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Citations de Michel de Saint-Pierre (60)


Le tsarisme n est pas seulement la forme officielle du gouvernement russe, il est aussi la base, la charpente et la structure de la communauté russe.
C est le tsarisme qui a fait l individualité historique de la Russie et qui la maintient. Toute la vie collective du peuple russe est comme intégrée au tsarisme.
En dehors du tsarisme, il n y a rien.
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Il avait un justaucorps en droguet de Bruxelles couleur de musc, avec la rhingrave de bombasin amarante.
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Michel de Saint-Pierre
Messagère

Ce pays est ruisselant d’eau.
Elle est partout, la messagère,
Prodiguant son âme légère
Aux mufles calmes du troupeau.

J’ai vu la neige. Elle était seule,
Vieille fée aux pâles fuseaux
Méditant au bord des tombeaux
Et se taisait comme l’aïeule.

Et j’ai bu dans les graves bleus
Au chaos des gorges profondes
Où se mirent les feuilles rondes
Et les bêtes aux vastes yeux.
J’ai vu la source. Elle était femme,
Et souriait distraitement
Sous les petites mains du vent.
Elle attendait… Elle était femme.

Et parfois j’ai guetté le bruit
Que fait, dans le soir monotone,
L’eau souterraine qui chantonne
Au fond d’une éternelle nuit.

J’ai vu descendre la cascade,
Légère comme un troupeau blanc,
Des collines couleur de sang
À la plaine couleur de jade.

Onde immobile où dort le miel,
Longues eaux qui glissent dans l’ombre,
Eau suintante, eau vive, eau sans nombre
Où se penchent les yeux du ciel.

Puis j’ai quitté la messagère
D’un pays que je trouvais beau.
Mais j’ai tendu les bras vers l’eau
Car son âme est fraîche et légère.

(in La Source et la mer)
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Georges Damville songea, une fois de plus, que les humains se divisent en deux catégories : ceux qui ont mal au foie, et les autres.
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Il y a deux sortes d'humains : les créateurs et les impuissants. Or, tout se passe comme si les second rendaient en haine ce que les premiers leur donnent en mépris. Vous verrez ; il existe par le monde une extraordinaire conspiration des imbéciles et des incapables, ligués contre ce qui est fécond, indépendant et fier. Ils sont puissamment organisés. A côté d'eux, les agents de l'Intelligence Service et les Jésuites eux-mêmes sont des enfants.
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Voyez-vous, une maison d'édition se mène comme une autre affaire : budget, contrôle de gestion, compte de résultat, bilan, etc. Mais nous ne vendons pas des boîtes de sardines. Nous avons affaire au plus subtil de tous les arts, et ceux qui prétendent l'exercer ne sont pas souvent des artistes. (chap. 3)
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Puisqu'on ne montre plus Guignol aux Tuileries, je regarde les variétés à la télévision. Ou bien une séance à la Chambre. Le vide absolu me rafraîchit les idées. (chap. 2)
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La captive, dans cette alcôve sordide et noyée d'ombre, perçut immédiatement qu'elle avait une compagnie : l'odeur. A dire vrai, c'était beaucoup plus qu'une odeur ; c'était un foyer de corruption et de relents immondes, exhalés de la cuvette des wc, des murs, de cette chose innommable qui devait être un matelas ; c'était le chaud parfum des crasses de corps et d'âmes, et des désespoirs, et des haleines de bouches malades ; c'était le remugle d'un entassement de misères, qui rayonnait.
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Un filet de sang coulait de son épaule blessée. Carol, sans mot dire, se remit à tirer jusqu'à vider entièrement le chargeur, tandis qu'il reculait, tressautant à chaque impact, les yeux exorbités. Elle le vit porter les mains à sa poitrine étoilée de rouge, cracher le sang dans un hoquet, reprendre un instant son équilibre, puis tomber de côté sans même essayer de protéger sa chute. (chap. 5)
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ANNEXE VI
Le point de vue de l'instituteur.
L'instituteur à qui je rends visite est un homme de cinquante-huit ans. Il a des traits de sénateur romain. Dans ses yeux plissés, je vois de la bonhomie et de la rigueur. Il juge les êtres et les choses avec la sérénité de celui qui va bientôt quitter son métier, sans impatience, mais sans regret.
« Je ne voudrais pas soupirer comme tant d'autres : De mon temps ! Mais l'école d'autrefois est morte. A qui la faute ? Jusqu'à la guerre de 1940, l'instituteur avait une situation enviée. Les candidats aux Ecoles Normales étaient, en moyenne, cinq ou dix fois plus nombreux que les places offertes. Alors que maintenant, pour trente postes, il arrive que vingt élèves seulement se proposent. Aussi bien, le nombre des femmes augmente dans l'enseignement primaire, tandis que celui des hommes diminue. Certes, il est bon que les cours préparatoires ou élémentaires soient tenus par des femmes. Mais je prétends, moi, qu'au-delà du certificat d'études, c'est néfaste. »
L'opinion de l'instituteur rejoint ici le diagnostic du prêtre et du psychiatre : selon lesquels l'autorité d'un homme est irremplaçable – à l’école et au foyer…

« Le véritable drame, voyez-vous, c'est qu'une profession aussi belle que la nôtre ait été peu à peu dévaluée. On entre à l'Ecole Normale avec l'idée bien ancrée de ne pas rester instituteur. Mais qu'est-il donc, ce métier, sans la vocation? Quant aux suppléants, ils viennent à l'enseignement, pourvus du seul et maigre baccalauréat. Nulle expérience pédagogique. Un tel système attente au respect qu'on doit à l'enfant. Des femmes, des laissés-pour-compte de l'Université, voilà donc ce que nous aurons de plus en plus -- et les gosses, je le sais, vont en pâtir cruellement. »
Le vieux maître conclut, souriant et désabusé – en philosophe qui sait rendre son fardeau léger :
- Je l'avoue, si j'avais un fils, je n'oserais pas lui conseiller la carrière de l'enseignement primaire. A défaut de l'orienter vers les grandes écoles, j'en ferais un artisan. Le carreleur qui vient de paver ma cuisine, un ancien élève, gagne exactement deux fois plus que moi...

(p.217)
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- Ma mère est là. Mon père ? Je ne sais pas qui c'est.
« Ils ont conscience que personne ne les aime. C'est vrai ; mais pour un oui ou pour un non, ils se donnent à eux-mêmes cette excuse, cet alibi. Ils s'aiment entre eux, et d'autant plus que leur sentiment s'aggrave d'avoir pour ennemi la société, les « forces de l'ordre », les ainés, tout le monde...
Leurs lectures ? Eh bien, ce sont « Tintin », « Spirou », les bandes dessinées de « France-Soir » (les horizontales ; pas les verticales — car « Le crime ne paie pas » et « Les amours célèbres », pour eux, c'est déjà de la haute littérature). Mais leur véritable héros est Tintin — et je puis vous expliquer cela : Tintin n'a pas de parents ; les problèmes d'argent ne se posent point pour lui ; quand il décide d'aller à Athènes, il prend l'avion, sans jamais demander la moindre permission à personne. Il est libre, et voilà pourquoi nos blousons noirs l'ont définitivement choisi pour héros. »
Je pose à Roger de Mervelec une question qui a pour moi beaucoup d'importance :
- Lorsque Tintin se livre à des actes courageux, désintéressés, est-ce que cela les touche aussi ?
- Assurément, oui. Mais ils se contentent d'en rêver, n'ayant jamais l'occasion de se réaliser aussi pleinement... D'ailleurs, ils ont un autre héros, qui est Johnny Hallyday...
- Pourquoi celui-là ?
- Parce qu'il a leur âge et qu'il les venge tous. Hallyday n'a pas de parents ; c'est un enfant abandonné. Il a connu les débuts les plus difficiles, frôlant même l'Assistance Publique. Et croyez-moi, les blousons noirs savent tout de lui.

(p.114)
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Ils n'avaient pas de meneur ; les adolescents sauvages opéraient par groupes. Du reste, ils n'étaient pas venus pour le spectacle lui-même — mais pour participer à un rassemblement. L'affiche qu'on leur montrait ne représentait qu'un blouson noir : on les conviait donc à se réunir et à manifester. Et c'était bien là un « meeting » de blousons noirs, autour de leur symbole sexuel. Vince Taylor (supportable en disque, mais très mauvais sur scène) est érotique dans ses chansons, son style, son rythme, sa manière d'être. Alors que Johnny Hallyday, tout à l'opposé de Taylor, est frais, sain, romantique. Hallyday est un artiste ; il est grand, bien fait, athlétique même — et ce garçon qui chante vraiment plaît aux filles. Vince Taylor paraît sombre, sensuel, efféminé, dangereux. Johnny Hallyday n'a que dix-neuf ans, mais c'est un mâle. Et lui, du moins, a inventé un spectacle...
(p.112)
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Nous ne nous désolidariserons pas des blousons noirs. Sans les approuver, nous les couvrons, nous les comprenons et nous savons que leurs révoltes, leurs canailleries dans le monde entier actuel, ne sont que l'héritage de votre démission et de vos mensonges.
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Même pour les Russes, ce qui se passe alors est ahurissant, absurde, intolérable. La tsarine a reçu du tsar des pouvoirs étendus qu’elle met littéralement aux pieds de Raspoutine : elle sent passer en elle l’esprit de « l’homme de Dieu » dont elle est devenue, tout comme Viroubova, l’esclave.
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Or le tsar Nicolas Ier à beau dire et beau faire : s’il désire, dans son honnêteté foncière et sa réelle bonté d’âme, une réforme du servage, il n’ose pas en assumer le risque. Il ne parviendra jamais à surmonter la peur que lui inspirent l’aspect politique de cette réforme fondamentale — et les violentes réactions qu’elle ne manquerait pas de soulever.
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L’histoire de la Russie, de 1613 à 1917 — c’est-à-dire pendant le règne des Romanov — est sans doute la plus sanglante, la plus fertile en monstruosités de tous genres sur quoi l’attention d’un historien puisse se pencher. Elle ne le cède en horreur qu’aux débuts de la Révolution — puis aux fameuses “purges” de Staline.
Cependant , au cours des trois siècles dont il est question, on a tellement bâti que les pierres effacent le sang.
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L’histoire de la Russie, de 1613 à 1917 — c’est-à-dire pendant le règne des Romanov — est sans doute la plus sanglante, la plus fertile en monstruosités de tous genres sur quoi l’attention d’un historien puisse se pencher. Elle ne le cède en horreur qu’aux débuts de la Révolution — puis aux fameuses « purges » de Staline.
Cependant, au cours des trois siècles dont il est question, on a tellement bâti que les pierres effacent le sang.
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- je me sens seul, et j'ai peur. il faut être bien aveugle pour ne pas le reconnaître.
l, attitude anti juive est redevenu a la mode. en ce moment de l, histoire le peuple juif et l, état juif sont indissociable.
l, un ne saurait survivre à l,autre.
quelle est donc la solution. Hitler en a proposé une. et il la voulais finale.
je m'en souviens, et j'ai peur.
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Michel de Saint-Pierre
"Depuis des années, (les catholiques français) s'inquiètent de l'évolution de leur religion. Ils ne disent rien, n'ayant aucune qualité pour parler. Simplement, ils s'éloignent. C'est le cardinal Marty lui-même qui nous a récemment révélé que, de 1962 (ie Vatican II) à 1975, la pratique dominicale avait baissé de 54 % dans les paroisses parisiennes. Pourquoi? Parce que les fidèles ne reconnaissaient plus leur religion dans certaine liturgie et certaine pastorale nouvelles. Ils ne la reconnaissent pas davantage dans le catéchisme qu'on enseigne maintenant à leurs enfants, dans le mépris de la morale élémentaire, dans les hérésies professées par des théologiens écoutés, dans la politisation de l'Evangile." Michel de Saint-Pierre, 9 août 1976
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- Plus tard sous Charles X, un membre de la famille royale faisait un jour sentir à Mousquet la supériorité de son rang. Le brave Mousquet lui répondit : "Prince, je n'ignore pas ce que je dois savoir. Mais je sais aussi qu'il est plus facile d'être au-dessus de moi qu'à côté.
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