AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Michel Desmurget (225)


[...] les chercheurs constatèrent l'extrême pauvreté des corpus oraux par rapport à leurs équivalents écrits. Comme l'illustre la figure 9, en moyenne, le langage est plus complexe et les mots « rares » (mots situés au-delà du 10 000e rang) plus fréquents dans les livres pour enfants que dans n'inmporte quels programmes de télévision ou conversations ordinaires entre adultes. Cela ne veut pas dire, cependant, que les textes pour la jeunesse sont truffés de termes ésotériques, hyperspécialisés et jargonnants. Non; cela signifie plutôt que l'espace oral propose généralement assez peu de richesses lexicales et syntaxiques. Autrement dit, nos échanges quotidiens mobilisent un langage singulièrement modeste.
Commenter  J’apprécie          00
Bref, en matière de langage, l'inefficacité des programmes audiovisuels éducatifs est non seulement expérimentalement avérée, mais aussi théoriquement inéluctable. Peut-être que cela ne durera pas. Peut-être que, dans quelques années ou décennies, des applications mobiles arriveront à compenser les déficiences ici décrites. Peut-être même que des robots anthropomorphes pourront, un jour, éduquer nos enfants à notre place, interpréter leurs babillages, nourrir leur curiosité, veiller sur leur sommeil, sourire à leurs mimiques, changer leurs couches, leur apporter ce qu'ils demandent ou désignent, leur faire des câlins, etc. Plus besoin de papa, de maman, de baby-sitter, d'enseignant, de précepteur, d'ami, de famille, de fratrie. L'enfant sans les tracas, la descendance sans charge d'élever. Google et ses algorithmes s'occuperont de tout ; un vrai « meilleur des mondes numérique » ! Assurément, nous en sommes encore loin tant les applications actuelles restent, selon un récent constat de l'Académie américaine de pédiatrie, d'une primitivité pathétique⁶⁰⁰. Mais, à terme, qui sait ; tous les cauchemars sont permis.
Commenter  J’apprécie          00
Le vocabulaire peut s'acquérir à tout âge, pas la syntaxe²⁰⁶ ! Autrement dit, encore une fois, l'apparent bénéfice superficiel cache l'invisible sacrifice primordial, au sens où ce qui est appris pèse d'un poids dérisoire au regard de ce qui est perdu. Car une chose ici doit être claire : ce n'est pas parce qu'un enfant arrive à beugler yellow ou pear en anglais devant sa télé (ou n'importe quelle application de pacotille) quand une marionnette lui montre une poire qu'il apprend à parler.
Commenter  J’apprécie          00
Autrement dit, plus les participants augmentaient leur consommation d'écrans et plus leur intelligence langagière diminuait. Notons que le lien alors identifié était comparable, par son ampleur, à l'association observée entre niveau d'intoxication au plomb (un puissant perturbateur endocrinien⁵⁷⁴) et QI verbal⁵⁷⁵. Cela signifie que, si vous détestez I'insupporable marmot de vos horribles voisins et que vous rêvez de lui pourrir la vie autant que faire se peut, inutile de mettre du plomb dans sa gourde. Offrez-lui plutôt une télé, un tablette ou une console de jeux. L'impact cognitif sera tout aussi dévastateur pour un risque judiciaire nul.
Commenter  J’apprécie          00
Mais quels sont donc ces nouveaux savoirs, tellement phenoménaux, qui parviennent à racheter et compenser la perte du marqueur premier de notre humanité, le langage ? Les éléments développés dans la première partie de ce livre ne nous ont hélas pas permis de répondre à la question. Toutefois, il semblerait que nous ayons alors raté les conclusions d'un rapport PISA centré non sur la réussite scolaire, mais sur la capacité des collégiens à résoudre efficacement les problèmes concrets de leur vie quotidiennes⁵⁶⁰. Un triomphe au dire d'une analyste de l'OCDE. « C'est vraiment une bonne surprise, expliqua cette dernière [...] Hors du carcan scolaire, dans lequel les ados sont affectés par l'anxiété et un manque de confiance en eux, ils montrent qu'ils sont motivés, parfaitement capables de raisonnements logiques, de passer du concret vers l'abstrait en mettant en œuvre des stratégies pour comprendre, exploiter les informations, réajuster en cas d'erreur⁵⁶¹. » De quoi clouer le bec aux pisse-froid de tous ordres... Enfin, jusqu'à ce que ceux-ci s'intéressent d'un peu plus près à la nature des compétences concernées : optimiser le fonctionnement d'un lecteur MP3, régler un climatiseur à l'aide du boîtier de commande digital, acheter des billets de train au meilleur tarif sur une borne, optimiser un plan de table pour un repas danniversaire, etc. Tout à coup la baudruche paraît bien moins affriolante. D'autant moins affriolante, d'ail-leurs, qu'elle n'est pas sans rappeler ces tristes gamma du Meilleur des mondes d'Aldous Huxleys⁵⁶². Une caste subalterne d'exécutants zélés, prodigues et contents de leur sort. Une caste dépourvue de tout esprit critique, n'ayant besoin ni de langage, ni de pensée. Une caste qui, non contente de se laisser arracher des mains la lumière, l'étouffe elle-même sous ses pieds (pour plagier la citation placée en exergue du présent ouvrage).
Commenter  J’apprécie          00
Le problème renvoie ici au gouffre qui sépare la fécondité de ces épisodes d'apprentissages non contraints et l'effroyable destructivité des temps d'usage du numérique. C'est à l'aune de cet antagonisme que doivent s'apprécier les cinquante « petites » minutes que les très jeunes enfants offrent quotidiennement aux écrans. Cumulées sur 24 mois, ces minutes représentent plus de 600 heures. Cela équivaut à peu près aux trois quarts d'une année de maternelle ; ou, en matière de langage, à 200 000 énoncés perdus, soit à peu près 850 000 mots non entendus.
Commenter  J’apprécie          00
Ainsi donc, pour résumer, il n'est pas question ici de récuser les apports positifs de certains développements numériques, notamment professionnels. En d'autres termes, il n'est pas question de diaboliser, condamner ou rejeter « Le » numériques dans son ensemble ; ce serait aussi idiot qu'injustifiable. La seule chose dont il est question, c'est d'apprécier l'impact de cette explosion digitale sur nos enfants et adolescents.
Commenter  J’apprécie          00
Il n'est ici question, encore une fois, ni d'imposer ni d'interdire. Il ne s'agit que d'informer. À chacun ensuite d'arbitrer en se demandant si les avantages éprouvés outrepassent (ou non) les périls encourus. Par exemple, quand un parent me dit, d'une manière parfaitement éclairée, « chaque jour après l'école je donne une tablette à ma fille de 3 ans ; je sais que ce n'est sans doute pas super, mais elle adore vraiment ça et puis cela me permet de souffler un peu et de finir mon travail », j'entends et je n'ai rien à objecter. En revanche, lorsqu'un parent m'explique enthousiaste, « ma petite fille passe beaucoup de temps sur sa tablette, c'est bon pour son développement sensori-moteur et cognitif», alors là, non, je n'entends plus et trouve cela insupportable parce que ce parent a été indignement trompé sur la marchandise et parce que sa liberté de choix lui a, de fait, été iniquement dérobée par les propagandes industrielles.
Commenter  J’apprécie          00
Bref, scientifiquement, au-delà du vernis de surface, l'étude de corrélation ici décrite n'a fondamentalement aucun sens. Cela n'empêche pas certains journalistes de se lancer dans d'incroyable envolées lyrique pour affirmer, par exemple, que ces résultats certes « ne permettent pas de prouver avec certitude l'effet bénéfique du jeu vidéo sur la criminalité mais détruisent néanmoins au passage l'éternelle assertion selon laquelle la violence virtuelle encouragerait la violence réelle ». « Le cliché, nous dit-on, ne date pas d'hier. Née dans les milieux politiques puritains, la conviction simpliste a rapidement contaminé de nombreuses couches d'une société dans l'incompréhension d'un phénomène qui la dépasse.» Rien que ça. À titre personnel, j'ignore si je suis puritain  et submergé par l'incompréhension, mais il me semble clair que, avant de balancer un propos de ce genre en place publique, il serait bon de s'appuyer sur des études propres et censées. À moins, évidemment, que l'intention ne soit pas d'informer, mais de convaincre. En effet, l'intérêt majeur des corrélations bâtardes ici discutées est de fournir aux lobbyistes une base argumentaire pour leurs activités. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces braves gens ne se privent pas d'épuiser le filon. L'intox, sans doute, est alors de bonne guerre. Ce n'est plus le cas lorsque la coulée propagandiste commence à s'appuyer sur des relais journalistiques censément garants d'une information sérieuse et objective. Une règle simple permet cependant de se protéger de ce genre de manœuvres : si l'on vous dit que deux phénomènes sont indépendants parce que leur variations ne sont apparemment pas corrélées, soyez outrageusement circonspect. Demandez-vous toujours si ces phénomènes sont déterminés par plusieurs causes. Lorsque c'est le cas (et c'est presque toujours le cas), demandez-vous si ces causes sont prises en compte dans le modèle statistique. Lorsque la réponse est négative, c'est sans doute le signe que ce qui vient de vous être affirmé relève moins de la fière science que de la triste fumisterie.
Commenter  J’apprécie          00
Après tout, nous explique un journaliste, « si les jeux vidéos étaient vraiment la racine de tous les maux, alors la logique voudrait que cela aboutisse au moins en partie à ce qu'il y ait plus de crimes violents par arme à feu. Ce n'est simplement pas le cas. [...] En fait, les pays dans lesquels la consommation de jeux vidéo est la plus élevée tendent  à être les pays les plus sûrs au monde». Sans doute vaut-il mieux lire cela que d'être aveugle, aimait à dire en souriant gentiment, après chacune de mes pauvres dictées, Mme Vessilier, formidable institutrice de CM2. La « logique » ici affichée est, en effet, absurde. Elle n'aurait de sens que si les jeux vidéos étaient la seule et unique cause de crimes et d'agressions violentes. Ce n'est évidemment pas le cas. Qui peut penser, ne serait-ce qu'une seconde, que l'action éventuellement facilitatrice des jeux vidéo violents sur nos comportements agressifs peut contrebalancer l'instabilité politique, sociale ou religieuse observée dans les pays les plus dangereux de la planète ? Rejeter tout impact possible des jeux violents au motif qu'il y a plus de jeux vidéo et moins de meurtres au Japon que dans les pays aussi endémiquement instables que le Honduras, le Salvador ou l'Irak est juste aberrant.
Commenter  J’apprécie          00
[...] les auteurs de l'étude se livrent à une savante interprétation (hélas bien peu convaincante) pour essayer de justifier l'anomalie : utilisés pour s'amuser, les écrans augmentent la performance scolaire ; utilisés pour apprendre, il la diminuent ! De manière fort étrange, cette entreprise explicative omet la seule interprétation vraiment plausible, à savoir que les données utilisées ne sont simplement pas fiables. Et malheureusement, quel que soit la validité d'un traitement statistique, si les variables d'entrée sont faisandées, les données de sorties seront galeuses.
Commenter  J’apprécie          00
Ce qui compte ici, encore une fois, ce n'est pas l'enfant mais le seuil de profitabilité commerciale. Avant 3 ans, répétons-le, petit humain n'est guère intéressant. Ce n'est qu'autour de cet âge qu'il devient une cible publicitaire pertinente et, de ce fait, une potentielle source de revenus pour les opérateurs. Peu importe alors que la télé ampute son développement. Ceux qui voudront se rassurer pourront toujours considérer que la télé, au fond, c'est un peu comme le nuage de Tchernobyl : les effets nocifs s'arrêtent miraculeusement à la frontière des 36 mois.
Commenter  J’apprécie          00
Franchement, doit-on s'abstenir de toute mesure prophylactique au motif qu'il existe bien des façons de tomber malade et de mourir ? Doit-on renoncer à la lutter contre le triptyque culminant des maladies mortelles évitables que sont le tabagisme, l'alcoolisme et l'obésité au prétexte qu'il est bien plus dangereux de se jeter sans parachute d'un l'avion en vol que de fumer, boire ou présenter un niveau d'obésité morbide? Que l'on me pardonne, mais ce genre d'arguments est d'une imbécilité stupéfiante. Et que penser de ce grand classique repris avec une ostensible goguenardise par l'un de nos niguedouilles du commentaire : « je comprends pas je suis un vrai cinéphile et pourtant je fume pas. » Nous parlons ici de populations et de facteurs de risque. Si vous faites du ski, vous avez plus de risque de tomber que si vous marchez. Cela ne veut pas dire que personne ne tombe en marchant ni que tout le monde se casse la jambe en pratiquant le ski ! De même, ce n'est pas parce qu'il y eut des survivants à la grande épidémie de peste qui frappa l'Europe au XIVe siècle que la maladie n'est pas mortelle ! C'est pseudo-arguments sont assommants d'inanité. Il y a peu, un journaliste américain synthétisait superbement le problème : « c'est un jeu auquel j'aime jouer parfois. Cela s'appelle "combien dois-je lire de commentaires sur Internet avant de perdre foi dans l'humanité?"  bien trop souvent la réponse est : "un seul". »
Commenter  J’apprécie          00
Je veux bien entendre que le cinéma est un art et la télévision une porte ouverte sur l'enchantement du monde. Je veux bien admettre que Mad Men représente, pour certains, l'absolu panacée créative. Je veux bien concevoir aussi qu'il soit difficile de voir dénoncées les influences négatives d'une « industrie culturelle » qui pèse des milliards d'euros. Mais j'ai du mal à imaginer que l'on refuse de comprendre qu'il vaut parfois mieux se taire plutôt que de maculer d'un tombereau de sottises tout un pan de recherches rigoureuses. Ou alors, si tu penses effectivement, cher critique, que cette littérature est indigne et minable, plonge dedans. Ne te contente pas de contresens scélérats et platitudes grossières ; explique-nous, sur le fond, dans le détail, les failles des études présentées, pour que l'on sache enfin à quoi s'en tenir. Toute la communauté scientifique attend avec grande impatience l'heure de cette exégèse. Car là encore, le problème reste toujours le même : parler, juger, moquer, commenter, ridiculiser, disqualifier dans l'espace immatériel du néant éthéré, sans jamais analyser les faits, ni se référer au détail des études impliquées. C'est ennuyeux parce que le grand public, le lecteur, l'auditeur, qui n'a pas le temps de vérifier sur le fond la validité des propos assénés, aura tendance à les croire vrais, sans mesurer l'effroyables étendue de leur déloyauté.
Commenter  J’apprécie          00
Évidemment, si toutes ces tristes ficelles ne suffisent encore pas, il reste toujours possible de brandir le flambeau des ironies faciles. Par exemple, confronté aux dizaines d'études montrant que la représentation outrageusement positive d'usages de l'alcool ou du tabac dans les films est un facteur causal essentiel d'initiation à ces pratiques chez l'adolescent, l'expert généraliste, ici un critique de cinéma, apparemment réalisateur à ses heures, conclura « qu'il y a plus de téléphages chez les alcooliques » et dans un bel élan sarcastique se gaussera qu'un abruti de chercheur « trouve de l'incitation tabagique jusque dans Avatar (heureusement qu'il n'a pas vu Mad Men. LOL)». Pourtant, à 5 ans, ma fille savait déjà que les cascades causales ne sont pas réversibles et qu'il n'est pas possible de passer de la phrase « tous les chiens sont des quadrupèdes » à l'affirmation « tous les quadrupèdes sont des chiens ». On aurait pu s'attendre à ce que n'importe quel spécialiste à peu près cortiqué possède ce minimum de maturité intellectuelle. Apparemment ce n'est pas le cas, d'où, sans doute, cette étonnante capacité à glisser de la proposition : « l'exposition continue à des images unanimement positives augmente le risque tabagique et alcoolique chez l'adolescent » à la conclusion : « les fumeurs et alcooliques regardent davantage la télévision ».
Commenter  J’apprécie          00
Tout cela nous amène à la question fondamentale du présent chapitre: qu'est-ce qu'un expert crédible ? La réponse tient en trois points. (1) Un expert crédible, c'est d'abord quelqu'un qui connaît son domaine, c'est-à-dire qu'il maîtrise la littérature scientifique disponible sur le sujet. (2) Un expert crédible, c'est ensuite quelqu'un qui ne modifie pas son message, jusqu'à le tournebouler totalement, en fonction des auditoires qui lui prêtent attention et des financeurs qui ont sponsorisé sa prestation. (3) Un expert crédible, c'est enfin quelqu'un qui n'a pas de conflit d'intérêts ou, dans le pire des cas, qui annonce ouvertement ces derniers pour permettre au public de former son jugement en toute connaissance de cause. Lorsqu'il s'appuie sur un contributeur soit disant « expert », tout journaliste devrait, me semble-t-il, avoir assez d'éthique et de rigueur professionnelle pour s'assurer que ces trois prérequis minimaux sont remplis.
Commenter  J’apprécie          00
Précisons cependant que nous ne parlons pas ici des lanceurs d'alerte ou autres scientifiques isolés qui prennent courageusement la parole pour dénoncer telle ou telle anomalie dans un champ thématique encore mal défriché et/ou dominé par les études sponsorisées. Nous parlons de ces voix outrageusement serviles qui s'appliquent, au prix de contorsions parfois rocambolesques, à nier les consensus scientifiques les plus robustes. Pour les industriels, l'approche est d'autant plus avantageuse qu'elle n'impose pas, malgré les apparences premières, de grands investissements : grâce au dogme médiatique de la molle équité, il n'est besoin que d'un tout petit nombre d'esbroufeurs dévoués pour tenir en respect les synthèses scientifiques les plus solidement validées.
Commenter  J’apprécie          00
Certaines montagnes ne peuvent être indéfiniment masqués et la réalité finit toujours par transpirer quelque part. Pour les industriels le problème est sérieux ; mais pas désespéré. En effet, comme l'a initialement démontré l'industrie du tabac, une solution existe: l'expert « maison » ! Au moindre vent contraire, cet obligeant laquais s'épand sur les médias comme la triste vérole gagne le bas clergé. Partout il ferraille ardemment au profit de la cause. Peu importe son savoir effectif, peu importe sa réelle connaissance des domaines abordés, peu importent ses éventuels conflits d'intérêt ; seul compte alors le poids des apparences et la capacité de sujétion féale. En d'autres termes, pour être sélectionné et adoubé, l'expert maison n'a pas à être qualifié. Il doit uniquement justifier d'un titre séduisant et faire preuve d'une totale absence de probité morale. Ainsi, à défaut d'être capable, il doit sembler crédible et, à défaut d'être honorable, il doit paraître probe.
Commenter  J’apprécie          00
Si ce genre d'hallucination doit être étiqueté du sceau de la vulgarisation scientifique, alors il va rapidement falloir donner le Nobel de médecine à Rudyard Kipling pour son conte sur l'origine de la bosse du chameau.
Commenter  J’apprécie          00
Franchement, pour prendre un dernier exemple, quand un parlementaire, censément spécialiste des questions d'éducation, auteur de deux rapports officiels sur l'importance des technologies de l'information pour l'école, s'autorise à écrire des choses aussi ébouriffantes que « le numérique permet la mise en place de pédagogie de l'estime de soi, de l'expérience, de l'apprentissage », on ne peut qu'hésiter entre le rire, la colère et la consternation. Que veut donc dire notre cher député ? Qu'avant le numérique il n'était question dans les classes ni de pédagogie, ni d'expérimentation, ni d'estime de soi ? Heureusement que Rabelais, Rousseau, Montessori, Freinet, La Salle, Wallon, Steiner ou encore Claparède ne sont plus là pour entendre l'affront. Et puis, vraiment, quel incroyable révolution, juger du peu : « une pédagogie de l'apprentissage ». Comme s'il pouvait en être autrement ; comme si la pédagogie ne nommait pas intrinsèquement une sorte d'art de l'enseignement (et donc de l'apprentissage) ; comme si une pédagogie quelle qu'elle soit pouvait viser l'ankylose, l'abrutissement et la stagnation. Réaliser que c'est ce genre de discours aussi creux que ridicules qui pilotent la politique éducative de nos écoles a quelque chose d'un peu effrayant.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Michel Desmurget (718)Voir plus


{* *}