Citations de Michael Finkel (78)
Le désir d’être seuls, ont découvert les biologistes, est en partie génétique et quantifiable, dans une certaine mesure. Si vous présentez de bas niveaux d’ocytocine, neuropeptide sécrété par l’hypophyse — parfois qualifiée de principal composant chimique de la sociabilité — et de fortes concentrations d’une hormone, la vasopressine, susceptible de réduire votre besoin d’affection, vous aurez tendance à moins exiger de relations personnelles.
Le désir de fréquenter les autres ne m'a jamais quitté, et le simple fait de rester assis, immobile, représentait une épreuve physique. Pourtant, comme si je regardais par-dessus la margelle d'un puits, ces dix jours [ de retraite ] m'ont suffi pour découvrir que le silence pouvait être mystique, et que si vous osiez, se plonger pleinement dans vos profondeurs intérieures finissait par se révéler à la fois pénétrant et perturbant.
je n'ai pas osé - m'examiner avec une telle franchise me semblait requérir une bravoure et une force d'âme que je ne possédais pas... (p. 56)
"Il faut prendre les autres à très petites doses,
Rien ne peut vous apporter la paix que vous-même".
(Ralph Waldo Emerson)
Toute sa vie, il s'était senti à l'aise dans la solitude. La relation avec les autres était si souvent frustrante. Chaque rencontre avec autrui lui faisait l'effet d'une collision.
Je pense que pour la plupart d'entre nous, nous sentons qu'il manque quelque chose dans notre vie, et, dès lors, je me suis demandé si le périple de Christopher n'était pas une quête visant à combler ce manque. Mais la vie ne saurait être une quête infinie de ce qui manque ; la vie, c'est apprendre à vivre avec les parties manquantes.
Thomas Merton, le moine trappiste, écrivait que l'on ne peut rien exprimer de la solitude "qui n'ait déjà été mieux dit par le vent dans les pins".
Aujourd'hui environ un million d'ermites protestataires vivent au Japon. On les appelle hikikomori - ou "retranchés" - et ce sont en majorité des individus du sexe masculin, à la fin de l'adolescence ou au tout début de l'âge adulte, qui ont rejeté une culture nippone sous pression, où règnent la compétition et le conformisme. Ils se sont retirés dans la chambre de leur enfance, n'en sortent presque jamais et, dans bien des cas, ils y restent plus de dix ans. Ils consacrent toutes leurs journées à lire où à surfer sur Internet. Leurs parents
déposent les repas devant leur porte, et des psychologues leur dispensent des conseils en ligne. Les médias les ont qualifiés de "génération perdue" et "de million manquant".
Toute sa vie, il s'était senti à l'aise dans la solitude. La relation avec les autres était si souvent frustrante. Chaque rencontre avec autrui lui faisait l'effet d'une collision. En roulant, peut-être perçut-il en lui quelques murmures de peur et d'excitation, comme s'il était au bord d'accomplir un saut radical. (p. 112)
Mais l'isolement se vit aussi sur le fil du rasoir. Pour d'autres, ceux qui ne choisissent pas d'être seuls - pour les prisonniers et les otages -, la perte d'une identité socialement créée peut se révéler terrifiante, un plongeon dans la folie.
Une liste sans fin d'écrivains, de peintres, de philosophes et de scientifiques purent être décrits comme des ermites, parmi lesquels Charles Darwin, Thomas Edison, Emily Brontë et Vincent Van Gogh. Herman Melville, l'auteur de -Moby Dick- se retira presque complètement de la vie publique pendant trente ans. "Toutes les choses profondes, écrivit-il , sont précédées et entourées de Silence. " Flannery O' Connor quittait rarement sa ferme de Géorgie. Albert Einstein se définissait comme " un solitaire au quotidien" (...)
Ce n'est que lorsque nous avons perdu le monde, écrivit Thoreau, que nous commençons à nous trouver. " (p. 120-121)
À mon sens, deux des plus grands plaisirs de la vie sont le camping et la lecture - et le nec plus ultra, ce sont les deux en même temps. L'ermite semblait partager ces mêmes passions, mais à une échelle exponentielle.
Le Maine a toujours été une terre d'excentricité, regorgeant de personnages singuliers, et maintenant, grâce à ce mystérieux ermite, l’Étang du Nord tenait sa petite mythologie locale.
Cette perte de soi fut précisément ce que connut Knight dans la forêt. En public, on porte toujours un masque social, une façon de s’introduire au monde. Même seul, quand on se regarde dans un miroir, on joue un rôle, et c’est l’une des raisons pour lesquelles il ne conservait pas de miroir dans son campement. Il renonçait à tout artifice ; il devenait à la fois personne et tout le monde.
Il ne s'était pas tant relégué de l'humanité que posté à son périmètre. (p. 83)
-Quelle adresse inscrivez-vous sur votre déclaration d'impôts?
-Pas de déclaration d'impôts.
-Où vous envoie-t-on vos chèques d'allocation invalidité?
-Pas de chèque.
-Où se trouve votre véhicule?
-Pas de véhicule.
-Avec qui vivez-vous?
-Avec personne.
-Où vivez-vous?
-Dans les bois.
"Ce n'est pas un signe de santé que de bien s'adapter à une société profondément malade".
(Philosophe Indien - Jiddu Krishnamurti)
Son plus proche compagnon fut peut-être un champignon. Dans les bois de Knight, il y a partout des champignons, mais celui-ci, un polypore, à hauteur de genou, saillait du tronc du plus grand sapin du Canada qui se dressait sur son campement. Il commença d’observer ce champignon quand sa corolle n’était guère plus grande qu’un cadran de montre. Il poussait sans se hâter, portant un bonnet de neige de Père Noël tout l’hiver, et plus tard, des dizaines d’années après, atteignit la taille d’une assiette, strié de bandeaux noirs et gris.
Ce champignon signifiait beaucoup à ses yeux. L’une de ses rares préoccupations, après son arrestation, c’était que l’un des agents de police qui avaient arpenté son campement ne l’ait arraché. Quand il apprit que le champignon était toujours là, il fut rassuré.
Rien ne peut vous apporter la paix que vous même. Ralph Waldo Emerson
Lecteur du Tao Te King, Christopher éprouvait avec ses vers un lien profond. "Celui qui sait marcher ne laisse pas de traces", dit le Tao.
Une vaste majorité d’hommes, et vingt-cinq pour cent de femmes, constata une étude de l’université de Virginie, préféreraient se soumettre à des chocs électriques légers plutôt que de ne rien faire d’autre que rester en silence quinze minutes avec leurs pensées.