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Citations de Nâzim Hikmet (140)


Une fois que j'ai quitté l'internat – les prières, le jeûne y étaient obligatoires – j'ai tout lâché, prières et jeûne. Et le Coran, je n'ai jamais pu le lire correctement. L'accent tonique, et les signes, tout ça m'embrouillait encore plus, au lieu de m'être de quelque secours. Mais j'étais croyant. Ou plutôt, il ne m'était pas venu à l'idée que Dieu pouvait ne pas être. Et puis un jour – ce n'est pas que j'ai réfléchi sur l'existence ou la non-existence de Dieu, non – , mais je me suis dit que le croyant faisait le bien parce qu'il attendait une récompense divine, pour aller au paradis, pour s'assurer une vie éternelle, qu'il évitait le péché parce qu'il avait peur du châtiment, peur de l'enfer. Cette dépendance du croyant, cet égotisme, me stupéfièrent, comme si je n'avais jamais été croyant moi-même. Et depuis ce jour-là, Ahmet s'efforça de faire tout ce qu'il faisait au-delà de tout souci de récompense, au-delà de toute crainte de châtiment.
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L'amour est une drôle d'histoire:
Tout ceux qui ne se sont pas aimés Ne se jettent pas forcément à la rivière.
Les hommes ont bien des talents:
Les hommes savent aimer sans être aimés.
Drôle d'histoire que l'amour.
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Cela fait cent ans
Que je n'ai pas vu ton visage
Que je n'ai pas passé mon bras
Autour de ta taille
Que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
Cela fait cent ans que je ne pose plus de question
À la lumière de ton esprit
Que je n'ai pas touché à la chaleur de ton ventre.
Cela fait cent ans
Qu'une femme m'attend
Dans une ville.
Nous étions perchés sur la même branche,
Sur la même branche
Nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
Entre nous tout un siècle
Dans le temps et dans l'espace.
Cela fait cent ans que dans la pénombre
Je cours derrière toi.
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Si la moitié de mon cœur est ici, docteur,
L’autre moitié est en Chine,
Dans l’armée qui descend vers le Fleuve Jaune.

Et puis tous les matins, docteur,
Mon cœur est fusillé en Grèce.

Et puis, quand ici les prisonniers tombent dans le sommeil
quand le calme revient dans l’infirmerie,
Mon cœur s’en va, docteur,
chaque nuit,
il s’en va dans une vieille
maison en bois à Tchamlidja
Et puis voilà dix ans, docteur,
que je n’ai rien dans les mains à offrir à mon pauvre peuple,
rien qu’une pomme,
une pomme rouge : mon cœur.
Voilà pourquoi, docteur,
et non à cause de l’artériosclérose, de la nicotine, de la prison,
j’ai cette angine de poitrine.

Je regarde la nuit à travers les barreaux
et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine,
Mon cœur bats avec l’étoile la plus lointaine.
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La table

Varna m'a rendu fou,
m'a fait perdre la raison.
Tomates, poivrons verts, turbot frit.
A la radio "Ohé les gars"
une chanson de la Mer Noire.
Et dans un verre, du raki, lait de lion, anis,
Oh l'odeur de l'anis!
Et ma langue parlée amicalement,
fraternellement...
Ah! Ce que je suis bien, bon sang,
ce que je suis bien!
Varna m'a rendu fou;
m'a fait perdre la raison...

Varna, 6 juin1957.
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Le chevalier de l'éternelle jeunesse
Suivit, vers la cinquantaine,
La raison qui battait dans son cceur.
Il partit un beau matin de juillet
Pour conquérir le beau, le vrai et le juste.
Devant lui c'était le monde
Avec ses géants absurdes et abjects
Et sous lui c'était la Rossinante
Triste et héroique.

Je sais,
Une fois qu'on tombe dans cette passion
Et qu'on a un cœur d'un poids respectable
Il n'y a rien à faire, mon Don Quichotte, rien à faire,
II faut se battre avec les moulins à vent.

Tu as raison, Dulcinée est la plus belle femme du monde,
Bien sûr qu'il fallait crier cela
A la figure des petits marchands de rien du tout,
Bien súr qu'ils devaient se jeter sur toi
Et te rouer de coups,
Mais tu es l'invincible chevalier de la soif
Tu continueras à vivre comme une tlamme
Dans ta lourde coquille de fer
Et Dulcinée sera chaque jour plus belle.

Ce pays qui ressemble à la tête d'une jument
Venue au galop de la lointaine Asie
Pour se tremper dans la Méditerranée
Ce pays est le nôtre

Poignets en sang, dents serrées, pieds nus,
Terre qui ressemble à un tapis en soie,
Cet enfer, ce paradis est le nôtre.

Que les portes se ferment qui sont celles des autres,
Qu' elles se ferment pour toujours
Que les hommes cessent d'être esclaves des hommes,
Cet appel est le nôtre.
Vivre comme un arbre, seul et libre,
Vivre en frères, comme les arbres d'une forêt,
Ce réve est le nôtre

- Don Quichotte
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Impossible d'étreindre ton image qui reste en moi
Dire que pourtant tu es là, dans ma ville, en chair et en os
Réels sont tes grands yeux, ta bouche vermeille dont m'est interdit le miel
Ton abandon d'eau rebelle, ta blancheur que ma lèvre n'atteint pas.
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Il était un géant aux yeux bleus
Il aima une femme toute petite
Dont le rêve était une toute petite maison
Qui aurait dans son jardin
des chèvrefeuilles moirés.

Le géant aimait en géant
Ses mains faites pour de grandes besognes
N'auraient jamais pu construire les murs ni tirer
la sonnette

De la maison qui aurait dans son jardin
des chèvrefeuilles moirés.
Il était un géant aux yeux bleus
Il aima une femme toute petite
Elle se lassa vite, la mignonne.
Sur le grand chemin du géant
Elle eut soif de bien-être.
Adieu, dit-elle aux yeux bleus
Et prenant le bras d'un nain riche
Entra dans la maison qui avait dans son jardin
des chèvrefeuilles moirés.

le géant comprend maintenant
Que les amours de géant
Ne peuvent même pas être enterrées
Dans la maison aux chèvrefeuilles moirés.
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Voyage à Barcelone
sur le bateau de Youssouf l’Infortuné



extrait 3

La mer s’est calmée
Rougeurs dans le ciel
C’est l’aurore
La nuit qui nous semblait infinie
Est finie.
Voici devant nous la Barcelone du Frente Popular

Fini notre voyage
Amenez les voiles, l’ancre à la mer !
Les pigeons qui suivaient notre sillage
s’en retournaient dire aux copains
que nous sommes arrivés à bon port.



/ Traduit du turc par Hasan Gureh
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Dans la paume des enfants
nos destins attendent leur tour
nos jours sont des graines dans les paumes des enfants
dans leurs paumes elles germeront.
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pourquoi le cœur des hommes de bonté est-il toujours
douloureux
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un été citadin m'attend
j'ai revêtu les feuilles de juin des boulevards
je me suis dépouillé de l'idée de la mort.
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Tout naît tout meurt à qui mieux mieux
arbres étoiles hommes
virus et coetera
quel empressement quel boucan
et autant de nostalgie que d'espoir
on meurt on naît à l'envi
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Je n'ai peint sur une toile qu'une seule fois ton visage
mais mille fois par jour de la tête aux pieds
se refait en moi ton image,
comme c'est étrange ton visage persistera
car la vie d'une toile est plus longue que la mienne.
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en proie à un étrange sentiment
et à une terrible colère,
ces vers, je les écris envers et contre tout
pour me narguer moi-même
et ceux que j'aime.
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Nous sommes heureux
parce que nous sommes encore en vie.
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Berceuse
Dors ma belle, dors
Des jardins je t'apporte à l'instant le sommeil
Ah ! dans tes yeux marrons que sont vertes les treilles
Dors ma belle, dors
dors en souriant aux anges,
faire, faire.

Dors ma belle, dors
De la mer je t'apporte à l'instant le sommeil
Un sommeil vaste et frais, léger comme une abeille
Dors ma belle, dors
sous les voiles gonflées de vent,
faire, faire.

Dors ma belle, dors
Des astres je t'apporte à l'instant le sommeil
Un sommeil d'un bleu sombre à du velours pareil
Dors ma belle, dors
car à ton chevet mon cœur veille,
faire, faire.
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Le globe
Offrons le globe aux enfants, au moins pour une journée.
Donnons-le leur afin qu’ils en jouent comme d’un ballon multicolore
Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles.
Offrons le globe aux enfants,
Donnons-le leur comme une énorme pomme
Comme une boule de pain toute chaude,
Qu’une journée au moins ils puissent manger à leur faim.
Offrons le globe aux enfants,
Qu’une journée au moins le globe apprenne la camaraderie,
Les enfants prendront de nos mains le globe,
Ils y planteront des arbres immortels.
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Dimanche
Aujourd’hui c’est dimanche.

Pour la première fois aujourd’hui
ils m’ont laissé sortir au soleil,
et moi,
pour la première fois de ma vie,
m’étonnant qu’il soit si loin de moi
qu’il soit si bleu
qu’il soit si vaste
j’ai regardé le ciel sans bouger.

Puis je me suis assis à même la terre, avec respect,
je me suis adossé au mur blanc.

En cet instant, pas question de gamberger.
En cet instant, ni combat, ni liberté, ni femme.
La terre, le soleil et moi.
Je suis heureux.
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Voilà
Je suis dans la clarté qui s’avance.
Mes mains sont pleines de désirs, le monde est beau.
Mes yeux ne se lassent pas de voir les arbres,
les arbres si pleins d’espoir, les arbres si verts.
Un sentier ensoleillé s’en va à travers les mûriers.
Je suis à la fenêtre de l’infirmerie.
Je ne sens pas l’odeur des médicaments.
Les œillets ont dû fleurir quelque part.
Et voilà, mon amour, et voilà, être captif, là n’est pas la question
la question est de ne pas se rendre…
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