Citations de Michael Roch (154)
Ce sont tes bras, frère, qui me manqueront le plus, quand tu seras mort. Parce que c'est ce que font les héros, hein, quand leur temps arrive. Ils meurent. (5)
Va toujours où tu es la bienvenue, là où l'univers chérit ta présence.
Car il n'y a pas de sens à la vie. Il y a la vie, et c'est bien tout. Quand bien même tous les mythes et les légendes du monde, les récits des philosophes, les tables de lois et les textes sacrés nous enseigneront le contraire, la vie n'a aucun sens. Elle se suffit à elle-même.
Nous savons que tous les chemins qui menèrent à la victoire furent un jour remis en cause, par l'adversaire ou par nous-mêmes. Il ne sert à rien de fuir la lutte embrassons-la. Nous sommes sur la bonne route.
Chaque langue est un véhicule. Il est impossible de nous comprendre sans nous parler, sans nous traduire et sans laisser à l'autre l'espace qui lui est nécessaire pour exister. Ce qui nous aliène, c'est la dépossession d'une langue au profit d'une autre. Car elle déforme le corps, elle le contraint dans un système qui ne correspond pas à sa pensée. C'est ce qui rend la traduction importante: nous équilibrons les langues, nous équilibrons les points de vue sur l'Histoire et ses évènements, nous accédons aux pensées des uns et des autres, nous nouons les empathies, nous archivons les relations.
Sé an wa, my flingue. C'est un roi enterré. Un roi à la couronne d'élektrolocks. Cent broches ki ka rantré par le tétral é ki ka inondé son cerveau de données nimérik et de rêves virtuels. C'est un roi pirate, my flingue, qui navigue sur les rézo du monde.
Ça , la chaleur et le bruit blanc de l'industrie, comme la chape de plomb d'un soleil cuisant, comme la plainte d'une tristesse insoutenable, ce sont les deux symptômes du monde abattu. Le monde terrassé. Le monde qui me fait honte et que voudrais tant fuir, car nous l'avons rendu irréparable. Je suis irréparable, terrassée et abattue.
La colonisation a changé de visage. Aujourd'hui, elle est un aveuglement constant et mondial: celui de l'écran. De manière concrète, jour comme nuit, dans le cadre du travail ou pour nos divertissements, dans notre vie quotidienne, l'écran est utile et omniprésent. Il contamine même nos comportements. Il nous happe. L'écran, c'est cette armée de fourmis, de poulbwa venus grignoter les fondations de l'inconscient collectif, à la manière de nos nanobots et pour le seul apparat de Lanvil. Publicités, trends, fresh news, réseaux sociaux, everything, everywhere!
(...)Pour reprendre les enseignements de Tonda: "La particularité de ce colonialisme, c'est qu'il n'est pas violent". De manière abstraite, l'écran se sert de notre blessure narcissique pour nous fasciner, nous séduire, nous éblouir. Nous projetons sur lui nos propres désirs. Nous participons activement à notre propre colonisation. Nous ne voyons plus rien, pas même ce que nous devenons...
Le passé n’existe pas pour être récité, ni pour être ressassé, ni même pour être commémoré. Tirer leçon, c’est faire corps.
Laissons la vie nous porter là où notre cœur nous le dicte. Se toucher. Se prendre la main. Ou simplement rester côte à côte.
Qui rêve de ça ? Un monde qui repose sur une illusion, une dématérialisation... Nous vivons dans nos idées et nos pensées, à des années-lumière de notre corps. Nous faisons mine de protéger nos pauvres derrière des portails sanitaires et des dédales de paliers, mais nous les condamnons à l'oubli dans les fondoks de Lanvil. Lanvil est incapable de s'occuper de ses individus. Elle ne prend en compte que la masse. Chaque jour, elle oublie un homme ou une femme, et laisse cette personne dans sa misère. Elle est punie pour toutes les autres.
L’obsession n’a jamais été une marque d’amour
Traduire est bien plus que comprendre l’autre. C’est aussi saisir sa nuance, s’emparer de son esprit, se l’approprier, le faire sien. Cela demande de faire fi de sa peur de l’autre et de ce que l’on projette sur lui. Le réel n’est jamais devant nos yeux ni à travers nos écrans. Le réel est
un secret que seul l’autre peut nous dévoiler.
Nous avons tous conscience des maux de notre société. Encore faut-il vouloir et accepter de se battre pour elle.
— Ce monde oublie tout. Bien trop peu de choses ont été sauvegardées, d’autres ont été altérées, sinon gommées.
– Mes taties, elles m'ont dit : si tu veux sauver le monde, tu fais en sorte qu'aucune langue n'en domine une autre. Parce que quand une langue domine l'autre, l'autre finit par lui appartenir et disparaître. Du coup on existe que si on parle, tu vois ? Alors il faut l'équilibre. Moi, j'y crois, à cette histoire d'équilibre. Faut te demander à quel moment tu oublies que tu appartiens au monde tout entier, et à quel moment tu acceptes de t'enfermer dans une seule partie de l'humanité.
– Le Tout-Monde est une légende.
Tahar a fermé les yeux pour que tous les mafias l'entendent. Il répète : on le sait. Le Tout-monde est un vieux mythe, le seul qui tient mon bouden en vie. Il dit, les gars comme moi ont déjà tout rasé. On a rasé pwop Lakarayib pour construire les tours de Lanvil. On l'a rasé sek. On a piétiné les îles, séché les canaux et, il dit comme ça, Tahar, c'est ça qui me coule la honte, c'est ça la sueur de boue sur moi. C'était moi, la main des kòpo. On était les pioches, les pelleteuses qui ont creusé, qui ont krazé les mornes et les pitons, qui ont bu les rivières, mangé les animaux, pillé le sable des plages pour lever encore les immeubles et les ponts dans le boukan des images et des écrans, et les routes que Lanvil a tracées dans un sifflement sans fin de steamè, de CUB à VNZ. Il ne reste plus rien du Tout-monde. Nous avons tout rasé. Il ne reste que Lanvil. High, ils font tous. Et Tahar se tait.
Pirater, c’était la seule alternative pour reprendre le contrôle. Reprendre les rênes de nos vies déjà foutues, déjà calculées. Pirater, c’était la seule résistance, dernier front du combat qui faisait que, nous toutes et nous tous, on pouvait être. Être.
La parole et le chant ont ceci de réparateur qu’ils connectent l’âme à la matière et comblent ses failles. La parole et le chant ont ceci de réparateur qu’ils déclenchent les catastrophes, les déchirures, et, dans un surgissement imprévisible, comblent le vide de poésie.
Le monde est hyperconnecté, mais personne ne fait plus attention à la douleur de l’autre