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Critiques de Nathacha Appanah (1057)
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La mémoire délavée

Un roman court mais intense en émotion et bouleversant, un livre qui m'a mise dans le questionnement. C'est avec pudeur, sensibilité, subtilité et poésie, que l'auteure ,nous laisse entrer, dans un pan de sa vie, la quête de ses origines. Elle remonte le cours de l'histoire , jusqu' à ses trisaïeux, surnommés les "Déplacés". Ces derniers , ayant quittés l'Inde, vers l'île Maurice pour travailler dans les plantations de cannes à sucre, une main d’œuvre à moindre coup pour les exploitants. Des hommes et des femmes , marqués par un numéro pour pouvoir les identifier, eux qui pensaient retrouver un sens à leur vie, un retour à leur dignité ,

L'auteure voue un amour pour ses grands parents, principalement son grand père, cet homme fort qui a osé se rebeller face à cette situation, un homme qui dégage de l’empathie, L'auteure dévoile , son enfance, sa vie avec parents et ses grands parents, eux seuls pourront trouver, combler les réponses aux questions qu'elle se posait Un livre remarquablement documenté , une partie de l'histoire que je ne connaissais pas, Le début qui commence par le vol d’étourneaux qui migrent comme chaque année, un reflet de l’histoire de l'auteure, à travers la migration de sa famille et également d'autres personnes, Tout est écrit avec une grande délicatesse

A lire de toute urgence.



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La mémoire délavée

Dans son dernier roman, Nathacha Appanah nous plonge dans un travail vieux de près de 20 ans : partager la mémoire de ses ancêtres, ces "engagés" qui quittèrent l'Inde pour l'Île Maurice en promesse d'une vie meilleure - mais plus simplement pour, en réalité, et contrairement à ce qu'on leur faisait miroiter, s'échiner à la tâche afin de combler la main-d'oeuvre manquante après l'abolition de l'esclavage.



Cette mémoire délavée, c'est la mémoire familiale, qui sur tant d'années (plus d'un siècle entre la traversée de ses aïeux et sa propre naissance) a effectivement eu le temps et de multiples occasions de s'étioler, se ternir, voire se perdre. L'autrice documente son ouvrage en inscrivant la "petite" histoire - la sienne - dans la grande, et on ressent le poids et l'importance de ces archives officielles lorsqu'il faut parfois venir renforcer ce qui a pu être sauvé de l'oubli et transmis à travers les générations.



La figure du grand-père charismatique de l'autrice apparaît fondatrice de sa détermination à entretenir cette mémoire. C'est si beau et si ardent à la fois ! Une grande tendresse, une vraie reconnaissance, et beaucoup de délicatesse émanent de ce récit tout en pudeur. Jolies émotions garanties ❤



Merci vivement aux éditions @mercuredefrance pour l'envoi de ce livre, qui est selon moi, un des plus réussis de Nathacha Appanah !



  《La phrase à retenir》

"C'était une même bulle bruyante, rieuse, désordonnée mais chaque génération avait son espace. Il y avait plusieurs langues dans cette bulle et, parfois, au milieu des rires et des repas, il y avait des choses d'avant qui se révélaient."

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La mémoire délavée

De bons commentaires lus à son propos je l'ai acheté chez Claudine en lui apportant mes réponses à son concours.

C'est sur une photo de vol d'étourneaux que s'ouvre la lecture. Ils migrent vers un climat plus propice, à l’image des migrants qui quittent leur pays pour un avenir meilleur.

Les aïeux de l’auteur ont quitté leur village en Inde en 1872, et arrivent à l’île Maurice. Il suffisait de soulever les rochers du bord de la mer pour y ramasser l’or qui s'y trouvait, racontait-on. La richesse leur tendait les bras.

Ces arrière-grands-parents arrivaient avec un enfant. En débarquant sur l’île on leur attribue un numéro à 6 chiffres. Ils n’ont plus de prénom, de nom, ils sont un numéro.

Petit livre plein d'affection pour ses parents et surtout ses grands-parents. Nathacha avait vécu des moments précieux auprès de sa grand-mère, des moments simples mais pleins d'amour, de tendresse. Sa grand-mère souhaitait transmettre à sa petite-fille les coutumes de son pays. Le grand-père travaillait dur dans les champs de canne à sucre, comme ses parents l'avaient fait avant lui. Les "laboureurs" remplaçaient les esclaves noirs depuis l'abolition de l'esclavage.

Un petit récit court et attachant de simplicité, d'amour, de mémoire, de respect et d'admiration pour la vie pas facile vécue par ses ancêtres.

Nathacha nous emmène à ses côtés, revivant les souvenirs de sa jeunesse, durant laquelle elle était très proche de ses grands-parents. Admiration pour son grand-père grand, courageux, beau, taiseux, admiration pour ses parents. Pour elle il est important de raconter ses ancêtres, dont elle ne savait quasi rien. Elle a interrogé les siens, fait des recherches, souvent restées sans réponse. Les registres de la population étaient muets. Impossible de savoir combien d'enfants avaient eu ses ancêtres.

Un moment de lecture plein de douceur, de poésie. A lire.

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La mémoire délavée

Le drame et la grâce



Des photos de ballets d'étourneaux, images poétiques évoquant la migration,la transhumance organisée,l'histoire de ces coolies qui ont remplacé les esclaves noirs dans les champs de canne après l'abolition de l'esclavage. C'est ainsi qu'ont débarqué les ancêtres de Natacha Appanah dans une île à sucre,l'île Maurice. Ils portent des numéros et passeront toute leur vie dans la plantation,lieu d'asservissement du pouvoir colonial en place.Un monde oublié qui renaît par fragments, un statut figé,une mémoire délavée par le temps.

En évoquant cet exil volontaire, ces générations d'hommes et de femmes analphabètes mais riches de leurs traditions et de leurs croyances, l'écrivaine veut redonner une juste place aux siens et cherche ce qui est enfoui en questionnant ses grands-parents. D'une plume sensible,délicate et aimante,elle parle de ces vies minuscules qui ont ouvert la voie à une descendance qui a su voler vers d'autres horizons grâce à leur force et à leur courage. A travers les gravures et photos qui parsèment le champ des mots,on découvre,le coeur serré,ce qui fait une vie et comment le passé conditionne le futur.Un très beau récit dans la collection Traits et portraits.
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La mémoire délavée

Très joli et court roman autobiographique. Le fond de ce récit nous parle de la mémoire, de sa transmission, des zones d'ombres qui existent dans toutes les familles et qui prennent une dimension particulière lorsque l'histoire individuelle rencontre l'histoire tout court. Ici, celle de l'immigration et des déracinements qu'elle entraîne.

L'écriture est belle, tout en retenue et tout en pudeur, un véritable hommage à ses aïeux.

On peut se demander si, pour nos descendants, aujourd'hui, avec les innombrables traces numériques que nous semons partout, il sera plus facile pour eux de tisser les fils de leur histoire ou si, technologie éphémère oblige, leur mémoire aussi sera lavée, délavée, relavée numériquement...
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La mémoire délavée

Voilà un joli texte sensible de la part de la grande autrice mauricienne Nathacha Appanah.



Après une belle introduction pleine de poésie pour évoquer le vol des étourneaux, métaphore des mouvements et des migrations que tant de peuples connaissent aujourd’hui, l’autrice évoque la mémoire de ses arrières-arrières-grands-parents, dont elle a retrouvé la trace par hasard.

« Il y a trois fiches aux archives de l’immigration indienne à l’institut Mahatma Gandhi, à l’Île Maurice. Ce sont celles de mes trisaïeuls et de leur fils, mon arrière-arrière-grand-père. Elles attestent de leur arrivée à Port-Louis, capitale de l’île qui est alors une colonie britannique, le 1er août 1872. »

Cent ans avant sa naissance, l’autrice redécouvre donc que ces « engagés indiens» ou ces »coolies »- c’est comme cela qu’on les nomme, et elle s’étonne que cette appellation ne soit pas plus connue – ont quitté leur village natal de Rangapalle, pour le port de Madras, et ensuite, selon une longue traversée, ont débarqués sur l’île Maurice.



Commence alors le récit des descendants de ceux-ci, jusqu’à la vie de ses propres grands-parents, qu’elle a bien connue. Une vie faite non pas d’esclavage (bien que se voyant doté d’un numéro en arrivant) mais bien de servitude auprès du maître pour qui la famille travaille dans les champs de canne à sucre.



Avec un très bel hommage à ce grand-père qui était à la frontière des traditions : d’un côté le respect à ses ancêtres indiens, avec leurs coutumes et leur art de vivre (notamment culinaire) et de l’autre l’intégration dans les traditions mauriciennes pour mieux s’assimiler à ses voisins.

Ce Grand-Père courageux s’opposa une fois à son contremaître, à juste titre, mais cela lui valut à lui et à son épouse enceinte un bannissement hors de la communauté à laquelle il appartenait dont il ne se remettra jamais. L’autrice verra toujours dans le comportement de ce grand-père qu’elle aimait beaucoup les traces de cet affront et les meurtrissures qui en résultèrent pour sa femme et ses descendants.



Beaucoup plus tard Nathacha sera incitée à oublier les coutumes ancestrales, à cultiver la langue locale, et ne saura plus grand-chose de ces traditions dans lesquelles ont baigné ses ancêtres : un cas fréquent de souhait d’intégration pour ses enfants, au détriment de la perpétuation de la transmission.



L'EXIL. Un thème central, dont on n'est pas prêt d'avoir fini de parler.

Un beau récit sensible et plein de tendresse donc pour les ancêtres de Nathacha Appanah, qui a trouvé sans doute sa vraie patrie : la littérature.

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La mémoire délavée

La mémoire délavée n'est pas un roman, précise Nathacha Appanah, c'est un récit poignant sur la vie de ses grands-parents "au départ". Son intention était de leur rendre hommage en racontant leur vie et en même temps la traversée d'un siècle et l'histoire d'un exil.



Les souvenirs, les histoires, les anecdotes se transmettent oralement de génération en génération, mais finissent par s'étioler au fil du temps. Que reste-t-il des racines familiales ? Que choisit-on de retenir ?

Les grands-parents de l'autrice sont issus d'une migration forcée vers l'Ile Maurice, leurs ancêtres étaient des "engagés" autrement appelés "coolies". Venant d'une région pauvre de l'Inde, ils avaient été recrutés habilement pour compenser le manque de main d'oeuvre dans les exploitations sucrières après l'abolition de l'esclavage. Ces engagés indiens étaient donc destinés à remplacer les esclaves africains dans les plantations de cannes à sucre. Il leur avait été promis une vie meilleure, ils étaient volontaires, mais ce sont des conditions de vie précaires , des journées de travail longues et harassantes qui les attendaient. de surcroit, dès leur arrivée il leur était attribué un numéro, sorte de matricule à ne jamais oublier mais qui contribuait à une déshumanisation scandaleuse.



Avec simplicité, pudeur et fidélité, Nathacha Appana raconte ses propres souvenirs et ceux de ses grands-parents, ceux qu'ils lui ont transmis. Pendant son enfance, elle habitait dans leur maison, dans un monde prêt à disparaître, balloté entre traditions indiennes, intégration et modernité. Malgré ses racines, son grand-père fort mais effacé, souvent en retrait, se sentait mauricien. L'autrice a longuement mûri son récit, elle raconte des fait et des événements avec ses yeux d'adulte, en prenant du recul, mais elle fait également parler la mémoire de la petite fille qu'elle était. On sent chez elle beaucoup de tendresse et de délicatesse pour ses aïeux.



J'ai été touchée par cette quête mémorielle, cette histoire aussi bien familiale que collective. L'écriture est fluide, belle et didactique et les illustrations, photos, gravures anciennes, dessins ajoutent un plus non négligeable à l'histoire.



Le récit s'ouvre sur l'image d'un vol d'étourneaux. Chaque année, ces oiseaux parfaitement organisés, empruntent comme les hommes, des couloirs de migration, suivant on ne sait quel vent favorable pour trouver plus de nourriture et de chaleur.

Quelle jolie métaphore pour évoquer les déplacements et l'exil des populations !



#Challenge Riquiqui 2024











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La mémoire délavée

Un roman intime emplit de poésie…



Un court récit émouvant et pudique que nous livre Nathacha Appanah.



Elle nous amène avec tendresse à rentrer dans la vie de ses aïeux, de sa famille issue des engagés indiens partis pour l’île Maurice à la fin du XIX siècle.



On ne s’ennuie jamais dans cette lecture qui nous amène d’une génération à l’autre, que l’on fasse un bon dans le temps présent ou que l’on reparte en arrière on la suit dans ce récit familial ou en fin de compte toutes les générations sont liées…



Car finalement la mémoire est bien là et même au delà de ce que les vivants se rappellent n’est elle pas ancrée plus loin dans nos gènes ?



Et dernier élément qui ajoute une plus value à l’ouvrage (mais lui en fallait-il une ?), le texte est parsemé d’illustrations qui nous le rendent encore plus perceptible, intime même.
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La mémoire délavée

Dans ce livre, l’autrice s’interroge sur sa famille, notamment ses arrière-arrière-grands-parents partis d’Inde pour travailler dans les champs de canne à sucre de l’Île Maurice. Ses trisaïeuls sont venus remplacer les esclaves. Un ouvrage poétique et foisonnant de questions.

L’incipit s’ouvre par un vol d’étourneaux. Des photos et documents sont insérés entre les pages de ce récit intime. Elle essaie de reconstituer l’arrivée de sa famille sur l’île, leurs conditions de vie. Elle s’appuie sur les souvenirs de ses grands-parents et comble les blancs comme lorsqu’elle écrit des romans.

Les thèmes abordés sont la transmission, l’immigration, l’identité, l’exil, les effets de la colonisation, la condition sociale. Elle évoque notamment la pression de réussite que ses parents ont fait peser sur elle. Ils voulaient échapper à la condition de leurs parents et grands-parents. Ce statut de « dominé » s’est transmis de génération en génération.

Un essai passionnant, magnifiquement écrit.
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
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La mémoire délavée

Essai ou récit personnel plus qu’un roman. L’autrice retrace ici l'histoire des coolies de l’Ile Maurice, ces engagés (plus ou moins) volontaires venant d’Inde et où s'entremêle la grande Histoire et celle de sa famille.



A travers un pan de l’Histoire des colonies, Nathacha Appanah aborde les sujets de la transmission familiale (son histoire, sa culture) et la quête d’identité à travers l’histoire de ses ancêtres. L’autrice interroge son rapport à la sa culture mauricienne, ainsi que l’histoire familiale à travers ce qui a été transmis ou non. Ce court essai est un partage intime mais pudique, souligné par une très belle plume.
Lien : https://www.instagram.com/ma..
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La mémoire délavée

Un livre précieux d’une rare délicatesse sur un sujet sensible, l’exil des populations indiennes vers l’île Maurice pour être employées dans les plantations de cannes à sucre. Nathasha Appanah a déjà décrit sous forme de roman – Les rochers de Poudre d’or– cet aspect de la colonisation . J’avais fait de ce roman un coup de coeur contrairement à « la noce d’Anna » , mais j’aime beaucoup le style pudique de cette écrivaine que j’avais découvert dans « le ciel au dessus des toits », c’est elle, encore qui m’avait fait découvrir un aspect peu connu de la deuxième guerre mondiale dans « le dernier frère » .



Cette fois l’écrivaine parle de sa propre famille, et on sent toute la pudeur que cette famille qui l’a tant aimée et combien cela a rendu difficile ses recherches sur leur passé. Sa famille arrive dans l’île en 1834, comme elle le raconte déjà dans « les rochers de Poudre d’or » franchir l’océan Indien était à cette époque un tabou total pour les croyants hindous. Mais la misère et la faim sont certainement des moteurs plus forts que la religion. Elle a bien connu ses grands-parents qui sont sortis du système des plantations, son grand père a eu un geste violent contre un contre-maître. À cette occasion l’écrivaine raconte combien les indiens ont toujours prétendus être de bons employés respectueux de leurs supérieurs. Personne ne s’enorgueillit du geste du grand-père, bien au contraire.



Elle regrette que sa grand-mère ne lui ait pas appris le « telugu » sa langue maternelle, elle n’a pas non plus cherché à lui donner la religion hindou, sa petite fille était dans le monde moderne : celui de l’anglais du français et de la religion catholique. En revanche, elle lui a appris à faire « ce qu’il faut » sans jamais être vulgaire. Le mariage de sa grand-mère avait été arrange par des « marieuses » qui sont allées un peu vite en besogne, sans doute pour que les autorités ne sachent pas que ce jour là on mariait des enfants : le grand-père avait 14 ans et sa future femme 12. Pour faire encore plus vite ce jour là on organise le mariage de deux personnes son grand-père et son cousin. Comme le cousin est très petit contrairement au grand père qui mesure 1 mètre 80, on lui a choisi une petite femmes. Mais les deux mariages se sont passés si vite que le grand-père s’est retrouvé avec la femme qui était destinée à son cousin … Le couple s’est bien entendu et aura une dizaine d’enfants.( Dont le père de l’auteure).



L’ensemble de ce témoignage, m’a beaucoup touchée mais je garde en mémoire un passage en particulier : le père de Nathacha Appanah , décide un jour de faire visiter l’Inde à son père et de retrouver leur village d’origine. Ce voyage avait été préparé depuis longtemps et devait durer un mois, mais le grand-père est revenu au bout d’une semaine, le grand-père était trop triste de voir l’extrême pauvreté dans laquelle vivaient les gens de son village natal. Il est revenu en disant je suis Mauricien ! Pour moi cela souligne bien l’impossible retour aux origines de ceux qui s’exilent pour réussir.



Le livre est agrémenté de photos qui sont autant de jalons de la vie de l’auteure, je suis très émue par celle-ci. Je trouve beaucoup de force à cet homme aux bras ballants et une telle inquiétude dans les yeux de cet enfant aux jambes trop maigres dans des chaussures trop grandes.




Lien : https://luocine.fr/?p=17757
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La mémoire délavée

Dans la collections Traits et portraits chez Mercure de France je découvre un peu de l'histoire de Natacha Appanah dont j'avais lu avec passion trois de ses romans.

Dans ce récit, que j'ai eu du mal à démarrer, me perdant dans la généalogie de ses ancêtres arrivés en 1872 à Port-Louis sur l'île Maurice, son arrière-arrière-grand père avait 11 ans.

Le livre est assez court et se concentre un peu plus sur les grands-parents de l'auteur, ce qui n'était pas vraiment prévu au départ. Intéressant de lire cette immigration indienne, la vie pauvre et difficile de ces exilés. Sacré voyage à l'époque.

Jolis portraits de cette famille avec des figures émouvantes et volontaires. On sent toute la tendresse qui anime l'auteure dans ces pages.

De jolis moments de vie et des épreuves nombreuses montrent une situation de vie souvent douloureuse mais proche de la famille et de la communauté. Un témoignage puissant, accompagné de quelques illustrations en fait un ouvrage passionnant que j'ai lu d'une traite jusqu'au milieu de la nuit.
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La mémoire délavée

À travers une approche intimiste d'investigation des récits de sa famille, le roman de Natacha Appanah aborde avec finesse les tensions inhérentes aux systèmes oppressifs à travers plusieurs générations de sa famille. Ce roman met subtilement en lumière les liens entre les récits familiaux, les expériences vécues et la formation des souvenirs, invitant ainsi à une réflexion profonde sur les héritages coloniaux et les dynamiques sociales. Cette plongée dans l'intime révèle les intrications entre tradition, oppression, identité personnelle et collective, offrant ainsi une lecture captivante et enrichissante pour tout lecteur désireux de s'engager dans une lecture décoloniale des récits de société. En refermant un roman de Natacha Appanah, persiste toujours ce désir de comprendre ce qui se joue entre les lignes pour l'auteure, mais également une gratitude infinie pour la légèreté et la beauté avec laquelle des sujets lourds sont amenés.
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La mémoire délavée

Dans ce récit intime et universel à la fois, Nathacha Appanah rend hommage à la mémoire de ses aïeux, en commençant par ceux partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice afin d'y travailler dans les champs de canne. Elle raconte l'histoire de celles et ceux que l'on appelait les coolies, ces engagés indiens arrivés par bateau et identifiés par un numéro.

Puis l'autrice nous confiera qui était son grand-père, cet homme qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien. Cet homme qui sera le ciment de sa famille et qu'elle racontera avec tendresse et nostalgie.



Tout en dentelle et en délicatesse, Nathacha Appanah nous ouvre les portes de sa maison de famille, nous dévoile l'histoire de celles et ceux qui lui sont chers. Mais lorsque la transmission familiale est orale, les souvenirs s'éloignent et la mémoire se "délave"... On oublie, on embellit, on interprète.



J'ai passé un très bon roman avec ce récit à la fois nostalgique et émouvant que je vous recommande si vous vous intéressez à la question de l'exil et de la recherche des origines.
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La mémoire délavée

C’est un beau livre qui a été pensé je crois jusque dans le choix du papier, la taille et la police d’écriture, les photos choisies, en noir et blanc, pour un travail de mémoire qui compte.

C’est l’histoire du trajet migratoire des aïeux de Nathacha Appanah, quittant l’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice. C’est à Port-Louis qu’ils furent employés comme coolies et devinrent les « engagés » en remplacement des esclaves noirs et pour travailler dans les différentes exploitations et champs de cannes à sucre. C’est un témoignage et une réhabilitation qui tend à inscrire chacun des siens dans une lignée représentative restituée. Mais c’est surtout un somptueux drapé que Nathacha Appanah revêt aujourd’hui et dont chaque plis, texture, épaisseur la constitue elle-même en tant que personne à travers les générations. La douceur du récit nous mène en appartenance de cette famille par un lien affectif invisible et pourtant perceptible. L’envol se fait dès la première page.

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La mémoire délavée

"Je ne veux pas simplement raconter mes grands-parents, je veux dépasser le récit, je veux une harmonie, de la complexité à l'envers mais de la simplicité à l'endroit".



Et bien c'est réussi. Dans ce récit autobiographique, l'autrice revient sur le départ d'Inde de ses trisaïeux en 1872 pour Port Louis sur l'île Maurice.



A travers ses recherches et ses souvenirs, elle fait revivre un pan de son histoire en s'attachant plus particulièrement à la vie de ses grands-parents paternels. C'est aussi une partie de l'Histoire de l'île Maurice qu'on traverse avec l'arrivée de ces coolies, venant essentiellement remplacer les esclaves noirs, pour travailler dans des plantations, dans une société encore très hiérarchisée.



L'autrice rend un joli hommage à ses grands-parents. Sa plume est belle, délicate. Il y a beaucoup de pudeur, de tendresse et d'amour dans cette narration. Mention spéciale pour le titre de cet ouvrage que je trouve magnifique et qui en dit tellement, ainsi que pour les quelques photos qui parsèment cet émouvant et beau récit.



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La mémoire délavée

J'aime beaucoup les romans de cette autrice et j'ai eu plaisir à la rencontrer; ici, c'est un essai, un peu plus ardu mais on retrouve la délicatesse et la pudeur de Nathacha. La quête identitaire est un thème majeur et l'écrivaine remonte le temps jusqu'en 1872 lorsque ses ancêtres quittent l'Inde en espérant des jours meilleurs à l'île Maurice. Une fois de plus dans l'Histoire des exilés, c'est la désillusion.

un personnage très intéressant est le grand-père: humilié par un reproche non fondé, il se défend et frappe le contremaître.

"Le temps, lui, passe comme un rouleau compresseur et ceux qui savent meurent avec la vérité". Le grand père est arrêté et condamné à quelques mois de prison.

Le geste d'insubordination de mon grand-père ne lui sera jamais pardonné dans sa communauté, dans ce camp, dans cette plantation, même à la fin de sa peine. De plus, il se fait expulser du camp avec sa femme et leurs deux enfants.

C'est cette mémoire qu'il faut redécouvrir : de même le miracle du père de Nathacha: atteint de poliomyélite, on le cache pour éviter l'hôpital et la grand-mère va le guérir avec patience, amour et des remèdes ancestraux.

Ce sont ces faits que l'écrivaine tente d'arracher à l'oubli; la mémoire ne doit pas être délavée même s'il y a des choses manquantes.

J'ai apprécié de mieux connaître cette écrivaine que j'aime beaucoup ainsi que sa famille et ses ancêtres.
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La mémoire délavée

Ce livre que Nathacha Appanah a longtemps porté en elle, sans pouvoir l'écrire, par amour et par pudeur, est une belle réussite, pleine d'une sincère émotion communicative, toute en retenue, qui nous entraîne vers tous les émigrés au-delà de la famille de l'autrice.

Le vol d'étourneaux qui ouvre le livre, par son esthétisme et sa cacophonie, symbolise toutes les migrations et particulièrement celle de ses ancêtres hindous. En été1872, ses trisaïeux, partis d'un village de l'Andhra Pradesh, un couple et trois enfants, après avoir rejoint Madras à pied, s'embarquent pour Port-Louis. Deux des enfants se perdront irrémédiablement sur le port mauricien.

L'autrice a beaucoup partagé avec ses grands parents paternels, qui l'ont en partie élevée. Elle évoque sa grand-mère, petite femme pleine d'énergie, quasi mystique, morte en 1996 et son grand- père, courageux, au caractère bien trempé, devenu paria, après avoir frappé le contre-maître du domaine qui l'accusait injustement. Cet acte lui valut la prison, la perte de son emploi, de son logement et beaucoup de misère avant de se remettre à flot et de construire une grande maison pour devenir épicier tabagiste. Il est mort en 2007, à 96 ans.

Cette famille descend des coolies, ces travailleurs indiens engagés libres mais aussi maltraités sur les plantations que les esclaves affranchis qu'ils allaient remplacer et cette pratique durera de 1832 à 1920. A leur arrivée, ces coolies n'avaient aucune identité, aucune existence humaine, juste un numéro par personne qui leur était attribué et que l'autrice a retrouvé dans les archives de l'institut Mahatma Gandhi de Moka.

Nathacha Appanah, par ce livre, rend un hommage plein d'amour et de pudeur à sa famille et renoue avec ce douloureux passé d'exode sur l'île Maurice. Quand aux relations de ces indiens avec leur première patrie, elles sont complexes et Nathacha comme son grand-père, ne s'y sent pas " chez elle".



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La mémoire délavée

Quelle belle découverte que cette auteure ! Le challenge de lecteurs «Globe trotteurs» m’a donné envie de découvrir ce roman, écrit par une auteure originaire de l’île Maurice. J’ai été charmée par son écriture, douce et poétique.



Nathacha Appanah relève le défi de retracer l’histoire de ses aïeux qui ont quitté l’Inde en 1872 pour rejoindre l’île Maurice. Une période de l’histoire où l’esclavage étant aboli dans l’Empire colonial anglais, un autre type de main d’œuvre était recherché (à peine mieux loti que les esclaves qui les ont précédés) pour faire le dur travail de labeur dans les plantations de canne à sucre.



C’est ainsi que les ancêtres de l’auteure s’établiront à l’île Maurice, auront des enfants qui eux aussi travailleront dans les plantations de canne à sucre. Dont son grand-père et sa grand-mère, tous deux des personnages très marquants dans sa vie de petite fille, puis de femme.



Nathacha Appanah arrive avec une grande fluidité à mêler des éléments qu’elle a pu retrouver dans l’histoire de ses ancêtres, certains par des documents, d’autres par les histoires qui se transmettent oralement dans la famille, d’autres encore qu’elle a pu deviner, ou imaginer. Le résultat pourrait être décousu ou compliqué, mais loin de là. Le tout est fluide et beau. Sensible et délicat.



Au-delà de l’histoire de sa famille, l’auteure nous parle de ses liens avec ses grands-parents, des traditions, des cultures, de l’Inde et de l’île Maurice.



J’ai eu un grand plaisir à lire ce roman-récit et j’ai hâte de découvrir d’autres romans de cette auteure.

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La mémoire délavée

Natacha Happanah nous transporte sur l’île Maurice avec un récit sur ses origines, l’histoire de ses triaïeux arrivés des Indes, de leur village natal de Rangapelle, pour y être employés, plutôt exploités comme engagés. A leur arrivée ils sont affublés d’un numéro d’identification puis affectés dans une plantation.

L’engagisme a remplacé l’esclavagisme après l’abolition.

Une traversée de l’exil, un récit poignant, entre un monde perdu et un monde moderne, d’une authenticité avec ses blessures, ses secrets. La délicatesse, la sensibilité, la pudeur de son écriture qui laisse entrevoir l’amour qu’elle porte à ses grands-parents.

Un livre qui met en lumière un pan de l’histoire méconnue, une remontée au fil du temps, de l’intime, le livre est également parsemé de magnifiques photographies, une très belle lecture comme toujours avec cette auteure.
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