"Philosophie magazine" d'Avril-mai 2022 en édition spéciale, les philosophes, sociologues, essayistes nous livrent leurs réactions face à la guerre en Ukraine. Il s'agit d'une édition spéciale.
J'étais évidemment comme tout le monde en plein ébahissement. Comment était-ce possible, nous en Occident qui, depuis notre naissance, après 1950 dans mon cas, n'avions connu qu'un monde en paix loin du spectre de la guerre, dans nos pays ?
Je croyais vraiment à la paix garantie par la création de l'Union Européenne, grâce à la chute du mur de Berlin et tous ces signes d'échanges entre les pays occidentaux.
De plus, j'affirmais bien fort mes convictions.
La première fois que j'ai douté de la liberté d'expression et de l'avenir de la démocratie, c'est lors des attentats meurtriers de Paris contre Charlie Hebdo et ensuite contre la population.
Que de questionnements lors de l'invasion de l'Ukraine !
C'est avec un réel intérêt que j'ai lu le magazine qui s'intitule "Face à la guerre" qui nous présente des réflexions différentes sur le sens des conflits, la motivation, l'historique des guerres dans le monde, le devenir et la considération des réfugiés, la différence entre les réfugiés syriens et ukrainiens, la vision du monde par un dictateur.
Les articles vont en profondeur et rassemblent les idées afin qu'elles s'éclaircissent.
Toutes les chroniques sont intéressantes et différentes.
Merci à la Masse critique de Babelio et à Philosophie Magazine pour cette lecture bien enrichissante
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Poutine m'a dit...
Un livre assez sidérant dans son genre. Parce que ces analyses tellement fines et claires sont à lire d'une toute autre manière désormais. Un livre court et percutant divisé en chapitres thématiques qui nous permet de saisir en quoi les événements que nous vivons sont inscrits dans la durée et dans la vision de Poutine depuis longtemps. Disons qu'il y a une logique très précise que cet auteur démontre.
Et le livre date de 2015, étant même le prolongement d'un article de 2014...La lucidité de cet auteur est sidérante. J'avais écouté vaguement, en faisant autre chose en même temps, Michel Eltchaninoff lorsqu'il avait été invité par exemple à Un jour dans le monde sur France Inter. Mais je n'y avait prêté qu'une oreille distraite...Le problème n'est pas que je l'ai fait, c'est que tant de Poutinophiles pris dans leur logique de biais de confirmation n'aient pas voulu voir ce qui maintenant saute aux yeux.
J'ai en tout cas énormément appris dans ce livre sur les racines intellectuelles de Poutine, sur ces philosophes et écrivains qu'il a lus, ou qu'on a lu pour lui, et qui constituent le fond de sa pensée.
Ses accointances avec certains penseurs radicaux m'ont étonné. On se dit que tout un discours bienveillant qui a pu entourer celui qu'il faut bien appeler un dictateur (le problème étant plutôt de savoir s'il faut le faire avec une majuscule ou une minuscule) a sans doute contribué à un certain manque de lucidité, malgré tant de signaux.
Je me dis que tandis que nous protestions ici sur une épouvantable "dictature sanitaire" associée par certains aux heures les plus sombres de l'Europe, celles-ci se préparaient à frapper à nouveau à notre porte sous une forme bien plus conventionnelle...L'histoire sera cruelle avec nous, j'en ai bien peur, et ce livre constituera une terrible pièce à charge.
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A l'heure où Vladimir Poutine prend une place de plus en plus grande sur la scène internationale et qu'on lui prête le pouvoir de peser sur le résultat des élections dans les démocraties occidentales, il n'apparait pas inutile de comprendre à qui l'on a affaire. Ce petit livre écrit par un spécialiste fait un inventaire de toutes les doctrines, idéologies, philosophies dont s'inspire le dirigeant russe et quels penseurs sont aujourd'hui mis (ou remis) à l'honneur sous l'égide du Kremlin. L'annexion récente de la Crimée, la guerre dans la partie orientale de l'Ukraine, le soutien accordé à Bachar El Assad, les menaces plus ou moins voilées adressées aux ex-pays du bloc soviétique sont ainsi remises dans une perspective historique, politique et philosophique.
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Face à la guerre en Ukraine, une fois la surprise passée, il était indispensable de prendre du recul et d’essayer de comprendre non seulement ce que signifiait cette guerre, quel était son but, mais surtout comment on allait pouvoir en sortir.
Pour ce faire, Philosophie magazine, dont le but est d’éclairer les événements de l’époque à la lumière de la pensée des philosophes, a sorti un numéro spécial en avril. Les articles ont donc été écrits en mars, mais en les lisant fin juillet, ils sont malheureusement toujours d’actualité.
Au départ, j’étais surtout curieuse de lire la contribution d’Etienne Klein, mais au final je dois reconnaître que ce n’est pas la plus intéressante, même si elle est agréable à lire grâce au style d’Etienne Klein.
De toute façon, la question n’est pas de savoir quel est le meilleur article car ce magazine constitue un ensemble avec des articles très différents mais qui contribuent tous à nous faire réfléchir sur une question ou une autre soulevées par la guerre en Ukraine.
La lecture de ce numéro spécial s’est donc avérée très intéressante et je remercie les équipes de Babelio et de Philosophie magazine pour cet envoi.
Je salue également l’accessibilité de ce magazine, car les articles étaient tous très clairs et faciles à lire tout en abordant en trois ou cinq pages des notions d’une certaine complexité.
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Ne cherchez plus les fondements de l'invasion russe en Ukraine. Ils sont détaillés dans ce livre amplement disséqué par les lecteurs précédents.
À mon tour, j'épingle quelques balises sur la voie de l'inéluctable dans la tête de Poutine, obsédé par la restauration de la grande Russie, inquiet de la désaffection des États post-soviétiques, tournés de plus en plus vers l'occident.
La chronologie d'une guerre ruminée commence en 1999, lorsque l'OTAN intervient au Kossovo et en Serbie. Puis, l'entrée des pays baltes dans l'Union européenne. Ensuite la révolution orange en Ukraine (2004), la reprise en mains en 2010 et le contrecoup de la révolution rose lorsque l'Ukraine, sous pression, renonce à un partenariat avec l'Union européenne (2013-2014). le projet Novorossia se précise dans la tête du potentat, à savoir préserver les droits et les intérêts des citoyens russes russophones du sud-est de la Russie, non intégrés à l'Ukraine à l'époque des tsars.
Cette inclination à quitter le giron russe conforte Poutine dans son fantasme d'effacer l'effondrement du bloc soviétique en instaurant un empire eurasiatique, ou du moins à sceller une union économique eurasiatique, contrepoids à l'UE, accusée de vouloir isoler la Russie et de snober son poids et sa singularité dans l'histoire du monde.
Poutine apparaît comme un homme avide de structures (armée, patriotisme, religion), porteur d'un impérialisme déconnecté du réel, revanchard, conservateur et déterminé à rendre à la Russie son prestige et son rôle majeur dans le monde.
Quitte à agresser un peuple, à s'enliser dans un conflit indécis et à enrichir les États-Unis, ravis de fabriquer des armes, de vendre pétrole, gaz et céréales, d'affaiblir l'Europe en la convaincant de boycotter les importations d'énergie sur le champ, sans alternative, au prix d'une inflation canon et d'une fragilisation de l'économie.
Un vrai gâchis, qui occulte maintenant les pertes de vie humaine et la détresse des Ukrainiens, confrontés à l'horrible depuis février dernier.
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Le clown de Kiev
Nous sommes de plus en plus nombreux à détester le rôle inquisiteur que se donne le fantoche de Kiev qui se prend pour le maître de l'univers. Ses leçons de morale à l'attention de puissances souveraines qui ne sont pas en guerre contre les russes deviennent insupportables. Poutine a raison de vouloir écarter ce fumiste qui insulte le Président Macron parce que celui-ci tente une négociation, seul chemin vers la paix.
Il est juste dommage que le Président Macron se saborde et réponde à ce mépris par un envoi redoublé d'artillerie lourde en Ukraine comme pour se justifier de ne pas être en reste après les tchèques, les anglais et les américains qui eux franchissent la ligne rouge de cobelligérants, ce qui à travers cette escalade des otaniens propulse le conflit vers un dénouement de guerre atomique
Et qui peut comprendre que ces alliances objectives et honteuses entre Zelenski et Erdogan pour une entrée dans l'Otan de la Suède et la Finlande n'aient pas comme objet de déstabiliser une région du globe qui baignait dans une paix relative
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Un petit livre paru en 2014.
Pour qui s'intéresse à l'histoire, à la géopolitique, à la Russie, le livre de Michel Eltchaninoff est toujours d'actualité. Comme Trump, comme notre omniprésident Jupiter, Wladimir Poutine construit sa politique sur des idées.
Sauf que ce ne sont pas celles des deux autres. Ce sont même des idées en opposition totale avec celles véhiculées par le libéralisme anglo-saxon mondialisé qui est désormais la doxa "TINA" censées réglementer un monde merveilleux dans la diversité , l'humanisme et le Progrès. Poutine est vraiment le sale gosse que le Monde Occidental aime autant exécrer que les cinglés de DAesh.
Michel Eltchaninoff , fin connaisseur de la Russie, décrypte le parcours géopolitique de Poutine, qui , ancien officier du KGB, succéda à Eltsine avec une vision pro-occidentale de l'avenir de la Russie , pour ensuite obliquer vers une politique beaucoup plus centrée sur l'Asie , et disons le, beaucoup plus conservatrice, notamment sur le plan des moeurs (l'auteur pointe son obsession pathologique des "homos" qu'il relie aux vices typiquement occidentaux ).
Pour étayer tout cela quoi de mieux que de convoquer quelques philosophes russes oubliés : Nicolas Berdaïev, Ivan Ilyne,Vladimir Soloviev....des philosophes de la fin du 19e et du début du 20e plutôt réactionnaires, souvent émigrés...Car là est le paradoxe : l'héritier d'une idéologie universelle, le successeur du "petit père des peuples" , prône maintenant un conservatisme de bon aloi. De l'URSS communiste il a conservé la puissance omniprésente de l'état , la vision "forteresse assiégée " , l'omnipotence du complexe militaro-industriel, mais l'internationalisme n'est plus de mise, sauf à fédérer les moutons noirs du libéralisme OTAN-compatible sous la houlette du "grand-frère" russe : Iran, Syrie, Corée du Nord,Chine...
L'auteur montre bien que Poutine est loin d'être un inculte comme quelques diplomates ou journalistes occidentaux aimeraient le voir. Influencé , malgré lui ou pas, par des intellectuels conservateurs nostalgiques de la Russie tsariste , ses décisions politiques sont toujours à l'aune de la vision impérialiste et messianique qu'il attribue à la Russie.
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Dans la tête de Vladimir Poutine s'ouvre sur un curieux évènement : la réception, en janvier 2014, d'ouvrages de philosophie de penseurs russes, pour de hauts fonctionnaires russes et en guise de cadeau du Président.
Si cette introduction étonne un peu, elle permet de construire, au fur et à mesure de l'essai, une argumentation éclairante et extrêmement intéressante, qui tente de décortiquer les discours de Vladimir Poutine, et d'y repérer les influences ou utilisations de théories d'intellectuels russes. L'ambition de l'auteur est en effet de montrer et d'analyser les différentes phases du "Poutinisme", une idéologie ayant connu une lente maturation, s'enrichissant d'un lien étroit avec l'église orthodoxe, raffermie par une position conservatrice et opposée aux homosexuels, promouvant une vision démocratique radicalement différente de celles des Européens : celle de la voie russe, dont on ne reconnaîtrait pas suffisamment la qualité de sauveur de l'Europe, contre Napoléon puis contre Hitler.
Fort de cette approche, Michel Eltchaninoff explique la construction d'une idéologie basée sur des intellectuels sortis des affres de l'oubli, ou au contraire réutilisés contre leur gré : Ivan Ilyne, Léontiev, Soljenitstyne, érigé en héros national...
L'auteur s'attarde également sur les grands mouvements de pensée qui ont traversés la philosophie russe, tels que les Occidentalistes, souvent pétersbourgeois, opposés aux Slavophiles, majoritairement moscovites et influencé par Hegel et Schelling. Du courant slavophile est issu Nicolas Danilevski, qui semble avoir une influence particulière sur Poutine, et qui soutient la thèse selon laquelle la civilisation slave serait supérieure à celle européenne, ce sentiment renforcé par le caractère immaculé d'une église orthodoxe face à l'église catholique.
Au-delà des limites du panslavisme, la Russie joue, en fonction de ses relations tumultueuses avec l'Europe, la carte d'une union eurasiatique, remise au goût du jour récemment, bien que remontant à la guerre de Crimée de 1856. Promue par Troubetskoï ou Lev Goumilev (le fils d'Anna Akhmatova), cette philosophie propose une vision positive de la période mongole, et se veut intégratrice des populations turcophones (et musulmanes) au sein d'une "Novorossia", qui comprendrait aussi l'Ossétie du Sud, l'Abkhazie, la Transnistrie...Régions aujourd'hui volontairement déstabilisées, et qui profitent au crime.
Michel Eltchaninoff s'attarde également sur la place particulière de Fiodor Dostoïevski dans la construction d'une idéologie russe : l'auteur fut longtemps un fervent critique de l'Occident et d'une universalité russe.
Une trame directrice de l'idéologie de Poutine finit par se dessiner, étroitement corrélée à une sorte de renouveau de l'Empire russe et à une apologie de la guerre (intervention en Syrie, la première projection des forces russes en dehors de l'ex. URSS depuis l'Afghanistan) ; ce besoin de remplacer l'idéologie communiste trouve donc des pistes parmi le panslavisme (qui explique les pressions sur la Bulgarie), l'église orthodoxe (mais qui pose le problème d'une Russie multiconfessionnelle), un rassemblement autour de l'ethnie russe (Russes d'Ukraine par exemple), ou de la langue russe (qui exclurait de facto la Géorgie et l'Arménie)...
Cet ouvrage est finalement un merveilleux condensé de la projection politique de la Russie, tant par ses intellectuels que par ses aspirations géopolitiques, et offre une vision passionnante de la stratégie fédératrice de Poutine, à la fois à l'intérieur de ses frontières, mais aussi au-delà, dans l'ex. URSS, ou même au sein de l'Europe. A lire !
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Ce petit livre est très bien fait pour les révisions pour le bac. Il est rempli de conseils, comme la façon dont aménager les quatre heures de l'épreuve, les fautes à éviter....
Il contient également des modèles de copies qui permettent de mieux visualiser ce que nous devons faire, et permet de réviser de façon ludique.
En effet, l'humour occupé une certaine place dans ce livre, ce qui nous permet de ne pas nous ennuyer durant nos révisons.
Je conseille vraiment ce livre aux personnes qui, comme moi, prépare leur bac, car j'ai revu rapidement le programme et appris pas mal de choses vraiment utiles.
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Je ne pense avoir été la seule à me demander ce qu’il se passait dans la tête de Vladimir Poutine pour lancer cette guerre en Ukraine.
Cet essai de Michel Eltchanoff, agrégé et docteur en philosophie, tente d’apporter non pas une réponse, mais des explications.
Pour ce faire, il se penche sur les discours de Poutine, ceux de ses proches et les philosophes qu’ils invoquent. Pour extraire les lignes directrices, au fil des mandats, du président russe. Ce qui a guidé sa politique.
On retrouve ainsi pêle-mêle un conservatisme, une appétence pour l’économie de marché et la certitude de la place particulière de la Russie. Cette dernière serait victime des attaques d’un Occident qui ne souhaiterait pas qu’elle puisse se développer comme un contrepoids des États-Unis.
Ce qui m’a surtout frappé dans ce livre, c’est la façon dont les intentions russes étaient clairement affichées oralement s’agissant de l’Ukraine.
Poutine répétant, à l’envie, l’unicité de la Russie et de l’Ukraine, réécrivant l’histoire pour servir ses intérêts, l’on ne peut que constater à posteriori, les événements étaient prévisibles.
Cet essai, s’il ne permet pas de comprendre totalement Poutine, aucun texte ne saurait résumer entièrement un homme, permet de comprendre les fondements de sa politique.
Dans un langage clair et accessible, Michel Eltchaninoff signe un livre nécessaire pour mieux comprendre l’actualité.
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Il s'agit d'un excellent livre, intéressant aujourd'hui pour comprendre l'actualité internationale, la guerre en Ukraine , et la politique russe . L'auteur réalisé une analyse des actions , et des discours de Vladimir Poutine pour essayer de comprendre sa pensée et sa vision du monde .
Je recommande cet écrit à tous les amateurs de géopolitique et de l'actualité , puisque "Dans la tête de Vladimir Poutine" est un magnifique ouvrage pour comprendre la situation.
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Dans ce brillant essai,Michel ELTCHANINOFF nous démontre que dans le plus grand pays du Monde existe une très grande Philosophie Russe.
Il nous fait également découvrir le fond de la pensée de Vladimir POUTINE , élevé comme tous les citoyens dans la force du patriotisme qui se manifeste par un ver!table Amour de la Russie et le respect quasi religieux des livres et des grands noms de la culture…
Michel ELTCHANINOFF explique clairement que Vladimir POUTINE veut régénérer l’image de l’ âme Russe et vise la construction d’un Empire Eurasiatique dans lequel il voudrait en plus intégrer les millions de Russes qui ne vivent pas en Russie…
Ce livre est extrêmement intéressant.
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Une découverte.
Des aspects inconnus, peu médiatisés ou diffusés, sur des aspects philosophiques en Russie qui permettent de comprendre ce pays.
Supprimer la mort qui implique de coloniser l'espace: des aspirations scientifiques, teintées de mysticisme que l'on retrouve aujourd'hui dans les rêves de la Silicon Valley.
Ouvrage clair, documenté et abordable qui donne envie à une future relecture.
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C'est peu de dire que la guerre en Ukraine a bouleversé toutes nos certitudes. Mais elle a aussi profondément questionné ce que nous croyons être la paix, ce que nous croyons être une relation entre les peuples basée sur l'intérêt commun, ou même l'intérêt individuel.
10 penseurs habitués de philosophie magazine se soumettent à l'exercice de prendre du recul par rapport à cette guerre et de penser notre rapport au monde à sa lumière. De niveaux inégaux, ces textes interpellent toutefois chacun par l'angle choisi. Qu'est ce que le pacifisme? Fallait-il donc cela pour créer cette unité européenne? Que penser de la chute annoncée par certains de notre civilisation? Est-ce la faute de l'Otan? Y a t il des réfugiés plus acceptables parce que plus semblables à nous, et qu'en est il de l'universalisme des lumières? Sommes nous dans le déni du réel?
Aucune de ces réflexions ne permet évidemment de venir à bout du problème, mais elles ont chacune le mérite de bouleverser certaines de nos certitudes. Celle qui m'a le plus interpellé est la réflexion de Hartmut Rosa sur notre insécurité ontologique. Et si elle était la source de tous nos maux, à commencer par cette affreuse séduction des extrémismes qui nous promettent un avenir bien cadré, protégé des insécurités, par le prisme de l'homme fort?
Ce n'est pas dans ce livre, mais j'en ressors en me disant que ces soi-disant hommes forts sont décidément de vilains petits garçons qui refusent de devenir adultes, et de sortir de la toute puissance fantasmée. Avons nous donc besoin d'un ennemi, d'un bouc émissaire pour exister?
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L'auteur avoue une sympathie pour les anciens dissidents de l'ex bloc communiste et l'incipit de son Ch. I – « Lénine, rechute » – en est ainsi révélateur, tout en donnant le ton de l'ensemble : « Lorsque l'on demandait au dissident polonais Adam Michnik ce qu'il y avait de pire que le communisme, il répondait : "Ce qui arrive après." ». Ce livre se compose de sept voyages dans des pays comportant (des zones de)s tensions, à la rencontre de néo-dissidents des années 2010 (un ou quelques uns par pays) : l'Ukraine-Russie (Crimée), la Biélorussie, Macao et Hong Kong, le Tibet (exilé en Inde), l'Iran, la Palestine (territoires occupés par Israël), le Mexique (régions séquestrées par le narco-trafic). Le choix de ces destinations – dont brille l'absence des pays arabes – est évidemment surprenant, mais j'émets l'hypothèse qu'il ait été suggéré justement par la recherche d'une certaine descendance des anciens dissidents, pour des raisons comparatives. Les enquêtes sont bien menées, laissant à peine apercevoir les difficultés et éventuels aléas du repérage et rencontres de personnalités qui ne sont pour certaines forcément pas connues, surtout par un étranger. Le contexte local, tel qu'il peut être saisi par un visiteur de passage – c-à-d. par les paysages et l'atmosphère humée... – est également tracé finement, mais à mon sens insuffisamment approfondi pour les besoin d'un ouvrage (à distinguer d'un reportage ou même d'un dossier de presse). Me rendant compte qu'à la fin de la lecture je parviens à me remémorer à peine les noms de tous les dissidents rencontrés, il me reste certes une vision d'ensemble de leurs points communs, mais une irrépressible frustration quant à leurs personnalités individuelles et surtout aux spécificités des situations locales de répressions et de dissidence qui de plus, il faut bien l'avouer, sont très mal couvertes par les médias, qui se focalisent toujours uniquement sur les événements politiques violents – voire guerriers – de ces contrées. La frustration est aggravée par l'impossibilité objective d'approfondir, à cause de l'absence de bio-bibliographies relatives à ces personnalités qui, si elles ont besoin de la plus grande notoriété, doivent tout de même vivre sous protection contre leur gouvernement. J'aurais donc vraiment apprécié un travail de plus grande envergure, qui aurait sans doute demandé un temps de préparation plus long et quelques centaines de pages de plus. Mais ce livre contribue à apporter une prise de conscience sur un aspect méconnu de notre contemporanéité.
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Livre intéressant mais philosophique, nécessitant donc une bonne connaissance de certains philosophes russes, notamment Ilyine, mais aussi Dostoievsky. J'en ai retiré que Poutine a des idées panslaves, slavophiles et eurasistes.avec des idées expansionnistes.
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En 170 pages, l'auteur revient sur des discours prononcés par Vladimir Poutine et éclaire le lecteur sur la possible influence des philosophes sur ces paroles et essaie de déterminer lesquels ont eu plus d'influence que d'autres.
Quels sont les oligarques qui gravitent autour de VP et murmurent à ses oreilles? Est-ce qu'il fait toujours ce qu'il a dit ou prend-il des tendances opposées à ses discours? La cohérence de ses actes est-elle de rigueur? Lui qui se prête à invectiver les EU et l'UE pour leurs comportements et leurs paroles incorrectes et non respectueuses du droit international. Ses manières et ses projets ont-ils plus de vertu qu'un autre?
Le projet Novorossia est-il positif pour les populations concernées? ou ne va-t-il que créer de nouvelles zones criminelles de trafic d'armes et de drogues qui s'accompagne de dommages collatéraux?
Vladimir est-il le seul maître à bord dans sa tête ou subit-il des influences néfastes?
Au vu de l'actualité en 2022, il n'y a visiblement plus aucun homme politique ou oligarque qui ose affronter Poutine ou lui suggérer une autre solution que celle qu'il a choisie envers et contre tout bon sens et logique.
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Et si la philosophie russe nous aidait à comprendre la stratégie de Vladimir Poutine ? Cette idée n’a rien d’absurde, tant les prophètes du conservatisme, de “la voie russe” et de “l’empire eurasiatique” ont le vent en poupe au Kremlin et le soutien de toutes les extrêmes-droites européennes. Maintenant que la guerre est ouverte avec l'Ukraine et que le chef du Kremlin menace l'Europe et les USA de riposte atomique en cas d'intervention militaire, ce livre est plus que jamais d'actualité. Il éclaire sur l'homme et permet de se rendre compte à quel point nous avons été naïf de le considérer comme un partenaire, voire un allié.
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