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Citations de Nicanor Parra (22)


LETTRES À UNE INCONNUE

Quand auront passé les années, quand auront passé
Les années, quand l'air aura creusé un fossé
Entre ton âme et la mienne ; quand auront passé les années
Et que je ne serai plus qu'un homme qui a aimé,
Un être qui s'est arrêté un instant face à tes lèvres,
Un pauvre homme lassé d'arpenter les jardins,
Où seras-tu, toi ? Où
Seras-tu, ô fille de mes baisers!
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Nicanor Parra
LE DERNIER TOAST

Que nous le voulions ou non

Nous n’avons seulement que trois alternatives :

Le « hier », le « maintenant » et le « demain ».

Et même pas trois

Parce que comme le dit le philosophe

Hier c’est hier

Il ne nous appartient que dans le souvenir

À la rose déjà effeuillée

Il n’est plus possible de lui retirer un autre pétale.

Les cartes à jouer

ne sont plus que deux :

Le présent et le lendemain.

Et même pas deux

Parce qu’il est un fait bien établi

Que le présent n’existe pas

Sauf dans la mesure où ce qui est passé

est déjà passé…
comme la jeunesse.

En peu de mots

Seulement nous reste-t-il le lendemain :

Je lève mon verre

à ce jour qui ne vient jamais

Mais qui est le seul

dont réellement nous disposions.
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Test

Qu'est-ce qu'un antipoète :

Un négociant en urnes et cercueils ?

Un prêtre qui ne croit en rien ?

Un général qui doute de lui-même ?

Un vagabond qui se moque de tout
 Vieillesse et mort comprises ?

Un interlocuteur de mauvais caractère ?

Un danseur au bord de l'abîme ?

Un narcisse qui aime tout le monde ?

Un plaisantin sanglant
Délibérément misérable ?

Un poète qui dort sur une chaise ?

Un alchimiste des temps modernes ?

Un révolutionnaire de poche ?

Un petit-bourgeois ?

Un charlatan ?
     
         un dieu ?
                            
un innocent ?

Un villageois de Santiago du Chili ?


Soulignez la phrase qui vous semble correcte.



Qu'est-ce que l'antipoésie :

Une tempête dans une tasse de thé ? 

Une tache de neige sur un rocher ? 

Un plateau plein d'excréments humains 
Comme le croit le père Salvatierra ? 

Un miroir qui dit la vérité ?

Une gifle au visage 
Du Président de la Société des Écrivains ?
(Que Dieu l'ait en son saint royaume)
Un avertissement aux jeunes poètes ?

Un cercueil à réaction ?

Un cercueil à force centrifuge ?

Un cercueil à gaz de paraffine ?

Une chapelle ardente sans défunt ?



Marquez d'une croix
 La définition qui vous semble correcte.

P.s.En hommage au grand poète chilien qui vient de mourir à 103 ans.
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TACHES SUR LE MUR

Avant que tombe la nuit totale
Nous allons étudier les taches sur le mur :
Certaines ressemblent à des plantes
D'autres simulent des animaux mythologiques.
Hippogriffes,
dragons,
salamandres.

Mais les plus mystérieuses de toutes
Sont celles qui ressemblent à des explosions atomiques.

Dans le cinématographe du mur
L'âme voit ce que ne voit pas le corps :
Des hommes agenouillés
Des mères avec leurs enfants dans les bras
Des monuments équestres
Des prêtres qui élèvent l'hostie.

Des organes génitaux qui s'unissent.

Mais les plus extraordinaires de toutes
Sont
sans l'ombre d'un doute
Celles qui ressemblent à des explosions atomiques.
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Puisque la vie d’un homme n’est qu’une action à distance,
Un peu d’écume qui brille à l’intérieur d’un verre;
Puisque les arbres ne sont rien que des meubles qui bougent:
Rien que des tables, des chaises en mouvement perpétuel;
Puisque nous-mêmes nous ne sommes plus que des êtres
(Comme le dieu lui-même n’est pas autre chose que dieu);
Puisque nous ne parlons plus pour être écoutés
Mais pour que les autres parlent
Et que l’écho est antérieur aux voix qui le produisent;
Puisque nous n’avons même pas la consolation d’un chaos
Dans le jardin qui bâille et qui se remplit d’air,
Un casse-tête qu’il faut résoudre avant de mourir
Pour pouvoir ensuite tranquillement ressusciter
Quand on a usé de la femme à l’excès;
Puisqu’il y a aussi un ciel en enfer,
Permettez que je fasse moi aussi deux trois choses :

Je veux faire du bruit avec les pieds
Et je veux que mon âme trouve son corps.
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Je suis l’Individu.
J’ai regardé par un trou de serrure,
Si, j’ai regardé, je le dis, regardé,
Pour sortir du doute, j’ai, regardé,
Derrière des rideaux,
Je suis l’Individu.
Bien.
Peut-être vaut-il mieux que je retourne à cette vallée,
Á ce rocher qui m’a servi de foyer,
Et que je recommence à graver,
En marche arrière graver
Le monde à l’envers.
Mais non: la vie n’a pas de sens.
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Cartas a una desconocida

Cuando pasen los años, cuando pasen
Los años y el aire haya cavas un foso
Entre tu alma y la mía; cuando pasen los años
Y yo sólo sea un hombre que amó,
Un ser que se detuvo un instante frente a tus labios,
Un pobre hombre cansado de andar por los jardines,
¿Dónde estarás ? ¡Dónde
Estarás, oh hija de mis besos!


Lettres à une inconnue

Quand auront passé les années, quand auront passé
Les années, quand l'air aura creusé un fossé
Entre ton âme et la mienne ; quand auront passé les années
Et que je ne serai plus qu'un homme qui a aimé,
Un être qui s'est arrêté un instant face à tes lèvres,
Un pauvre homme lassé d'arpenter les jardins,
Où seras-tu, toi ? Où
Seras-tu, ô fille de mes baisers !
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)


      I

Défense de l'arbre
Pourquoi tu te livres à cette pierre
Enfant aux yeux d'amande
Dans l'impure pensée
De la lancer contre l'arbre.
Qui ne fait jamais de mal à personne
Ne mérite pas d'être si maltraité.
Que ce soit un saule pensif
Un mélancolique oranger
Il doit toujours être par l'homme
Bien distingué et respecté :
L'enfant pervers qui le blesse
C'est son père, son frère qu'il blesse.
Franchement, je ne comprends pas
Comment il se peut qu'un gamin
Ait un geste indigne à ce point
Alors qu'il est si blond et délicat.

p.19


//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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AU SECOURS!

Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là :

Je courais heureux et content
Le chapeau dans la main droite
Derrière un papillon phosphorescent
Qui me rendait fou de bonheur

Quand tout d'un coup vlan un faux pas
Je ne sais pas ce qui s'est passé avec le jardin
Le panorama a totalement changé :
Je suis en train de saigner de la bouche et du nez.

Vraiment je ne sais pas ce qui s'est passé
Sauvez-moi une fois pour toutes
Ou tirez-moi une balle dans la nuque.
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)
      I


Symphonie-berceuse
Extrait 1

Un jour en ballade
Dans un parc anglais
Je suis tombé sur
Un angelorum.

Bonjour, il a dit,
Je lui ai répondu,
Lui en castillan,
Mais moi en français.

Dites-moi, don ange,
Comment va monsieur.

Il m'a donné la main,
Je lui ai pris le pied :
Il faut voir, messieurs,
Comme un ange est fait !

C'est fat comme un cygne
Et froid comme un rail,
Gras comme une dinde,
Et laid comme vous.


p.15

//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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L'homme imaginaire

L'homme imaginaire
vit dans un manoir imaginaire
entouré d'arbres imaginaires
au bord d'une rivière imaginaire

Des murs imaginaires
accrochent de vieilles images imaginaires des
fissures imaginaires irréparables
qui représentent des événements imaginaires
qui se sont produits dans des mondes imaginaires
dans des lieux et des temps imaginaires

Chaque après-midi imaginaire, il
monte les escaliers imaginaires
et regarde le balcon imaginaire
pour regarder le paysage imaginaire
qui consiste en une vallée imaginaire
entourée de collines imaginaires.

Des ombres imaginaires
descendent sur le chemin imaginaire en
chantant des chansons imaginaires
jusqu'à la mort du soleil imaginaire.

Et les nuits imaginaires au clair de lune, il
rêve de la femme imaginaire
qui lui a donné son amour imaginaire, il
ressent à nouveau cette même douleur,
ce même plaisir imaginaire,
et
le cœur de l'homme imaginaire bat à nouveau .
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poèmes et antipoèmes (1937-1954)
      I


Symphonie-berceuse
Extrait 2

J'ai eu un peu peur de lui,
Mais j'ai pas filé.

J'ai cherché ses plumes,
Des plumes j'ai trouvé,
Dures comme la dure
Coque d'un poisson.

Une vaine que ça n'ait pas
Été Lucifer !

Fâché contre moi,
De son épée d'or
Il m'a fait un revers
Mais je me suis baissé.

Ange plus absurde
Jamais je ne reverrai.

Et moi mort de rire
J'ai dit goodbye, sir,
Poursuivez votre chemin
Et portez-vous bien madame,
Que la voiture vous écrase,
Que le train vous tue.

L'histoire s'arrête là,
Un, deux, trois.

p.17

//Traduction de l'espagnol (Chili) par Bernard Pautrat.
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TACHES SUR LE MUR


Extrait 2/2

Dans le cinématographe du mur
L'âme voit ce que ne voit pas le corps :
Des hommes agenouillés
Des mères avec leurs enfants dans les bras
Des monuments équestres
Des prêtres qui élèvent l'hostie.

Des organes génitaux qui s'unissent.

Mais les plus extraordinaires de toutes
Sont
  sans l'ombre d'un doute
Celles qui ressemblent à des explosions atomiques.
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TACHES SUR LE MUR


Extrait 1/2

Avant que tombe la nuit totale
Nous allons étudier les taches sur le mur :
Certaines ressemblent à des plantes
D'autres simulent des animaux mythologiques.
Hippogriffes,
            dragons,
                    salamandres.

Mais les plus mystérieuses de toutes
Sont celles qui ressemblent à des explosions atomiques.
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TEST


Extrait 2/2

Qu'est-ce que l'antipoésie :
Une tempête dans une tasse de thé ?
Une tache de neige sur un rocher ?
Un plateau plein d'excréments humains
Comme le croit le père Salvatierra16 ?
Un miroir qui dit la vérité ?
Une gifle au visage
Du Président de la Société des Écrivains ?
(Que Dieu l'ait en son saint royaume)
Un avertissement aux jeunes poètes ?
Un cercueil à réaction ?
Un cercueil à force centrifuge ?
Un cercueil à gaz de paraffine ?
Une chapelle ardente sans défunt ?

Marquez d'une croix
La définition qui vous semble correcte.
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TEST


Extrait 1/2

Qu'est-ce qu'un antipoète :
Un négociant en urnes et cercueils ?
Un prêtre qui ne croit en rien ?
Un général qui doute de lui-même ?
Un vagabond qui se moque de tout
Vieillesse et mort comprises ?
Un interlocuteur de mauvais caractère ?
Un danseur au bord de l'abîme ?
Un narcisse qui aime tout le monde ?
Un plaisantin sanglant
Délibérément misérable ?
Un poète qui dort sur une chaise ?
Un alchimiste des temps modernes ?
Un révolutionnaire de poche ?
Un petit-bourgeois ?
Un charlatan ?
      un dieu ?
                  un innocent ?
Un villageois de Santiago du Chili ?
Soulignez la phrase qui vous semble correcte.

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Je ne crois pas à la manière pacifique

Je ne crois pas à la manière violente
que j'aimerais croire
en quelque chose mais je ne crois pas croire
que croire en Dieu,
la seule chose que je fais
est de hausser les épaules,
pardonne-moi la franchise que
je ne crois même pas à la Voie lactée.
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Il y a un jour heureux

Cet après-midi je me suis consacré à marcher
Les rues solitaires de mon village
Accompagné par le bon crépuscule
C'est le seul ami qui me reste.
Tout est comme alors, l'automne
Et son feu de brouillard diffus,
Seulement ce temps a tout envahi
Avec son pâle manteau de tristesse.
Je n'ai jamais pensé, croyez-moi, un instant
revoir cette terre bien-aimée,
mais maintenant que je suis rentré je
ne comprends pas comment j'ai pu m'éloigner de sa porte.
Rien n'a changé, ni ses maisons blanches
ni ses anciennes portes en bois.
Tout est à sa place; les hirondelles
Dans la plus haute tour de l'église;
L'escargot dans le jardin et la mousse
Dans les mains humides des pierres.
Il n'y a pas de doute, c'est le royaume
Du ciel bleu et des feuilles sèches
Où tout et tout a
Sa légende singulière et placide:
Même dans ma propre ombre je reconnais
le regard céleste de ma grand-mère.
Ce sont les événements mémorables dont
ma première jeunesse a été témoin,
Le courrier au coin de la place
Et l'humidité sur les vieux murs.
Bonne chose, mon Dieu!;
On ne sait jamais apprécier le vrai bonheur,
quand on l'imagine le plus loin
C'est précisément quand il est le plus proche.
Malheur à moi, malheur à moi! Quelque chose me dit
que la vie n'est qu'une chimère;
Une illusion, un rêve sans rivages,
Un petit nuage qui passe.
On y va par parties, je ne sais pas ce que je dis,
l'émotion me monte à la tête.
Comme c'était déjà l'heure du silence.
Quand j'entrepris mon entreprise singulière,
L'un après l'autre, en vagues silencieuses,
les moutons retournèrent à l'étable.
Je les ai tous salués personnellement
Et quand j'étais devant le bosquet
Qui nourrit l'oreille du voyageur
Avec sa musique secrète ineffable,
je me suis souvenu de la mer et j'ai énuméré les feuilles
En hommage à mes sœurs mortes.
Parfaitement bien. J'ai continué mon voyage
Comme quelqu'un qui n'attend rien de la vie.
Je suis passé devant la roue du moulin,
je me suis arrêté devant une boutique:
L'odeur du café est toujours la même,
Toujours la même lune dans ma tête;
Entre le fleuve d'alors et celui d'aujourd'hui,
je ne distingue aucune différence.
Je le reconnais bien, c'est l'arbre
que mon père a planté devant la porte
(Illustre père qui dans ses bons jours valait
mieux qu'une fenêtre ouverte).
J'ose affirmer que son comportement
était une transcription fidèle du Moyen Âge
Quand le chien dormait doucement
sous l'angle droit d'une étoile.
A ce stade, je sens que la
délicate odeur de violette m'entoure
Que ma mère aimante a cultivée
Pour guérir la toux et la tristesse.
Depuis combien de temps
Je ne pourrais pas dire avec certitude;
Tout est pareil, sûrement,
Le vin et le rossignol sur la table,
Mes jeunes frères en ce moment
Ils doivent rentrer de l'école:
Seulement ce temps a tout effacé
Comme une tempête de sable blanc!
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Changements de nom

Aux amateurs de belles lettres,
j'adresse mes meilleurs vœux,
je vais changer le nom de certaines choses.

Ma position est la suivante:
le poète ne tient pas sa parole
s'il ne change pas les noms des choses.

Pour quelle raison le soleil devrait-il
continuer à être appelé le soleil?
Je demande qu'il s'appelle Micifuz
celui avec les bottes de la quarante-ligue!

Mes chaussures ressemblent-elles à des cercueils?
Sachez qu'à partir de maintenant,
les chaussures sont appelées cercueils.
Communiquez, inscrivez-vous et publiez
Que les chaussures ont changé de nom:
elles sont désormais appelées cercueils.

Eh bien, la nuit est longue
Tout poète qui s'estime
doit avoir son propre dictionnaire
Et avant que j'oublie
Dieu lui-même doit être renommé
Que chacun l'appelle ce qu'il veut:
c'est un problème personnel.
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Chronos

À Santiago du Chili,
les
jours
sont
infiniment
longs:

Plusieurs éternités en un jour.

Nous nous déplaçons sur le dos de Luma
Comme les vendeurs de cochayuyo:
Vous bâillez. Il bâille à nouveau.

Pourtant les semaines sont courtes
Les mois passent à toute
allure Et les années semblent s'envoler.
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