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Citations de Michel Desmurget (225)


En pratique, évidemment, personne ne conteste le fait que certains outils numériques peuvent faciliter le travail de l'élève. Ceux qui, comme l'auteur de ces lignes, ont connu les temps anciens de la recherche scientifique, savent mieux que quiconque l'apport « technique » de la récente révolution digitale. Mais, justement, par définition, les outils et logiciels qui nous rendent la vie plus facile retirent de facto au cerveau une partie de ses substrats nourriciers. Plus nous abandonnons à la machine une part importante de nos activités cognitives et moins nos neurones trouvent matière à se structurer, s'organiser et se câbler²⁸⁴, ³⁵¹. Dans ce contexte, il devient essentiel de séparer I'expert et l'apprenant au sens où ce qui est utile au premier peut s'avérer nocif pour le second.
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On apprend alors que « la suggestion d'une heure quotidienne d'écrans pour un adolescent est risible pour toute personne essayant d'en élever un²³⁸ ». Passé le premier sentiment de consternation, on peut répondre trois choses à ce genre de fadaise. Premièrement, les éléments ci-dessus exposés montrent que certains enfants/ados réussissent (par eux-mêmes et/ou avec I'aide de leurs parents) à respecter ce seuil et que ces jeunes sont loin d'être les plus malheureux et les plus attardés. Deuxièmement, cumulée entre 6 et 18 ans, cette «risible » petite heure quotidienne représente la modique somme de cinq années scolaires⁹⁸,¹¹¹ ou, dit autrement, de deux ans et demi d'activité salariée à plein-temps¹¹². Troisièmement, enfin, l'histoire humaine est riche de suggestions « risibles » (égalité d'intelligence entre Noirs et Blancs ou entre hommes et femmes; enseignement du langage des signes aux enfants sourds ; pouvoir cancérogène du tabac ; évolution darwinienne; dérive des continents; etc.) qui sont devenues de solides vérités parce que quelques abrutis ont un jour décidé de s'en tenir aux faits plutôt que de se coucher devant l'inertie des opinions mondaines et pseudo-dogmes censément «établis ».
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À l'adolescence, que nous situerons ici entre 13 et 18 ans, le temps d'écrans augmente encore sensiblement sous l'effet notamment de la généralisation des smartphones. La consommation quotidienne de numérique atteint alors 6 h 40⁶⁰. Est-il nécessaire de préciser à quel point ce chiffre s'avère stratosphérique ? Il équivaut à un quart de journée et 40 % du temps normal de veille⁹¹. Cumulé sur un an, cela représente plus de 2 400 heures, 100 jours, 2,5 années scolaires ou encore la totalité du temps consacré de la sixième à la terminale, pour un élève de filière scientifique, à l'enseignement du français, des mathématiques et des Sciences de la Vie et de la Terre (SVT). Autrement dit, sur une simple année, les écrans absorbent autant de temps qu'il y a d'heures cumulées d'enseignement du français, des maths et des SVT durant tout le secondaire.
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Durant la préadolescence, que nous situerons ici entre 8 et 12 ans, les enfants voient leur besoin de sommeil diminuer sensiblement. Chaque jour, ils gagnent naturellement entre 1 h 30 et 1 h 45 d'éveil⁹¹. Cette « conquéte », dans sa quasi-totalité, ils l'offrent à leurs babioles numériques. Ainsi, entre 8 et 12 ans, le temps d'écrans journalier grimpe à presque 4h 40, contre 3 heures précédemment⁶⁰. Quatre heures quarante (!), cen'est pas rien. Cela représente environ un tiers du temps normal de veille⁹¹. Cumulé sur un an, cela fait 1 700 heures, l'équivalent de deux années scolaires⁹⁸,¹¹¹ ou, si vous préférez, d'un an d'emploi salarié à plein-temps¹¹².
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S'il y a deux camps, dit le dogme, il faut se garder de juger, de peser ou d'arbitrer. Il faut juste tendre l'oreille et essayer de restituer aussi fidèlement qu'il est possible l'antagonisme des postures concurrentes. Peu importe que cent disent blanc quand un seul dit noir, il convient d'offrir à chaque camp des espaces comparables. C'est là, nous dit-on, le prix impératif de la neutralité. Un prix en forme de Sainte-Trinité des âmes objectives : thèse, antithèse et synthèse molle. Comme l'aurait dit le cinéaste Jean-Luc Godard, l'objectivité médiatique c'est « cinq minutes pour Hitler, cinq minutes pour les Juifs ».
Cette tyrannie du veule, les historiens des sciences Naomi Oreskes et Erik Conway la nomment joliment « doctrine de l'équité ». Pour nombre de spécialistes, l'approche constitue, sous ses atours rassurants, un terrifiant vecteur de désinformation. En effet, c'est par son intermédiaire que « l'expert maison » se voit offrir la possibilité d'abattre, de quelques mots viciés, les réalités scientifiques les mieux corroborées (ou, à l'inverse, de promouvoir les fables les plus extravagantes).
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Clairement, nous quittons ici le rassurant espace des faits pour gagner les dangereux marécages de la foi. Dès lors, en dernière analyse, peu importe que le travail produit soit bon ou mauvais, intègre ou partial. Ce qui compte, c'est qu'il réclame du lecteur une confiance aveugle en l'intégrité et la compétence des rédacteurs. Ce seul point, par principe, devrait conduire médias et grand public à considérer le présent document de nos académies et toute production du même genre, d'où qu'elle vienne et sur quelque domaine qu'elle porte avec la plus extrême suspicion.
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Ô oui, j'en ai assez ! Assez de voir l'intérêt des enfants constamment piétiné par la cupidité économique. Assez que prime à ce point l'appât du gain sur le bien collectif. Assez que soit dénié aux parents le droit élémentaire à une information juste et honnête. Assez que l'écho médiatique offert aux porte-voix les enthousiasmes lobbyistes brouille à ce point la netteté du message scientifique.
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Cela étant, il est possible aussi, évidemment, que le problème réside moins dans mon insanité supposée que dans le traitement public accordé au sujet. Ce ne serait pas la première fois que l'intérêt économique biaiserait l'information.
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Des classes sans profs ?
(...) un journaliste français, supposément "expert" de la question éducative, soulignait que "l'éducation est avant-tout une industrie de main-d'oeuvre. 95 % du budget de l'Education nationale passe en salaire ! ... L'un des apports majeurs du numérique, notamment sous la forme des MOOC, est de permettre des économies significatives sur ce poste de dépense. Là où vous devez aujourd'hui payer chaque années des enseignants pour délivrer des cours magistraux à des amphis de quelques centaines d'étudiants vous pourrez demain, pour le même prix, délivrer des cours à un nombre potentiellement infini d'étudiants. Le cours de la matière première va chuter." (p.276)
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Évidemment, indépendamment de nos savoirs scientifiques particuliers, nous sommes tous enclins à posséder des "opinions". Par nature, ces dernières émergent de l'expérience personnelle. Elles reflètent la tendance fondamentale du cerveau humain à organiser ses vécus ordinaires en un système de croyances ordonnées.
Le problème survient quand certains finissent par voir dans ces croyances une marque d'expertise.
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Dans le domaine culinaire, comme dans le champ informatique, il y a celui qui utilise et celui qui conçoit... et, pour exister, le premier n a clairement pas besoin de connaître les secrets du second.
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"L'éducation d'hier ne permettra pas de former les talents de demain". D. Reynié in "apprendre autrement"
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L'idée n 'est alors plus de contrôler, de légiférer, d'interdire ou de menacer, mais d'alerter et de communiquer.
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Alors qui bluffe; qui se trompe; et où est la vérité? Cette "révolution numérique" est-elle une chance pour la jeune génération ou une sombre mécanique à fabriquer des crétins digitaux?
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(...) s'il faut énormément de mots pour lire, il faut aussi lire énormément pour acquérir plus que les termes du quotidien.
page 104
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Il y a peu un journaliste résumait superbement le problème
C'est un jeu auquel j'aime jouer parfois. Cela s'appelle "combien dois-je lire de commentaires sur Internet avant de perdre fois dans l'humanité ?" Bien trop souvent la réponse est : "un seul".
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Bien sûr, en décidant de perdre du poids, vous partez pour une longue aventure. Chemin faisant, vous croiserez inévitablement des écueils. Vous devrez affronter obstacles, doutes et remous. Vous connaitrez des instants de lassitude et, fatalement, il vous arrivera de craquer. Pris part la déception, la colère et la culpabilité, vous en viendrez peut-être alors à penser que vous êtes « nul(le) ». Une insidieuse petite voix intérieure vous murmurera que vous n’avez aucune volonté et que, de toute façon, quoi que vous puissiez faire, vous n’y arriverez pas. De fil en aiguille, vous finirez par vous dire que, tant pis, foutu pour foutu, autant y aller gaiement ; et vous péterez les plombs ; et vous lâcherez l’affaire. C’est dans ces moments-là pourtant qu’il ne faut pas sombrer, car c’est dans ces moments-là précisément que tout se joue, l’échec ou le succès. Si vous voulez réussir, n’oubliez jamais qu’un dérapage peut arriver. Il faut l’admettre tranquillement, se dire que l’on n’est pas des robots ; il faut savoir passer l’éponge et se remettre sur les rails. En un mot, il faut éviter, par dépit, de transformer un écart circonscrit en désastre absolu. La quasi-totalité des gens qui ont maigri ont échoué avent de réussir. La totalité des gens qui ont maigri ont essuyé, chemin faisant, des épisodes de craquage peu glorieux. Humainement, ces gens n’ont rien de plus ou de moins que vous. Ils ne sont ni plus courageux, ni plus volontaires, ni plus intelligents, ni plus opiniâtres. Ils sont vous, et s’ils ont réussi, vous pouvez réussir !
Page 173
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Pour l'organisme, toute perte de poids brutale est une menace.
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Si stigmatiser les gros marchait, cela aurait fonctionné depuis longtemps. Les gens obèses sont déjà les individus les plus ouvertement discriminés dans notre société, avec des données publiées montrant que le stigma du poids est plus pénétrant et intense que le racisme, le sexisme et d'autres formes de préjugés.
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Bref, l’écrit forme un monde à part, saturé de syntaxes complexes, termes rares et conjugaisons inusitées. Il y a davantage de richesse linguistique dans les albums préscolaires les plus pauvres que dans la quasi-totalité des corpus verbaux ordinaires, dont les conversations entre adultes éduqués, les interactions parents-enfants, les émissions télévisuelles de prime time ou encore les programmes audiovisuels éducatifs. C’est pourquoi un robuste et opulent bagage langagier est indispensable pour lire et apprendre à lire ; constat qui ne rend que plus préoccupant l’existence, évoquée au sein de la première partie, d’un appauvrissement du langage dans les livres pour enfants.
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