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Citations de Michel Serfati (25)


Sa mère avait toujours été là, une évidence simple, douce et tactile, avec les mots qui encouragent, les sourires qui rassurent et les gestes qui apaisent. Là, des questions le tenaillaient. Pour la première fois il se rendit compte qu'il avait longtemps couru après son père, il l'avait cherché, attendu, espéré à une place que celui-ci n'occupait que rarement. Ce père là avait eu peu de mots pour dire même des choses ordinaires. Il ne touchait presque pas ses enfants. Certes, au retour de l'école ou du travail, il y avait la bise quotidienne, superficielle, ritualisée et contrainte, mais ça allait rarement au-delà. Ce père, maintenant, il ne le rattraperait plus. La fin de la mère avait laissé un vide, celle du père laissait un fardeau.
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Pourquoi une telle gloire se propageait-elle dans toutes les cités hellènes ? Car enfin Antigone s’était élevée contre la raison de l’État, de tout État. Elle en avait renié l’autorité, insulté les règles du gouvernement. Par le talent de Sophocle, sa voix d’outre-tombe criait qu’il fallait résister au pouvoir des hommes, au droit des cités, pour n’obéir qu’à ce qu’on juge être une loi suprême dont on ne serait finalement comptable que devant les seuls Dieux, même si un jugement de roi pouvait condamner ! Pourquoi la richesse d’Athènes, et celle d’autres capitales, finançait-elle à grands frais la représentation d’un personnage qui sapait ainsi leurs fondements ? Pourquoi la Grèce vouait-elle un tel culte à la désobéissance, à la révolte, à l’insoumission que personnifiait Antigone ? Jusqu’à Thèbes même, où les successeurs de Créon avaient fait ériger une stèle luxueuse sur sa tombe ?
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Timidement, sans comprendre ni pourquoi ni comment, il aurait aimé que ce pays lui ouvre ses portes cachées, ce pays que son père avait croisé, aimé et haï sans doute, et où il avait dû tant souffrir.
(p. 41)
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Anne ne s’était jamais rendu compte à quel point les mots lus à d’autres, comme les paroles chantées parfois, pouvaient être un baume à des angoisses si diverses. À la maison d’arrêt de Strasbourg, la bibliothèque était assez peu fournie, mais c’est encore Jacqueline qui alimenta sa fille en ouvrages de toutes sortes, pour elle, autant que pour une lecture à haute voix à Dounia.
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Il faisait naître une mélodie étrange, spatiale, une sculpture musicale aérienne qui enveloppait l’auditoire d’un voile léger et subtil, une musique d’une douceur et d’une sensualité intenses venue d’un autre monde, jetant un pont entre des sonorités de sociétés très anciennes et des expressions les plus contemporaines.
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Et ce silence, trop tard et si mal comblé, Nadia le ressentait maintenant comme une injustice profonde, qui la mettait dans une colère sourde.
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Ismène s'imaginait mal attaquer l'eau avec la vigueur parfois enragée de ses frères, elle regrettait juste qu'une fille n'ayant pas droit à cette instruction ne puisse laisser aller son corps en liberté dans un bain de légèreté si voluptueux.
Pourquoi n'apprend-on pas à nager aux femmes ?
Phénarète éclata de rire.
Parce que les femmes ne sont pas des poissons.
Et les hommes si ? Parfois, ils se prennent même pour des oiseaux, et se brûlent les ailes.
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[...] il laissa venir les ombres du passé, puisque les souvenirs sont les seules ressources de ceux qui ne peuvent plus rien.
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Je suis le paria d'une lignée que je n'ai pas voulu suivre dans
la mort, pour n'avoir eu d'autre ambition que celle de
vouloir vivre ma vie, loin de l'arrogance guerrière des
hommes, et de la place qu'ils on voulu m'imposer.
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Ouvrir ou pas, chercher des traces ou ignorer, fouiller ou refermer… Il hésita, perplexe, tenté, mal à l'aise. Après la résurgence du souvenir de la beuverie et la rencontre du cimetière, c'était la troisième fois en quelques jours que l'Algérie faisait irruption. Ouvrir ou pas.
(p. 20)
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Ce n'est pas être infidèle à Polynice que de lui survivre, il n'aurait pas voulu ta mort. Mais tu n'entends rien, tu ne veux rien entendre de ce que je dis, peut-être parce que, comme les hommes, tu cries quand moi je murmure. Tu ne fais pas honneur à la vie. Seule l'éternité de la mort t'intéresse. Tu rêves d'éternité, et tu n'as trouvé que cela pour y parvenir, un prétexte. Que m'importe moi, d'être éternelle ? L'éternité est illusion, vivre, ce n'est ni hier ni demain, c'est être aujourd'hui. Laisse-toi vivre, laisse-toi aimer, laisse s'entrouvrir cette porte que tu as toujours maintenue close.
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Nous ne sommes pas obligées de chercher à ressembler aux hommes pour ne pas nous couler dans un moule qu'ils ont inventé pour nous.
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Avec le recul du temps, cette histoire s’était colorée d’une lumière plus intense, presque aveuglante. Ismène prenait maintenant pleinement conscience de la trace indélébile qui persistait en elle, aujourd’hui elle pouvait nommer ce lien, oser reconnaître le mot « passion ». Oui ç’avait été un amour, le seul véritable amour qu’elle ait connu, la lucidité d’une maturité chèrement acquise le lui rappelait si tardivement.
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C’était une rebelle, ça se voyait, ça s’entendait, une exaltée, élégante même quand elle enchaînait gauloise sur gauloise entre ses doigts fins, des sans filtre, et sa manière de souffler la fumée vers le haut en serrant les lèvres, un joli geste.
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Le hang lui offrit une respiration salutaire. Cette musique l’avait réellement bouleversée. Elle avait immédiatement senti qu’elle pourrait par ce moyen exprimer quelque chose d’elle qui échappait à la rationalité de la réflexion et du langage.
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Mais de quel droit lui refusait-elle la vérité ? Que ce fût aussi une souffrance pour sa mère, qu’il y avait un trop dur à dire pour elle, n’atteignait pas Nadia qui, au fil des ans, répondit au mutisme par des silences de plus en plus pesants...

...Durant ces années, elle avait ravalé sous sa langue toutes ses interrogations, en même temps qu’elle était habitée d’une colère indicible contre sa mère, une mère n’est-elle pas toujours responsable de tout ?
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[Créon] - Pas plus qu'aux esclaves, la puissance de dire oui ou non ne revient aux femmes. La guerre pour les hommes, le lit pour les femmes, telle est la règle. Pandora ne peut diriger un État, tu le sais.
[Ismène] - Pandora, Pandora, vous n'avez que son nom à la bouche, quand ça vous arrange ! Et Myrthis, la poétesse, si peu chantée ici alors qu'elle est née sur ces terres ? Et Errina, et Sappho, et Théano la philosophe ? Et Callirrohé qui laissa de si belles peintures à Sicyone ? Et tant d'autres que tu oublies ... Quant à moi, simple mortelle née d'on ne sait où, je ne veux certes pas diriger la cité, je vous laisse à vos ambitions si détestables. Je ne veux que diriger ma vie et non celle d'autrui, dans ce que je puis du moins.
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J’ai fait la triste expérience que les remords n’évitent pas les regrets, pire que les remords sont une forme de regrets irréversibles, avec de la culpabilité en plus.
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Des gens fuient la famine et les guerres, ils n’ont comme seul tort que de vouloir survivre, et on les laisse mourir en pleine mer, parfois avec leurs enfants. Ira-t-on un jour jusqu’à interdire de leur porter secours ? C’est si désespérant.
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[...] c’était une colère contre la méchanceté, contre la guerre et la pauvreté partout dans le monde, et c’est vrai qu’il n’était pas très joli, ce monde-là.
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