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Citations de Nâzim Hikmet (140)


Sur la vie
La vie n’est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
comme le fait un écureuil, par exemple,
Sans rien attendre hors de la vie ni au-delà de la vie,
C’est-à-dire : vivre sera tout ton souci.
La vie n’est pas une plaisanterie,
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point,
Que les mains liées, par exemple, dos au mur,
Ou dans un laboratoire
en blouse blanche, avec d’énormes lunettes,
Tu mourras pour que vivent les hommes,
Les hommes dont tu n’auras même pas vu le visage.
Et tu mourras tout en sachant
Que rien n’est plus beau, que rien n’est plus vrai
que la vie.
Tu la prendras au sérieux,
Mais au sérieux à tel point
Qu’à soixante-dix ans, par exemple, tu planteras des oliviers
Non pour qu’en héritent tes enfants, non,
Mais parce que tu ne croiras pas à la mort
Tout en la redoutant,
mais parce que la vie pèsera plus lourd dans la balance.
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Un jour, ma rose,
Il paraît que Paris s'est rué sur Versailles,
Une autre fois
Versailles a fusillé Paris.
Me voici à Paris le 19 Mai, ma rose,
Versailles est à l'affût
le béret sur les yeux,
La mitraillette sous le bras
Et pourtant il n'a pu faire feu ce jour-là
Il ne le pourra pas
Si l'on n'a pas livré Paris de l'intérieur.

Le 20 mai 1958
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(...)

Ils marchent, ils marchent, les réacteurs atomiques
et passent au soleil les lunes artificielles.
Au soleil levant, il meurt un enfant,
un enfant japonais à Hiroshima;
douze ans et numéroté,
ni diphtérie ni méningite.
Il meurt en mille neuf cent cinquante-huit.
Il meurt un petit Japonais à Hiroshima,
parce qu'il est né en mille neuf cent quarante-cinq.

(...)

Ils marchent, ils marchent, les réacteurs atomiques
et passent au soleil levant les lunes artificielles,
et au soleil levant, le chauffeur noir
est pendu à un arbre au bord de la route,
on l'arrosé d'essence, on le brûle,
puis l'un va boire son café,
l'autre chez le coiffeur va se faire raser,
le troisième œuvre sa boutique de bonne heure,
un autre encore embrasse sa fille sur le front.

(...)

Ils marchent, ils marchent, les réacteurs atomiques
et passent au soleil devant les lunes artificielles
et au lever du soleil, moi, j'ai passé une nuit,
une longue nuit encore dans l'insomnie
et dans les douleurs.
J'ai pensé à la nostalgie, à la mort,
j'ai pensé à toi, à mon pays,
à toi, à mon pays, et à notre univers.

Ils marchent, ils marchent, les réacteurs atomiques
et passent au soleil levant les lunes artificielles,
au soleil levant, n'y a-t-il aucun espoir?
Espoir, espoir, espoir,
                                    l'espoir est en l'homme.

"Espoir", nuit du 12 mars, 13 et 14 mars 1958. Varsovie
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- Mon vieux, les salauds sont bien décidés à tous nous exterminer...
- Tu t'imaginais le contraire ? Il y a longtemps que les dirigeants, dans notre pays, ont perdu leur caractère réformateur... quatre-vingts pour cent de ce caractère, tout au moins... Il s'agit de bien le comprendre, bon Dieu de bon Dieu...
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La Joconde est renommée pour son sourire. L'étrange aventure ici contée concerne cette Joconde et un chinois du nom de Si-Ya-Ou.
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Nâzim Hikmet
Dans le poème Pourquoi Benerdji s'est-il suicidé ? il y a un chapitre ou Nâzim décrit un lever de soleil :
Au-dessus de la ville de Calcutta
montait
le soleil
Une armée
aux chevaux de lumière, aux casques de feu,
approchait...
Mais Nâzim trouve cette description ratée, alors il le dit. Il recommence plusieurs fois et finit par dire: "Le soleil s'est levé comme le soleil se lève" C'est ça le théâtre de Nâzim
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Le vent
L'étoile
et l'eau...
Le sommeil
d'un rêve africain
tombé dans les flots
Un phare qui luit,
Une nuit
noire
comme un voilier.
Nous allons
et nous venons
Dans ce monde d'étoiles
où tout se perd
sans que rien se dévoile...
L'étoile dans l'eau.
Le vent.
Les flots
grondants....
On entend
au loin
quelques chants...
Comme l'eau,
Comme l'étoile,
Comme le vent
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Je suis dans la clarté qui s'avance
Mes mains sont toutes pleines de désirs, le monde est beau

Mes yeux ne se lassent pas de voir les arbres,
Les arbres si pleins d'espoirs, les arbres si verts.

Un sentier ensoleillé s'en va à travers les múriers
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie.

Je ne sens pas lodeur des médicaments,
Les oeillets ont dû souvrir quelque part.

Être captif, là n'est pas la question,
Il s'agit de ne pas se rendre, voilà.
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Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d'éépouvante.
Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau
dans ses menues inquiétudes.
Comme la moule, mon frère,
tu es comme la moule
entermée et tranquille.
Tu es terrible, mon frère,
comme la bouche d'un volcan éteint.
Et tu n'es pas un, hélas, tu n'es pas cinq,
tu es des millions.
Tu es comme le mouton, mon frère,
quand le bourreau habillé de ta peau
quand le bourreau lève son bâton
tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
et tu vas à l'abattoir en courant, presque fier.
Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
qui vit dans la mer sans savoir la mer.
Et s'il y a tant de misère sur terre
C'est gråce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés,
SI nous sommes écorchés jusqu'au sang
Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
Irai-je jusqu'à dire que c'est de ta faute, non,
Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.

- La plus drôle des créatures
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Je te dirai quelque chose
d'une importance capitale
L'homme change de nature
quand il change de lieu.
J'aime effroyablement ici
le sommeil qui vient comme une main amie
ouvrir les verrous de ma porte
et renverser les murs qui m'enferment.
Comme dans la comparaison banale
je me laisse aller dans le sommeil
comme la lumière glisse dans les eaux tranquilles
Mes réves sont magnifiques
je suis toujours dehors
Le monde y est clair, le monde y est beau
Pas une fois encore
je n'y fus prisonnier.
Pas une fois encore dans mes rêves
je ne suis tombé de la montagne dans l'abîme.
Tes réveils sont terribles diras-tu,
Non, ma femme,
J'ai assez de courage pour faire au rêve sa part de rêve.
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«La vie s'en va, jouis de l'instant avant le sommeil sans rêves
C'est l'aube, jeune homme, verse le vin dans la coupe de cristal.»
Le jeune homme se réveilla dans sa chambre glaciale et sans rideaux
C'était la sirène de l'usine impitoyable au retard.
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Elle m'embrassa: « Ce sont des lèvres réelles comme le monde», dit-elle
«Ce parfum s'exhale de mes cheveux et non de ton imagination», dit-elle
«Les étoiles existent, bien que les aveugles ne les voient pas, Contemple-les dans le ciel ou dans mes yeux », dit-elle.
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Mon âme est le reflet du monde qui m entoure.
Elle n'existe pas sans lui, ne mürit pas un autre secret.
L'image la plus éloignée et la plus proche du réel
Est la beauté de ma bien-aimée dont je retlète la lumière.
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La mer s'est calmée
Rougeurs dans le ciel
C'est l'aurore
La nuit qui nous semblait infinie
Est finie.
Voici devant nous la Barcelone du Frente PoPular

Fini notre voyage
Amenez les voiles. l'ancre à la mer !
Les pigeons qui suivaient notre sillage
s'en retournent dire aux copains
que nous sommes arrivés à bon port.

Et Yousouf, envoyant un juron magnifique
Aux fers et aux murs de là-bas
Agite vers la ville qui nous fait face
Sa branche fleurie de prunier.
Mon regard va de lui à Barcelone :
Et sur la ville, là-bas, tout au fond
je vois des flammes se tordre
là-bas je vois côte à côte
Lénine. Bakounine, Robespierre
et le paysan Mehmet qui gît à Doumloupinar...

C'est ainsi que Yousouf et moi
Passagers d'un bateau
Né de la fontaine d'une prison
Nous avons vu à Barcelone dans l'aurore
La liberté se battre en chair et en os

Nous l'avons regardée les yeux en flammes
Et comme la peau brune et chaude d'une femme
De nos mains d'hommes affamés
Nous avons touchés la liberté.
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C'est dimanche aujourd' hui.
Pour la première fois, aujourd'hui
ils m'ont laissé sortir au soleil
et moi
pour la première fois dans ma vie,
jai regardé le ciel sans bouger
m'étonnant qu'il soit si loin de moi
qu'il soit si bleu
qu'il soit si vaste
Je me suis assis par terre
plein de respect
et j'ai collé mon dos contre le mur blanc.
II n' est pas question en cet instant
de me jeter dans les vagues.
Pas de combat en cet instant
Pas de liberté et pas de femme
Terre, soleil et moi
Je suis un homme heureux.
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Restez en paix, mes amis
restez en paix
je m'en vais
avec vous dans l'âme
et avec mon combat dans la tête-
Restez en paix.
amis à moi,
rester en paix.
Je ne veux pas vous voir sur la plage
rangés comme des oiseaux de cartes postales
Je ne veux pas vous voir avec des mouchoirs,
Non, pas de ça.
Je me vois de tout mon long dans les yeux de mes amis
Ô mes amis
mes frères de combat
mes compagnons de travail
Adieu sans un mot.
Les nuits pousseront le verrou de la porte
Les années tisseront leur toile sur la fenêtre
Et moi je chanterai comme un chant de combat mon
chant de prison.
Nous nous reverrons, mes amis nous nous revenons
Nous sourirons ensemble au soleil
Nous nous batrrons côte à côte. Ô mes amis
mes frères de combat
mes compagnons de travail,
Adieu.
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Ô toi mère aux yeux rouges
Ô toi qui tues et qui crées
Ô toi qui te couches sous les ponts côte à côte avec les eaux
Ô toi voix des places en feu
Ô toi poésie des poésies, musique des musiques
Ô toi ma sœur
Ô toi maudite garce
Ô roi gibier de potence
Ô toi tout ce qu’il y a
Ô toi FAIM
Je te jure en mettant mon front à tes pieds nus
Je te jure que
JE ME BATTRAI
Pour rassasier ton ventre sacré, le tien
et non pas le mien, le nôtre, le sien, le leur.
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Nâzim Hikmet
Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées,
Le citoyen arménien n’a jamais pardonné
Que l’on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde Mais il t’aime,
Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné
A ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc.
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