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Citations de Mick Herron (60)


Comme souvent en cas de corruption, l'histoire commença avec des mecs en costume.
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Mick Herron
"Alors, quand est-ce que ça t'as pris cette idée folle que tu pouvais intéresser Louisa ?
_ Je sais lire les signes.
_Tu n'arriverais pas à lire "Bienvenue" sur un paillasson. Tu crois sincèrement que tu peux lire les intentions d'une femme ?"
Ho haussa les épaules. "Elle est mûre. Elle demande que ça."
Shirley le gifla d'un revers de la main. Les lunettes de Ho volèrent.
"Bon, ben c'est ma tournée ", dit Marcus.
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Le rejet se faisait sentir avec moins d'amertume à présent. Il avait entendu à Soho que même les inutiles avaient leur chance, de nos jours. Comme tout le monde, le Service était paralysé par la législation : si vous viriez un inutile, il vous attaquait pour discrimination. Le Service les avait donc parqués dans une annexe perdue où on les abreuvait de paperasse, du harcèlement administratif pour les pousser à la démission. On les appelait les Tocards. Les ratés. Les losers. On les appelait les Tocards et leur chef était Jackson Lamb, que Dickie avait rencontré au Zoo des Barbouzes.
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Il y avait des lumières aux fenêtres. Avant même d’ouvrir la porte, il sut que quelqu’un était déjà entré au Placard. Même sans les lumières, il l’aurait su : traces de pas humides dans l’escalier, odeur de pluie dans l’air. Une fois tous les trente-six du mois, Jackson Lamb arrivait avant Ho, des apparitions aléatoires à l’aube, purement territoriales. Tu peux hanter cet endroit autant que tu veux, semblait dire Lamb, mais quand ils détruiront les murs et compteront les os, ce sont les miens qu’ils trouveront au-dessus. S’il existait de nombreuses raisons pour ne pas aimer Jackson Lamb, celle-ci était l’une des préférées de Ho.
Lamb n’était pas seul. Il y avait quelqu’un d’autre là-haut.
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Telegraph, Times, Mail, Independent, Guardian.
A un moment ou à un autre, il avait écrit pour tous ces journaux. Il ne s’agissait pas là d’une pensée qui lui venait, plutôt d’une conscience qui le tiraillait souvent le matin : reporter junior – quel titre ridicule – à Peterborough, puis l’inévitable transfert à Londres au rythme des principaux sujets, la délinquance et la politique, avant d’accomplir, à l’âge de quarante-huit ans, l’ascension vers ce qui lui était dû : une rubrique hebdomadaire. Deux, en fait, le dimanche et le mercredi. Des apparitions régulières à la BBC pour Question Time. Il était passé de trublion à opposant respectable, une trajectoire assez longue dans son cas, mais qui n’en rendait l’accomplissement que plus agréable. S’il avait pu mettre sa vie sur « pause » à ce moment-là, il aurait eu peu de raisons de se plaindre.
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La cible ne se retourna pas. Il continua d’avancer, comme s’il avait l’intention de monter dans le wagon le plus éloigné : tee-shirt blanc, chemise bleue, sac à dos, etc.

River parla de nouveau à son bouton de manchette.

— Attrapez-le.

Puis il se mit à courir.

— Tout le monde à terre !

L’homme sur le banc se leva. Aussitôt, une silhouette noire se jeta sur lui.

— A terre !

Plus loin, deux hommes sautèrent du toit du train pour barrer le chemin de la cible, qui se retourna pour se trouver face à River qui lui faisait signe de s’allonger au sol.

Les Cadors hurlaient des ordres :

Le sac.

Lâche le sac.
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Voici comment River Cartwright avait quitté la voie rapide pour se retrouver avec les Tocards.


Huit heures vingt, un mardi matin, la gare de King’s Cross remplie de ce que le Vieux appelait les autres : « Des non-combattants, River. Une occupation tout à fait respectable en temps de paix. Excepté que nous ne sommes plus en paix depuis septembre 1914. »

L’élocution du Vieux évoquait à River des chiffres romains : MCMXIV.

Il s’arrêta, consulta sa montre ou fit semblant (ce qui revenait pratiquement au même). Le flot des passagers coulait autour de lui comme l’eau sur un rocher, avec force soupirs et claquements de langue irrités. Devant la sortie la plus proche – un rectangle par lequel s’engouffrait la pâle lueur de janvier – deux Cadors vêtus de noir se tenaient aussi raides que des statues. Leur arsenal imposant passait inaperçu aux yeux des non-combattants, dont le nombre avait augmenté depuis 1914.

Les Cadors – que l’on appelait ainsi parce qu’ils accomplissaient toujours leur travail à la perfection – restaient bien en retrait, conformément aux instructions.

Vingt mètres plus loin, la cible.

— Tee-shirt blanc sous une chemise bleue, répétait River dans sa barbe.

A présent, il pouvait ajouter quelques détails au portrait-robot dressé par Spider : jeune homme originaire du Moyen-Orient, les manches de sa chemise bleue relevées, un jean noir raide et neuf. Qui achèterait un pantalon neuf pour une telle occasion ? Il écarta la question : il serait toujours temps de se la poser plus tard.

Un sac à dos visiblement lourd se balançait sur l’épaule droite de la cible. Le fil qui pendait à son oreille, semblable à celui que portait River, aurait pu être relié à un iPod.

— Confirmez contact visuel.

River porta la main gauche à son oreille et parla doucement dans son bouton de manchette.

— Confirmé.
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La veille au soir, il était resté en planque devant chez le journaliste, essayant de s’abriter sous le maigre auvent de la maison d’en face tandis qu’il tombait des cordes, comme dans le pire cauchemar de Noé. La plupart des voisins avaient accompli leur devoir civique : les sacs noirs s’alignaient tels des cochons assis, les poubelles fournies par la municipalité montaient la garde près des portes. Mais à côté de celle du journaliste, rien. Une pluie froide coulait dans le cou de River, traçant une ligne jusqu’à la raie de ses fesses. Il savait qu’aussi longtemps qu’il resterait là il ne lui arriverait rien de bon.
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Peu après sept heures du matin, une lumière s’alluma à la fenêtre du deuxième étage et une silhouette apparut derrière l’inscription : W W Henderson, Notaire et conseiller juridique. Dans la rue, un camion de lait passa. La silhouette s’attarda un instant, comme si le laitier représentait un danger, puis se retira quand il eut disparu. A l’intérieur, l’homme reprit sa tâche, qui consistait à retourner un sac-poubelle détrempé sur un journal étalé à même la moquette usée.
L’air fut immédiatement pollué.
Le nez froncé, il enfila des gants de caoutchouc et s’agenouilla pour fouiller les détritus.
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Lamb a été mis sur la touche.
Où est-ce qu’ils l’ont envoyé ?
Un endroit horrible.
Mon Dieu, pas au rancart ?
Ça revient pratiquement au même.
Dans un monde de secrets et de légendes, il n’en fallut pas plus pour baptiser le nouveau royaume de Jackson Lamb : un lieu jaune et gris qui fut autrefois noir et blanc.
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River ne regarda pas autour de lui, certain que les Cadors vêtus de noir le suivaient de près.
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Le pire serait que la bombe explose à l’intérieur d’un train, mais une détonation sur le quai ne valait guère mieux. L’histoire récente prouvait que les gens étaient plus vulnérables quand ils se rendaient au travail. Non qu’ils soient plus faibles, mais pour la simple raison qu’ils étaient entassés dans un espace clos.
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Un troupeau de touristes encombrait le hall. La disposition de leurs bagages évoquait un campement de pionniers. River les contourna sans quitter du regard la cible qui se dirigeait vers les quais de la gare annexe, d’où partaient les trains en direction de Cambridge et de l’est, généralement moins bondés que les express en partance pour le nord.
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— C’est une métaphore ?
— Je suis nul à l’écrit. Les métaphores sont un livre fermé pour moi.
— Donc tu crois qu’il est utile ?
— Il est en surpoids, il boit, il fume et je doute qu’il fasse beaucoup d’exercices à part décrocher le téléphone pour commander un curry. Mais oui, maintenant que tu le dis, je pense qu’il est utile.
— Il l’a peut-être été un jour, mais ça ne sert pas à grand-chose d’être utile si tu es trop lent.
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Une carrière à brasser de la paperasse. À transcrire des conversations téléphoniques. À passer au peigne fin d’anciennes opérations pour trouver des liens avec le présent…
La moitié du futur est enfouie dans le passé. Telle était l’idée qui prévalait dans le Service. D’où l’examen obsessionnel d’un terrain déjà retourné plusieurs fois pour tenter de comprendre l’Histoire avant qu’elle ne se répète. La réalité moderne des hommes, des femmes et des enfants qui pénétraient dans les centres-villes avec des ceintures d’explosifs avait détruit des vies, mais pas les clichés. Il s’agissait de la sagesse en vigueur, au grand dam de certains.
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Catherine Standish admirait la bouteille vide.
On ne les estimait pas à leur juste valeur, les bouteilles vides. A l'époque, elle avait gaspillé de tendres regards pour des pleines, considérant les vides comme de simples repères sur le chemin de l'oubli : soit la cave sombre et sans rêves du sommeil, soit le labyrinthe du trou noir alcoolique, où les heures s'écoulaient de façon invisible. Après on pouvait s'examiner en quête d'indices pour comprendre où on était allé et ce qu'on y avait fait, mais il était impossible de retrouver sa propre trace pas à pas. Et les bouteilles vides ne contenaient pas de message. On pouvait les faire tournoyer dans tous les sens, elles ne pointaient que dans une seule direction : vers l'obscurité, les heures abandonnées.
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La moitié du futur est enfouie dans le passé. Telle était l'idée qui prévalait dans le Service. D'où l'examen obsessionnel d'un terrain déjà retourné plusieurs fois pour tente de comprendre l'Histoire avant qu'elle ne se répète.
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Ce matin se trouvait parmi les usagers, comme tous les matins, une femme que même le plus prévenant d’entre eux aurait du mal à ne pas considérer comme laide. Elle mesurait à peine plus d’un mètre cinquante et avait une morphologie en forme de bouteille, pas d’une bouteille de Coca, mais de bière ; son corps était droit comme un i et son cou étroit.
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Voilà comment les jeunes considéraient les choses. Une cause, une conséquence. Suivie d’une autre. La vie, pour ceux qui en avaient peu d’expérience, n’était qu’une longue ligne droite.
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Certains chiens de ce genre ont l’air intelligents, d’autres bêtes comme un balai ou menaçants. Il y en a même qui parviennent à être sexy. Celui-là réussissait le tour de force relativement simple d’être quelconque. Un bâtard au poil brun inexpressif dérangé dans sa balade devant un arrière-plan à deux tons, la moitié basse grise et la moitié haute jaune. Ceux qui connaissaient le chien savaient que les deux teintes représentaient respectivement un trottoir et un mur. Ceux qui ne le connaissaient pas n’avaient jamais vu le tableau et n’avaient donc jamais pu fournir d’autres interprétations.
suivez le chien
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