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Citations de Muriel Cerf (61)


il faut des flambées de délires pour incinérer les chienneries de la vie quotidienne
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Muriel Cerf
Je ne répondais pas à une mode. Je me suis sentie propulsée en Asie sans motivation particulière, sinon celle d'une nécessité biologique.
interview Le Monde, 31 octobre 1975
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"Vegetable thali" sur un plateau d'argent où sont disposées en cercle une dizaine de petites coupes contenant les légumes et les sauces...On ferme les yeux, on pique au hasard au bout de la fourchette, et c'est une explosion de plaisirs variés, violents comme un incendie au fond du palais. On a envie de tout mélanger, la confiture de mangue épicée, gluante, orange comme le soleil, le safran délicat, les poivrons verts, le gingembre sucré-salé, la coriandre, les cardamones, les petit pois baignant dans l'huile rouge. (Page 46)
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J’enclouerai ton ombre et l’empreinte de ton pas. Fini de ton talent, mécréante. J’émousserai les pointes affûtées de sens et tairai les salves crépitantes de ta damnée énergie. Tu perdras ta folie sagace, ta tendresse pour le règne animal, végétal, minéral (tu en inventerais d’autres si je te laissais la bride sur le cou), ta jeunesse pathologique (j’ai ta vie devant moi, le si vieux bougre), ton esprit ricaneur, offensif, tes joutes oratoires avec la mort qui me vexent affreusement car je n’y participe pas (j’ai enfin lu tes livres et je te connais, imprudence autobiographique !), oublie, donc, ta moquerie câline et tes pieds de nez au quotidien, cette faculté d’être à la fois croyante folle de Dieu et iconoclaste… Amour, je guérirai ta folie, ce sera la fin du dialogue avec Dieu et gens faisant suite, et du don que tu Lui dois. Oublie l’écriture, chose phallique, les mots, tes mantras charmeurs-du-monde. Oublie tes chères correspondances entre la mer, la musique, les parfums, et tes recours aux sciences diagonales. Je te veux mon épouse…
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.... je hais les journaux, et la perspective de monter la garde de nuit sur le paillasson d'un hebdomadaire, de droite, de gauche ou réversible, ...
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Un jour elle serait dans une maison de Venise, pas très loin du Campo Sant'Angelo, et elle prendrait un bain de soleil sur la terrasse gardée par des pieux colorés comme des sucres d'orge...
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Etrange bout du monde, Bali, où l'on fait flamber les os des morts en les fourrant dans le ventre de lions en carton, où toute la population des villages reste des nuits entières à regarder le théâtre d'ombres, le wayang-kulit, à la lumière de la pleine lune, comme d'autres la télévision. Alors j'y vais, je fonce devant moi pour aller chercher le dernier rayon vert du soleil sur la mer des Tropiques et celui des yeux de Coulino, ma tendre et infidèle sœur de voyage, avec l'impression que je suis vraiment sur le point d'arriver quelque part, dans un port tiède et parfumé où je pourrai jeter l'ancre.
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Moralement, l'homme ne peut soutenir la comparaison avec la bête : l'homme ne sait tuer sans haïr.
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Elle était heureuse, sur la route écrivait des poèmes, l'arche de sa mémoire contenait toutes les cruelles nuits d'Islam et une grands quantités de mulets, au ciel de jais brillait, dispersé, l'or des Scythes.
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Le vert, couleur fade, bâtarde et lamentable, je me mets à l'adorer en arrivant à Katmandou. Ce vert, c'est celui du premier végétal poussé sur la terre, grinçant et suraigu, comme une vibration en suspension dans l'air, glorieux et neuf comme la vie - le vert, c'est la rizière et la vie !
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(...) enfin, si tu t'en vas, je brûlerai les pousses de la plante vajnasunhi et quand, me plaçant derrière le feu, je verrai monter au ciel une lune d'or sans alliage, je saurai qu'est venu le moment du départ.
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Le dalang. Celui qui tire les ficelles des ombres derrière l'écran blanc du théâtre javanais. Le récitant des éternelles épopées qui inscrit dans le temps la geste de Râma, la guerre du Mâhâbhârata, les passions, les haines et la folie des nains, des géants, des mortels et des dieux. Le conteur poète qui se fait sphinx pour mettre en marche la machine à broyer les héros.
Moi j'ai tenté l'aventure sans espoir; j'ai dansé sur le cratère des volcans et j'ai volé vers la couronne du soleil en sachant bien qu'un jour le poids du monde me tomberait sur les épaules et que j'allais être forcée d'assumer la destinée des fous d'orgueil jusqu'à ce que Némésis la vengeance ait fini de me marcher sur le ventre et que je crève juste devant les portes du ciel où je n'entrerai jamais.
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une gamine rêveuse lunaire et mercurienne comme moi
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L'éclair de passion dans ses yeux, le rouge de la pierre, la force du vent de mousson, je reçois tout ça en bloc, comme un cadeau, et j'ai l'impression de mordre moi aussi dans l'Inde tout entière, que j'aime parce qu'elle déborde de partout, comme une femme un peu trop grosse mais très belle, qui ruisselle, qui s'ouvre quand on caresse, qui jouit et qui donne tout si on sait tendre la main. (p.45)
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"Sublime et ravalée au rang de sous-chienne."
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Quelque chose d'une lumière dorée a frémi sur le lit du peintre, et c'était l'amour cette chose, là, tout entière dans le premier baiser que je donnais à Natalia N., et ce baiser n'était pas celui que l'homme avait refusé, celui que je lui donnais alors, elle pouvait l'emporter, c'était le sien et celui de personne d'autre.

Quelque chose d'un printemps merveilleux a éclaté en même temps que les bourgeons d'avril, quand je suis entrée chez l'autre, l'homme riche, dans la chambre bleue, avec cette fille, pour la première fois.

Quelque chose s'est sali et corrompu, un après-midi de printemps où elle et moi posions pour le peintre, et c'était le regard du peintre, et c'était la plus belle des amitiés qui pourrissait à cause de la jalousie qu'il avait de nous - comme quoi il ne faut jamais donner à voir le bonheur, Natalia, même à un grand peintre qui est votre meilleur ami et qui, juste pour avoir une idée de ce que c'est, vous le demande à genoux.

Quelque chose a cassé ma vie en deux, quand ma grand-mère est morte, qui était ma seule mère, en une seule nuit, au début de l'été.

Quelque chose d'une aile de phénix a battu quand Natalia est arrivée rue L., le lendemain.
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J’ai vu Devi l’épouse de Civa laver sa culotte dans les fontaines de Katmandou, Kâli la noire s’épouiller avec la minutie d’une mère babouin, Radhâ la bergère chiquer le bétel et cracher par terre des jets de salive rouges, les bayadères d’Anghor continuer leur ronde déhanchée à Bangkok le long de Patpong Road et faire le tapin à Klong Toï, j’ai filé cent baths à Lakshimi sortie de sa mer de lait pour me masser le dos au Takara Palace, j’ai croisé le fatal regard de la princesse Sita parmi les beautés en cage d’un bordel de Bombay, les apsaras de Khajurâho ont dansé rien que pour moi et j’ai pénétré dans le gynécée de Siddhârtha avant qu’il ne devienne Bouddha quand il veillait encore sur le sommeil de ses femmes.
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Dans cette espèce de prison sous la mer flottent des visages ectoplasmiques brouillés par les vapeurs de la cuisine et des joints. Un barbouillage d'ocre et de rouge couvre les murs d'un réseau imprécis comme les reflets entrelacés par les vagues au plafond d'une grotte. Cet endroit flou, humide et hors du monde baigne dans une telle tristesse qu'on n'a qu'une envie, c'est d'y accrocher ses rêves en couleurs sur les murs suintants et de les regarder pendre par les pieds comme des chauve-souris. C'est le refuge, la planque, le cloaque tiède où il ne fait jamais ni trop chaud ni trop froid, où on se sent en fuite, protégé, coupé du monde, on barbote avec masochisme dans cet égout où personne ne viendra vous chercher, algue parmi les algues flottant dans ce nulle part, plongé dans la grisaille indulgente et le roupillon enfumé. (p. 142)
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Pour la première fois je sens l'énervement qui monte devant ces visages jaunes et ces yeux bruns, j'ai le vertige, le grand malaise de la plongée, il est enfin arrivé le moment dégueulasse où par peur et par instinct on devient raciste, bestial, où on se sent au fond des tripes l'envie de les écraser tous comme des insectes, de creuser des trous dans cette multitude, multiplitude, infinitude, de leur botter les fesses vertement pourvu qu'ils arrêtent en toute innocence leur certitude qu'il n'y a rien de mieux à faire que de rester là à ruminer – cette certitude qui nous rend tous dingues et mortellement jaloux. Devant ce formidable déploiement de force d'inertie, mon côté français, cartésien, emmerdant, individualiste et agressif m'explose à la gueule comme un pétard inattendu.
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Le désir, rien de plus beau, le besoin, rien de plus bas
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Chez Muriel Cerf

Dans le journal Le Monde du 31 octobre 1975, Muriel Cerf déclarait à propos de son premier ouvrage (paru en 1974 au Mercure de France) apprécié de toute une génération, décrié par d'autres : Je ne répondais pas à une mode. Je me suis sentie propulsée en Asie sans motivation particulière, sinon celle d'une nécessité biologique.

La voyageuse du soir
Partir
L'antivoyage
Les chemins de Katmandou
Voir Bali et mourir

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