Citations de Miguel de Unamuno (97)
Il n’y a pas d’opinions, mais des gens qui donnent la leur.
La véritable abnégation n'est pas de savoir garder ses peines, mais de savoir les faire partager.
El caso es que he estado aburriéndome sin saberlo, y dos mortales años ...desde que murio mi santa madre … Si, si, hay un aburrimiento inconciente. Casi todos los hombres nos aburrimos inconcientemente. El aburrimiento es el fondo de la vida, y el aburrimiento es el que ha inventado los juegos, las distracciones, las novelas y el amor. La niebla de la vida rezuma en dulce aburrimiento, licor agridulce.
Le public n’est pas aussi imperméable et aussi indifférent que nous le croyons ; ce qu’il veut, au vrai, c’est qu’on lui fournisse un aliment tout préparé qu’il n’ait plus qu’à avaler.
"Aime ton prochain comme toi-même !" Et comment doit-on s'aimer soi-même ?
XI §108 Ce que nous appelons le sentiment tragique de la vie chez les hommes et chez les peuples est du moins notre sentiment tragique de la vie à nous, Espagnols, c'est du moins le sentiment tragique de la vie du peuple espagnol, tel qu'il se réfléchit dans ma conscience, qui est une conscience espagnole, faite par l'Espagne. Et ce sentiment tragique de la vie est le sentiment catholique par excellence qu'on peut en avoir, puisque le catholicisme, et même davantage : ce qui vient du peuple, est tragique. Le peuple a la comédie en exécration. Lorsque Pilate, le petit chef, le distingué, l'esthète – le rationaliste si vous voulez – veut donner au peuple de la comédie, en tournant le Christ en dérision par ce mot : « Voici l'homme ! », le peuple se soulève et crie : « crucifie-le ! » Le peuple ne veut pas de comédie ; il veut de la tragédie. Et ce que Dante, ce grand catholique, appela « Divine comédie » est la plus tragique comédie que l'on ait écrite.
" Le rationnel, en effet, n'est que le relatif ; la raison se borne à mettre en relation des éléments irrationnels. Les mathématiques sont la seule science parfaite en tant qu'elles additionnent, retranchent, multiplient et divisent des nombres, mais non des choses réelles et massives ; c'est-à-dire, en tant que c'est la plus formelle des sciences. Qui est capable d'extraire la racine cubique d'un arbre, de ce frêne ? "
Miguel de Unamuno, le philosophe de Salamanca, in Le sentiment tragique de la vie,
Ce pays n’est d’aucune ressource, mon ami. Il est irrémédiablement condamné au sérieux et à la bêtise, qui sont frères jumeaux … Tous, ici, on des âmes de cuistres. Ils ne conçoivent pas qu’on puisse écrire autrement que pour prouver, défendre, ou attaquer une idée, ou avec une arrière-pensée. À l’un de ces niais qui m’interrogeait sur le sens de mon conte, je lui répliquai : « Vous a-t-il amusé ? » et comme il me répondait : « Pour m’amuser, je me suis amusé ; la chose n’est pas sans un certain mérite ; mais … », je lui tournai le dos, le laissant pantois.
Vous ne sauriez imaginer quelle profondeur insondable de pauvreté intellectuelle représente cette insistance d’une foule de gens ayant la prétention d’enfermer chacun de nous dans sa spécialité.
Un féministe n’a rien d’un don Juan, car lorsqu’une femme l’entend discourir de l’émancipation féminine, elle pense aussitôt : « il y a là quelque piège … Pourquoi voudrait-il nous émanciper ! »
Personne ne comprend plus ce que c'est que la folie. Du fou lui-même, on croit et on dit qu'il l'est à bon escient. La "raison de la déraison", voilà la vérité pour tous ces pauvres hères. Si notre seigneur Don Quichotte ressuscitait et revenait en Espagne pour s'y livrer à sa noble démence, on lui supposerait une idée derrière la tête.
La suprême paresse consiste à ne pas désirer follement l'immortalité.
Dis-moi, quelle nécessité y a-t-il à l'existence de Dieu, du monde et de tout ? Pourquoi doit-il y avoir quelque chose ? Ne crois-tu pas que cette idée de nécessité n'est que la forme suprême que prend le hasard dans nos esprits ?
Seul le travail peut pratiquement nous consoler d'être nés
Penser que l'on pense, et rien de plus, n'est pas penser.
La volonté est une force qui se sent, c'est-à-dire qui souffre.
XI §56 Dans un premier élan, je proteste contre l'inquisiteur, et je lui préfère le commerçant, qui vient me refiler ses marchandises ; toutefois, si recueilli en moi-même j'y pense mieux, je constaterai que celui-là, l'inquisiteur, lorsqu'il est bienveillant, me traite comme un homme, comme une fin en soi, et que s'il me gêne, ce n'est que par le désir charitable de sauver mon âme, tandis que celui-ci, le commerçant, ne me considère que comme un client, comme un moyen, et son indulgence et sa tolérance ne sont au fond que l'indifférence la plus absolue à l'égard de mon destin. Il y a beaucoup plus d'humanité chez l'inquisiteur.
XI §57 De même, il y a ordinairement beaucoup plus d'humanité dans la guerre que dans la paix. Le fait de ne pas résister au mal implique la résistance au bien, et sans parler de la résistance défensive, l'offensive elle-même est peut-être ce qu'il y a de plus divin en l'homme. La guerre est une école de fraternité et un lien d'amour ; c'est la guerre qui, par le choc et l'agression mutuels, a mis les peuples en contact, et les a fait se connaître et s'aimer. L'étreinte amoureuse la plus pure et la plus féconde que les hommes peuvent réaliser a lieu sur le champ de bataille entre le vainqueur et le vaincu. Et même la haine la plus pure que suscite la guerre est féconde. La guerre est, au sens le plus strict, la sanctification de l'homicide. Caïn se rachète en tant que général des armées. Et si Caïn n'avait pas tué Abel, il aurait peut-être péri de sa main. Dieu se révèle surtout dans la guerre ; il commença par être le Dieu des armées, et l'un des plus fiers offices de la croix consiste à défendre dans l'épée la main qui la manie.
V §63 La dissolution rationnelle finit par dissoudre la raison elle-même, et s'achève soit dans le scepticisme le plus absolu, soit dans le phénoménalisme de Hume, soit encore dans la doctrine de la contingence absolue qui est celle de John Stuart Mill, le plus cohérent et le plus logique des positivistes. Le suprême triomphe de la raison, cette faculté analytique – c'est-à-dire destructrice et dissolvante – c'est la raison qui met en doute sa propre validité. Lorsqu'un estomac présente un ulcère, il finit par se digérer lui-même. La raison finit par détruire la validité immédiate et absolue du concept de vérité et du concept de nécessité. L'un comme l'autre sont relatifs ; il n'y a ni vérité absolue, ni nécessité absolue. Les concepts que nous appelons « vrais » sont ceux qui s'accordent avec le système général de tous nos autres concepts ; les perceptions que nous appelons « vraies » sont celles qui ne contredisent pas le système de nos perceptions ; la vérité est cohérence. Or, pour ce qui est du système global, pour ce qui est de l'ensemble, comme il n'y a rien hors de lui qui soit connu de nous, il n'y a pas lieu de dire qu'il soit vrai ou faux. L'on peut imaginer que l'univers en soi, indépendamment de nous, est très différent de la manière dont il nous apparaît, même si rationnellement cette supposition n'a aucun sens. En ce qui concerne la nécessité, à présent : y en a-t-il une qui soit absolue ? Il n'y a de nécessaire que ce qui est, et ce qui est nécessaire n'est nécessaire qu'en tant que cela est. Ou, pour le dire dans un sens plus transcendantal : par quelle nécessité absolue, logique, indépendante du fait que l'univers existe, aut-il que l'univers existe ou faut-il qu'il y ait quelque chose ?
V §64 Le relativisme absolu, qui n'est ni plus ni moins que ce qu'on appelle scepticisme dans un sens plus moderne, est le triomphe suprême de la raison raisonnante.
Dire que Dieu existe, sans dire ce qu’est Dieu et comment il est, équivaut à ne rien dire.
La conscience est une maladie .