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Critiques de Ming-Yi Wu (14)
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Le magicien sur la passerelle

« Raconter une histoire est comme faire de la prestidigitation » nous explique l’auteur taïwanais Wu Ming-yi dans son interview donnée au site Lettres de Taïwan en 2017. L’auteur des Les Lignes de navigation du sommeil et de L’Homme aux yeux à facettes aime tant mêler magie et histoire qu’il écrit en 2011 un recueil de nouvelles intitulé Le Magicien sur la Passerelle et qui rassemble dix textes autour d’un endroit qu’il affectionne tout particulièrement : le marché de Chunghua à Taipei.



Ce marché, c’est un lieu d’enfance et de magie pour l’auteur puisqu’il va y vivre durant une partie de son enfance et qu’il va en faire par la suite l’un des éléments centraux de son œuvre. Elément central que l’on retrouve également dans le roman Les Lignes de navigation du sommeil publié en 2007.

Symbole de la modernité Taïwanaise lors de sa construction en 1961 avant d’être rasé trente ans plus tard pour donner à Taipei un nouveau visage, le marché de Chunghua est un ensemble de tours et de bâtiments reliés par des passerelles. Lieu d’échanges et de partages, le marché devient vite un symbole dans l’esprit de l’écrivain, s’imposant à la fois comme le carrefour de ses souvenirs d’enfance mais aussi comme une certaine vision du Taïwan d’antan à la fois dur et tendre, magique et humain.

Le Magicien sur la Passerrelle synthétise cette obsession et se prend au jeu du fix-up de nouvelles. Les dix histoires qui sont réunis ici ont tous deux points communs : le marché de Chunghua et le fameux magicien sur la passerelle.



Tout commence avec un enfant vendeur de semelles qui rencontre un mystérieux magicien sur la passerelle reliant les bâtiments Ai et Hsin.

Ce magicien va devenir pour notre jeune narrateur une source de fascination, tiraillé entre imposture et prodige. Le magicien, jamais nommé, accomplit quelques tours de qualité inégale, allant du plus simpliste au plus incroyable. Il devient rapidement le centre de l’attention pour les gamins du coin et c’est certainement pour cette raison que les neuf textes qui suivent vont s’attacher à recueillir les histoires de ceux et celles qui l’ont croisé. De vendeur de semelles à la sauvette en graine de journaliste, le narrateur tente d’assembler les souvenirs des uns et des autres pour capturer des fragments mémoriels autour du fameux magicien. Sauf que voilà, l’objectif du Wu Ming-yi n’est pas tant de dresser le portrait d’un homme que d’en esquisser une silhouette fuyante et fluctuante glissant entre les mains du lecteur tandis que le véritable protagoniste du recueil se fait jour : le marché de Chunghua.

Derrière l’excuse du magicien, l’auteur taïwanais accomplit un travail de mémoire, défrichant ce qu’il reste de ses souvenirs et brodant aux contours pour édifier des histoires aussi réalistes et artificielles que les maquettes d’A-k’a dans La Lumière est comme l’eau. À travers les nouvelles du recueil, toutes reliées par ce fil-conducteur en forme de magicien, le lecteur voit se dessiner un univers vibrant et vivant, celui du marché de Chunghua avec ses vies insignifiantes et ses drames, ses peines dissimulées et ses joies soudaines.

On y croise des gamins qui disparaissent et réapparaissent, des zèbres et des devins, des poissons de papier et des étudiants en costume d’éléphants. Ce qui préoccupe Wu Ming-yi, c’est de reconstruire par petites touches le monde de son enfance, un monde qui lui file entre les mains et qui, avec la destruction du marché, semble condamner à l’oubli.



L’enfance devient ainsi l’un des thèmes centraux du Magicien sur la Passerelle puisque la plupart des témoins sont des gamins ou, plutôt, des « vieux » qui se souviennent de leur vie de gamin au cœur du marché.

C’est l’occasion ici de rappeler l’innocence de l’enfance, l’émerveillement devant les tours de passe-passe et la construction de mystères à partir de rumeurs et de disparitions.

À cette recherche d’une enfance fanée, Wu Ming-yi adjoint un certain réalisme magique où le lecteur se confronte à des évènements qui ne peuvent vraiment s’expliquer. De cet ascenseur improbable dans les toilettes du 99ème étage au poisson translucide de Teresa dans Le Poisson rouge de Teresa en passant par les statues dans De quoi se souviennent les lions de Pierre, le fix-up infiltre des évènements surnaturels en les entremêlant discrètement avec des souvenirs à trous. Avec une immense tendresse, Wu Ming-yi offre une galerie de personnages attachants en quête d’eux-mêmes et de leur histoire commune, une galerie de personnages qui, mis bout à bout, dessine le portrait d’un lieu chargé d’histoires et d’un pays pluriethniques. Bien sûr, ces histoires ne seront pas que magiques, elle seront aussi cruellement humaines.

On s’y souvient du suicide, de la mort tragique, de l’incendie, de la prostitution, de la désillusion. De plein de choses en somme qui rappellent constamment au lecteur que le monde réel guette aux abords de ce marché aux allures surréels.



La talent véritable de Wu Ming-yi se terre peut-être là, dans les interstices, quelque part entre la magie qui hante ses histoires, ce magicien que l’on ne cerne jamais vraiment et ces enfants qui vivent et se rappellent. Parfois, on oublie même carrément la magie pour raconter un fragment d’histoire qui semble ne rien à voir avec cette enquête-prétexte. Il reste toujours le talent d’écriture de Wu Ming-yi magnifiquement servi par la traduction impeccable de Gwennaël Gaffric, et qui nous dépayse totalement l’espace de dix histoires. En reconstituant avec méticulosité le passé et en lui faisant cracher ses plus beaux instants naïfs et innocents, l’auteur Taïwanais exorcise ses vieux démons, tente de mettre sur la table ce qui lui reste d’un endroit emblématique de son enfance, comme on essayerait de le faire en ouvrant un vieil album photo noirci. Sauf qu’à la place des images, Wu Ming-yi utilise des mots et des souvenirs qui deviennent autant d’histoires où les lacunes deviennent des lieux d’expérimentation, des endroits étranges où la mémoire comble le vide par des évènements qui, autrement, ne tiendraient pas debout.

On y voit ainsi un zèbre sortir des toilettes ou un enfant ranimer un oiseau mort l’espace de quelques secondes. Le Magicien sur la Passerelle adopte la forme d’une clé patiemment taillée par son auteur pour ouvrir la serrure de son enfance, une clé universelle qui nous renvoie dans le passé avec un goût de mélancolie dans la bouche et de joie dans le cœur.



Magnifique travail de mémoire, expérimentation magique qui confine au réel, Le Magicien sur la passerelle se dresse aux confins des genres et enchante le lecteur par sa poésie et sa beauté désuète. Wu Ming-yi nous offre un voyage dépaysant, doux-amer et où tout reste encore possible. Un voyage dans une mémoire qui ne meurt jamais et qui, au fil du temps, transforme les souvenirs en histoires.
Lien : https://justaword.fr/le-magi..
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Le magicien sur la passerelle

Lu pour le challenge Globe Trotteur, Le Magicien de la Passerelle m'a fasciné.

C'est un recueil de nouvelles dont le narrateur change à chaque chapitre mais qui se sont tous côtoyés dans leur enfance.

Enfants de Taipei, ils ont tous fréquenté le marché de Chunghua et croisé à un moment donné un magicien qui faisait ses tours sur la passerelle reliant les bâtiments Ai et Hsin. Ce magicien les a fascinés car il ne faisait pas que des tours de prestidigitation mais semblait être animé d'un réel don pour la "vraie" magie.

Les nouvelles de ce livre sont donc des souvenirs racontés par ces enfants qui devenus adultes, se rappellent tous d'une anecdote autour du magicien.



Ce livre est une petite pépite où la magie côtoie la réalité, s'y entremêle parfois jusqu'à ce qu'on ai du mal à distingue le vrai du surnaturel.

J'ai aimé me plongé dans les souvenirs des narrateurs. Le seul bémol que je soulignerai, c'est le manque de transparence quant à la personne qui s'exprime. J'ai souvent été perdue car d'un chapitre à un autre on change de point de vue sans savoir tout de suite qui parle. Seuls quelques détails au détour d'une phrase nous permettent d'avoir un indice pour connaître l'identité du narrateur. Mais finalement, cela ne m'a pas empêché d'être portée par la magie de la plume de Ming-Yi Wu.
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L'homme aux yeux à facettes

L'homme aux yeux à facettes est un récit singulier où plusieurs petites histoires viennent s'accrocher à celle plus importante qui vient heurter l'ensemble des personnages à travers ce vortex de déchets qui encercle les côtes de Taïwan.

Dans ce récit j'ai lu un dialogue autour de la Nature et notamment comment cette dernière reprend ses droits face à l'individualisme et l'égoïsme des hommes qui oublient bien souvent d'où ils viennent.

Dans ce récit j'ai appris une culture taïwanaise et les nombreuses tribus qui peuplent cette île.



J'ai traversé le cœur des montagnes et rencontré des esprits.



Les personnages ont chacun leur particularités nées de leur histoire de vie. Des histoires poignantes, touchantes, tristes ou joyeuses.



Tout au long du livre on pense avoir compris mais pas du tout...



Derrière sa paisible carapace, le livre nous offre dans ses dernières pages la terrible réalité que cache le monde merveilleux de certains personnages.



Doux mais terrible.



Ce récit intelligent et plein d'esprit m'a beaucoup plu.



Très belle année de lecture à Toutes et à Tous et que celle-ci soit encore plus riche que la précédente en découvertes et en surprises...
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Le magicien sur la passerelle

Un livre découvert totalement par hasard, mais qui au final m'a bien plu.

Cet ouvrage est composé de différentes histoires d'enfance, celles des amis du narrateur, et ont toutes un lien avec ce fameux "magicien sur la passerelle".

Pour chaque histoire on se demande quelle est la part de magie et quelle est la part de réalité, ce qui est assez intriguant.

Chaque histoire est différente mais chacune a son intérêt. Je trouve qu'elles se valent toutes assez bien, et même si le lecteur va forcément préférer l'une ou l'autre, je n'ai pas trouvé trop d'inégalité.

Une bonne petite plongée dans le "Taïwan" d'autrefois. Dépaysant, et agréable à suivre, même si, je dois le dire, la plupart des histoires n'ont pas un fond ou une fin très joyeuse.
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Le magicien sur la passerelle

Wu Ming-yi nous plonge dans un univers envoûtant avec "Le magicien sur la passerelle". Les portraits que l'auteur nous brosse sont très vivants, le tout saupoudré d'une touche de réalisme magique. Les personnages habitant le marché sont d'origine très variée (des Taiwanais, des aborigènes ou des gens ayant quitté le continent par exemple) à l'image de la diversité de la société taiwanaise.



Nous suivons les personnages au coeur du grand marché Chunghua, grouillant de vie. Nous visualisons très bien les lieux, sentons les odeurs et découvrons des saveurs. Ce marché, composé de nombreux immeubles, a été par la suite démolli, mais il était à cette époque un nerf central de Taipei et a beaucoup marqué l'enfance de l'auteur. Nous y décelons d'ailleurs une nostalgie très touchante de ce qui a été et qui n'est plus.



Ce livre est un recueil de nouvelles, mais ayant toutes des liens les unes avec les autres, le magicien sur la passerelle que les personnages de chaque nouvelle aperçoivent étant le fil conducteur. Nous découvrons, à travers les récits, différents corps de métier, la vie des gens "du peuple" et surtout les relations qui se tissent entre les gens, parfois compliquées, mais toujours essentielles dans cette vie où règne l'entraide.
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Le magicien sur la passerelle

Le magicien sur la passerelle est une sorte de roman sous forme de nouvelles tout à fait captivant !



J’aimerais commencer en affirmant que la couverture est sublime (et en plus, j’adore la matière). C’est une couverture intrigante et l’on se demande sa signification jusqu’à la toute fin du livre.



Le magicien sur la passerelle commence avec la nouvelle éponyme. Elle nous présente cette fameuse et fascinante figure du magicien qui sera l’élément phare de tous les récits.



Le magicien sur la passerelle est en effet une sorte de roman présenté sous la forme d’un recueil de nouvelles. Toutes les nouvelles apparaissent comme des chapitres qui nous font avancer d’un point à l’autre. Toutes ces nouvelles sont des témoignages que le narrateur, qui cherche à en savoir plus sur le magicien, recueille. Elles gravitent toute autour du marché de Taiwan, divisé en huit bâtiments : Chung, Hsiao, Jen, Ai, Hsin, Yi, Ho et P’ing.



Une poignée d’habitants du marché, anciens camarades du narrateur, racontent donc leurs souvenirs avec un personnage récurrent, celui du magicien. On se rend rapidement compte que celui-ci a laissé un souvenir impérissable à chacun et que personne n’a jamais réussi à percer le mystère qui l’entoure. J’ai aimé constater que le magicien a eu une influence sur la vie de chacun, d’une manière ou d’une autre. Toutes les histoires des différents narrateurs sont auréolées d’un peu de fantastique et de mystère à chacune des apparitions du magicien, et cela m’a paru fascinant.



J’ai adoré la structure du livre. En effet, grâce à ce mouvement de narration, on ressent une continuité entre chaque nouvelle, chaque témoignage, qui pourraient pourtant toutes se lire de manière distincte. Au fur et à mesure des récits recueillis par le narrateur, on en apprend de plus en plus sur les personnages qui apparaissent et disparaissent, comme le magicien forcément, mais aussi le devin par exemple.



Toutes les nouvelles sont présentées sur le mode « Tu te souviens… » et j’ai adoré ça puisque la figure du narrateur et celle du lecteur se télescopent en quelque sorte en tant que récepteur de témoignage. On a donc un sentiment d’intimité très puissant, avec cette sensation d’être réellement engagé dans l’histoire. C’est très agréable !



En définitive, commencer la lecture du Magicien sur la passerelle, c’est être prêt à vivre un moment absolument extraordinaire et fascinant, dépaysant. Ouvrir ce livre, c’est entrer dans un monde enchanté et envoûtant, et vivre un moment fabuleux. Je recommande vivement cette lecture !
Lien : http://www.casscrouton.fr/ma..
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L'homme aux yeux à facettes

Wu Ming-yi, artiste, illustrateur, romancier et ... activiste environnemental, a de multiples casquettes. L'écologie est manifestement la cause qui lui tient le plus à coeur et son roman, L'homme aux yeux à facettes, en est une expression très "parlante." Ce récit, qui implique un bon nombre de personnages, est fort complexe avec des tas de sous-intrigues, trop à vrai dire, alors que la rencontre des deux personnages principaux constitue l'intérêt majeur du livre. Parfois (abusivement) comparé à Murakami, Wu tergiverse ici entre réalisme et fantastique poétique. Ce qu'il imagine du futur de Taiwan, entre tsunamis, inondations et tremblements de terre, n'a véritablement rien d'utopique. Et il y ajoute un immense vortex de détritus, formant une île, dérivant inexorablement vers l'ancienne Formose. Ce qui n'a rien d'irréaliste. Cependant, l'auteur est souvent entraîné vers d'autres rivages, ceux d'une mythologie païenne et d'un monde magique. Un vrai voyage en terre inconnue. On apprend pas mal de choses dans L'homme aux yeux à facettes, notamment sur les 14 ethnies aborigènes qui ont été les premières à peupler Taiwan. le livre aborde aussi bien les problèmes identitaires de ses habitants que la fragilité de la nature et la responsabilité environnementale de l'homme. Beaucoup de sujets en un seul roman. Trop, sans doute.
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Le magicien sur la passerelle

J’avais beaucoup aimé le recueil de nouvelles de Wu Ming-yi et me suis donc plongée avec plaisir dans cette adaptation de quatre des nouvelles.



Ruan Guang-min a réussi avec beaucoup de justesse à rendre l’atmosphère qui règne dans l’œuvre de Wu Ming-yi, une ambiance un peu hors du temps, avec ce petit côté réalisme magique, cette nostalgie du marché de Chunghua, et quelques passages plus sombres.



Nous y retrouvons ce fameux magicien énigmatique, fil conducteur des nouvelles, et dont nous n’arrivons jamais à cerner vraiment le personnage, des jeunes plein de rêves en tête, des jeunes amoureux mais tristes aussi, des éléphants et des zèbres, des lions de pierre et des poissons rouges, un mélange très intriguant me direz-vous.



J’ai beaucoup apprécié les traits de crayon de Ruan Guang-min, précis et vifs. L’utilisation du noir et blanc s’harmonise à merveille à l’ambiance.

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Le magicien sur la passerelle

"Le Magicien sur la Passerelle" est un recueil de nouvelles intrigant grâce au traitement de son thème.



La vie au marché de Chunghua est animée. Sur la passerelle reliant deux bâtiments, un mystérieux magicien vend des articles permettant à ses clients de devenir illusionnistes le temps d'un, ou plusieurs, tours. Mais l'homme présente parfois des numéros qu'aucune prestidigitation ne saurait accomplir et attise donc une réelle curiosité des visiteurs. Les enfants du marché sont prêts à tout tester pour comprendre cette magie et se l'approprier, encore plus le narrateur qui, quelques années plus tard, recherche des renseignements auprès de ses anciens voisins et compagnons de jeux ayant été confrontés à ce magicien. Mais dans les témoignages qu'il va recueillir, c'est surtout la vie au marché qui va être contée.



Le magicien du titre n'est pas tant le sujet de cet ouvrage que le marché de Chunghua lui-même. Ce lieu qui aujourd'hui n'existe plus - détruit en 1992 - devient dans les lignes que l'on découvre un "personnage" à part entière et le centre de toutes les pensées partagées dans ce recueil. Le magicien, cet homme si mystérieux - et qui le restera jusqu'au bout - qui dégage un charisme attractif est donc le fil conducteur reliant chacune des histoires que nous lisons, et elles sont captivantes.

Grâce aux confidences des femmes et hommes ayant grandi au marché, nous est dévoilée l'existence rythmée de toute une population, le fonctionnement des divers commerces, mais aussi les espoirs et désillusions de certains habitants. C'est détaillé, vivant et une nostalgie manifeste enveloppe ces récits.

Suivre les personnages au fil des nouvelles fut une expérience assez troublante, car je me suis beaucoup perdue entre eux. Encore maintenant, je ne saurai vraiment dire lequel d'entre eux fut l'instigateur de cette aventure, mais j'ai beaucoup aimé cela puisque le rendu en est d'autant plus énigmatique.



J'ai découvert la plume de l'auteur avec sa nouvelle "Une Histoire de Toilettes", parue dans l'ouvrage "Taipei, Histoires au coin de la rue", et si je n'ai pas retrouvé le côté conteur de Wu Ming-yi dans l'ouvrage ici présenté, j'y ai par contre reconnu des personnages et ai apprécié de retourner au coeur du marché, qui semble être un sujet cher à l'auteur. La vie intime des commerçants et artisans qui façonnent l'endroit est passionnante et instructive.



Ce recueil de nouvelles recèle des idées intéressantes à parcourir et un style qui me plaît bien.
Lien : http://letoucherdespages.blo..
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Le magicien sur la passerelle

Dans ce recueil de nouvelles, Wu Ming-yi convoque les amis d'un narrateur, qui lorsqu'il était petit garçon, fréquentait le marché de Chunghua : il y vendait des lacets sur la passerelle, à côté d'un magicien. C'est ce magicien qui a marqué tous les enfants du quartier que tous les enfants de l'époque, devenus adultes sont censés évoquer. Le marché renaît alors dans les esprits de tous, comme cet espace dans lequel ils ont grandi, aimé, se sont bagarré, ont rigolé, chapardé, ont appris la vie.



Première remarque, le livre est beau, couverture étonnante et originale, celle qui est sous vos yeux (un zèbre dans un escalier), mais aussi les deuxième et troisième de couverture qui sont un dessin du marché, effectué par l'auteur. Ensuite, eh bien, on retrouve dans ce livre tout le charme de la littérature chinoise : la nourriture, les us différents des nôtres, les nombreuses images provoquées par l'écriture, les paraboles, ... Tout cela pourrait être un récit d'enfance occidental, mais il y a ici une touche asiatique très présente. Elle se trouve sans doute dans la manière de décrire les personnages, moins physique que liée à leurs habitudes de vie, dans celle de décrire leurs faits et gestes toujours symboliques et dans les rapports des gens entre eux. Je manque de précision dans mon analyse, car c'est affaire de sensations, difficilement explicables.



J'aime bien l'idée de nous présenter d'abord le magicien au travers des yeux d'un garçon, puis de convoquer son souvenir par les enfants qui l'ont admiré, mais vingt ans plus tard lorsqu'ils sont adultes. Le récit devient nostalgique, parfois drôle, poignant, triste, mélancolique, fantastique. Tous les personnages ne parlent pas du magicien, mais tous parlent du marché, détruit entre temps. C'est dans ce lieu qu'ils ont grandi en petits citadins. C'est très bien fait. Les neuf nouvelles plus la dernière dans laquelle l'auteur explique comment il est parvenu à cette idée et à cette construction, se suivent, se mêlent... Certains personnages importants dans l'une deviennent une simple silhouette dans une autre, ils peuvent n'être qu'évoqués. C'est beau, c'est simple, fluide, et l'on a presque la sensation d'être dans un roman à diverses entrées. C'est un livre à l'écriture moderne, très fluide et agréable qui bénéficie d'une très belle traduction -autant que je puisse en juger, j'ai fait allemand seconde langue et pas chinois- qui rend cette lecture particulièrement plaisante.



Très beau travail de la maison d'édition L'asiathèque que j'ai découverte l'an dernier à l'occasion de l'année de la Corée. Wu Ming-yi est né à Taiwan. Il est professeur de lettres et auteur de plusieurs livres dont deux romans traduits en français (Les lignes de navigation du sommeil, You Feng, 2013, et L'Homme aux yeux à facettes, Stock, 2014). Un auteur à découvrir qui a des choses à dire et qui les écrit joliment. Commencez par ce recueil de nouvelles, pour vous faire une idée.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le magicien sur la passerelle

L'importance des lieux où se déroule l'enfance ,des personnes qu'on y rencontre et qui marquent à jamais le reste de notre vie, sont le fil conducteur de cette série de nouvelles . L'action se passe à Taïwan au sein d'un marché où se côtoient artisans et petits commerçants ,les enfants partagent les mêmes jeux ,la même école ,les nouvelles qui se succèdent donne la parole à chacun .Ils se retrouveront à l'âge adulte pour comparer leurs souvenirs ,les personnes rencontrées, dont le magicien personnage central du roman.
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L'homme aux yeux à facettes

Des images tout à fait inattendues, une maison tel un château de sable à marée haute, une île improbable flottant au gré des courants, le tout entre des personnages de légendes qui atterrissent dans ce monde où déchets se mēlent dans un décor marin, où le cerf émerge des souvenirs... Un peu tortueux peut être, dépaysant certainement, dommage de trop appuyer sur le message environnemental.
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The Stolen Bicycle

« The stolen bicycle » (2019, Text Publishing, 396 p.) non encore traduit (La bicyclette volée) est un roman de Wu Ming-yi, auteur taïwanais, sélectionné pour le Man Booker Prize International. C’est en lisant « Perles » recueil de 6 nouvelles (2020, L’Asiathèque, 216 p.) de Chi Ta-Wei, que j’ai découvert la littérature Taïwanaise. Ce qui m’a donné l’occasion d’aller voir et de lire Wu Ming-yi. L’auteur est professeur de littérature auprès de l’Université Dong Hwa à Hualien, sur la côte est de l’ile.



Auparavant, il a publié « L’Homme aux Yeux à Facettes » (2014, Stock, 360 p.) et « Le Magicien sur la Passerelle » (2017, Stock, 270 p.) tous deux traduits par Gwennaël Gaffric. Le premier roman fait état d’un gigantesque vortex de détritus issu du Great Pacific Trash Vortex, va entrer en collision avec l’ile fictive de Wayo Wayo (traduire par Bora Bora) sous les yeux de Atihei, un jeune ilien. Rencontre improbable entre un aborigène avec la modernité dans toute sa laideur. Le second raconte l’émerveillement d’un jeune garçon subjugué par les tours d’un prestidigitateur qui exerce au grand marché de Chunghua, à Taipei.



Little Cheng est un écrivain dont le père a disparu il y a 20 ans, en 1993, le lendemain de la destruction du centre commercial de Chung-Shan Hall Market. Or un jour, il reçoit un e-mail lui demandant pourquoi sa bicyclette a aussi disparu. La quête à la fois du vélo et de son propriétaire va le conduire à travers tout le pays, et rencontrer Lin Wang, Miss Ma le doyen des éléphants, les soldats japonais perdus dans la jungle de l’Asie du Sud-Est durant la dernière guerre, et le monde secret d’un artisan, spécialisé en tableaux réalisés à partir du collage d’ailes de papillons. Si le thème central est bien celui de la recherche du père disparu, il y a de nombreuses digressions et méditations sur la mémoire, la famille, la maison en général.

Mais tout commence par cette disparition avec une description très poétique. « Je dois vous décrire cette matinée, car chaque fois que quelque chose est décrit de nouveau, cela acquiert un sens nouveau. Je dois commencer par laisser l'aube s'étendre, la lumière du matin déambuler sur la terre. Je dois prendre les arbres, les maisons du village, l'école locale, les champs avec leurs mélanges de couleurs, et les petits bateaux de pêche se balançant avec le vent au bord de la mer, et les placer un à un comme des pièces d'échecs dans le paysage ».



Il est évident que la bicyclette joue un grand rôle dans ce roman. C’est une « Lucky Double Tube War Bike »de numéro de série #04886, qui a toute une histoire. De fait, lors de l’invasion de la Malaisie par les Japonais en 1941, le général Tomoyuki Yamashita fait débarquer 60000 hommes et 10000 bicyclettes pour faciliter le transport de munitions et ravitaillement dans la jungle. Chacune, à double cadre pouvait porter 35 kilos de bagages. D’ailleurs Taiwan est toujours connu comme le premier centre mondial de fabrication de bicyclettes, en compétition avec Fuji au Japon et Raleigh en Angleterre. Leur slogan « Ride Your Way to Lucky » (Faites du vélo avec Lucky).



Cette forme d’intendance provoque la chute de Singapour en février 1942, et la capitulation, catastrophique des Anglais. Singapour, la « forteresse imprenable », est tombée en seulement sept jours. Winston Churchill qualifiera la chute de Singapour comme la « pire des catastrophes » et « la plus grande capitulation » de l'histoire militaire britannique. Ce que c’est que d’envoyer des généraux britanniques dont Arthur Percival, en shorts à la guerre. Lors de la reddition de Percival, un officier japonais note que Percival était « pâle, mince et fatigué ». Il est vrai que la situation militaire des anglais était intenable. Pas de tanks, jugés inadaptés au terrain et climat local, une aviation désuète, avec encore des biplans, et des aérodromes installés par la RAF, sans consultation de l'Armée, dans des endroits indéfendables. En particulier, celui d’Alor Star, désigné comme la clé de voûte de la défense aérienne, est évacué par les anglais sans avoir été mis hors d'usage et sert aussitôt de base aux japonais. Une partie des anglais faits prisonniers seront utilisés dans des camps pour reconstruire les infrastructures. Le plus célèbre de ces camps est celui du « Pont de la Rivière Kwai », popularisé par le film de David Lean d’après le roman de Pierre Boulle écrit en 1952, et ressorti plus tard (2011, Julliard, 264 p.).

Il faut reconnaître que l’invasion a été préparée de longue date. C’est dans le cadre du concept de « Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale » (Dai-tō-a Kyōeiken), initiée en 1938 par général Hachirō Arita. La sphère devait regrouper tous les pays occupés par l'Armée impériale japonaise et la Marine impériale japonaise lors de l'expansion de l'Empire. Devaient en faire partie la Corée, Malaisie, Birmanie, Asie du Sud Est, Indonésie, Bornéo, Nouvelle Guinée. Et tout commence avec la Kōa-in, l'Agence de développement de l'Asie orientale. L'un des principaux moteurs de cette entité politique devait initialement être le Mandchoukouo (Mandchourie) qui fait figure de régime collaborateur. Avant l'invasion, les Japonais avaient recruté un petit nombre de Malais (Kikans ou KMM) mécontents dans une organisation secrète « Tortoise Society », ainsi que des Coréens, et des Indiens de la « Indian Independence League » (IIL). Une fois occupée, la Malaisie est dirigée par l'Administration militaire malaise (Malai Gunsei Kumbu) de l'armée impériale japonaise qui impose une ligne dure, notamment envers les Chinois.



Après la reddition du Japon, un certain nombre d’entre eux sont restés, oubliés dans les petites iles où ils étaient. On pourra lire quelques-uns de leurs récits. Ainsi de Shohei Ooka « Les Feux » (1995, Autrement, 264 p.) traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle et Maya Morioka-Todeschini. Tamura est un soldat japonais qui erre sur une petite île des Philippines pendant la seconde guerre mondiale. Il s’enfuit de l’hôpital où il était soigné, mais est réduit à errer dans l’ile. Expulsé, il n'a plus rien à manger or pour rester il faut avoir à manger. Avec d’autres soldats, ils en sont réduit à manger du « sing », bel euphémisme pour désigner des primates plus évolués. Ou encore de Akira Yoshimura « Guerre des Jours Lointains » (2002, Actes Sud Babel, 283 p.) traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle. L'officier Takuya Kiyohara recherché pour crimes de guerres et exactions sur des pilotes américains prisonniers, dont des décapitations au sabre. Et un récit d’un de ces soldats, Hirô Onoda « Au nom du Japon » traduit par Sébastien Raizer (2020, La Manufacture de Livres, 320 p.), soldat perdu, avec quelques autres, oubliés sur l’ile de Lubang dans les Philippines. Il raconte son errance avec quelques soldats isolés, sans contacts et sans ordres qui vont vivre ainsi. Hirô Onoda ne se rendra que en 1974, rattrapé par l’armée philippine, il rendra son sabre au Commandant Marcos. Le tout dernier à se rendre n’est pas japonais, mais un aborigène de Taiwan incorporé dans les « volontaires de Takasago » sous le nom de « Teruo Nakamura ». Il existe encore certains groupes d’aborigène dans le centre et la côte est de Taiwan. Ce sont des « Gaoshan » à l’origine groupes des montagnes groupes non reconnus sont ceux qui habitaient les plaines, alors que les « Pingpu » ou groupes des plaines, sont désormais intégrés à l'ethnie taïwanaise.



Pour revenir à la bicyclette volée, Wu Ming-Yi prévient d’emblée « Je n’ai pas écrit ce roman par nostalgie, mais par respect pour un épisode dont je n’ai pas eu l’expérience ». Donc si il parle de la période d’expansion colonisatrice japonaise et des relations avec les aborigènes, ce ne sera qu’un à côté de l’histoire, qui reste centrée sur la famille, le père disparu et son vélo.

Ce vélo est un « cheval de fer », épithète qui est a été popularisé par les missionnaires en Afrique ou les amérindiens du Canada. Cela fournira la matière des sept courts chapitres, avec des sortes de notes « Bike Notes » répartis de ci de là. On va donc suivre Little Cheng et sa copine Teresa, qui va vite disparaitre, remplacée par Little Hsia. Ne pas croire, surtout que Little est leur nom de famille. L’amitié viendra de ce que Little Hsia possède une « Lucky », qui en fait est celle de Annie, l’ex copine de Abbas, un aborigène. Nous y revoilà. Et il va y avoir rencontre entre Little Cheng et Abbas, le choc des civilisations, via un vélo. « Quand on a roulé sur une bicyclette comme celle-là, réellement roulé, c’est comme une intrusion dans la vie d’une autre personne ». de Abbas, on passer ensuite à son père Pasuya, un authentique aborigène Tsou. Pasuya est important car il a fait partie de ces Taiwanais recrutés par les Japonais pour envahir la Malaisie. De l’occupation de la Birmanie, on passe ensuite à l’occupation de Pasuya, qui sera chargé de conduire des éléphants domestiqués, qui servent d’animaux de traits. De la tribu des Tsou, l’auteur nous emmène dans les tribus Karens, qui s’occupent habituellement des pachydermes. A la fin de la guerre, ces éléphants vont être ramenés au zoo de Taipei. Et il y aura notamment Miss Ma, la doyenne. Re-changement de style et de narration. Pour corser la chose, les éléphants sont protégés par Katsunuma, le directeur japonais. Les bombardements américains ne facilitent pas la chose car ils épouvantent les pachydermes qui risquent de s’affoler, tout détruire et s’échapper. Heureusement, Miss Ma trouve abri dans un tunnel, et est sauvée.



Ce roman est tout de même centré sur la recherche du père disparu, avec méditations sur la mémoire et la famille. « Les histoires existent du moment que l’on n'a aucun moyen de savoir comment on passe du passé au présent. On ne sait jamais au début pourquoi elles continuent à survivre, comme en hibernation, malgré la puissance érosive du temps. Mais en les écoutant, on a l'impression qu'elles se sont réveillées et finissent par respirer. Comme des aiguilles, elles poussent le long de votre colonne vertébrale dans votre cerveau avant de vous piquer, chaud et froid, dans le cœur ». mais l’auteur réalise très vite qu’il existe un monde entre fiction et réalité. « J'ai découvert au début de ma carrière d'écrivain que la fiction et la réalité sont si étroitement liées que tout élément textuel est suspect, mais il est dangereux de traiter quoi que ce soit dans un roman comme vrai. […]. La vérité d'un roman ne dépend pas des faits. C’est quelque chose que tout romancier comprend. Mais la structure globale d’un roman est soutenue par ce que l’on pourrait appeler les «piliers de la vérité».

El l’auteur poursuit son explication, avant de digresser à nouveau sur la guerre, sur l’invasion de la Malaisie. En fait sur la réalité, la fiction, et la représentation que l’on s’en fait. « J'ai souvent le sentiment qu'un romancier utilise trois piliers de la vérité pour amener le lecteur à croire en sept piliers de la fiction et à entrer dans le château qu'il ou elle a créé dans son langage, qu'il soit opulent, sordide, fantastique ou irréel. Dans mon roman, le marché Chung-hwa était réel, tout comme les jeunes ouvriers qui allaient fabriquer des avions de guerre au Japon. Et mon père avait un vélo qui a disparu lorsque lui même a disparu. Mais de nombreux détails de l’histoire ont été inventés. Par exemple, même si j'ai parfois souffert de troubles du sommeil dans la vraie vie, je n'ai jamais vécu la guerre dans mes rêves. Je n'avais pas de petite amie qui s'appelait Alice. (Ma petite amie de l'époque s'appelait Teresa.). Et j’ignore si mon père a garé sa bicyclette pour la dernière fois au Chung-shan Hall ».



Restent les descriptions de l’ile et de sa partie sauvage que l’on ne soupçonne pas. Le nord de l’ile avec les sources chaudes de Beitou. C’est à côté de Taipei et les citadins y vont prendre les eaux, en fait s’y baigner dans les différents bassins de couleur. Pendant ce temps de petits poissons viennent vous manger les peaux mortes. Sur la cote ouest, il faut aller voir et prendre le petit train de la forêt d’Alishan, comté de Chiayi. Petit train à crémaillère, qui fait des trajets aller-retour (tout au moins la locomotive) pour grimper une pente très raide. A Taipei, ne pas manquer la tour 101, avec, comme son nom l’indique ses 101 étages. Aller voir la boule de 5.5 m de diamètre, et de 660 tonnes. Suspendue comme un pendule, elle sert d’amortisseur harmonique pour les oscillations de la tour sous les coups de vent et les séismes. Curiosité architecturale d’une tour qui abrite un vaste centre commercial. Sur la côte Est, coté Pacifique, il faut aller dans les gorges de Taroko. Une route en balcon, avec forces de tunnels et passages en surplomb. Peu de chance de voir encore des aborigènes, pourtant c’est là qu’ils (sur)vivent encore. C’est de là que proviennent les « Gaoshan » groupes des montagnes que l’on retrouve dans le roman.



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L'homme aux yeux à facettes

Très beau livre (lu en anglais). Des histoires parallèles se rejoignent sur l’île de Taïwan : un autochtone d’une île du Pacifique aux croyances et rites particuliers, une scientifique un peu dépressive, un taïwanais autochtone. Un océan de plastique envahit soudainement l’île, faisant se rejoindre les personnages. J’ai beaucoup apprécié ce roman, à la fois romanesque et philosophique.
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