Série vraiment discrète comme son titre, je le regrette vraiment car c’est un magnifique shonen plein de belles valeurs où Bukimi Miki travaille à fond des notions comme le coeur, l’individualité, le groupe, l’héroïsme et les traumas. Ne vous fiez pas aux apparences banales du titre, c’est une petite pépite !
L’arc contre Amalrilk et son parc NeverLand se poursuit dans une ambiance un peu frissonnante cette fois qui convient à merveille avec la période où il est sorti et où je le lis. Toujours embourbés dans leurs problèmes existentiels, les héros se confrontent à eux-mêmes en se confrontant à leurs antagonistes d’Amalrilk. Le discours méta de l’autrice est de plus en plus riche et vivifiant. Elle joue des contrastes des différentes couches de nos êtres pour matérialiser cela en combats et pouvoirs, ce qui est brillant !
Dans ce tome nous suivons ainsi en parallèle, Nirvana, le héros qui était autrefois le plus proche de la regrettée Shine, qui affronte Candy Lovesong et son besoin inextinguible d’aimer et être aimée ; tandis que dans un autre coin du site, c’est Shy et son groupe qui sont mis en difficulté, cette dernière étant mis au pied du mur quant à ses troubles intimes. L’autrice creuse et creuse les traumas et mal être de chacun donnant lieu à un mélange de combats et introspections des plus savoureux.
J’ai beaucoup aimé suivre Nirvana dans ce tome. Avec lui, l’autrice définit un peu mieux comment fonctionnent les pouvoirs de nos héros et d’où ils viennent. Elle fait le lien entre le coeur de chacun et son expression pour se montrer vertueux, c’est-à-dire ici aimable et héroïne, mais elle démontre que ça ne va pas de soi, que ce n’est pas une obligation, mais bien un pouvoir particulier à chérir. Et Nirvana de dire très justement « Personne en ce monde n’est « honorable ». Tout le monde recherche l’amour ou les conflits, c’est comme une maladie. Nos coeurs et nos corps sont consumés par ces désirs. ». Héros que je trouvais un peu fade, il se révèle ici dans cet affrontement avec Candy Lovesong qui est un peu sa némésis, sur le schéma choisi à chaque fois par l’autrice.
Puis de l’autre côté de la balance, nous avons une Shy, qui n’a pas encore eu l’introspection du plus âgé Nirvana, et qui dans une ambiance halloweenesque comme quand les jeunes japonais aiment se défier à montrer qu’ils ont du courage, se retrouve à affronter ses peurs, aka le regard des autres. Depuis le début Shy est une héroïne un peu contrainte et forcée, car voulant reprendre le flambeau de sa soeur. On plonge ici plus profondément aux racines de son être pour découvrir ce que cela cache et qui elle est vraiment derrière le joli masque affable qui nous apparaît depuis le début.
J’ai beaucoup aimé le jeu de l’autrice entre cette ambiance un peu terrifiante et ce qui terrifie vraiment Shy au fond d’elle tandis qu’elle joue les héroïnes courageuses devant nous. L’autrice joue à merveille des codes graphiques du genre et nous offre un tableau des plus frissonnant. Mais en parallèle, elle évoque de manière très intime, et joliment mis en scène graphiquement, des choses très intimes comme notre rapport à l’autre, aux attentes de la société, à l’amitié et au groupe. C’est extrêmement riche et poignant à lire car cela peut remuer des choses en nous.
Avec finesse et frissons, Bukimi Miki continue donc son exploration de l’intimité des héros alors qu’ils sont en pleine crise mondiale. Tandis que de loin les adultes tiennent les rangs, à l’intérieur les jeunes se battent contre leurs ennemis, reflets de leurs traumas personnels, et triomphent peu à peu d’eux, se métamorphosant. L’autrice nous offre vraiment un renouveau très psychanalytique et méta des super-héros. J’adore ça !
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