Ghjulia Boccanera, surnommée Diou, est une enquêtrice façon Nestor Burma qui aurait laissé la grisaille de Paris pour le soleil et les quartiers populaires de Nice. Michèle Pedinielli raconte dans « Après les chiens » qu’en 2017, Boccanera décide d’enquêter sur le meurtre d’un Érythréen. Comme père de fiction, elle a son entrée dans la maison Police. Pour elle, c’est son ex, commandant Santucci, qui enquête pour retrouver le (ou les ) meurtrier(s). De plus, une jeune fille, Mélody, a disparue depuis quelques heures depuis peu fâchée avec sa mère et son beau-père.
Parallèlement à ces enquêtes, le mystérieux voisin de Boccanera a eu la merveilleuse idée de lui laisser un manuscrit en succession. Celui-ci raconte l’histoire en 1943 des héros du quotidien qui sauvent des hommes et des femmes fuyant l’Italie et ses griffes fascistes.
Boccanera va relever les routes migratoires, les droits bafoués, les fuites, l’angoisse et de la terreur. Quelle actualité pour ce roman paru en avril 2019 !
L’humanité de Michèle Pedinielli transparait à chaque page, mais pas de bons sentiments qu’on distillent « pour faire genre ». Il s’agit d’engagement qui transparait dans les mots, les anecdotes et le choix des personnages.
Au delà des chaussures « Docs » que Boccanera ne quitte jamais, Michèle Petrinielli décrit ses cicatrices comme fondatrices de son envie de justice. Sa fragilité transformée en témérité qu’elle tire certainement du décès de ses parents, de leurs accidents et des cendres dispersées au – dessus de la mer. Cela lui vaut une liberté qu’elle revendique haut et fort en arpentant les rues avec sa vespa, séparée de ses Bukowski. Même si elle doit assumer ses contradictions et ses insomnies, qu’elle soigne à coup de médocs comme d’autres, d’herbe poussée sur un balcon façon bio, ce portrait, réaliste, devient rapidement attachant.
Certains des personnages repris du premier roman « Boccanera » sont des exemples de la diversité dont Michèle Petrinielli se revendique : par exemple, le portrait de Nadia, serveuse en boulangerie, avec son chromosome en plus, celui de la gentillesse ! Il y a aussi Ferdi, allemand et muet, amateur de whisky douze ans d’âge, mais qui préfère l’inconfort du bois au lit douillet de la chambre au foulard rouge; Dan son coloc et ami fidèle qui lit du Sorj Chalandon. Dagmar et bien sûr, Casalès en tatoué amoureux, contraint de se saouler pour l’avouer.
Il s’appelait Yonas; il avait tout juste dix-neuf ans et « Personne ne pousse ses enfants sur un bateau à moins que l’eau ne soit plus dure que la terre ferme ». Elle s’appelait Mélody et croyait à l’amour. Un polar à découvrir pour se souvenir des Yonas et Mélody et suivre l’intrépide et indépendante Boccanera !
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