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Critiques de Natsuo Kirino (155)
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Disparitions

Un ouvrage bien mené sur une disparition, beaucoup de subtilité.
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Disparitions

Une fillette de 5 ans disparait un beau matin d'été à proximité du lac Shikotsu dans l'île d'Hokkaido et malgré les recherches menées dans ce secteur paisible, l'enfant ne sera jamais retrouvée.

Partant de ce fait divers, Natsuo Kirino livre à son lecteur un somptueux roman psychologique qui décrit avec une précision clinique les répercussions du drame dans la vie de tous ceux qui étaient présents ce jour-là.

La mère de l'enfant Kasumi, jeune femme déterminée, n'a pas hésité à quitter définitivement sa famille pour tenter sa chance à Tokyo alors qu'elle sortait à peine de l'adolescence. Aujourd'hui, mariée et mère de deux fillettes, elle est insatisfaite de la vie qu'elle mène et trouve une échappatoire dans une liaison adultérine avec l'homme qui a invité toute sa famille dans sa maison de vacances, Ishiyama.

Celui-ci brave le danger représenté par son épouse fidèle et ses deux enfants pour vivre des moments torrides avec son amante dont l'époux fait preuve d'un tragique aveuglement.

L'un ou l'autre des conjoints bafoués serait-il à l'origine de la disparition, utilisant ce moyen de pression par vengeance ? Ou plutôt l'un des résidents de la propriété, peut-être cet homme à tout faire Mizuchima au passé glauque, sur lequel des rumeurs de pédophilie ont pesé ? Mais chacun bénéficie d'un solide alibi et le temps passe jusqu'à ce que les couples se délitent et que Kazumi sombre dans le désespoir.

Elle trouvera un appui en la personne d'Utsumi, ancien policier sur le point de mourir d'un cancer qui consacrera ses dernières forces à l'aider dans une quête impossible.

Le parcours des personnages avant et après le drame, est exposé avec une intensité et une justesse psychologique qui font de ce roman, non pas un thriller, mais une étude quasi clinique de leurs comportements, ce qui les rend proches au lecteur et particulièrement émouvants car rien n'est épargné dans la description de leurs travers et de leurs faiblesses.

Le thème de la disparition est décliné tout au long du livre, celle de la fille qui veut s'émanciper, celle de l'enfant qui disparait, celle de l'homme qui rompt avec les siens pour leur cacher un côté peu reluisant de sa personnalité, celle enfin de celui que la mort emporte.

L'ambiguïté soigneusement entretenue sur le sort de la fillette disparue s'inscrit parfaitement dans la tonalité de ce roman sombre sur lequel plane l'ombre du désespoir.

Récompensé par le prestigieux prix littéraire Naoki, ce roman présente une facette nouvelle de l'auteur plus connue en Europe pour son thriller "Out" qui fait réellement frissonner et happe le lecteur de bout en bout. Ici , c'est plutôt une petite musique mélancolique qui vous poursuit et vous conduit à réfléchir aux conséquences des choix de vie et à l'inéluctabilité de la mort. Pas forcément réjouissant, mais une belle lecture .
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Disparitions

» « Dernier autocar ». Plus elle lisait ces mots, plus se consolidait sa résolution de partir de chez elle, et de ne jamais y revenir. Pourtant ces deux mots n’étaient pas dénués de tristesse et la perspective de ne plus revoir son village natal la déprimait. Elle voulait partir mais elle avait peur. Serait-elle capable d’un acte aussi téméraire? »



Kasumi, lorsqu’elle était adolescente, a fugué de son village. Elle a quitté sa famille et ce village où elle n’entrevoyait aucun avenir pour aller se fixer à Tokyo. Maintenant, elle a la trentaine, mariée à Michihiro et mère de deux enfants. Elle entretient une relation adultère avec Ishiyama, un client de son mari, lui-même marié. Lors d’un séjour dans la maison de campagne du couple Ishiyama, dans une drôle d’ambiance, lorsque Kasumi se réveille un matin, c’est pour constater la disparition de Yuka, sa fille ainée..

Toutes les recherches demeurent vaines et l’enfant n’est pas retrouvée.



La disparition de Yuka ramène Kasumi à sa propre disparition, volontaire, bien des années avant. Alors que peu à peu, les services de police abandonnent les recherches, elle s’obstine, et ne veut pas tirer un trait sur la disparition de son enfant. Son obsession fait éclater le monde autour d’elle, son amant la quitte, son mari prend ses distances pour se consacrer à Risa, la jeune sœur de la disparue.



L’auteur ne donne aucune information sur le mystère entourant la disparition de Yuka ; C’est au lecteur, comme un détective, de se forger sa propre opinion, avec les rares éléments qui lui sont fournis. D’ailleurs, il nous en sera proposé au moins trois explications différentes.



Au bout de quatre ans, suite à une émission de télévision, Utsumi , un jeune flic, en phase terminale de cancer, vient lui proposer son aide pour retrouver sa fille. Et entre ces deux êtres environnés par la mort va se nouer une curieuse relation, Kasumi au départ méfiante, ensuite prise de pitié pour Utsumi mourant, et va évoluer vers une confiance mutuelle, et quelque chose qui pourrait ressembler à de l’amour, tout du moins une sorte d’attachement.



La disparition de Yuka, point de départ de l’intrigue, va vite passer au second plan et servir de prétexte à illustrer le comportement des différents protagonistes de l’histoire, chacun réagissant différemment à la situation présente. C’est l’occasion de tracer le portrait psychologique des personnages impliqués dans l’histoire, axée sur l’improbable couple que forment Kasumi et Utsumi, le flic, et à un degré moindre Ishiyama et Michihiro.



Ce roman à tort selon moi, catalogué comme thriller est plutôt un portrait psychologique complexe d’une femme et de ses névroses. Kasumi, magnifique personnage féminin dans le Japon contemporain, avec ses obsessions, ses faiblesses, mais également la force de sa conviction qui la pousse à avancer, mais on a toujours l’impression qu’elle fuit quelque chose : son enfance, son mari, la réalité de la mort possible de Yuka. Cette femme qui trouve en Utsumi une sorte de révélateur de ses pêchés passés, l’ abandon du domicile familial, sa relation adultère et son désir inavoué d’abandonner ses enfants pour vivre avec Ishiyama.



Utsumi, lui, qui sent venir sa mort prochaine et s’affaiblit de jour en jour, prend cette recherche comme un dernier défi lancé à son intelligence. Il est intéressant de voir le chemin parcouru par ces deux âmes, si différentes, et pourtant si semblables par certains côtés, dans le voyage qui ramène Kasumi vers ses origines.



« Ce doit être dur de savoir que l’on va mourir. C’est sûrement effrayant et vous devez vous sentir bien seul. Vous n’avez pas mérité ça, personne ne le sait aussi bien que vous. Mais, je vous l’ai déjà dit, vous êtes enviable aussi. Ishiyama est parti en me laissant et, vous aussi, vous allez mourir en me laissant. Je vais peut-être finir ma vie seule au milieu de ce cauchemar. »



L’écriture est fluide et maintient le lecteur dans un état de tension permanent, malgré un rythme assez lent, qui se ralentit encore vers la fin du livre, avant que les 5 dernières pages nous réveillent tout à fait.



L’auteur aborde toutes les facettes des relations humaines, dans toute leur complexité et leurs paradoxes. Natsuo Kirino explore avec maîtrise les profondeurs de l’âme humaine et, en cela ce roman est une véritable réussite.
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Disparitions

Un très bon livre mêlé de nostalgie et de mystère... Presque un polar, l'atmosphère qui s'en dégage s'imprègnera longtemps en vous...
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Disparitions

La découverte d’un ouvrage passe d’abord par la couverture. Elle peut donner une indication du ton de l’histoire : léger, drôle, sombre, dramatique… Lorsqu’il y est écrit la mention "thriller", on est en droit de s’attendre à un thriller.



Vient ensuite la lecture de la quatrième de couverture. Elle doit donner envie de lire le roman sans trop en dire. Dans le cas de Disparitions, le résumé nous apprend qu’une petite fille a disparu sur l’île d’Hokkaïdo. Le corps de l’enfant, étranglée, est retrouvé dans l’océan.



J’ai déjà lu des quatrièmes de couverture mal faites, où la moitié de l’intrigue est révélée ou qui encensent un style qui n’est finalement que banal. Maladresse, question de point de vue… Mais une quatrième de couverture mensongère, c’est du jamais vu. Je ne sais pas qui a écrit ce résumé mais cette personne n’a jamais dû lire le livre, car la petite fille n’a JAMAIS été retrouvée Ni à la page 10, ni à la page 100, ni à la page 543. Vous vous attendiez à un thriller avec pour point central la traque du meurtrier ? Raté.



Voici de quoi parle véritablement le roman : d’êtres qui vivent autour de la disparition de la petite Yuko. Sa mère, Kasumi, a fugué de son village d’Hokkaïdo lorsqu’elle était jeune. Elle rêvait de faire des études à la ville, à Tokyo mais ses parents ne voulaient pas la laisser partir. Kasumi est à présent mariée, avec deux enfants. Et un amant. Qui est aussi une relation de travail de son mari.



Ce roman tourne autour du quatuor formé par les deux couples, liés par le travail et l’adultère. Lorsque Yuko disparait, les relations respectives entre chacun vont être bouleversées. Kasumi, effondrée, consacrera des années à la recherche de Yuko, quitte à délaisser sa benjamine. Son mari essaiera de tourner la page. L’amant se sent fautif car la petite a disparu près de sa maison de vacances. Il connaîtra le destin le plus inattendu avec un changement de vie radical.



D’autres personnages auront leur importance, ceux qui se trouvaient près des lieux de la disparition. Un village avec une poignée de maisons et des habitants aux mœurs atypiques.



Disparitions est un roman au rythme très lent, dans lequel on observe les comportements de chacun, leurs réactions face aux épreuves, leurs cheminements de vie quelques années après le drame. C’est très lent, oui. Et pourtant passionnant, le lecteur est pris dans la vie de ces personnages, qui ne sont pas forcément attachants mais qu’on a envie de suivre. Les descriptions sont très précises, très visuelles et sensorielles.



En définitive, il faut aborder ce roman sans se fier à la couverture. Il est captivant, très beau, bien construit, onirique parfois, palpable, foisonnant, émouvant, éblouissant… Mais ce n’est certainement pas un thriller.
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Disparitions

J’aime toujours autant les écrits de cette auteure. Je pense même que « Disparitions » renoue dans le même genre que « Out » au niveau de la narration.



Bien sûr, on retrouve le style de Natsuo Kirino. Elle mêle présent, passé et rêve. Elle intrigue à nous en faire perdre la tête.



Ici, nous suivons Kasumi, mariée, mère de deux petites filles et son amant qui les invite dans sa maison de campagne à Hokkaido pour qu’ils puissent plus facilement passer du bon temps ensemble, tout en se cachant de leur conjoint respectif.



Malheureusement, un matin, Yuka, la fille de Kasumi disparaît et c’est une descente en enfer pour chacun des protagonistes du livre qui va avoir sa vie bouleversé par cette disparition.



C’est au bout de 4 ans que Kasumi rencontre un policier, proche de la mort, Utsumi qui décide de l’aider dans son investigation.



Kirino nous fait balader d’une idée à l’autre, en histoire de fond, ce mystère de l’enfant disparu. Mais autours de ça, le livre s’intéresse aux relations des protagonistes, celle de Kasumi et d’Utsumi entre autres. Relation étrange, évoluant vers un semblant d’amour mais surtout qui donne à Kasumi l’opportunité de voir plus loin son passé et ses questions incessantes. De se regarder en face.



Je pense qu’avec Out, Disparitions fait partie des meilleurs romans de l’auteure ! C’est bouleversant, un bon thriller, jusqu’à la fin, on ne se doute de rien, très bien écrit, Natsuo Kirino pousse la psychologie de chacun pour s’entremêler au fil de l’histoire.


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Disparitions

Bien qu’estampillé "thriller", "Disparitions" est davantage un roman psychologique qu’à suspense. Et j’ai aimé le fait d’être surprise par les chemins inattendus que Nastuo Kirino fait prendre à son intrigue, dont l’ossature est finalement minimale : lors d’un séjour des Morikawi dans la résidence secondaire que Yôhei Ishiyama, leur hôte, a acquise entre autres pour y abriter ses amours clandestines avec Kasumi Morikawi, leur fille aînée Yuka, cinq ans, disparaît inexplicablement. Il a suffi de cinq minutes d’inattention pour que l’enfant, littéralement, se volatilise. Aucun véhicule n’aurait pu passer inaperçu des rares habitants de ce lotissement isolé en pleine montagne ; or, personne n’a rien vu, rien entendu. Et malgré les recherches, la fillette reste introuvable (et ne vous fiez pas à la quatrième de couverture qui indique, à tort, que son cadavre est repêché dans l’océan, …).

Avant le drame, le roman s’attarde sur la passion dévorante qui unit Kasumi à Ishiyama, tous deux mariés et parents de deux enfants, dont la liaison est arrivée à un point de bascule, le couple s’apprêtant à franchir le pas d’une séparation avec leurs conjoints respectifs, projet que rompt brutalement la disparition de la fille de Kasumi. A renforts d’incursions dans le passé de cette dernière, la première partie du roman est aussi l’occasion de faire connaissance avec celle qui en est le personnage central. Une héroïne complexe, auréolée d’une part de mystère, elle-même au cœur d’une autre disparition, celle-ci volontaire. A dix-huit ans, Kasumi a fugué, fuyant son morne petit village de l’île d’Hokkaïdo, rejetant ses origines modestes et villageoises pour le rêve d’une vie citadine de richesse, de désinvolture et d’élégance. Elle a alors définitivement rompu tout lien avec ses parents, refusant même de prendre de leurs nouvelles, de crainte d’être retrouvée. La vie à Tokyo n’a toutefois pas répondu à ses attentes : bien qu’à peu près confortable, elle est loin du pétillement qu’elle imaginait. Mais Kasumi a gardé cette détermination et cette aura énigmatique qui l’a toujours rendue différente, cette part d’insondable mystère qui fait que son amant la compare à un animal sauvage qu’on peut éventuellement approcher et séduire, mais jamais vraiment comprendre.



A partir du drame, survenu dans la région d’où Kasumi est originaire, coïncidence qui la perturbe, nous suivons la dérive de cette mère rongée par la culpabilité (n’était-elle pas prête à abandonner ses filles pour vivre avec son amant ?), incapable de faire son deuil. Quatre ans après la disparition irrésolue de Yuka, elle continue d’entretenir un espoir insensé, se livrant à chaque date anniversaire du drame à de pathétiques recherches, s’enfermant dans une obsession tyrannique et morbide aux dépens du reste de sa vie et de ses proches, notamment de sa deuxième fille, réduite au rôle de sœur de la disparue.



Sa rencontre avec un policier qu’une très grave maladie à l’issue proche et fatale a contraint à quitter ses fonctions est à l’origine d’un improbable duo que nous suivons dans la seconde partie du roman. Utsumi est un cynique à l’ambition dévorante, un flagorneur dénué de tout principe, qui combattait le crime non par conviction ou par sens de la justice, mais pour en tirer profit, se faire valoir. Un reportage télévisé l’a incité à consacrer ses derniers mois à la recherche de Yuka, mais ses motivations sont confuses, et obscures. On devine que trouver un suspect ou la fillette ne l’intéresse pas tant que de percer, comme l’on se distraie en cherchant à résoudre une énigme, le secret que semble abriter Kasumi. Cette dernière n’est d’ailleurs pas plus certaine non plus des raisons qui lui font accepter la présence d’Utsumi, dont la perspective de la mort proche la fascine. Ces deux -là n’ont a priori rien en commun, ni aucune compréhension à attendre l’un de l’autre. Chacun est replié sur ses plaies, focalisé sur ses propres motivations. Ce qui les réunit est finalement ce qui les distingue des autres, un rapport au temps que les tragédies qu’ils ont subies ont déterminé, Kasumi dans une sorte d’éternel et cauchemardesque présent, celui de la disparition, qui a bloqué l’horloge dont la parentalité impulse le rythme, et Utsumi pris dans un compte à rebours inéluctable, mais comme marquant un temps d’arrêt face à l’invincible réalité de sa fin prochaine.



Un roman riche et prenant, qui décortique les répercussions dévastatrices de la perte, et qui ne doit pas tant sa dimension énigmatique à une intrigue policière quasi inexistante qu'aux mystères qui se nichent dans la complexité et la singularité des êtres.




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Disparitions

Premier livre que je lis de cet auteur. Ce livre tient plus de l'analyse psychologique que du polar classique. Pourtant tous les ingrédients sont là!

J'ai eu un peu de mal avec certaines longueurs, le rythme de l'écriture impose une certaine lenteur.

Peut être faut il que je tente une autre oeuvre de cet auteur..
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Disparitions

Ceci n'est pas un thriller........

Et pourtant tous les ingrédients y sont présents : la disparition de la petite Yuka 5 ans, lors d'un week-end chez des amis de ses parents dans l'île d'Hokkaido, des personnages inquiétants des mobiles, des situations ambigües entre couples adultères,,,

Mais Disparitions de Natsuo Kirino, à mes yeux s'apparente plus à une grande étude psychologique des protagonistes, Natsuo Kirino, fouille dans leur passé, dans leur présent voire leur avenir pour mieux disséquer les relations qu'ils entretiennent.

Disparitions, ce titre pour moi s'interprète comme la disparitions de ces relations, qui vont imploser ou exploser à la suite de la disparition de la petite fille.

J'avais adoré Out de Natsuo Kirino; avec Disparitions je suis restée un peu sur ma faim, j'ai trouvé des longueurs dues à la mise en place des différents personnages et à une enquête policière qui est reléguée au deuxième plan.

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Disparitions

Première incursion chez Kirino Natsuo avec Disparitions. L'occasion aussi de lire un roman dont une partie de l'action se passe dans l'île septentrionale de Hokkaidô.



Yuka, cinq ans, disparaît alors qu'elle, sa soeur et ses parents passent quelques jours de vacances dans la maison secondaire des Ishiyama, des amis. Un article révèle tout cela d'entrée de jeu. Les personnes présentes dans ce lotissement, peu nombreuses au demeurant, ont toutes un alibi. Sis à l'orée de la forêt en montagne, une voiture ne serait pas passée inaperçue. Or, rien. Pas un indice, pas de corps retrouvé  (à se demander si la personne chargée du résumé en quatrième de couverture a lu le même livre, soit dit en passant). Enlèvement? Disparition volontaire? Accident? La fillette semble volatilisée. Ou, pour reprendre une expression issue  du folklore japonaise, enlevée par les dieux.



Si tout semble partir sur une intrigue entre roman noir et enquête policière, on se rend vite compte que le mystère Yuka sert à faire remonter à la surface le passé, les méandres psychologiques, les pulsions, les idées parfois mauvaises, etc, de chacun des protagonistes. Kirino Natsuo place sous une lumière crue et implacable la personnalité des gens. A commencer par la mère de l'enfant, Kasumi. Originaire d'un village de la côte ouest de Hokkaidô, elle a fugué dès ses 18 ans et l'obtention de son diplôme au lycée pour fuir à Tokyo, laissant ses parents aubergistes sans la moindre nouvelle, des années durant.



Après la disparition de sa fille, sa préférée, elle continue à chercher jusqu'à l'obsession. Quatre ans plus tard, secondée par un inspecteur de police qui vient de démissionner pour cause de cancer irrémissible, elle reprend sa quête en Hokkaidô. Au fil de la cohabitation de ces deux personnages que rien ne rapproche à la base, la quête va prendre une tournure inattendue.Au passage, Utsumi, qui sait ses jours comptés, donne à réfléchir sur la fin de vie, sur le rapport aux autres à ce moment-là.



Encore mieux qu'un thriller, l'auteure nous offre une véritable étude psychologique, où la disparition d'une fillette finit par mettre bas les masques. Le titre met bien Disparitions au pluriel; plus que des personnes, ce dont les faux semblants qui disparaissent à mesure des chapitres.

Surprenant, déroutant, violent dans les sentiments, le roman met à mal les intuitions et déductions des lecteurs. J'en ai formé des hypothèses au-travers des miettes que Kirino Natsuo abandonnait avec parcimonie. J'ai eu zéro sur toute la ligne et c'est tant mieux, d'une certaine façon.

La façon d'écrire et de construire sa narration m'intrigue fortement et j'ai déjà repéré quelques titres qui me tentent énormément. Mata ne, Kirinosan!
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Disparitions

Un roman particulier qui risque de dérouter les amateurs de polars traditionnels. En effet, l’auteure a choisi de mettre moins l’accent sur l’enquête que sur la description des différents protagonistes de son histoire et sur l’impacte de la disparition de la fillette sur leur quotidien. Un évènement qui les percute de plein fouet et qui finit par chambouler et anéantir leurs certitudes et leurs habitudes laissant place à une culpabilité qui s’infiltre insidieusement dans leurs existences, au déni qui les renferme sur eux-mêmes et les mènent aux portes de la folie, à une envie furieuse de prendre le large au regard condescendant et fuyant des autres qui ne les comprennent plus. A l’aide d’une atmosphère très travaillée, l’angoisse est là, comme une chape de plomb, qui se manifeste sous les traits de petits épisodes d’apparence anodine qui finissent pourtant, par être lourd de sens à force de paranoïas et de non dits, qui se manifeste également dans la description de paysage morne et sinistre. Fuite, culpabilité, liberté, exaltation, fantasme, frustration et souffrance autant de thèmes abordés par ce roman policier très riche et plutôt original
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Disparitions

Très beau livre, complet et complexe à la fois, qui à la façon nippone nous laissera un peu béat devant la fin. Grandiose.
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Disparitions

Voilà quelques années que je n’avais pas lu un roman de Natsuo Kirino, qui est l’une des auteurs japonaises de thriller les plus doués de sa génération (si, si ! je vous assure). Ses personnages sont toujours des êtres vils, ambitieux, brisés et la dame sait rendre à merveille une ambiance étouffante et angoissante en jouant sur l’aspect psychologique de ses intrigues. La réédition de Disparitions chez Points était pour moi l’occasion rêvée de me replonger dans un de ces Kirino’s brain games. Si le roman n’est pas tout récent (1999 déjà), on retrouve la patte de l’auteur, qui, si elle ne versait pas cette fois-ci dans le glauque, maitrise déjà son suspense avec doigté. ..



... la suite sur mon blog !
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Intrusion

J'avais bien aimé Out, un roman policier très noir... L'introduction mettait en relation ce Out avec [IN], qui fait partie du titre de chaque chapitre... J'ai été très déçue, sans doute parce que classer ce livre parmi la série Policiers est une escroquerie de la part du Seuil... Aucun policier, aucun crime, juste une longue réflexion sur l'amour adultérin, celui de Tamaki et celui de O, il y a trente ans...
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Intrusion

Après la pause estivale, voilà le retour de la sélection pour le Prix du jury Seuil Policiers.

Intriguée par une belle couverture et alléchée par le résumé où l'enquête va être menée par une romancière, j'ouvre Intrusion avec envie et curiosité. Malheureusement, au bout de quelques pages à peine, je constate que je me suis fait duper. Non seulement Intrusion n'est pas un roman policier mais en plus je risque de m'ennuyer ferme à sa lecture. Je lutte pour le terminer et une fois achevé, j'ai du mal à en faire un résumé moins alambiqué que toute cette histoire.

Alors disons que Tamaki, jeune romancière, est en plein travail sur son nouveau roman Inassouvi. Elle y raconte sa liaison passée avec Seiji Abé son éditeur. Mariés chacun de leur côté, ils se sont vus pendant quelques années mais leur liaison a brisé l'équilibre de leurs familles respectives et s'est terminé dans la douleur il y a un an. Sa propre histoire rappelle à Tamaki les faits relatés dans Innocent, le best-seller de l'écrivain Mikio Midorikawa. Elle va donc partir sur les traces d'O. la mystérieuse maîtresse de l'écrivain.

On suit, au fil des chapitres, les réflexions et interrogations de Tamaki sur le couple, l'adultère, l'amour et surtout la fin du sentiment amoureux, sa suppression, mais aussi sur le travail d'écriture, sur l'influence de la fiction sur la réalité...C'est sûrement très beau, plein de métaphores, de paraboles, d'hyperboles ou que sais-je mais tout cela m'a laissée froide et a même fini par me lasser.

Je n'attends pas obligatoirement d'un roman policier qu'il me fasse frissonner d'angoisse mais le minimum syndical est de me donner envie de connaitre la suite, de me faire tourner les pages impatiemment pour savoir le fin mot de l'histoire. Dans le cas d'Intrusion, il ne s'est rien passé de tel. J'ai subi sans les apprécier les élucubrations pseudo-philosophiques de Natsuo KIRINO.

Je retiens de cette lecture que décidément je suis hermétique à la littérature japonaise. Et je persiste à dire que ce roman n'a pas sa place dans la sélection.
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Intrusion

Vous vous êtes toujours demandés qu'elles étaient les parts de fiction et de réalité dans un roman ? Surtout dans un roman autobiographique ? Ceci devrait vous intéresser.

Tamaki Suzuki, écrivain cherche une certaine O., maîtresse d'un grand écrivain. Elle apparaît deux fois dans le roman, puis disparaît. Qui se cache derrière initiale ? Pourquoi personne ne peut rien en dire ? Sortant elle-même d'une relation passionnée et adultère avec son éditeur, elle plongera à corps perdu dans sa quête et son roman.

Bienvenue au pays des faux-semblants et des demies vérités ! Tous les protagonistes ou presque sont écrivains ou éditeurs et ceux qui ne le sont pas gravitent dans le monde de la littérature. Au pays de la politesse exquise, les sentiments humains sont les mêmes que partout ailleurs, avec les mêmes conséquences parfois funestes. On ment, on trompe, on est lâche, on aime. On joue sur les mots, la fiction et la réalité.

Une belle réflexion de Kirino sur le roman, qui s'amuse à nous embrouiller, nous pauvres lecteurs !
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Intrusion

J’avoue ne pas être trop fan des romanciers japonais contemporains : mais pourquoi pas : voilà l’occasion d’une découverte !

Policier, vraiment ? je ne comprends pas très bien en quoi ce texte se rattache à ce genre, à moins qu’on ne considère la quête de l’héroïne : retrouver la mystérieuse O., maîtresse de l’écrivain sur lequel elle écrit un roman comme une enquête policière !

En quelques mots, ce roman raconte la recherche que Tamaki, romancière japonaise, mène sur le roman Innocent de Mikio Midorikawa dont elle a fait le sujet de son propre roman. Les pistes sont diverses mais ne mènent souvent nulle part : une galerie de femmes victimes plus ou moins consentantes de la séduction d’un personnage finalement peu reluisant, peut-être pédophile si on en croit une jeune femme et certainement toujours d’un égoïsme monstrueux. Et tout cela est enrichi d’extraits du roman Innocent :

Parallèlement, la romancière évoque la propre liaison doublement adultère de Tamaki et de son éditeur, Seiji : voulant écrire sur la « suppression de l’amour », la romancière a mis en danger la vie même de son, ancien amant : c’est du moins ce qu’elle croit :

Elle aboutit ainsi à une réflexion sur la création littéraire et son rapport au réel, réel contaminé par une vision particulière de la fiction et par la relation particulière que le personnage entretient avec l’au-delà.

L’histoire n’est pas particulièrement originale pourtant cette vaine recherche de la femme entre réel et création romanesque de l’artiste – car qui a dit que les écrits autobiographiques eux-mêmes ne doivent mettre en scène que des personnages réels ? – aurait pu être très intéressante. Toutefois l’écriture fort plate (ou est-ce la traduction ?) ne lui donne pas ce supplément de charme qu’on aurait pu espérer : dommage !

Bref, je ne suis guère tentée de me confronter à nouveau avec la prose de Madame Kirino.


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Intrusion

Tamaki Suzuki est écrivain. Elle voue une fascination certaine pour un livre de Mikio Midorikawa, Innocent, lequel avait fait scandale lors de sa parution, notamment pour son caractère autobiographique. Tamaki, elle, se sent comme investie d'une mission : retrouver l'identité de cette O., femme énigmatique dont on ne sait au final que peu de choses, si ce n'est qu'elle est à l'origine d'une bouleversante histoire d'amour. Une histoire qui n'est pas sans résonances avec celle de Tamaki. Elle a vécu, et vit toujours d'une certaine façon, une liaison conflictuelle avec son ancien éditeur.



Intrusion fait partie de ces livres qui brillent autant par leurs qualités que par leurs défauts. Les uns et les autres alternent mais au final, c'est un sentiment de déception qui plane.



Si Intrusion est un livre sur la quête, quête autour d'un mystère, quête de l'amour mais aussi quête de soi, il est difficile de le percevoir comme un roman policier, ni comme un roman noir. Autant le dire tout de suite pour ceux qui, étant donné la collection à laquelle appartient ce livre, seraient en droit d'attendre une intrigue policière. Quand bien même j'aurais très bien pu apprécier Intrusion s'il n'avait été entaché de scènes insipides dont je n'ai eu que faire, et qui prennent malheureusement le pas sur d'autres plus touchantes ou même plus prenantes.



J'apprécie toujours de me confronter à d'autres cultures dans les livres, d'avoir l'impression de toucher au plus près de celles-ci, loin des clichés habituellement véhiculés ou même de ceux que je me suis construits. De ce point de vue là, j'ai trouvé les livres de Aki Shimazaki plus parlants, plus révélateurs des fondements d'une société, de ses valeurs et de ses traditions. La griffe de Natsuo Kirino laisse moins percevoir ceci. L'approche est plus diluée, ne permet qu'une immersion par petites touches. Alors certes, elle s'intéresse à la condition féminine, évoque la complexité de la relation amoureuse et des bouleversements qu'elle suscite irrémédiablement. Elle dépeint aussi sa condition d'écrivain, démontre d'une certaine manière combien la ligne qui sépare la fiction et la réalité peut parfois s'avérer bien ténue. Mais le problème face à ma lecture est là, car je n'ai que rarement été sensible à ce roman et à ses personnages, qui ne sont restés pour moi que d'encre et de papier.
Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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Intrusion

Je viens de fermer l’extraordinaire Chronique japonaise de Nicolas Bouvier. Le choc est terrible. Le manque de respect du lectorat criant. Le manque de travail évident. Un roman à l’image de cette faible et pompeuse phrase-titre. Vendu trompeusement comme tenant du genre Policier, certes plus vendeur, ce roman psychologique pour névrosés est une vaine tentative de description des sentiments agitant les deux partenaires d’une relation adultère ainsi que leurs familles respectives.



Dès la première page l’auteur nous assène 10 mots chocs en dix lignes : cauchemar, épouvantée, sinistre affreusement, sombre, terrifiant, désespérée, naufrage… Procédé bien malhabile. Les premières pages désenchantent rapidement le lecteur tant l’écriture est lourde. Le manque de travail sur le texte est criant. Natsuo Kirino n’a pas effectué ce nécessaire travail de polissage de la première inspiration logiquement décorée de redondances et de poncifs. Comme dit l’écrivain en page 25 “Les véritables hommes de lettres ont disparus.”


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Intrusion

Ce roman est curieusement paru dans une collection "policiers", sans doute du fait que l'auteur a surtout écrit dans ce genre. Mais, s'il y a bien enquête pour découvrir l'identité de O. personnage d'un roman si autobiographique qu'elle a sans doute existé, le livre est plutôt une interrogation sur la fin de l'amour. Le personnage principal, Tamaki a vécu l'année précédente une rupture amoureuse qui la hante. Elle s'interroge sur la "suppression de l'amour", la manière de couper tout lien avec l'ancien être aimé. Elle va chercher la réponse dans son travail d'écrivain, en rédigeant sous forme de feuilleton romancé sa quête de O. , personnage d'un grand romancier. Au fur et à mesure de 'l'enquête, qui connait de nombreux rebondissements et de sa vie privée, elle réinterprète sa vision d'une histoire d'amour qui se termine... La forme de l'enquête permet alors, sous une architecture complexe (toutes les intrigues se superposent) d'impliquer le lecteur dans une réflexion poussée, tout en restant très concret et discret. Une réussite de l'argumentation japonaise !
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