Citations de Miguel de Unamuno (97)
Le sentiment n'arrive à faire de la consolation une vérité pas plus que la raison n'arrive à faire une vérité de la consolation.
La vérité n'est pas ce qui nous fait penser mais ce qui nous fait vivre.
Toute la trame de la vie sera alors le va-et-vient d’une aiguille sur le métier à tisser de Dieu. Et tout cela, un mouvement circulaire.
Sur le cadran de nos tours horloges, l’aiguille des minutes va de gauche à droite et de haut en bas entre le XII et le III, puis de droite à gauche et de haut en bas entre le III et le VI, de droite à gauche et de bas en haut entre le VI et le IX, et de gauche à droite et de bas en haut entre le IX et le XII; quatre sens en un seul sens.
P. 94 : Et vita erat lux hominum…et lux in tenebris lucet
Et la vie était la lumière des hommes… et la lumière brillait dans les ténèbres
P.38 : Hay que dar al azar lo suyo!
= il faut donner sa chance au hazard!
Et nous avons un autre rationaliste, celui-ci non plus résigné et triste comme Spinoza, mais révolté et simulant hypocritement la joie quand il était aussi désespéré que l’autre ; vous avez là ce Nietzsche, qui découvrit mathématiquement (888) cette contrefaçon de l’immortalité de l’âme qui se nomme le retour éternel, et qui est la plus formidable tragi-comédie ou comi-tragédie.
(page 123)
La volonté est une force qui se sent, c'est-à-dire qui souffre.
Celui qui met par écrit ses pensées, ses rêves, ses sentiments, les consume, les tue… et la littérature n’est que mort. Mort à partir de laquelle d’autres peuvent prendre vie.
Pourquoi le diminutif est-il une marque de tendresse? se disait Auguste en s'acheminant vers son logis. Serait-ce que l'amour rapetisse la chose aimée?
El caso es que he estado aburriéndome sin saberlo, y dos mortales años ...desde que murio mi santa madre … Si, si, hay un aburrimiento inconciente. Casi todos los hombres nos aburrimos inconcientemente. El aburrimiento es el fondo de la vida, y el aburrimiento es el que ha inventado los juegos, las distracciones, las novelas y el amor. La niebla de la vida rezuma en dulce aburrimiento, licor agridulce.
Il nous est impossible, en effet, de nous concevoir comme non existants ; aucun effort ne met la conscience en mesure de se rendre compte de l’inconscience absolue, de son propre anéantissement.
(page 53)
Le bonheur est une chose qui se vit et se sent, et non qui se raisonne et se définit.
Quelle surabondance de philosophie inconsciente dans les replis du langage ! L'avenir cherchera le rajeunissement de la métaphysique dans la métalinguistique qui est une véritable métalogique.
— Que c’est beau ! Que c’est beau ! s’écria alors le père en faisant passer dans une larme le bonheur de ses yeux morts. Il se tourna alors pour baiser ceux de sa fille, pleins d’une inconsciente compassion.
Juan apprit à espérer et ainsi à unir l’avenir au présent, le bonheur ici-bas d’un perpétuel lendemain à la douceur de se laisser vivre et aimer.
Et plus tard, lorsqu’il connut la vraie douleur, il ne la cacha plus, en se donnant le plaisir d’être plaint il connut la joie d’être consolé. La véritable abnégation n’est pas de savoir garder ses peines, mais de savoir les faire partager.
Le temps revient sur Toi dedans ton sein,
l’hier et le demain se figent en un,
le début et la fin en un se fondent.
Ton corps, cette couronne du tissu
royal de l’Univers, est son modèle ;
portion d’immensité, où, nous, les hommes,
nous abritons la timide espérance
de ne pas mourir …
(III, XII, Le corps)
deux roses ouvertes à la rosée du cri
fugace de notre néant ; deux conques
marines qui recueillent les sanglots
des vagues de larmes de l’océan
de la nuit, écoutant la soif, la faim
de vivre pour toujours…
(III, VIII, Oreilles)
qu'hommes nous sommes, autrement dit des dieux
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il n'est qu'homme le Dieu de notre nuit
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de Dieu l'homme est le fils, Dieu de l'homme
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La lumière revêt ta nudité,
diamant des eaux d’au-dessus des cieux ;
et touchant ton corps, les ténèbres givrent
d’une blancheur de vivante lumière !
(III, I)
Sentir pleuvoir sans plus, être vivant
tout l’univers s’est transformé en brume ;
plus haut, ma conscience comme une écume
où me parvient le lent égouttement.
En moi, morte toute énergie pendant
qu’avec la pluie toute vision s’embrume ;
et là, au fond, l’abîme où s’accumule
de la clepsydre l’eau ; le monument
de ma mémoire, et ses voix oubliées,
l’âme au dégoût de rester sans ressort ;
privée de lance et donc de bouclier
à la merci de tous les vents du sort ;
pareille vie, qui est vie dépouillée,
a-t-elle pour nom la vie de la mort ?