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Citations de Nâzim Hikmet (140)


J'ai un arbre en moi
Dont j ai rapporté le plant du soleil, Poissons de feu ses feuilles se balancent
Ses fruits tels des oiseaux gazouillent.

Les voyageurs depuis longtemps sont descendus de leur fusée
Sur l'étoile qui est en moi,
ils parlent ce langage entendu dans mes rêves,
Ni ordres, ni vantardises, ni prières.

J'ai une route blanche en moi
Y passent les fourmis avec les grains de blé,
Les camions pleins de cris de fète,
Mais cette route est interdite aux corbillards.

Le temps reste immobile en moi,
Comme une odorante rose rouge,
Que l'on soit vendredi et demain samedi
Que soit passé beaucoup de moi, qu il en reste peu ou prou
Je m en fous!
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Je dois écrire quelque chose
je dois écrire quelque chose de vrai à cent pour cent
Je dois écrire quelque chose
sans y penser avant
"De ma cigarette la fumée
sans foi est ma bien-aimée"
Je dois écrire quelque chose
non pas ce que je vois sur la table
non pas mes doigts
Je dois écrire quelque chose
saisissant des choses en moi
lâchant un seau
dans le puits de mon moi
je dois puiser de l'eau.

1962
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DE LA VIE III

Ce monde refroidira
étoile parmi les étoiles
et même des plus petites,
une pépite d'or sur fond de velours bleu en somme,
notre univers immense en somme.

Ce monde un beau jour refroidira
même pas comme un bloc de glace
ou un nuage mort,
il roulera comme une coquille de noix vide
dans l'obscurité sans bornes ni limites...

Dès maintenant tu en éprouveras la douleur
tu en ressentiras la tristesse dès maintenant.
C'est ainsi que tu dois aimer le monde
pour pouvoir dire : j'ai vécu.

(extrait de "Poèmes lyriques" - 1948) - p.83
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Cela fait cent ans
Que je n’ai pas vu ton visage
Que je n’ai pas passé mon bras
Autour de ta taille
Que je ne vois plus ton visage dans tes yeux
Cela fait cent ans que je ne pose plus de question
A la lumière de ton esprit
Que je n’ai pas touché la chaleur de ton ventre

Cela fait cent ans
Qu’une femme m’attend
Dans une ville
Nous étions perchés sur la même branche
Sur la même branche
Nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
Entre nous tout un siècle
Dans le temps et dans l’espace
Cela fait cent ans que dans la pénombre
Je cours derrière toi.
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Nâzim Hikmet
Tu es comme le mouton, mon frère,

Quand le bourreau habillé de ta peau

Quand le bourreau lève son bâton

Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau

Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.
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Dis donc, poète
Nous avons deux mots à dire nous aussi sur l'amour
Nous en savons quelque chose nous aussi de ce truc-là
Poussant des cris fous à tue-tête
l'été a filé sous mon nez
comme un train jaune
aux wagons en bois
sentant la sueur, la chair et le tabac

Et dire que moi
je voulais le voir venir
comme celle qui m'apporte du lait chaud
dans son seau de cuivre rouge.
Tant pis,
l'été n'est pas venu ainsi
Ce n'est pas ainsi que l'été vient
Non, pas ainsi, sacré nom d'un chien.

Ô toi, ma fille, ma mère, ma femme, ma sœur
Ô toi qui as le soleil sur le front
belle enfant aux yeux d'or
mon enfant aux yeux d'or,

Poussant des cris fous à tue-tête
l'été m'a filé sous le nez
sans que j'aie pu t'apporter
un bouquet de violettes mauves.

Que veux-tu
les amis avaient faim
on a mangé l'argent des violettes
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Voyage à Barcelone
sur le bateau de Youssouf l’Infortuné



extrait 1

En prison, sur la pierre de la fontaine
Youssouf l’Infortuné a dessiné
                                                       son bateau.
Un prisonnier qui boit à la fontaine
Regarde la proue effilée du bateau
Glisser sur des mers sans murs.

Près de la fontaine, un arbre tout blanc
Un prunier.

Ouvre encore une voile, Youssouf l’Infortuné
Attire vers toi le port où tu vas
Et arrache une branche au prunier
Pour que les pigeons de la prison
                                  suivent ton sillage.

Prends-moi aussi Youssouf
Sur ton bateau.
Mon bagage n’est pas lourd :
Un livre, un cahier et une photo.

Allons-nous-en, frère, allons-nous-en
Le monde vaut la peine d’être vu.



/ Traduit du turc par Hasan Gureh
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Puisque inévitable est la mort
telle une lumière qui chavire dans les flots
je veux m'éteindre dans les eaux !
Je veux retourner à la mer !
Je veux retourner à la mer !
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La petite fille
C’est moi, c’est moi qui frappe à votre porte
Ici comme ailleurs, à toutes les portes
Ne vous effrayez pas si je reste invisible
On ne peut voir une petite morte
J’étais ici voici dix ans déjà
J’ai trouvé la mort à Hiroshima,
Je ne suis qu’une enfant, je n’avais que sept ans
Mais les enfants morts ne grandissent pas.
Mes longs cheveux tout d’abord ont pris feu
Mes mains ont brûlé tout comme mes yeux
Mon corps ne fut plus rien qu’une poignée de cendres
Mêlées au vent dans un ciel nuageux
Je ne veux rien de vous en vérité
Pour moi, nul ne peut plus me dorloter
Car l’enfant qui brûla comme papier journal
Vos bonbons jamais ne pourra goûter.
Je frappe à votre porte, écoutez-moi donc
Et de votre nom faites-moi le don,
Afin que l’on ne tue les enfants désormais
Qu’ils puissent toujours goûter les bonbons.
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Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint
En titubant, tombant, me relevant.
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Des berceuses que chantent les mères
Aux nouvelles du speaker
Vaincre le mensonge partout dans le monde
Dans le coeur, dans le livre, dans la rue.
Quel bonheur fantastique que de comprendre
Comprendre ce qui s'en va et ce qui vient.
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Je n'ai ni coursier à la selle argentée
Ni revenus venant je ne sais d’où.
Je n'ai ni bien ni domaine
Je n'ai qu'un bol de miel
De miel couleur de flamme.
Mon miel c'est mon seul bien ;
Contre toutes sortes d'insectes
Je protège mon domaine et mon bien
C'est-à-dire mon bol de miel
Patience, frère, patience
« Pourvu que tu aies le miel dans ton bol,
son abeille viendra de Bagdad »
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LA GRANDE HUMANITE


La grande humanité voyage sur le pont des navires
Dans les trains en troisième classe
Sur les routes à pied
La grande humanité

La grande humanité va au travail à huit ans
Elle se marie à vingt
Meurt à quarante
La grande humanité

Le pain suffit à tous sauf à la grande humanité
Le riz aussi
Le sucre aussi
Le tissu aussi
Le livre aussi
Cela suffit à tous sauf à la grande humanité

Il n’y a pas d’ombre sur la terre de la grande humanité
Pas de lanternes dans ses rues
Pas de vitres à ses fenêtres
Mais elle a son espoir la grande humanité
On ne peut vivre sans espoir

Tachkent – 7 octobre 1958
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Voyage à Barcelone
sur le bateau de Youssouf l’Infortuné



extrait 2

Koumkaleh à bâbord
Le phare de Hellyos à tribord
Les brises des Sporades
Sont dans la bouche de nos voiles
Une chanson passionnée

Nous traversons port après port
Les mers se taisent dans les ports
La vie joyeuse et infinie que sont les mers.
Dans la plupart des ports aujourd’hui
Il est facile de mourir, Youssouf
et difficile de vivre.



/ Traduit du turc par Hasan Gureh
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Moi un homme
moi Nazim Hikmet poète turc moi
foi des pieds à la tête
des pieds à la tête combat
rien qu'espoir, moi.
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Nous autres nous sommes six cents hommes
privés de femmes.
On nous a volé
le droit d'engendrer.
Mon pouvoir le plus formidable m'est interdit :
donner une vie nouvelle,
vaincre la mort dans une matrice féconde,
procréer avec toi, mon amour,
il m'est interdit de toucher à ta chair...
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La plus belle des mers
La plus belle des mers
est celle où l'on n'est pas encore allé.

Le plus beau des enfants
n'a pas encore grandi.

Les plus beaux jours
les plus beaux de nos jours
on ne les a pas encore vécus.

Et ce que moi je voudrais te dire de plus beau
je ne l'ai pas encore dit.
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J'étais la fenêtre d'un train
Maintenant je suis une gare
J'étais l'intérieur de la maison.
a présent je suis sa porte sans serrure
Plus que jamais j'aime les hôtes.
La chaleur est plus jeune que jamais
la neige est plus propre que jamais .
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Nâzim Hikmet
C'est un dur métier que l'exil...
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J'ai traduit le poème en russe pour Anouchka et Maroussa.
Ismail allume sa cigarette au feu de la mienne.
- Un beau poème, me dit-il, puis il se lève, il ouvre la fenêtre, le soleil pénètre dans la pièce :
- La vie est belle, mon vieux, dit-il.
La main d'Ahmet est dans la main d'Anouchka, une main blanche, potelée, aux doigts longs.
- La vie est belle, mon vieux, répète Nérimane de sa voix grave.
Mes hôtes n'ont pas vieilli. Ils ont l'âge que j'avais quand je les ai vus pour la dernière fois. Mais moi, j'ai soixante ans. Si je pouvais vivre cinq ans encore...
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