cet érudit dernier philosophe scientifique optimiste mais pas naif en nous léguant la Petite Poucette, nous amoureux du verbe face aux maux de notre Humanité dénaturée en quête de sens, prompt à confier son destin à des blablateurs twitter convulsifs, nous confie cette jeunesse qui imaginent comprendre par l'information leur a été communiqué mais qui oublient de croisé les sources de lire des livres, les philosophes et historiens pour prendre conscience que leur apparente Liberté est trop souvent une servitude volontaire où même leur intimité est livrée en public sur la toile..
A Dieu Michel Serres , nous veillons sur la petite Poucette
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Au crépuscule de sa vie, le philosophe nous livre un recueil à la gloire du monde contemporain et tombe dans la caricature inversée de ce qu'il dénonce : le passéisme des anciens. Si le postulat de départ, optimiste et bienveillant est intéressant, l'absence de nuances dans le propos rend ces quelques dizaines de pages assez pénibles à lire.
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J'ai eu envie de lire ce livre suite à une critique d'un Babelionaute et j'ai passé un fort bon moment.
Michel Serres décrit cet "avant" que Papy-Ronchon regrette tellement, pendant que Petite Poucette papillonne sur son smartphone. Et ça fait du bien de lire que oui, on est bien dans notre époque, et même si on peut sans doute y trouver des choses à redire, c'était pas si mieux que ça "avant". Maintenant on a la paix, les machines à laver, les vacances, les moyens de communication etc...
Un ouvrage très bien écrit (évidemment de façon très philosophique: l'auteur défend son opinion!) qui fait du bien quand même.
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Dans cette somme philosophique, Michel Serres retrace toute l'histoire du monde dans ce qu'il appelle Le Grand Récit. Il cherche à montrer que les sciences de l'homme (linguistique psychologie sociologie histoire, sciences politiques) relèvent des mêmes règles que les sciences de la nature (astronomie, physique biologie géographie) et qu'un véritable humanisme universel ne trouvera son fondement que dans les lois naturelles et non dans une culture parmi les autres comme l'humanisme des droits de l'homme l'a fait jusqu'à présent.
Rationaliste et réaliste tout à la fois, M. Serres milite pour un enseignement renouvelé réunissant dans un même ensemble les éléments de bases des sciences de la nature et des sciences de l'homme.
Commenter  J’apprécie         30 ![Hergé mon ami par Serres Hergé mon ami](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41y9oYwSAqL._SX95_.jpg)
Je n'ai pas aimé le style de ce livre, composé de dix articles parus entre 1970 et 1997, et traitant autant des rapports d'amitié entre l'illustre philosophe des sciences et l'immortel dessinateur que de l'analyse de certains de ses albums : L'Oreille cassée, Les Bijoux de la Castafiore, Tintin et les Picaros, Tintin au Tibet. Je n'apprécie pas que, parti d'une idée intéressante et à peine effleurée – qu'Hergé puisse être considéré comme « Le Jules Verne des sciences humaines » – cet hommage à l'ami disparu se transforme, par accumulation et redondances, en une espèce d'hagiographie. J'aime les analyses des œuvres au plus près du texte, et j'ai horreur que des idées intéressantes – et à peine développées – se retrouvent noyées dans une accumulation et redondance de métaphores, pour le seul plaisir de la belle phrase surprenante, de l'image poétique. C'est un reproche que je fais à des auteurs que j'aime, comme Roland Barthes, par exemple.
Je vais donc m'efforcer de retenir, et de noter en citation, uniquement ces idées intéressantes :
- Hergé, dans les voyages qu'il nous fait faire, et dont les paysages nous suivent dans notre mémoire, que nous nous rendions à « Shanghai ou au Tibet, en Écosse ou au Proche-Orient », « part du musée d'Ethnographie et non du muséum d'histoire naturelle ». Ainsi, certains de ses albums peuvent se lire comme de traités de sciences humaines, et c'est ce que Michel Serres va réaliser ici.
- Ainsi, L'Oreille cassée est considérée comme une « ethnographie du fétiche », au-delà du concept, déjà utilisé par Diderot, mais popularisé par Charles de Brosses (1709-1777) et abondamment étudié par Marx (valeur d'usage/valeur d'échange) et par Freud. Le même opus peut être lu aussi comme un voyage initiatique « à la recherche des origines », dont le retour constitue une critique de la société de la « substitution », du toc, du remplaçable, et en fin de compte de la société du spectacle.
- Les Bijoux de la Castafiore, analysé dans « Rires : les bijoux distraits ou la cantatrice sauve » - l'article le plus long (pp. 62-91) et plus abouti – constitue un petit traité de théorie de la communication, ou plutôt un catalogue des « parasites », ou défauts de communication étudiés largement par cette théorie. « Parasites » comme personnages, chacun représenté par son animal-totem (cf. cit. infra) et aussi « parasites » comme instances de communication défectueuse. Il est aussi question du théâtre classique, avec la centralité de l'escalier dans ce seul ouvrage qui se passe à huis-clos, et en conclusion, très très rapide, du rire entendu comme une « chaîne » - je pense qu'il s'agit aussi d'un concept tiré de la théorie de la communication.
- Tintin et les Picaros, se présente d'abord comme un essai sur « Le picaresque aujourd'hui ». Il s'ouvre sur une très belle analyse du personnage de Tournesol à travers l'ensemble de l’œuvre d'Hergé. On a souvent remarqué son « épaississement » au cours des années, de « petit inventeur pour concours Lépine » à physicien nucléaire. Mais Serres prend très au sérieux la grande crise d'amnésie (Objectif Lune) provoquée par l'expression du Capitaine Haddock : « faire le zouave », comme une dénonciation de la collusion de la science avec le militarisme, qui provoquerait une véritable crise de conscience chez le savant, qui, après l'expédition lunaire, se consacrera à la culture des roses et à l'invention de patins à roulettes motorisés, et en viendra enfin, dans ce dernier album terminé, aux plantes médicinales, à la pharmacopée comme remède contre l'ivresse – remplacement de l'alcool par l'opium. Cet article aborde plus que tout autre la question de la société du spectacle, même si Guy Debord n'est pas nommément cité. Il est d'abord question du factice dans la nutrition, sans doute pour développer la métaphore de l’écœurement. Ensuite sont rappelés les multiples renvois de ce dernier opus aux Sept Boules de cristal, lorsque, dans le music-hall, Alcazar est le lanceur de poignards Ramon Zarate et Haddock essaie de percer le mystère de la transsubstantiation de l'eau en vin. La société du spectacle, c'est bien sûr le coup monté par Sponsz-Esponja, le nez-à-nez Haddock-Tapioca par écran télévisé interposé, mais c'est aussi le Club Méd qui remplace les guérilleros – qui ont déjà remplacé les Arumbayas et leurs ennemis Biberos – c'est le coup d'État de carnaval, ce sont les Turlurons de Séraphin Lampion : « Le masque de ressemblance masque le masque de la différence. Haddock et Tintin sont jumeaux, ils ne sont plus que des Dupondt. » (p. 102), ce sont enfin les deux mêmes militaires, dans le même bidonville, avec juste des uniformes différents.
- Dans « La plus précieuse des raretés », au sujet de Tintin au Tibet, la découverte la plus rare, c'est l'inversion nécessaire à l'éthique du scientifique social. Le monstre, l'abominable, l'inhumain s'avère être le meilleur, le lointain s'avère être le proche et le prochain. Sont convoqués le récit biblique du Bon Samaritain et Diogène le Cynique. Enfin est supposé (cf. cit. infra) le retournement entre l'ethnologue et son « sujet » d'observation : « Dites : qui allons-nous rencontrer, en Occident, au retour de l'Himalaya ? Des bêtes abominables qui chassent les misérables » (p. 129).
Commenter  J’apprécie         126 ![C'était mieux avant ! par Serres C'était mieux avant !](/couv/cvt_Cetait-mieux-avant-_3085.jpg)
Je continue avec Michel Serres. Grand-Papa Ronchon râle :
" C'était mieux avant !"
Petite Poucette, qui est en fait l'auteur, réplique, avec plein d'arguments, que c'est mieux maintenant :
"La paix, la longévité, la paix, les antalgiques, la paix, la Sécu, la paix, l'hygiène, plus de peine de mort, les voyages, le travail allégé..."
Ce qu'il regrette, comme moi-même, amoureux des vieilles pierres, ce sont les constructions architecturales, beaucoup plus belles avant, mais gros sous & gros profits obligent, malheureusement : )
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Au final, j'ai noté une formule géniale :
"L'homme mourut d'avoir gagné : ... il a lutté, il s'est battu, il a tout inventé, enfin il va gagner. Demain matin, au jour même de sa victoire, seul au monde, il sera forcé de se résigner, comme le fit le séquoia floral,..."
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Pour abonder dans le sens du philosophe, l'homme prend conscience de l'importance de la paix ; peut-être qu'un jour, avant "d'avoir péché le dernier poisson", il sera raisonnable, et arrêtera de faire dégorger la planète pour un peu d'argent : )
Commenter  J’apprécie         338 ![Petite Poucette par Serres Petite Poucette](/couv/cvt_Petite-poucette_6473.jpg)
Notre philosophe, Michel Serres, nous a quittés il y quelques semaines mais pour l'éternité, il nous a laissé son oeuvre et quelle oeuvre !
Un de ces derniers livres: Petite Poucette explore notre monde contemporain et les changements qu'il annonce.
Poucette n'est autre que l'illustration des jeunes sur leur portable, les deux pouces en activité. Il voit en cette jeune génération de la technologie, une génération qui va bouleverser les codes dans tous les domaines.
Il y voit la « fin de l'ère des experts », la « fin de l'ère des décideurs » et favorise « l'intuition sérendipitine », c'est-à-dire la capacité de l'être humain à trouver quelque chose sans l'avoir cherché. Il prend pour exemple la famille Boucicaut et son bon marché.
Pour lui, l'ordre sclérose notre imagination, au contraire du désordre qui nous permet souvent de partir à la découverte.
Dans ce monde de communicants, la Toile offre cette possibilité. Chacun peut donner son avis.
Et d'après lui, s'il faut rendre coupable quelqu'un, ce sont bien les générations antérieures qui n'ont pas su conserver les liens que le mariage avait créés, que l'église avait créés, que l'armée avait créés, que les partis politiques avaient créés… !
L'humour et l'optimisme de Michel Serres sont présents dans ce livre. Il ne juge pas, il ne condamne pas, il pousse la réflexion vers demain.
Très agréable !
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Superbe titre.
Un format réduit.
Un philosophe renommé.
Je me faisais une joie de savourer un concentré de pensées ou de propositions ciselées.
Disons le tout de suite: j'ai déchanté. Il s'agit plus d'une série "plume libre à Michel Serres" sans thématique centrale, série dont je n'ai guère perçu la cohérence.
Cependant cela ne doit pas masquer quelques phrases ou sentences méritant que l'on s'y arrête. Parmi celles que j'ai retenues figurent:
- l'apologie du chahut comme dérision vis à vis des hiérarchies lourdes ou sottes, tout en prônant l’obéissance aux lois la cité et aux lois de la nature,
- le don et le pardon altruistes (sans attente de réciprocité): "malades, nous ne pourrons jamais rendre à l’infirmière ce que nous avons reçu de sa mansuétude, mais devons le rendre à un tiers",
- le plaidoyer pour humilité,
et pour terminer une phrase superbe: "qu'est ce que la littérature?: le récit indéfini des possibles humains".
Commenter  J’apprécie         60 ![Morales espiègles par Serres Morales espiègles](/couv/cvt_MORALES-ESPIEGLES_7937.jpg)
Pourquoi est-ce que je lis les livres de philo plus vite que les autres, et avec plus d'appétit ? Je n'en sais rien.
Ma critique est un peu un hommage à Michel Serres qui vient de nous quitter ce premier juin.
Il fait l'éloge de l'espièglerie, du chahut, de la désobéissance de sa jeunesse. En vieux grand-père complice et provocateur, il évoque les bazars d'internats qu'il lançait.
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Mais il met des bornes : la triche n'apporte rien.
Marin, il sait mieux que quiconque la responsabilité de l'homme de quart : on ne triche pas avec la mer, les éléments, la nature : c'est l'école de la vie.
Le chahutage ne doit pas aller trop loin, et ne doit pas se transformer en lynchage : Bérégovoy en est sûrement mort.
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C'est donc un éloge du chahut doux que propose notre philosophe.
De même, il rappelle une livre précédent où la joute verbale entre Grand Père "Ronchon-c'était-mieux-avant", et Poucette sur son smartphone se fait dans la douceur. Il donne même raison à Poucette, associant le virtuel à vertu, car il n'y a pas mort d'homme dans le virtuel qu'il associe aux exploits chimériques de Quichotte ou de Tartarin, et aux aventures douces des romantiques.
C'est pour une euphémisation de la vie sociale que notre philosophe prend parti. Tiens, ça me rappelle Norbert Élias !
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Un merveilleux passage sur le don et le pardon vient un peu comme un cheveu sur la soupe, mais je l'ai bien apprécié.
Enfin, une morale de l'humilité vient compléter le tableau de ce petit livre, qui est une sorte de testament de notre philosophe : )
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Petite lecture en hommage à ce grand homme qui vient de disparaître. Ce sont des entretiens radiophoniques où Michel Serres nous exprime avec la simplicité qu'on lui connaît sa philosophie de la vie. La vie, plus que la pensée, a passionné ce philosophe qui plus que tout autre sait retourner les idées reçues, les miroirs aux alouettes d'une logique superficielle pour nous montrer un monde, un univers, une humanité aimable et merveilleuse, qui vaut la peine qu,on s'y arrête.
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Quoi de mieux qu'un mini-livre de Michel Serres pour accompagner un voyage en train ?
Rien, bien sûr !
Cet opus, en lien avec l'anniversaire avec les éditions du Pommier, m'a procuré (comme à chaque fois) une bouffée d'air frais et de positivisme.
Je ne crois qu'à ma vie AVANT la mort mais l'idée de vous rencontrer, Michel Serres, après votre décès, me procure de l'envie, du plaisir et même de l'impatience.
Merci à vous !
Commenter  J’apprécie         20 ![Darwin, Bonaparte et le Samaritain par Serres Darwin, Bonaparte et le Samaritain](https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/51WMGGUBQVL._SX95_.jpg)
Quand mon père m'a filé ce bouquin j'étais plutôt enthousiaste. J'aime ces grandes synthèses très englobantes et théorisantes sur l'histoire de l'humanité. Mon père avait été moins emballé. J'ai vite compris pourquoi. L'écriture est hyper alambiquée, il y a plein de mots compliqués ainsi que d'effets littéraires, beaucoup de virgules, des phrases qui semblent interminables, avec moult références et figures de styles. Du vrai patinage artistique (normal pour lui qui aime les sports de glisse). Mais ça nuit à la comprehension je trouve. Surtout qu'il faut s'accrocher, car le monsieur est très cultivé et qu'il tient à démonter sa science : c'est donc à la fois très scientifique et très littéraire. Ca ne manque ni de saveur ni d'intérêt mais c'est un peu indigeste, un peu too much. Des fois le fond rejoint la forme, comme quand Michel Serre défend la quête de l'immortalité et lance ce cri du coeur qui résonne aujourd'hui tristement : à mort la mort !
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Toute chose égale par ailleurs, Michel Serres, c'est un peu comme Jean d'Ormesson, je le trouvais souvent plus séduisant à l'oral qu'à l'écrit.
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Des contes poétiques dans des paysages différents qui nous amènent à réfléchir sur notre monde et son environnement humain, végétal et animal
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Indispensable pour mieux comprendre la société de nos adolescents aujourd'hui, les défis qu'ils ont à relever, et comment les aider, les soutenir et les encourager.
Incontournable
Commenter  J’apprécie         20 ![Eloge de la philosophie en langue française par Serres Eloge de la philosophie en langue française](/couv/cvt_Eloge-de-la-philosophie-en-langue-francaise_5160.jpg)
Michel Serres Revient dans ce livre sur quelques siècles de philosophies en langue française: de Descartes à lui même en quelque sorte !
Il passe bien évidemment longuement par Leibniz et Bergson qu'il connait bien, n'oublie pas Rousseau, mais surtout en tant qu'épistémologue s'arrête sur de grands mathématiciens comme Hadamard ou Poincaré et leurs pensées. Il retourne les mots, comme à son usage, décrypte leur sens, leur origine et la décrypte pour nous.
Son propos est avant tout de montrer que la philosophie française est avant tout intéressante hors de l'université, elle est promenade dans le réel est non pas conceptualisation hors sol, comme souvent ailleurs (Allemagne et pays anglo-saxons).
On sent ici rejaillir tout l'amour de l'auteur pour la langue vernaculaire, du peuple, et pas vraiment celui du grec ancien, platonicien, attaché aux idées parfaites et bien polies.
Serres aime le rugueux, le local sur lequel peut s'appuyer le global et sa pensée, c'est un Gascon et pas un philosophe d'Ulm parisien !
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Est-ce que c'était vraiment mieux "avant" ? Face à tous les nostalgiques de ce passé bien fantasmé, Michel Serres parle de cet avant qu'il connaît bien pour y avoir vécu. Il nous montre tous les progrès que notre civilisation a connus dans le vingtième siècle en ce qui concerne par exemple l'hygiène, la santé, l'éducation, la condition féminine, le travail et surtout la paix en Europe.
Certaines personnes trouvent que Michel Serres fait preuve de trop d'optimisme. Peut-être, mais je suis sûr que Michel Serres aime mieux passer pour un incorrigible optimiste que pour un vieux con !
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Petit livre, d'un vieil homme qui se retourne sur sa vie et en conte quelques moments chers, anecdotes ou enseignements. Certaines notions comme la transmission du don reçu à nos propres successeurs sont interessantes mais globalement je reste sur ma faim. C'est le premier de Michel Serres que je lis donc n'ai pas de points de comparaison avec d'autres...
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