. Très visuel et onirique.
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

C’est un univers unique que nous offre ici Mervyn Peake : une impression d’étrangeté vous gagne dès les premières pages pour ne plus vous quitter. On jurerait se trouver dans une dimension close, uniquement constituée de Gormenghast, ce gigantesque amas de pierres et d’hommes. Détail frappant : le château paraît presque plus vivant que ses habitants, voués à appliquer des traditions vides de sens ou le cas échéant à combler tant bien que mal le vide de leurs existences… On a ici à faire à l’un des plus beaux bijoux de la littérature de l’imaginaire, surtout, ne vous en privez pas ! Elisa
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La trilogie de Gormenghast, Tome 2 : Gormen..

Un cran au dessus du premier tome, Gormenghast nous fait parcourir plusieurs années de la vie du soixante-dix-septième comte d'Enfer, Titus, de la petite enfance à l'âge adulte.

On y retrouve l'étonnant Finelame, plus carriériste que jamais, qui n'hésite plus à écarter tous les protagonistes qui pourraient entraver sa fulgurante ascension. Il y a beaucoup plus d'action dans Gormenghast que dans Titus d'Enfer, mais il y a également beaucoup de passages à mourir de rire - Je pense notamment à la réception chez les Salprune.

Ce deuxième tome est donc une lecture fort recommendable, et évidemment indispensable si vous avez déjà lu le premier tome.



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La trilogie de Gormenghast, tome 3 : Titus ..

1959 : parfois déroutant, le 3ème volume de "Gormenghast" est d'une tonalité bien différente.



Troisième volume de la trilogie de "Gormenghast", publié en 1959, écrit difficilement car la santé de Mervyn Peake déclinait alors déjà rapidement, ce roman est sensiblement différent des deux précédents : comme le titre anglais l'indique, Titus, quittant Gormenghast, est seul – sans les personnages ayant accompagné ses 17 premières années, et sans les murailles familières du château. Évoluant plus ou moins au hasard en de nouvelles contrées et parmi de nouvelles personnes, il se perd pour de bon, physiquement et émotionnellement…



Par chance, des personnages exceptionnels tels Musengroin, un aventurier en semi-retraite, et Junon, une adorable femme de la haute société, vont énormément l'aider, contre toute attente, à sauver la mise…



Roman étrange, d'une manière très différente de celles de "Titus d'Enfer" et de "Gormenghast", il porte toutefois un charme particulier, que je n'avais pas vraiment idéntifié en première lecture, il y a quelques années, mais que j'ai aimé découvrir enfin l'été dernier… Il augmente aussi le niveau de regret sur l'incapacité de Peake, pour cause de santé déclinante, à écrire, comme il le souhaitait, le 4ème et le 5ème volumes, car ce "Titus errant" pointe la voie d'une autre magnificence…

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La trilogie de Gormenghast, Tome 2 : Gormen..

1950 : avec ce deuxième tome, Peake atteint son sommet. L'essence du gothique tordu.



Deuxième volume de la trilogie de “Gormenghast”, publié pour la première fois en 1950 (en 1977 en français), ce roman de 400 pages représente sans doute le sommet de l'art de Mervyn Peake. Après la fin plutôt raide de "Titus d'Enfer", nous sommes projetés quelques années plus tard. Les personnages existent maintenant fermement dans notre esprit, comme de vieux compagnons de voyage, et c'est avec plaisir et familiarité que nous allons accompagner Titus adolescent, ou le docteur Salprune et Lady Gertrude, qui continuent discrètement à réfléchir aux sombres événements du premier tome…



La revue de personnages des six premières pages de “Gormenghast” est certainement l'un des plus beaux passages de littérature que je connaisse.



"Titus a sept ans. Son monde, Gormenghast. Nourri d'ombres ; sevré dans les linges du rituel : ses oreilles vouées aux échos, ses yeux à un labyrinthe de pierre ; pourtant, dans son corps, autre chose - autre chose que cet ombrageux héritage. Car d'abord, et avant tout, il est un enfant.

Des rites plus contraignants que jamais homme n'en conçut luttent contre les ténèbres enracinées. Un rituel du sang ; du sang bondissant. Ces sensations vives ne viennent pas de ses ancêtres, mais de ces foules insouciantes, mille fois millénaires, des enfances de la planète. Le don du sang joyeux. Du sang qui rit quand les dogmes disent : "Pleure". Du sang qui pleure quand les lois sèches ordonnent : "Réjouis-toi !' Ô petite révolution en grandes teintes !"



“Irma n'écoutait jamais que les cinq premiers mots des périodes quelque peu entortillées de son frère, si bien qu'une quantité respectable d'insultes lui passaient par-dessus la tête. Des insultes qui n'avaient, en soi, aucune méchanceté et qui procuraient au docteur une forme de divertissement verbal sans lequel il aurait dû passer tout son temps enfermé dans son cabinet. D'ailleurs, ce n'était nullement un cabinet, car, bien que les murs fussent tapissés de livres, il ne contenait rien d'autre qu'un fauteuil très confortable et un fort beau tapis. Il n'y avait pas de bureau. Ni papier ni encre. Ni même une corbeille à papiers."



Ce volume est aussi, sans doute plus encore que le premier, l'illustration parfaite de cet humour noir et tordu, par lequel – comme il me semble avoir lu Iain Banks le rappeler à l'occasion – toute possibilité atroce qui existe, a des chances de se matérialiser…



L'édition Phébus de 2000, reprise en Points Seuil, nous offre en prime une utile préface de Patrick Reumaux.

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Capitaine Massacrabord

Première traduction en français d’un classique paru en 1939 à Londres sous le titre de Captain Slaughterboard drops anchor ; il paraît pour le centenaire de la naissance de son auteur, illustrateur d’une édition anglaise d’Alice au pays des merveilles et écrivain prolixe qui a influencé la fantasy anglo-saxonne.



Une touche loufoque est présente tant dans le l’illustration que pour le texte. Un être doté d’une tête originale et vivant sur une île (où le bateau des pirates aborde) parmi des animaux aux formes s’inspirant de l’imaginaire médiéval (autrement plus effrayantes que des physiques de pirates), amène l’apparition chez le capitaine de ce voilier de sentiments de tendresse envers le nouveau venu.



Après la mention d’aventures sur mer qui déciment l’équipage, le capitaine et la Créature jaune retournent sur l’île d’origine de cette dernière pour y vivre des jours paisibles auprès d’animaux aux contours certes difformes mais qui ne présentent pas de dangers pour eux.




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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

C’est dans le cadre d’une lecture commune avec A-Girl-From-Earth que j’ai lu ce premier tome de la trilogie de Gormenghast et je m’en félicite car, seule, sans cet engagement qui me fixait une date, je n’aurais pas été jusqu'au bout de ma lecture et j’aurais eu tort. Je me serais arrêtée après les premiers chapitres, incapable de me situer dans cet immense château, à travers cette impressionnante cuisine infernale avec ces personnages si caricaturaux que je ne cessais de confondre.



Quelques mois après, je viens de me plonger à nouveau dans ce récit très spécial et je l’ai dévoré d’un trait, sans plus m’arrêter. Désormais lire la suite devient une ptiorité . J’ai besoin de connaître le sort du bébé d’Enfer, Titus, de Fuchsia, sa sœur, de Finelame au cœur de pierre, de la Comtesse et de tous les autres personnages, bons ou mauvais, tous très étranges!
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Titus dans les ténèbres

Si vous ne connaissez pas Mervyn Peake, ce petit ouvrage d'une centaine de pages est celui à lire en premier ! Un merveilleux effrayant !
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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Au pied de la montagne, au bord de la rivière, se dresse le château de Gormenghast, immense et labyrinthique, majestueux et en partie en ruine. C’est le domaine des comtes d’Enfer. Aujourd’hui est un grand jour : Titus est né, soixante-dix-septième comte d’Enfer. Gormenghast a un héritier, « l’héritier de milliers d’hectares de pierres croulantes et de vieux ciment, l’héritier de la tour des Silex et des douves stagnantes, des monts déchiquetés et du fleuve glauque […] ». L’héritier également d’une loi et de rites absurdes, dont l’origine remonte à des temps immémoriaux et la signification s’est perdue, mais qui n’en rythment pas moins la vie des habitants du château.

Dans les dédales sombres se croisent quantité de personnages : Lord Tombal, le mélancolique comte ; sa femme, Lady Gertrude, rousse, énorme, toujours entourée d’une nuée d’oiseaux ou d’un tapis de chats blancs ; Fuschia, leur fille, sombre et rêveuse, avide d’affection ; Craclosse, l’arachnéen serviteur, dévoué à son maître et à la tradition de Gormenghast ; le jovial docteur Salprune, qui doute et le cache sous ses airs mielleux ; Grisamer, le vieux docteur de la loi des comtes d’Enfer ; et aussi Lenflure, Nannie Glu, Brigantin, Irma Salprune, les jumelles Cora et Clarice… Sans oublier Finelame, personnage clé, hautes épaules et front bombé, jeune marmiton évadé des sombres cuisines du château et qui aspire à une destinée plus haute.

Se nouent entre eux des intrigues, des colères et des tendresses, des haines et des attirances, des suspicions et des alliances, qui font du château un théâtre des passions humaines. La quête de l’amour, la jalousie, la recherche de l’identité, la soif du pouvoir, le crime animent leur cœur et inspirent leurs actes culminant dans des scènes d’anthologie grandioses.

L’humour et un sens certain de la dérision enrichissent un récit qui sinon tournerait à la tragédie pure. La condition humaine a aussi ses côtés comiques. Conte, roman gothique, fantasmagorie, « Titus d’Enfer » est tout cela à la fois, et surtout autre chose : un univers singulier. Gormenghast est de pur imaginaire, il existe dans un temps et un lieu indéterminés, mais ce qui se trame dans le château est de tout temps et de tout lieu : des humains, trop humains, se débattant pour s’affirmer et exister. C’est pourquoi les personnages et l’histoire nous fascinent tant.

C’est aussi grâce à la qualité de l’écriture, flot lyrique et sensuel, dense et précis, charriant dans la tête du lecteur une litanie d’images. Le style flamboyant du dessinateur anglais Mervyn Peake (1911-1968), concepteur de livres pour enfants, caricaturiste et illustrateur, ayant laissé quatre ou cinq livres, en particulier La Trilogie de Gormenghast, dont Titus d’Enfer est le premier épisode. Elle comprend également Gormenghast et Titus errant. Une œuvre épique et poétique, ayant inspiré nombre de commentaires et d’études tant elle est riche d’interprétations. En France ses livres sont plus ou moins tombés dans l’oubli pendant vingt-cinq ans. Erreur (faute ?) réparée grâce aux éditions Phébus (encore elles), qui nous permettent découvrir un écrivain unique et un livre inoubliable.






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La trilogie de Gormenghast, Tome 1 : Titus ..

Imaginez une forteresse gigantesque imprenable, s’élevant dans les cieux d’un monde médiéval étrange et absurde, dans lequel des personnages aussi mystérieux qu’intéressants évoluent et se perdent le long des corridors de pierres froids et labyrinthiques débouchant sur des pièces insolites… imaginez un monde immersif où l’on s’égare dans un huis clos angoissant tout en enquêtant sur les mystères cachés dans les ténèbres du château… et bien vous êtes tombés sur le mauvais livre.



Le livre est terriblement ennuyeux. Le résumé nous promet du fantastique et du mystère en soulevant des questions sur la longue lignée d’Enfer, sur les secrets de la forteresse, sur le sens et les racines des rituels et cérémonies… mais ne nous donne que du vent.



En effet, la forteresse n’est pas un « château-monde surréaliste aux proportions extraordinaires », mais juste un bâtiment quelconque maussade; à aucun moment on ne ressent ses dimensions, et l’auteur échoue à lui donner le rôle et l’importance d’une entité. Pas une seule de ses lignes n’est parvenue à réveiller ma claustrophobie ni à créer de l’angoisse dans ces couloirs renfermés centenaires.



Les personnages sont tous plus insipides et insupportables les uns que les autres. Pas une seule de leur intrigue n’a réussi à captiver mon intérêt, car tous ne sont caractérisés que par un seul trait de personnalité (Lord Tombal est déprimé, leurs Excellences Clarice et Cora sont stupides, Finelame est manipulateur) ou par un trait physique (Craclosse a les os qui craquent, Lady Gertrude est grosse, Lenflure est gros (oui deux gros!! dont la morphologie constitue la personnalité)); tous sont plats et superficiels à en mourir, et pour en rajouter une couche et assommer les lecteurs l’auteur leur donne des mimiques de langages INSUPPORTABLES qui durent tout du long de la lecture!!! Nannie Glu, docteur Salprune, les jumelles,… sont haïssables au possible.



Soit disant rythmé par la naissance de l’héritier du trône, le livre rend le petit comte bien inutile et sans intérêt; ce n’est qu’une impertinence ridicule de plus dans un livre déjà mauvais… le bébé naît laid et avec des yeux violets et puis c’est tout! Ça n’affecte rien ni personne c’est comme ça parce que c’est comme ça! On le rappelle trois quatre fois tout au long du livre pour le plaisir de faire perdre le temps au lecteur et gâcher des pages.



Quant aux soit disants mystères qui entourent le château et les personnages, où sont-ils? En quoi consistent-ils? J’ai fini la lecture et je les cherche encore.



Cette lecture était pénible au possible et je n’ai trouvé absolument aucun aspect appréciable. Le world building est inexistant et l’époque médiévale impertinente, les personnages détestables et sans intérêt, l’histoire également inexistante et sans intérêt, et même la plume de l’auteur est agaçante.
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La trilogie de Gormenghast, Tome 2 : Gormen..

"Gormenghast" est le titre du deuxième volume de la trilogie de Mervyn Peake. C'est aussi le plus long et le plus dense.

Plus encore que dans "Titus d'Enfer", le domaine y est représenté comme une entité qui aurait presque une vie et une volonté propres. Lorsque l'auteur évoque une menace, c'est bien sur Gormenghast qu'elle pèse, et non directement sur ses habitants. Certains des personnages eux-mêmes d'ailleurs, ne se déterminent que comme des éléments de cette entité. Ce n'est toutefois pas le cas de Titus, qui, en grandissant, supporte de plus en plus difficilement la lourdeur des rituels imposés par le protocole. Il aspire à se réaliser par lui-même, en tant qu'individu, et non comme le représentant d'une lignée séculaire. Il rêve, même, de quitter le château, et de partir à la découverte du monde, si ce monde existe... car en dépit des aspirations du jeune garçon, rien n'indique non plus dans cet opus qu'il y ait, hors du domaine, un ailleurs...



Et en attendant, les forces maléfiques déjà à l'oeuvre dans "Titus d'Enfer" continuent leur funeste progression, l'atmosphère devient de plus en plus glauque et sombre... L'auteur l'exprime en développant davantage son sens du lyrisme et de la métaphore. Sous sa plume, une simple ombre se dote de vie et se fait menaçante, quelques nuages deviennent les prémices d'une catastrophe à venir... Mervyn Peake prend également tout son temps pour détailler les motivations et états d'âme de ses protagonistes, mais il nous offre aussi des dialogues remarquables de cocasserie qui ponctuent la lecture de moments parfois très drôles.



Tout cela fait de "Gormenghast" un récit foisonnant, passionnant, qui vous tient en haleine jusqu'à un final qui ne déçoit pas !
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La trilogie de Gormenghast, tome 3 : Titus ..

Si vous avez lu mes chroniques précédentes sur cette trilogie, vous savez que je n’ai pas accroché. En cause la narration infiniment longue et certains personnages fort peu intéressants (je n’ai pas aimé suivre les professeurs ou encore Irma, par exemple). Pourtant, je n’ai pas trouvé ces romans dénués de qualités : l’écriture m’a plu, certains protagonistes m’ont intriguée. Si ce dernier tome, Titus errant, n’avait pas été presque deux fois plus court que les deux premiers, je crois que je ne m’y serais jamais attelée et je l’aurais rendu sans scrupule. Mais voilà, je l’ai lu et… je l’ai apprécié. Je ne m’y attendais pas car, à en croire les quelques retours de lecteurs et lectrices qui ont aimé voire adoré Titus d’Enfer et Gormenghast, celui-ci leur a bien moins plu. Et pour cause, il change radicalement des précédents livres.

Dans Titus errant, nous reprenons le récit quelques temps après que Titus, notre jeune héros, ait quitté son château, Gormenghast. Et là est déjà le premier grand chamboulement : adieu les épais murs de pierre, adieu le Rituel, adieu les protagonistes que nous avions appris à connaître. Désormais, place à de nouvelles femmes et nouveaux hommes qui parcourent le récit, et alors que nous étions si sûr·es de l’existence de la demeure seigneurale, tout est remis en question : où Titus a-t-il donc atterri pour que personne ne connaisse Gormenghast ? Et il faut bien le dire, dans les tomes précédents, le château était un personnage à part entière.

Au cours de ses errances, Titus va faire la rencontre de nombreux personnages, notamment Musengroin et Junon qui vont être de véritables soutiens – à leur façon – pour le héros, ou encore Cheeta qui s’entiche un peu trop du jeune homme, au point de prendre très mal le moindre refus de quoi que ce soit. Et si cette dernière est bel et bien pénible, telle une écharde plantée dans votre voûte plantaire, les autres sont en revanche très intéressants : Musengroin avec son côté assez brutal mais qui cache au fond de lui un véritable amoureux de la vie, Junon et ses doutes, entremêlés de ses certitudes, elle aussi une grande amoureuse. Quant à Titus, il navigue entre son envie de Gormenghast (que deviennent ses habitants? comment va sa mère?), ses désirs et ses craintes (est-il fou?). Il a beau être le héros, ce n’est pas le personnage que j’ai préféré mais il est tout de même intéressant et ça a été un vrai plaisir de le suivre. Toutefois, il est vrai que certains individus qui parsèment le récit ne sont pas aussi passionnants que les quatre dont je viens de vous parler, pourtant ils n’ont pas été déplaisant à découvrir et à suivre.

Titus errant ne parle pas que d’errance, de doute ou même de folie, il parle aussi d’amour au sens large. C’est bien en suivant le héros et ses ami·es et ennemi·es que l’on s’en rend compte et, tout comme Titus, nous ne savons parfois plus vraiment de quoi il est question. Rien de gênant dans la lecture, au contraire cela nous plonge encore plus dedans.

Petit bémol pour la fin qui, si elle est bien menée et prenante, s’avère toutefois assez longue. Cela n’enlève toutefois rien aux qualités de ce roman qui est très bien écrit, qui a de bons protagonistes et une histoire intéressante.



Et voilà, c’est tout ce que j’ai à dire pour Titus errant. Il conclut très bien la Trilogie de Gormenghast et je regrette qu’il m’ait fallu passer par deux longs tomes interminables pour pouvoir enfin apprécier pleinement le talent d’écrivain de Mervyn Peake (et, oui, je précise « écrivain » car je connaissais déjà de longue date son travail d’illustrateur, notamment sur Alice au pays des merveilles, que j’aime beaucoup et que je vous invite à découvrir).



A noter que, si vous lisez ce livre, je vous conseille de lire la préface une fois le roman terminé, sinon vous risquez de vous faire dévoiler l’intrigue… Heureusement pour moi, pour avoir déjà vécu ça, je ne lis plus les préface sans avoir d’abord lu le bouquin.
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