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Critiques de Natsuo Kirino (156)
Le vrai monde

Natsuo Kirino, née en 1951 à Kanazawa au Japon, est l'auteur de nombreux romans policiers qui l'ont fait remarquer comme un des talents les plus prometteurs de sa génération. Elle a commencé à écrire en 1984 et n'a cessé depuis lors de remporter prix sur prix. Son œuvre a été traduite dans 28 pays et plusieurs de ses livres ont également été adaptés au cinéma. Natsuo Kirino vit à présent à Tokyo. Le Vrai monde est paru chez nous en 2010.

Dans la banlieue de Tokyo, quatre amies adolescentes,Toshiko (« se donne des airs cool et détachés, mais elle a bâti une Grande Muraille autour de son cœur »),Terauchi (« une fille plutôt mignonne, mais elle a une voix ultra grave et cool »), Yuzan (« je ne peux pas avouer à mon père que je suis lesbienne »), et Kirarin (« des quatre filles de notre bande, je suis la seule à ne pas être vierge »), passent leur mois d’août dans une école de bachotage. Un matin, Toshiko entend un fracas dans la maison de ses voisins et quelques heures plus tard apprend que leur fils, surnommé « le lombric » (« un grand maigrichon aux épaules tombantes, avec de petits yeux sinistres »), a disparu et qu’il est fortement soupçonné d’avoir assassiné sa mère à coups de batte de base-ball. Les quatre jeunes filles vont s’attacher à aider dans sa fuite le jeune assassin, pour des raisons propres à chacune d’elles…

Si le roman est catégorisé thriller et que le résumé ci-dessus en donne la trame narrative générale, ne pensez surtout pas qu’il n’est que cela - la forme n’est qu’un moyen pour l’écrivain. Il s’agit en fait d’un excellent roman, très profond, sur la société japonaise d’aujourd’hui (du moins de celle de 2003, date de parution au Japon du bouquin) et de sa jeunesse adolescente. L’enquête policière et tout ce qui est sensé aller avec, est vite mis de côté, Natsuo Kirino préférant peindre les sentiments et les caractères des cinq jeunes, quatre filles très différentes les unes des autres, gravitant autour d’un garçon qui les attirent inexorablement et en partie à l’insu de son plein gré, dans une spirale destructrice qui fera des dégâts irréversibles.

Roman choral où chaque protagoniste prend la parole successivement, dévoilant progressivement le caractère et la psychologie des unes et des autres, révélant les souffrances morales intérieures ou existentielles de ces jeunes, l’exaltation idéaliste de l’adolescence pour l’attrait du rebelle et l’excitation induite. Mais ce sont aussi ces plans de coupe, nous montrant une société mercantile (« Quand on se balade dans Tokyo, tout ce qu’on voit, c’est des gens qui essaient de nous vendre des trucs ») assommée d’informations en continu diffusées par les chaines de télévision. A moins que ce ne soient les pervers qui vous tripotent dans le métro sous l’œil indifférent des voyageurs ou bien un travelo qui vous agresse dans un quartier « chaud » de la ville. Le réquisitoire est féroce, les parents en prennent gros pour leur grade et si tous les ados ne tuent pas leurs géniteurs, tous y pensent à un moment ou un autre.

L’écriture colle parfaitement au sujet et à ses personnages, rapide et dans le ton de ses jeunes héros, leurs pensées les plus intimes sonnent justes (même si elles agacent) et l’écrivain glisse dans son texte des références culturelles nippones, l’aspect martial de l’écrivain Mishima étant une sorte de référence inconsciente pour « le lombric » dont on suit avec effroi l’aggravation progressive du délire psychologique ou bien encore, peut-être ( ?), cette allusion aux « mondes flottants » (Concept taoïste enseignant la relativité de toute chose) quand l’une des filles hésite entre revenir dans son monde d’avant et celui dans lequel elle vient de s’engager (« Ce n’est pas un sentiment de liberté, ni rien de ce genre. C’est juste que je ne veux pas rentrer. Je veux continuer à flotter quelque part entre les deux. »)

Vous l’aurez compris, thriller certes, mais comme le dit un des personnages de Natsuo Kirino, « les romans sont plus proches de la vraie vie, c’est comme s’ils montraient le monde après en avoir épluché une couche, une réalité qu’on ne pourrait pas voir autrement. Ce que je veux dire, c’est qu’ils ne sont pas superficiels. » Un message parfaitement transmis et reçu cinq sur cinq.

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Le vrai monde

Nous sommes plus sur une étude de mœurs de la jeunesse tokyoïte désenchantée qu'un thriller. Le moins que l'on puisse écrire, c'est d'espérer que la majorité des ados japonais ne sont pas aussi perdus que ces 5 héros.

Car ceux-ci sont déjà bien désabusés par la société nipponne et surtout par le cercle parental rempli de non-dits, de lâcheté, mensonges et autres violences sous-jacentes.

Cet univers familial, paradoxalement, n'est guère éloigné de leur univers amical où, là aussi, aucune des protagonistes, tout comme leurs parents, ne jouent franc-jeu les unes envers les autres. Ainsi, comme bien souvent, ce que l'on reproche aux autres n'est que le reflet de nos propres errements et erreurs.

Je reste sur ma fin, m'attendant à un livre plus axé sur l'enquête dont il est totalement dépourvue et j'avoue que je commence à me faire vieux pour lire les états d'âmes d'ado aux comportements parfois incompréhensibles et souvent irritants.

Au final, plus de 200 pages d'étude psy sous couvert d'un meurtre ça fait un peu longuet.

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Le vrai monde

Un monde glaçant et dérangeant.

L'auteur se sert d'un matricide pour décrire une jeunesse sans repères.

Dans une zone résidentielle de Tokyo, quatre copines de 17 ans aident "Le Lombric", voisin d'une des leurs, à fuir après qu'il a massacré sa mère à coups de batte de base-ball. Chaque chapitre adopte le point de vue de l'un des cinq protagonistes.

J'ai eu du mal à entrer dans ce livre à cause de la violence du sujet bien sûr mais aussi à cause du style heurté et du vocabulaire bizarre. Renseignements pris, j'ai vu qu'il s'agissait de la traduction d'une traduction anglaise ! Les célèbres éditions du Seuil ne peuvent-elles pas employer un traducteur de japonais ?



Le livre est terrible car il décrit une jeunesse profondément solitaire et déboussolée. Les adultes sont nuls et hypocrites. Les pères absents, pris par leur travail, très mous. Les mères, lorsqu'elles sont encore en vie, sont surtout préoccupées des apparences et du qu'en dira-t-on. Les adolescents, quand ils ne sont pas en train de bachoter dans un "institut de gavage", vivent en vase clos dans leur monde et communiquent entre eux par portable interposé. Aucune des quatre filles n'éprouve de compassion pour la victime. Aucune. Elles méprisent ou haïssent toutes leurs mère, et sont donc fascinées, du moins au début, par ce gars qui est passé à l'acte. Et puis il les sort de leur existence ordinaire et imposée. Mais le Lombric n'est ni un héros, ni un anti-héros. Comme son surnom l'indique, c' est un grand mou avec... une case de vide. Il n'éprouve aucun remord. Aucun. Mais il va leur servir de révélateur. Elles semblaient déjà se préparer à vivre comme leurs mères. Elles dissimulaient déjà une part de leur identité derrière un maquillage, une apparence, ou un pseudo. A son contact certaines pourront peut-être échapper à cette roue hyper-moderne...



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Monstrueux

Je ne sais pas trop quoi penser de ce bouquin:j'en ai lu le tiers environ et j'ai laissé tomber à causes de sensations déplaisantes qui étaient plus fortes que l'envie de connaître l'issue de ce récit.
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Monstrueux

Sans pitié , c’est bien ce qui caractérise Natsuo Kirino face à ses personnages. Tout comme dans Out, dont j’ai fait la lecture en début d’année, Monstrueux ne ménage ni son lecteur ni ses personnages.



L’auteure ne fait pas de concessions avec ses personnages et c’est un roman dur et cruel qu’elle signe ici. Grotesques, comme le titre initial de ce roman, sont Yuriko et Kazue mais surtout la narratrice de l’histoire.



Monstrueux est un thriller comme je les aime avec des « monstres » à figure humaine. Comme dans Out, les protagonistes de Monstrueux ne sont pas des tueurs en série ou de vulgaires assassins, non ici, Natsuo Kirino s’attaque aux jeunes filles de bonne famille qui sortent de ces grandes écoles et c’est toute l’institution scolaire qui ne retrouve éclaboussée. Comment des jeunes filles si différentes, de classes différentes, élevés de manière différentes en viennent à devenir ces monstres ? Notre apparence peut-elle décider de notre destin comme la belle Yuriko au destin sordide ? La réussite sociale et professionnelle vaut-elle que l’on s’avilisse jusqu’à tomber dans la déchéance ?
Lien : http://avideslectures.over-b..
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Monstrueux

Monstrueux, catalogué comme thriller par un service marketing en mal d'inspiration, est certainement un roman, noir et psychologique. Thriller? mwouais, bof.

Deux prostituées sont assassinées à quelques mois d'intervalle. Le suspect est un immigré chinois. Partant de là, l'auteure va nous raconter l'histoire des principaux protagonistes en remontant jusqu'à l'enfance. Tantôt sous la forme d'un journal intime, sous la forme d'un témoignage de justice, etc et avec comme fil rouge, la belle Yuriko, tellement belle, qu'elle en est monstrueuse. Mais monstrueux, tous les personnages le sont. Ils mentent aussi, alors difficile pour le lecteur de faire la part des choses.

Un roman assez complexe, un peu lourd et long et si à la fin, vous attendez des réponses à toutes vos questions, vous serez déçus.

Un point que j'ai particulièrement aimé est la description des écoles élitistes japonaises et les différences de classes sociales dont il semble impossible de s'échapper. Si c'est vrai un peu partout dans le monde, c'est particulièrement marqué au Japon.

Un roman difficile à résumer et à aborder et trop dense à mon goût.
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Monstrueux

lecture prévue en fin d'année si je le trouve en bibliothèque.

*



Deux prostituées, Yuriko et Kazue, viennent d'être assassinées à Tokyo.

*

Vingt ans plus tôt, les deux femmes étaient éduquées au lycée pour jeunes filles de K., un des établissements les plus réputés de la ville.

Elles étaient jeunes et l'avenir qui les attendait ne pouvait être que radieux dans une société japonaise qui leur ouvrait les bras.

*

Sauf que la vie n'obéit pas forcément au destin qu'on aimerait lui faire suivre.

*

Cruauté, humour glacial et descriptions sans pitié, Monstrueux est un thriller qui hante son lecteur bien après qu'il en a tourné la dernière page.
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Monstrueux

Excellent livre !

La 4° de couverture le présente comme un polar. Certes, il y a des morts, une enquête policière...

Mais il, à mon sens, s'agit plus d'un roman psychologique, d'une réflexion sur le rapport à l'Autre : l'arrivée d'une fille merveilleusement belle va gravement perturber sa famille, d'abord, ses camarades de lycée, ensuite, qui tombent éperdument "amoureuses/envieuses" de cette femme à la beauté sulfureuse.

Le tout est très bien écrit, très profond, très original et permet de découvrir le Japon des écoles d'élite et des grandes sociétés.
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Monstrueux

c'est un étrange roman, première chose ce n'est pas vraiment un thriller, car il n'y a pas de suspens, on est plutôt dans un drame social, il faut se faire à la méthode de narration de l'auteur qui passe du témoignage à la première personne, au rapport de police, journaux intimes..

Le vrai plus de cette histoire c'est cette faculté à rentrer dans les pensées les plus sombre de ses héros, on a droit à l'histoire d'une frange de la société nippone-et chinoise aussi- dont j'ignorai les codes, en ça le roman est passionnant.

Donc c'est surtout le câdre qui fait l'attrait du roman, et aussi le fait de ne pas tourner autour des choses pour décrire la noirceure de la société japonaise
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Monstrueux

Monstrueux, ce roman porte très bien son nom mais qui est le monstre dans ce roman, la narratrice soeur de Yuriko et semble-t-il mythomane, Yuriko la nymphomane, Kazue ou encore Mitsuru toutes élèves du lycée K. Non finalement à lire ce livre c'est la dissection d'un monstre à laquelle nous assistons, une grande leçon d'anatomie dans le ventre d'un pays : le Japon à travers les yeux de ses victimes.

Le fantasme japonais y est mis à nu dans toutes sa crudité et sa cruauté, où les première victime y sont les femmes, chacune à sa manière voulant faire voler en éclat le plafond de verre érigé par la soi-disant supériorité masculine. Finalement le meurtre de deux prostitués n'est que le prétexte à cette dissection minutieuse, un délice dont on ne sort pas indemne tant ce livre peut être choquant.
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Monstrueux

Le procès du meurtrier de deux prostituées à Tokyo est sur le point de s'ouvrir : Yuriko et Kazue ont toutes deux été tuées dans des circonstances similaires et leur assassin semble le même. Appelée à témoigner, la sœur de Yuriko revient longuement sur sa vie et les circonstances qui ont conduit au drame. Au fil du récit, elle cède la place aux journaux de Yuriko et Kazue, nous permettant une vision très complète des événements.



Nées de l'union d'un père suisse et d'une mère japonaise; Yuriko et sa sœur ont peu de points communs : la beauté exceptionnelle de Yuriko semble l'avoir mise à l'écart au sein de sa famille-même. Pour son aînée, c'est un monstre, invisible à première vue mais pour qui dépasse les apparences, ce fait est une évidence.



Désireuse de se démarquer de sa famille et de sa cadette, la sœur de Yuriko a intégré le prestigieux lycée K tandis que les siens quittaient le Japon pour la Suisse. Au décès de sa mère, par suicide, Yuriko décide de rentrer au pays et est scolarisée dans le même établissement, elle y trouvera le moyen de focaliser l'attention et ainsi y fera ses premiers pas dans la prostitution. Jusqu'à sa mort...





Dans ce roman dense et captivant, Natsuo Kirino nous offre ici une vision sans concession de la société japonaise : travailleurs immigrés, place de la femme, système scolaire, ... De la même manière, elle applique le même traitement à ses protagonistes et à leur famille : au plus profond de l'âme, les monstres sont légion. Un récit dur et fort, qui mérite plutôt la mention de "roman psychologique" que de "thriller". Surtout au vu de la fin qui démérite un peu en regard des pages précédentes.


Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..
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Monstrueux

J’avais été transporté par « Out », l’œuvre la plus connue de l’auteure. Alors, il ne faut qu’un pas pour découvrir d’autres oeuvres de l’auteure!



On apprend rapidement la mort de deux prostitués, Yuriko et Kazue assassinées à un mois d’intervalle dans des situations semblables.



La sœur de Yuriko est une métisse (japonaise-suisse). Elle voit comme un enfer la beauté « monstrueuse » de sa sœur, Yuriko. Se comparant toujours à elle, elle devient au fil de sa vie une femme dégoutée d’elle-même, des gens qui l’entourent et méchantes même envers ses proches.



Mais au fur et à mesure de son récit, on en aperçoit le pourquoi ; sa vie au côté de sa sœur, ses années d’étude où elle se bat avec acharnement et où elle rencontre Kazue. C’est un peu un aspect des mœurs japonaises surtout au niveau de la difficulté d’entrée dans une école dite d’élite, des persécutions à l’intérieur, de la place de la femme dans la société, etc.

Mais ce n’est pas vraiment le sujet de l’histoire.



A 40 ans, la narratrice est plus aigrie que jamais. Même morte, on lui parle de sa sœur et de cette Kazue qui était dans le même lycée. Mais petit à petit, le livre s’ouvre sur les voix des autres personnages, les journaux intimes de Yuriko et de Kazue, la déclaration de meurtre de Zhang, etc. On découvre la dure vie de prostitués, les déboires, les violences, le travail illégal, les secrets de chacun. Chaque histoire de ces personnages amène au dénouement… mais surtout droit vers l’enfer de la vie.



Natsuo Kirino reprend sa plume pour écrire un roman noir mais avec des personnages tellement vrai et réaliste que l’on sent que cela pourrait nous arriver. L’écriture est fluide, nous montre les diverses visions qu’ont les protagonistes. Troublant et violant.


Lien : http://endorphinage.wordpres..
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Monstrueux

Titre original : Gurotesuku

Traduit de l'édition anglaise "Grotesque" par Vincent Delezoide



En lisant les critiques du livre sur Amazon, on constate qu'un reproche revient souvent sur ce livre : on ne croirait pas qu'il a été écrit par l'auteur de "Out." Pourtant, apparemment, il a été édité après ce dernier. Le problème vient peut-être de ce que, contrairement à ce qu'il s'est passé pour le premier grand succès de Kirino Natsuo, la traduction française vient du texte anglais et non du texte japonais. Et puis, si l'auteur avait choisi pour héroïnes de "Out" des femmes faites et matures (à l'exception de Jônuchi, peut-être), elle s'intéresse ici à des personnages qui, tous ou à peu près, en sont restés à une mentalité adolescente qu'on retrouvera d'ailleurs, en plus tranché encore si possible, dans "Le Monde Réel." En outre, à la troisième personne, qui permet un maximum de recul et à l'écrivain, et à son lecteur, se substitue dans "Monstrueux" un "Je" souverain mais fortement égomaniaque.



A l'origine de l'intrigue, une union mixte entre un Suisse dur au travail mais à la personnalité mesquine et une Japonaise pas très jolie. Le Suisse en question n'étant pas lui-même un Apollon, le couple est donc très étonné de donner un jour naissance à la petite Yuriko, à la beauté exceptionnelle. Cette enfant va dès lors devenir la préférée de ses parents, aux dépens de son aînée, assurément beaucoup moins jolie (pour ne pas dire laide) mais aussi bien plus douée sur le plan intellectuel.



Par sa beauté et par la certitude, ancrée dans son enfance, que cette beauté lui permettra de réussir sans se donner beaucoup de mal, Yuriko va donner à son existence un cours qui la conduira à finir assassinée par un émigré chinois sans papiers pour le moins aussi égocentrique qu'elle. Mais le plus terrible, c'est que la perception de cette beauté influera également de manière tragique sur le destin de ses proches, parmi lesquels sa soeur aînée mais aussi sa mère et une ancienne condisciple, Satô Kazue, laquelle finira par se prostituer pour l'imiter.



Une fois de plus, mais avec une violence beaucoup plus brute que celle rencontrée dans "Out", Kirino Natsuo tire à bouts portants, et pour ainsi dire au bazooka, sur la société japonaise. Elle s'acharne tout particulièrement sur le système éducatif, axé dès les petites classes sur un élitisme qui ne laisse pratiquement aucune chance aux élèves dont les parents n'ont ni moyens financiers, ni relations. Il y a de quoi en perdre le souffle.



Moins affinés que dans [b]"Out", les personnages sont bruts de décoffrage et raisonnent tous plus ou moins comme les adolescents frustrés qu'ils sont, quelque part, restés dans leur coeur. Cela pourrait amuser s'ils n'étaient tous aussi cyniques, aussi persuadés que seule compte la réussite sociale. Les relations avec leurs parents sont quasi inexistantes ou perverties justement par cette course au succès. Quand on sait l'importance que revêtent la famille et le clan dans la tradition japonaise, il y a là de quoi avoir des sueurs froides.

[/b]

Quant à l'assassinat de Yuriko et celui de Kazue, amateurs de polars, passez votre chemin : tous deux ne sont qu'une conséquence accessoire de l'existence complètement déviée et déviante qu'elles ont menée, chacune à sa façon. A tel point qu'on se demande avec raison pourquoi les éditeurs s'entêtent à publier ce roman sous le bandeau "policier."



Un roman à ne réserver, à mon sens, qu'aux inconditionnels de l'auteur. En attendant une traduction directe du japonais. ;o)
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Monstrueux

Ce roman est estampillé thriller par l'éditeur mais je vous avoue ne pas y avoir retrouvé l'essence de ce genre.

Le meurtre des deux prostituées est davantage une excuse à ce roman plutôt que son thème principale.



Dans les premières pages du roman on découvre une femme, qui sera la narratrice principale du roman . Elle est la sœur de Yuriko l'une des deux prostitués assassinées. Puis chaque nouveau personnage sera introduit dans l'histoire, par un journal intime, des correspondances, des dépositions . L'intrigue est confuse au départ, je ne voyais pas l'histoire « décoller » comme dans un thriller classique. Et plutôt qu'un décollage c'est une plongée dans l'âmes obscure de ses personnage que va nous offrir l'auteur.



Chacun des personnages est « monstrueux » dans ses pensées, sans tabous, sans concession, chacun nous livre son point de vue de l'histoire qui va nous emmener vers les deux meurtres.



Natsuo KIRINO est une japonaise, elle connaît donc bien ce pays si attaché aux traditions, à l'ordre et à la rigueur ...Elle va pourtant le lacérer de toutes part sans pitié, sans se cacher derrière des figures de style en s'attaquant aux symboles pour découvrir l'hypocrisie, à l'amour pour le montrer sous son plus affreux visage.



Monstrueux est un roman qui dérange par son côté sordide , de la main d'une femme difficile de faire mieux pour décrire ces femmes amorales , incapables d'amour ou d'humanité, uniquement focalisées par leur ascension sociale .

Monstrueux est une critique acerbe sans demi-mesure d'une société japonaise encarcanée dans des stéréotypes de réussites sociales, de modèles familiaux . Le modèle japonais et la femme y sont décrit de manière brutale, intransigeante. Les écoles « chics », le monde de l'entreprise démontés par le regard intransigeant de l'auteur.



Pour ce qui est de l'écriture c'est relativement fluide , les changements de voix donnent une légèreté à ce roman pourtant si lourd et si noir.



Je n'ai ni apprécié, ni détesté, disons que ce fut une expérience , une plongée un peu brutale dans le cerveau de personnages détraqués, repoussants du début à la fin. Un vague sentiment de malaise tout au long de la lecture et après avoir refermé le roman beaucoup d'incomphréhension envers ces personnages qui méritaient tous une tout autre fin.
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Monstrueux

Deux ou trois choses pour commencer. D'abord sur la couverture du livre il est indiqué : Thriller. Si ça c'est un thriller, moi je suis les Beatles. Je pense que depuis le temps je sais reconnaître un thriller, du moins je l'espère, sinon c'est grave. Ensuite le commentaire qui accroche : Un croisement électrique entre Ellroy et Jelinek, signé Lire. Bon ce Monsieur lire n'a pas lu le livre ou alors il ne connait pas plus Ellroy que Jelinek ou il s'agit d'un croisement, une bouture qui aurait mal pris, peut-être un enfant des deux non reconnu qui aurait hérité ni de l'un ni de l'autre, bref des sornettes. Pour finir, pourquoi ce choix et bien parce que l'auteure a obtenu le grand prix du roman policier du Japon en 1998, d'accord c'est pas récent, j'aurais pu y penser ou prendre le grand prix ou elle s'est mise au pommeau entre deux, qui sait, bref on repassera.

Dès le départ on sait que deux prostituées ont été assassinées, on connait l'assassin : un émigré chinois (grand amour entre les deux peuples, si, si) qui ne s'accuse que d'un des meurtres. Chic il va y avoir enquête, police, poursuites peut-être, yakuzas, triades, que sais-je encore, non-non rien, en fait on sait, sans savoir, tout en sachant que le gars, le chinois, il a tué les deux mais à leur demande (?) mais c'est pas sûr, car dans ce roman rien n'est certain tout est effleuré, on laisse, enfin on, Natsuo (joli prénom)laisse le lecteur faire son choix comme à Auchan ou Carrefour ou votre hyper du coin si vous habitez un coin s'entend. Bon voyez déjà comment c'est tentant, vous salivez, je le savais.

Alors six cents pages pour rien, non, je ne dirais pas ça, pour pas grand chose oui, mauvais livre noui, mais je fais profil bas ma méconnaissance de la littérature japonaise me porte certainement à la déraille et si c'était un chef d'oeuvre et moi un âne, pour quoi pas après tout. Cependant la littérature reste la littérature même en hiéroglyphes donc un jugement n'est jamais subjectif lorsqu'il s'agit de prendre en considération une intrigue, des mots, des phrases et la prosodie si elle existe ou pas. Je n'ai pas eu le déclic de base du lecteur enjoué et, c'est vrai, j'ai découvert des trucs sur un pays mystérieux et certainement méritant le détour, mais ici aussi pas assez fouillé, pas approfondi, mon pote si tu veux lire ce livre achète-toi le guide japon du routard car c'est pas fourni, non mais des fois, fichtre, allons !

Monstrueux pourquoi, parce que les quatre filles, jeunes femmes et femmes, protagonistes de l'histoire sont monstrueuses, l'une par sa beauté, la seconde par sa laideur, la troisième par sa méchanceté et la dernière par sa tromperie. Sur les quatre filles, toutes ayant été élèves d'un bahut super classe, trois se prostitueront, deux mourront, la troisième suite à un besoin d'argent, la quatrième entrée dans une secte fera de la prison pour avoir participé à la mort par empoisonnement aux pesticides d'un groupe d'enfants.



Ce roman est traduit du japonais en anglais puis de l'anglais en français, il ne reste qu'à boucler la boucle et traduire du français en japonais histoire de voir si la Kirino retrouverait ses chatons, ce serait marrant, non ?



Bon assez bavassé, j'y colle un 2/5 à la Kirino et c'est bien payé. Je vais laisser passer un ou deux siècle avant de lire à nouveau un thriller japonais.


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Monstrueux

Ai adoré!!

Au début, ça fait bizarre tout ce déversement de haine que peut ressentir le personnage principal, mais après... eh bien, j'ai accroché!

Divinement glauque, divinement monstrueux....

Bonne lecture!!
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Monstrueux

Le roman de Natsuo Kirino est noir. Les cotés monstrueux de personnages sont très bien décrits. Les sept cent pages du roman se lisent très facilement car les histoires sont fascinantes. Natsuo Kirino nous fait vivre l’intérieur d'une école où l'aspect vestimentaire est plus important que le cognitif, elle nous fais vivre l'immigration chinoise au Japon, et aussi la vie dans l'entreprise par une femme.

Natsuo Kirino donne une autre image des Japonnais, qui même s'ils sont monstrueux , ils ont des désirs humains. Que Natsuo Kirino soit remerciée !

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Monstrueux

Les monstres sont partout, sous des apparences trompeuses, dans ce Japon moderne, mais tout est décrit le plus simplement possible par l’auteur dont j’admire la faculté à nous harponner des les premières lignes sans plus nous lâcher ensuite. J’ai dévoré ce récit dur, très dur mais moins à la façon des thrillers habituels que des grands romans psychologiques qui fouillent l’âme humaine plutôt que les cadavres.
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Monstrueux

Comme Out, il est ici question de meurtre et de femme. Sauf qu'ici, ce sont deux femmes qui meurent. Deux prostituées. Une qui l'est parce que c'est ce qu'elle a toujours fait et n'aime que le sexe



- (...) Qu'est-ce que tu cherches ? Je veux dire, ici. Tu es venue pour étudier? Ou pour t'amuser avec tes copines de clubs? Les deux, peut-être ? (...) - Eh bien, disons... pour le sexe, je crois. - Alors comme ça, t'aimes ça ? - J'adore



L'autre qui, malgré son emploi de directrice adjointe dans une grosse boîte de Tokyo, a vendu ses charmes, entre autres, car elle s'est fixée l'objectif d'atteindre coûte que coûte quarante millions Yen avant ses 40 ans. Leur autre point commun ? La première, Yukio, est la soeur de la narratrice, la seconde, Kazue, a été sa camarade au lycée.

Car tout commence avec la narratrice qui décide de rapporter ce qu'elle sait à propos de cette affaire qui a fait grand bruit. Et elle reprend tout depuis le début. Le tout début, lorsque très jeune, elle a compris que sa soeur était monstrueuse ou plutôt avait une beauté monstrueuse qui la terrifiait, due en partie à son métissage (leur mère est japonaise et leur père suisse).



- C'est Yuriko, maman. Sa tête... Elle me fait peur ! J'avais soudain compris ce que c'était : les yeux de Yuriko ne renvoyaient aucune lumière. Même les yeux des poupées ont toujours un petit point blanc peint au milieu pour suggérer la lumière. Cela donne à leur visage un air doux et charmant ; les yeux de Yuriko, eux, étaient comme deux étangs sombres.



Mais l'intrigue, n'est qu'un prétexte car l'auteur aborde également le thème de la hiérarchie au sein de la société japonaise
Lien : http://iti1801.net/blog/inde..
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Monstrueux

« Monstrueux » de Natsuo Kirino est un roman psychologique dense (700 pages) qui aborde une multitude de sujets tabous du Japon. C’est toute la société japonaise, fondée sur l’inégalité sociale et profondément machiste, obsédée par l’apparence et l’origine sociale qui est ici épinglée. Je découvre la hiérarchie figée où le poids de la naissance a énormément d’importance, les écoles d'élite et les grandes sociétés avec leurs conventions et leurs exigences. L’auteur en dépouillant les faux-semblants de la société japonaise, nous fait découvrir une réalité bien différente, sordide et quasi oppressante.

L’intrigue, le meurtre de deux prostituées, Yuriko et Kazue, n’est qu’un prétexte à la trame du récit. Le livre est articulé en plusieurs parties avec des points de vue et des rédactions différentes : on découvre ainsi le journal intime de Yuriko, celui de Kazue, des lettres échangées, des conclusions d’enquêtes de police, l'historique de Zhang, leur assassin, ce qui enrichit le roman. La narration à la 1ère personne, du point de vue de la sœur de Yuriko, cynique, haineuse et froide effectue un retour dans le passé et aide à élucider comment un "monstre" de beauté comme Yuriko a pu tomber dans la prostitution, tout comme Kazue, directrice-adjointe compétente et reconnue d'une entreprise japonaise. Mais les quatre comptes-rendus expliquent différemment le crime.

J’ai été d'abord surprise par cette étude cruelle des protagonistes puis, fascinée et captivée par cette description qui décortique la "monstruosité" sordide de la société japonaise et puis finalement, cela m’a carrément déprimée. J'ai été perturbée par certaines phrases qui m'ont l'air d'avoir été mal traduites (le livre est une traduction de la version anglaise, elle-même traduite du japonais) De plus, pas une seule fois dans cette brique de 700 pages n’est donné le prénom de la sœur de Yuriko, elle est signalée comme la sœur de, la fille de, la petite-fille de, la tante de. En fait, elle n’a aucune identité propre.



Edit du 29/8: J’avais d’abord noté 2 sur 5 étoiles car profondément choquée par ce livre. Mais il a le mérite de faire réfléchir et c’est ce que j’ai fait une fois le livre fermé. J’ai relu certains chapitres et je termine par attribuer 4 étoiles. Natsuo Kirino est géniale même si le livre me laisse avec un sentiment de malaise
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