Le père de Michel Kichka est revenu des camps en seul survivant de sa famille. Evidemment, cela a marqué sa vie, mais aussi celle de ses enfants, la "2eme génération". Et c'est cette empreinte de la tragédie vécue par son père sur sa propre vie, son enfance, sa jeunesse, que nous raconte Michel Kichka, avec beaucoup de sobriété, sans verser dans le larmoyant. Au fil des pages et des dessins, il expose ses questions, ses doutes, la recherche de sa place dans la vie de ce père qui finira par se réfugier à l'extrême dans son rôle de victime de la Shoah, témoin de l'Histoire, passeur de mémoire.
Ce n'est pas une bande dessinée sur la Shoah, un documentaire ou un récit sur les camps. C'est une histoire marquée par cela mais c'est aussi tellement plus.
"Deuxième génération" parle de la recherche des racines, des relations entre parents et enfants et de ce que l'on ose ou pas se dire, se confier, de ce que l'on transmet de douleurs et d'expériences traumatisantes à sa descendance et de ce que l'on absorbe, en tant qu'enfant, des blessures de ses ancêtres.
Michel Kichka ne donne pas de leçon. Comme le dit la quatrième de couverture, "Deuxième génération n'est pas un règlement de comptes avec l'Histoire". L'auteur interroge et se livre à la fois. Il pose les questions et y apporte des tentatives de réponse. Et ce faisant, il emmène le lecteur avec lui dans leurs questionnements à tous les deux, qu'ils soient proches ou non.
D'un point de vue graphique, c'est sobre, épuré, élégant, un complément parfait au texte.
Enfin, "Deuxième génération", c'est aussi une sorte d'hommage au monde de la bande dessinée, ponctué çà et là de clins d’œil aux noms du 9e art les plus connus, ainsi qu'une ode à la vertu cathartique de l'écriture.
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Une autobiographie qui met en évidence le gouffre d'un jeune homme pour communiquer avec un père qui a survécu à Auschwitz.
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Un regard humoristique sur des problèmes douloureux
Deux parties constituent cet ouvrage. Dans la première l'auteur nous narre son cheminement vers le dessin (encore un pour lequel un accident ou une maladie a décidé de son destin) ainsi que son installation en Israël. Partie intéressante mais n'impliquant pas un incontournable.
La seconde partie, écrite également durant la pandémie Covid pose un regard sur la vie dans Jérusalem tant entre les divers peuples qu'entre les religions.
A un graphisme très doux, apaisant même, l'auteur met le doigt sur les problèmes du quotidien, posant des questions, ne jugeant pas, le tout avec un humour très présent permettant d'aborder avec plus de légèreté ces situations complexes.
Un réel plaisir de lecture enrichissant.
Pour moi, c'est à ne pas manquer.
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Dans cet ouvrage graphique autobiographique, Michel Kichka retrace certains événements marquants du confinement en Israël. Il critique aussi le gouvernement en place, la ségrégation avec les palestiniens et aussi l'extrémisme religieux quelque soit la religion, lui qui est laïc.
J'ai vraiment eu plaisir à lire cette œuvre, j'ai par moment beaucoup ri.
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Le BD a fait appel à moi à l'avance. Il s'agit d'une part de la vie de l'auteur et d'autre part des camps de concentration. C'est très bien dit. J'ai parfois trouvé cela un peu compliqué. Si vous connaissez l’histoire de la bande dessinée, c’est beaucoup plus agréable. Il y avait beaucoup de mots dans ce que je ne savais pas encore.
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Que dire de plus que ces quelques mots de l'éditeur ? Tout y est. Une histoire personnelle touchante, sensible sans mièvrerie ou volonté de faire pleurer dans les chaumières. Une recherche personnelle aussi de sens à donner, de réponses à trouver face à une histoire familiale qui est parfois plus devinée que racontée.
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Henri Kichka a écrit « Une adolescence perdue dans la nuit des camps », récit autobiographique décrivant l’horreur de son séjour à Auschwitz, en compagnie de ses parents et de ses sœurs. Lui seul en a réchappé. Son fils, Michel, né en 1954 à Liège, ne connaît les événements qu’à travers le récit, les anecdotes et les privilèges de son père. Michel, sa sœur et son frère sont ce qu’on appelle « la deuxième génération », des milliers d’enfants qui découvrent la bêtise, la violence, la haine par transparence. Michel ayant bâti sa vie d’adulte, loin de la Belgique, en Israël, décide de raconter, en bande dessinée, sa vie dans l’ombre de cette figure tutélaire, à certains moments tellement égocentrique que cela en devient agaçant. Le père, ou plutôt un patriarche : pas croyant pour un shekel, complètement détourné de Dieu, il oblige son fils à faire sa Bar Mitsva et lui interdit d’épouser une femme goy. La relation au père, déjà difficile en temps normal, devient une source de contradictions intellectuelles et morales. Jusqu’à atteindre l’insupportable pour Charly, le petit frère de Michel, qui se suicide.
Cette bande dessinée, en noir et en blanc, teintée d’humour malgré son propos si grave, fait écho à un article paru récemment dans le Monde qui définissait la Shoah comme un traumatisme héréditaire. Dans la famille Kichka, il semble bien que ce soit le cas, même si, à certains moments, nous sommes, en tant que lecteurs, dans une incompréhension totale. Le devoir de mémoire pourrait-il ne générer qu’une fatalité morbide, sans aucun espoir de résilience ? Michel Kichka, dont je ne connaissais que les dessins politiques, ouvre la porte de l’espoir, en clôturant son récit par un autoportrait en homme volant au-dessus d’un livre ouvert. Bien entendu, nous pensons tout de suite au « Maus » d’Art Spiegelman, mais la figure paternelle est différente, ainsi que le propos. Spiegelman voulait raconter la vie dans les camps, pour comprendre le suicide de sa mère. Kichka ne parle des camps que par ricochet, à petits rebonds, d’anecdote en anecdote (celle de son professeur de dessin est très émouvante, car très juste).
Ce qui est, par contre, frappant, c’est qu’il y a réellement un courant de l’autobiographie en bande dessinée depuis quelques années. Ici, ce qui fait la différence, ce sont les racines belges de l’auteur/dessinateur, son humour noir et parfois surréalisant par son essence absurde, et son talent de caricaturiste (le visage du rabbin à la synagogue m’a bien fait rire). Le tout sert un récit touchant – quatre longs chapitres et un épilogue - absolument pas manichéen, proposant une réflexion sur la famille, sur le traumatisme, sur la condition humaine tout simplement. Nous avons parfois le sentiment de retrouver des résonances avec « Si c’est un homme » de Primo Levi.
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Cette Bd est vraiment exceptionnelle. L'auteur fait parfaitement le lien entre préservation de la mémoire et de l'histoire en parlant du rôle de son père en tant que témoin (très connu) de la Shoah. Par ce témoignage, on prend également conscience des "effets" de l'épreuve pour cette deuxième génération.
Vraiment à posséder.
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