Citations de Mikaël Ollivier (359)
"Il y a deux façons de vivre, Hugo. En se laissant porter sans se poser de questions par le temps qui passe, ou en essayant de comprendre qui on est et où l'on va. La deuxième solution est certainement la moins confortable, mais de loin la plus intéressante. La seule qui vaille, pour moi.
Je n'aime pas lire mais j'aime les livres. Leurs pages dégagent une odeur de poussière et de colle qui a quelque chose d'intime et de réconfortant.
- Quand on pense qu'on fait étudier Camus au lycée [à Mayotte] ! a dit mon père. Comment voulez-vous que des gamins d'ici y comprennent quelques chose ? Mais c'est le programme national !
- Le pire, c'est à l'école primaire, a expliqué ma documentaliste. Les gosses parlent à peine le français et on leur fait faire des dictées d'après des textes métropolitains. Ils ne connaissent pas la signification de la moitié des mots ! Simplement parce que ça leur parle de marronniers, de sapins, de faisans, d'écureuils et qu'ils n'en ont pas ici !
- On retrouve le même problème au collège, a dit mon père. J'ai un collègue qui a dû donner à ses élèves, pour le brevet, un sujet sur le Réveillon de Noël ! A des musulmans !
(p. 55-56)
(...) la vie à Mayotte allait m'apprendre que l'adolescence était un luxe que les enfants de l'île n'avaient ni le temps ni les moyens de s'offrir. (p. 42)
(...) pour moi, le fond sonore d'un paysage marin, outre le bruit des vagues, était le cri des mouettes. Or, il n'y a pas de mouettes à Mayotte, mais d'énormes chauves-souris de plus d'un mètre d'envergure qui volent lourdement, de jour, d'un palmier à un autre. (p. 38-39)
(...) quand j'étais gosse, je me faisais couler un bain chaque dimanche matin, dans lequel je restais jusqu'à temps que ma peau soit fripée comme celle d'une pomme oubliée au fond d'une cagette. Je m'y racontais des histoires, je transformais la mousse en icebergs, mes genoux en îles volcaniques, mon sexe en monstre du Loch Ness pointant son nez de temps en temps à la surface de l'eau. (p. 10)
J'aurais aimé avoir le sens de la repartie. Dire ce qu'il faut sans hésiter, trouver les mots sans bafouiller, au moment précis où j'en ai besoin. Clouer le bec à mon interlocuteur, lui fermer sa gueule, calmement, pertinemment, spirituellement.
Il y a des gens qui font ça très bien. Moi pas.
Je rougis, je m'énerve et je boude. Dix minutes plus tard, une heure ou même le lendemain, la réplique qui tue me vient soudain comme une évidence. Toujours trop tard, quand il ne me reste plus qu'à me traiter de gros abruti, de nul, de tache, de bouffon. Quand il ne me reste plus qu'à me rejouer la scène, à me rêver audacieux et fort, à réécrire les dialogues en me donnant le beau rôle. Quand il ne me reste plus que des regrets.
(p. 9)
Depuis, je n'arrête plus de grimper aux arbres pour m'approcher du soleil... En cachette, pour ne pas entendre la phrase préférée de mon père :
- Camille! Descends de là tout de suite, tu vas te casser un bras !
Ou une jambe, ça dépend des jours.
- C'est comme ça, c'est tout, m'a dit papa. C'est la vie...
- La mort, c'est la vie ? j'ai dit, étonnée.
- C'est compliqué, ma puce, a répondu papa en se passant les mains sur le visage, soudain fatigué. Tu sais, personne ne comprend bien ces choses-là! C'est comme ça ! on vient au monde, on grandit, on vieillit, et puis on s'en va.
- Mais pourquoi ?
- Ah ! ça, c'est la grande question!....
Je me suis souvent demandé quand allait enfin commencer ma vie.
J'ai bientôt dix ans, et s'est comme si j'étais encore en train de m'échauffer avant le départ.
"Des fois, je me demande s'ils ont peur pour moi ou peur pour eux-mêmes. Peur de se reprocher plus tard le mal que je pourrais me faire."
"Plus ils sembleraient dangereux aux yeux des parents, plus le désir d'en atteindre la cime est fort."
"Je n'arrête plus de grimper aux arbres pour m'approcher du soleil."
Il y a deux façons de vivre, Hugo. En se laissant porter sans se poser de questions par le temps qui passe, ou en essayant de comprendre qui l'on est et où on va. La deuxième solution est certainement la moins confortable, mais de loin la plus intéressante. La seule qui vaille, pour moi.
- Oui, j'ai continué. La vie, ça sert à rien, ça permet juste au reste d'exister. C'est comme le chocolat dans le gâteau au chocolat : si on n'en met pas, eh bien on n'a pas un gâteau au chocolat du tout !
"Ne vous inquiétez pas, je suis à l'école. Camille"
A l'école un mercredi ! Pas sûr qu'on ne s'inquiète pas chez moi. Tant pis, c'est aujourd'hui ou jamais.
Une fois qu'on a mis le pied dans le piége de la drogue, il en reste toujours quelque chose pour venir nous hanter.
◦« Le passé n’existait pas. Il disparaît à chaque instant. » P.229
◦« Qu’il me reste quelques minutes ou soixante-dix ans à vivre, peu importait. » P.195
◦« La liberté existe toujours. Il suffit d’en payer le prix. » P.143