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Critiques de Nick Cave (42)
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Evangile selon Saint Marc

Lire un évangile est une activité littéraire toujours un peu singulière, et pour moi, athée de la première heure (ou dernière), encore plus.

J'y ai été invitée après avoir visionné l'excellente série documentaire composée de Corpus Christi, L'Origine Du Christianisme et L'Apocalypse de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur.

Ces documentaires nous invitent à lire dans le détail les livres néo testamentaires, à les replacer en contexte, à lire entre les lignes, à les situer dans l'héritage de pensée et d'écriture juives.

Ainsi, n'ai-je pas été transcendée par la sublimité littéraire de cet évangile, le premier chronologiquement (selon toute vraisemblance, mais information toujours à prendre avec des pincettes), mais ne regrette absolument pas cette lecture, à laquelle j'ai été sensible surtout par son volet formel.

Il y a quelque chose de métaphorique et parabolique à chaque instant, qui relève du registre de la poésie, dans ces phrases qui ne sont pas toutes porteuses d'un sens précis et qui nécessitent forcément un travail d'interprétation.

En soi, cet écrit a été conçu, justement spécialement, pour être interprété et non simplement lu, dans l'acception la plus basique du terme.

Il y a aussi, selon moi, quelques chose du haïku, dans ces éléments qui semblent parfois disjoints, mais qui, mis bout à bout, font émerger quelque chose de plus que ce qui est réellement écrit.

Il y a aussi, probablement, quelque chose du langage codé ou de l'écriture cryptique, vraisemblablement pour "dire sans dire", histoire de passer entre les mailles du filet de la censure romaine.

En somme, une expérience très enrichissante, précisément et justement en vertu de la seule forme littéraire de cet écrit si particulier.

Je ne parle pas du fond, qui est hors de mon propos et hors de mes convictions mais qui revêt, évidemment à mes yeux, une formidable valeur quand à notre compréhension de l'histoire des religions. Cependant, tout ceci, je ne le répèterai jamais assez, n'est que mon avis d'athée, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Et l'âne vit l'ange

A l'instar de l'oeuvre musicale de Nick Cave, ce roman est difficile à classer dans une catégorie plutôt qu'une autre.

On retrouve dans cette histoire d'une communauté marginale de mystiques un brin consanguins, le style soigné, élégant mais sombre du "songwriter" à qui l'on doit entre autres, un album intitulé "murder's ballads", ce qui vous aidera peut-être un peu à le situer si vous ne le connaissez pas.

J'ajoute que je salue à cette occasion, le travail périlleux et un peu ingrat des traducteurs et traductrices (ici, elles étaient à deux sur l'ouvrage).

Il ne doit pas toujours être simple de restituer la pensée et le style d'un auteur, la prose d'un Nick cave est probablement du genre ardue à traduire.

Merci et bravo à toutes et à tous pour leur travail de l'ombre qui, quand il est réussi comme c'est le cas ici rend justice au talent des écrivains non francophones !
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Foi, espérance et carnage

Endeuillée, moi-même, j'ai senti quelque chose d'étrange..

À la fin du désarroi, comme une autre présence

Et aussi, une joie surnaturelle, inexprimable.. Qui soutient ma tristesse



C'est beau d'entendre chanter un poète..

Et l'écouter parler, c'est doubler l'émotion, de son intelligence



Nick Cave est de passage sur terre, comme nous tous, seulement de passage mais il l'est "absolument"
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Foi, espérance et carnage

Le format de ce livre en fait tout l’intérêt. Il s’agit d’un échange, une conversation entre un journaliste et un musicien qui se connaissent très bien. Grâce à cette connivence, Nick cave peut se laisser aller à des confidences et des réflexions poussées sur la mort, la création, la religion…

En tant qu’artiste, il a su transcender le mort de ses fils pour en faire une œuvre et un échange avec ses fans. Il explique cette transformation en s’appuyant également sur sa foi.

Il parle de son évolution artistique, humaine et mystique suite à ces deuils.

Son discours est clair, il évite l’écueil du pathos et n’est en rien démonstratif.

Effectivement, on peut lire ce livre même si l’on est pas fan de l’artiste.

C’est un bel échange important aussi bien dans sa forme et exemplaire dans le fond.

D’autres artistes pourraient s’inspirer de cet ouvrage afin d’éviter l’inévitable biographie mal écrite et racoleuse que l’on peut voir éditer régulièrement.

Encore faut-il s’appeler Nick cave et pouvoir se permettre d’aussi impressionnantes prises de position et ne pas avoir peur de se pencher sur des sujets aussi grave.

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Foi, espérance et carnage

C'est beau.

C'est drôle.

C'est tragique.

C'est si fort !

Un talent et une voix reconnaissable entre toutes, Nick Cave converse plusieurs heures et en filigrane, ou en pleine face, la mort de son fils en 2015 et de son autre fils en 2022, au fil de cette conversation.

Et pourtant, je veux dire au-dela de ces drames, et quels drames rien de pire que la perte d'un enfant, c'est rudement puissant dans ses textes, dans sa façon d'être.

Un livre conversation poignant et... cocasse !
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Et l'âne vit l'ange

L'histoire se passe dans un village du Sud des Etats-Unis, dans les années 40-60. Les habitants vivent complètement dans la religion, toute leur existence semble vouer aux Ukulites, une secte apocalyptique, archaïques et disjonctés. Le destin de la communauté bascule le jour où une pluie continue s'abat brusquement sur la contrée. Le déluge dure des années, condamnant les habitant et leur monde rongé par la consanguinité et les horreurs.

La communauté est alors persuadé qu'ils ont commis une faute, ils vont alors se trouver un bouc émissaire, une pauvre victime du nom d'Euchrid Euchrow, un jeune garçon vivant en marge de la secte. On va canaliser toute sa haine sur le petit garçon né d'une mère et d'un homme aliéné qui passe son temps à confectionner des pièges pour animaux, il souffre de multiples tares, il est notamment sourd et difforme. Euchrid perd aussi son frère jumeau, mort-né. Pour fuir tout cela, il s'invente un monde, le Royaume de Tête-de-Chien, d'où il observe la vie absurdes et dégénérer du village. Se prenant pour un intermédiaire entre Dieu et le règne humain, il entretient une relation ambiguë avec Beth, l'ange salvateur qui est porté aux nues par le Ukulites pour avoir, selon eux, fait cesser le déluge.

Lorsque je l'ai lu, il est devenu mon livre culte. C'est un monde de violence et de crise qui prend le décor d'un village complètement marginal. Les habitants vivent dans la crainte de tout signe divin, tout en étant d'une cruauté et d'une infamie hallucinante. Ce roman m'avait même inspiré une nouvelle, je me suis prise à vouloir appelé mon premier enfant Euchrid. Complètement bouleversé par ce roman, j'en était d'autant plus fan de Nick Cave, ces chansons, ces écrits, ses talents multiples ont achevé de me rendre accros. Ce livre est peuplé de toutes les facettes immonde de l'Être Humain, de dévôts religieux sadiques, un monde insenser qui vous prends au trip, complètement fascinant, il n'y a pas de mot.
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Mort de Bunny Munro

Je l'ai lu d'une traite. Pourtant, il m'est arrivé souvent de vouloir décrocher, écoeurée. Trop cru. Trop effrayant. Grotesque. Et puis non, j'étais scotchée : jusqu'à la lie. Et quand j'ai refermé le livre, j'étais vaguement nauséeuse. Je ne me sentais pas fière : comme si j'avais regardé à travers le trou d'une serrure et que je m'étais enivrée d'un spectacle scabreux. Nick Cave sait s'y prendre pour bousculer, déranger. Plusieurs fois je me suis demandée où il voulait en venir, si c'était juste pour nous dégoûter de la gent masculine en particulier ou de l'humanité en général, ou de nous-même simplement. J'ai voulu continuer pour voir si une lumière salvatrice allait enfin traverser ce monde lubrique et sordide, cette absence de vie, d'espoir. Mais de page en page l'auteur n'a eu de cesse de m'abreuver impitoyablement : sexe, mort, addiction, sexe, mort...
Lien : http://laruellebleue.over-bl..
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Mort de Bunny Munro

Pour ceux qui le connaissent, la patte de l’Australien est reconnaissable, et pour les autres, il faudra aimer l’outrance et barboter dans les mochetés du monde pour apprécier ce roman.

Histrion, bateleur, Bunny en est un fameux, quoique je ne sois pas sûre qu’il faille pousser très loin les similitudes entre l’auteur et sa bestiole. Faut-il voir en Bunny Munro le jumeau maléfique de Cave, celui qu’il aurait été sans la musique ? Hâbleur certes, doté d’un charme tordu dont il fait un usage encore moins recommandable, prompt à se perdre dans n’importe quel paradis terrestre ? Possible, possible… Le roman, quoiqu’il en soit, est un long portrait en mouvement, ce type de récit donc chaque péripétie est une mise au jour des mécanismes mentaux de la créature. Classique, ou peu s’en faut. Ceux qui suivent ce blog doivent savoir que c’est là mon type de roman préféré, ceux qui ne racontent pas grand-chose – désolée pour les amateurs d’actions trépidantes. Car dans les faits, il ne se passe pas grand-chose : un veuf pathétique traîne son fils sur les routes de la côte anglaise, saute sur tout ce qui bouge avant de passer l’arme à gauche. Je me permets de spoiler, au passage, attendu que le dénouement est de toute façon écrit en gros sur la couverture. Bunny va passer l’arme à gauche, n’ayez aucun doute. La gageure est donc : comment conserver l’intérêt du lecteur quand il n’y a pas de suspens et qu’on est plus proche de Bukowski que de Racine? En écrivant une histoire universelle, peut-être, quitte à s’asseoir un peu sur la catharsis.

Disons que si l’on comprend bien la problématique du personnage, son drame de n’avoir, au sens propre, pas les couilles de s’affranchir de ses propres scories, il manque une réelle empathie pour que le tragique fonctionne. On pourrait aussi envisager l’angle de la comédie sociale noire, si en vogue chez nos amis grand-bretons, ou parler du rapport homme/ femme, ici réduit au très biologique rapport homme/morceau de femme – pas le cerveau, bien entendu. Mais tout cela concourt à faire de cette Mort de Bunny Munro une tragédie ratée, la fresque grotesque d’un héros qui ne s’élève qu’en ratant la marche, et j’ai envie de croire que c’est fait exprès. Tragédie car tout l’intérêt du roman réside dans cet écart entre la hauteur du propos et la bassesse du héros, pour montrer tout ce qu’il n’est pas. Cave met en scène un bizarre exemple d’échec humain, sans l’ombre d’un espoir de rédemption, ou un espoir avorté à la limite.

Faut-il aimer Nick Cave pour apprécier son roman ? Je n’en sais fichtre rien. Il faut aimer Bukowski, comme je l’ai dit. Aimer le grotesque en son sens le plus fort, ne pas se voiler la face devant le cru, le gras, le glauque, voire le carrément criminel. Aimer l’humour noir, aussi, ça peut aider. Ça aide toujours, cela dit. Alors si votre conception du roman anglais ressemble à un film de James Ivory, Mort de Bunny Munro n’est pas pour vous. Mais si vous avez un faible pour les zigotos qui montrent leurs fesses au public au lieu de lui tirer les larmes, ça devrait bien se passer.
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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Foi, espérance et carnage

Il n'est pas nécessaire de connaître parfaitement l'œuvre de Nick Cave pour apprécier cet ouvrage. Il faut en revanche garder l'esprit ouvert tant la Religion et la spiritualité tiennent une place prépondérante dans son œuvre et dans sa vie. En ce qui concerne le fait religieux, je ne suis pas le plus ouvert mais cet aspect ne m'a jamais dérangé ni empêché de savourer son répertoire. Nick Cave est un quasi génie habité par la foi et le talent, à la voix envoutante et entêtante.

Ces entretiens au long cours ont le mérite de lever quelques mystères entourant son process de création. l s'inspire et puise son inspiration dans ce qui a fait et fait encore aujourd'hui l'homme qu'il est. Un mari, un ami, un père, meurtri par des épreuves traumatisantes, Nick Cave a su se relever et faire de ces traumas le terreau de son œuvre. Une force de caractère, une ténacité et une abnégation qui forcent le respect.

Peu adepte de biographies et autres ouvrages touchant à la vie privée ce livre se révèle presque indispensable quant à la vision qu'il offre sur le processus créatif de N.C

Bonne lecture et bonnes écoutes.

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Foi, espérance et carnage

Un moment avec Nick.

Fan girl de longue date, depuis les années lycée, du rocker dandy ténébreux à la longue silhouette et à la belle voix grave.

Ici tout au long des entretiens avec Sean O'Hagan, le lecteur a le privilège d'approcher l'artiste, de le suivre lors des séances de travail avec son complice Warren Ellis – leur harmonie faisant naître une musique "accidentelle"- de comprendre le processus de création d'un artiste ayant le goût de l'absolu et pour qui la musique élève et rapproche du sacré. Il évoque aussi l'écriture vécue par le corps, les émotions et la dimension cachée de l'écriture des chansons. Pour Ghosteen, écrit après la mort de son fils Arthur, c'est l'occasion de renouer un lien et de parvenir à dire adieu. Nick se confie sur sa foi immense, ses deuils.

"Mon moi rationnel a perdu de sa superbe, il est moins sûr de lui. Il nous arrive dans la vie des choses terribles, de grands évènements dévastateurs qui engendrent un immense besoin de consolation spirituelle et d'un seul coup, notre conception du rationnel perd de sa cohérence et voit la terre se dérober".

Foi, Espérance et Carnage évoque le cheminement créatif, spirituel de Nick Cave et son lien extrêmement fort avec son public - les Red Hand Files où il répond aux lettres de ses fans et où il rédige des chroniques. Comme les plus chanceux d'entre nous qui disposaient d'un balcon, pendant le confinement, Nick a passé beaucoup de temps sur le sien à lire , à écrire, à répondre aux fans sur les Red Hand Files pendant cette période "bizarre", "ce trauma collectif".

Un grand artiste, à l'immense culture musicale. Une belle lecture

We love you Nick.

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Et l'âne vit l'ange

Quand mes étagères débordent de trop, généralement, je prends les piles de bouquins et je les emmène avec moi au travail. Le but n’est pas de leur montrer la photocopieuse et de leur apprendre à se servir d’un traitement de texte mais de les laisser sur une table à la disposition de tous. Généralement, les piles ne tiennent pas deux heures, et ensuite pendant des semaines je vois mes anciennes lectures dans les mains de mes collègues de travail, ce que je trouve ma foi plutôt plaisant. Il y a peu, quelques temps après un lâcher d’épreuves, j’ai eu la surprise en arrivant un matin de trouver sur ma table une petite pile de romans. Des romans plus ou moins récents, des romans visiblement déjà lus, quelqu’un avait décidé de me rendre la pareille. Ça a fait mon bonheur pour plusieurs jours de penser que quelqu’un était passé déposer cette petite pile à mon attention, franchement, j’ai trouvé ça charmant.



Passé un premier tri (tout le monde ne peut pas connaître mes goûts bizarres) j’ai jeté mon dévolu sur Et l’âne vit l’ange, parce que ça avait l’air bizarroïde et parce que la collection Motifs, du temps qu’elle existait (snif le Serpent à Plumes…), était réellement un gage de qualité. Et je suis tombé sur un truc plus que bizarroïde, en fait. Nick Cave est donc un musicien (oui alors ma culture musicale passé les années 60 est nulle) et il a écrit ce bouquin qui ressemble à… je ne sais pas, un trip sous acide et en même temps extrêmement bien construit et pensé.



Je n’ai cependant pas réellement réussi à rentrer dedans, c’était probablement trop obscur et cela demandait trop de clés pour mes envies de simplicité du moment. Mais c’est un beau texte, une mélopée, que je garderai dans un coin de ma mémoire.



A noter qu’il a été réédité chez Points.
Lien : http://www.readingintherain...
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Et l'âne vit l'ange

Nick Cave signe là un roman noir à la fois gothique et poétique. On retrouve vraiment dans le rythme et la musicalité de la narration le paroliste des Bad Seeds. Mais on retrouve aussi l'homme sensible à la cause des marginaux, des boucs-émissaires et des illuminés. La traduction, remarquable, nous emmène très vite dans ce sud des Etats Unis, tantôt vibrant de chaleur, tantôt inondé de pluies diluviennes, accablé d'autant de calamités divines qui pleuvent sur des hommes perdus, en quête de Dieu.
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Mort de Bunny Munro

Difficile de commenter ce livre parce qu'il a été difficile à lire. Il faut avoir le cœur bien accroché. Les 3/4 du livre sont des délires sexuels, où Bunny Munro démissionne de ses responsabilités mais les derniers chapitres du livre sont plus intéressants, plus subtils, avec une grande force qui donnent un vrai sens à tous les actes des Bunny. Les passages poignants entre le père et le fils m'ont filé des frissons. La sincérité de la plume de Nick Cave est bouleversante. Les mots crus, les descriptions à en vomir m'ont plongé dans un monde noir. Néanmoins, la plume de Nick Cave est juste. Les métaphores sont puissantes et l’humour acide y a toute sa place.
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Foi, espérance et carnage

Pour réussir une bonne discussion (citons, à titre d’exemple, l’extraordinaire Entretiens, entre Francis Bacon et David Sylvester), il faut non seulement une bonne cible – là on est gâté, c’est Nick Cave ! – mais aussi un bon questionneur : Sean O’Hagan, journaliste qui fréquente l’artiste et sa musique depuis la seconde moitié des années 1980 déjà. On peut sentir la familiarité naturelle qui s’est construite comme un pont entre eux deux. Ainsi, durant le confinement, l’idée d’un livre d’entretiens va, dans le calme, germer dans la tête de l’un pour être acceptée par l’autre. Le résultat est moins une biographie de Nick Cave sous forme de discussion – même si l’on peut trouver des passages sur The Birthday Party, Anita Lane, Blixa Bargeld ou encore Mick Harvey – qu’une longue confession sur les aspects de la vie actuelle de l’artiste : le deuil de son fils Arthur - mort il y a huit ans -, certains disques récents (Ghosteen), sa femme Susie, la religion et sa façon bien à lui d’avoir la foi, sa passion pour la porcelaine (pas la partie la plus excitante du livre…), l'écriture bien sûr, etc. Il en ressort le portrait d’un artiste toujours aussi original, travaillé et changé par le temps. Un artiste qui doute parfois, mais un artiste qui avance. J’ai beaucoup aimé à quel point il avoue que sa carrière s’est construite sur des collaborations – l’actuelle étant celle, très fusionnelle, avec le violoniste Warren Ellis. Foi, espérance et carnage, traduit avec soin par Serge Chavin, est d’une grande profondeur, on y trouve des passages inspirants, des anecdotes cocasses aussi. Docteur Nick garde sa part sombre de Mister Cave, et ses avis sont parfois tranchés : « Au départ, j’ai cru que Twitter serait une nouvelle frontière, comme le Far West ou le punk, mais ce n’est qu’une usine à produire des connards. J’ai fini par renoncer à tous les réseaux sociaux. » Ha ha. Un regret ? O’Hagan et Cave n’ont pas parlé du merveilleux disque L.I.T.A.N.I.E.S., dommage. Une consolation ? L'impression d'avoir passé un moment privilégié en compagnie de Nick Cave (et Seán O'Hagan) !
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Mort de Bunny Munro

Après le suicide de sa femme, Bunny, représentant en cosmétiques et don juan invétéré, part en tournée avec son fils de 9 ans le long de la côte anglaise de Brighton. Mais loin d'être un moment d'intimité rêvé entre un père et son fils, ce voyage initiatique vire rapidement en une descente aux enfers.

Mais quel plaisir de repartir sur la route avec Nick Cave. Même si ce roman est quelques peu foutraque.

Hâte de le terminer pour venir vous en dire plus.

Mais pour l'instant ça déchire




Lien : https://collectifpolar.com/
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Et l'âne vit l'ange

Le roman de Nick Cave prends place dans un leiu imaginaire qui ressemble grandement à l'Amérique avec des rues comme Maine road.Euchrid nait muet et son frère meurt très jeune Sa mère est alcoolique et mets en place une ambiance de plomb dans la famille pendant que son père crée des pièges pour y attraper des rats ou autres et manger. Au menu donc dénuement, atmosphère d'Apoclypse, du sang de la sueur et la mort.C'est très bien écrit et on n'en sort pas indemne. Très noir ma fois, ironique peut-être amis mettant en scène une lutte sans merci pour la vie.

Très grand livre à mon sens qui ne se laisse cependant pas dompter facilement.

Après la marque laissé est très forte, semblable à celle du seigneur des porcheries ou de Middlesex qui joue beaucoup également des mythes.
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Et l'âne vit l'ange

Je connaissais le Nick Cave chanteur, j'ai découvert l'écrivain. Ce roman est littéralement hypnotique. Un mélange de la barbarie diffuse telle que Joseph Conrad la décrivait, et du bayou profond où se terrerait un prêcheur fou. Comme toujours chez cet auteur, les thèmes religieux sont très présents, notamment sur la manière dont le peuple le plus défavorisé vit cette foi, cette vision, dans son quotidien de peine. Un roman que je recommande.
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Mort de Bunny Munro

Quand Nick Cave passe du micro à la plume, ça noircit ta vie, ça encrasse le bocal et ça met aux aguets ton sens de la répartie. Y'a quelque chose de pourri au royaume des Bad Seeds, du gros dégueulasse réuni en quelques pages. Fort bien !



Après le suicide de sa femme qu'il aimait (et trompait plus que) beaucoup Bunny Monroe embarque son fils à travers une course poursuite contre le glauque. Vif du caleçon et de son braquemart, de ses puissantes techniques de ventes au porte à porte. Rasade d'alcool après clope sur clope, il sombre dans la folie, emportant progéniture conjonictivitée avec lui.



Son fils Bunny Junior déclare papa héros malgré la lositude des choses. Armé de son encyclopédie, ce petit champion croise le fantôme de sa mère dont le souvenir devient confus puis oubli.



Se mêleront à ce conte fantastico-dégueu un tueur en série orné de cornes du diable sévissant dans des centres commerciaux, une armée de femmes en chaleur (ou pas), des sosies d'Avril Lavigne et une bande son à musique unique, celle de Kylie Minogue. Star des fantasmes de Bunny Monroe qui le mèneront jusqu'à sa (?) mort.



C'est bourré de cul, de coke et d'Angleterre. Une vision complètement Nick Cave de la liberté britannique à la sauce Al Bundy, des répliques cinglantes et une atmosphère rance. Ce bouquin sent la sueur, nous met mal à l'aise ... bref on en redemande !



De quoi détester la race humaine entière, sans besoin de colère.



Un putain de voyage dans le grand n'importe quoi organisé !


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Et l'âne vit l'ange

L'histoire de Eunid Euchrow, paria au sein d'une communauté sectaire du Sud des Etats-Unis qui tente de s'extraire de sa condition marginale par la grâce de son imagination macabre, baigne dans la poésie noire et poisseuse des plus belles chansons de Nick Cave. Chargé de symbolique biblique et d'une violence sourde prête à déborder à tout moment, Et l'âne vit l'ange (Editions Points) est presque aussi intense qu'un concert de Nick Cave & The Bad Seeds... Et permet de saisir un peu de l'aura de gourou rock de son auteur.
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Mort de Bunny Munro

Nick Cave, ce cher Nick Cave, ne cesse de m'impressionner. Après avoir livré je pense, un de de ses meilleurs albums ("Skeleton Tree"), et après avoir signé un live d'anthologie juste hallucinant dans sa qualité et son intensité ("Distant Sky"), voilà que je découvre sur une étagère de la médiathèque son roman, "Mort de Bunny Munroe".

Si la qualité de parolier et de chanteur de Nick Cave est pour moi un certitude absolue, je ne l'avais encore jamais lu sur un format véritablement littéraire. Et c'est peu de dire que je suis assez confus. Autant d'ailleurs par le roman, que par ce que certaines critiques insinuent.



Essayons de faire ça point par point. Avec ce roman, Nick Cave me semble bien s'incarner en anti-John Fante. Et ça pique un peu, parce que si j'ai toujours adoré les losers, c'était bien ces "beautiful losers" que dépeignaient Fante, Brautigan ou Toole. Des gars qui loupent tout, mais avec un éclat tel que c'est heureux. Des culs-de-sacs illuminés, des solitudes bruyantes! Finalement, de jolies personnes qui, dénuées d'une compagnie suffisante à exister pleinement, ont échoué à vivre dans la normalité.

Là, c'est tout l'inverse. Bunny Munroe a tout l'attribut du loser, mais possiblement parce que c'est un connard. Il n'y a pas vraiment d'autres mots: addict à un peu près n'importe quoi se rapprochant du vice (et en premier lieu le cul, juste omniprésent) et n'étant motivé je pense par aucune bonne foi, malgré les rares moments d'échappatoire qu'offre le livre. Et je pense que l'effet recherché par Nick Cave au départ se devait être plus subtil: que ce soit par quelques phrases glissées ici et là, ou plus grossièrement par une fin cathartique et théâtrale, on imagine bien que l'idée de départ était d'en faire un personnage de bon fond. Or, on s'y perd dans ce personnage. On avance dans une déréliction devenant étouffante, page après page, et on sait vers quoi tout ça nous mène.

Alors, dans ce côté loser-connard, Nick Cave n'est pas si maladroit. C'est caricatural, mais pas seulement: Nick Cave a par exemple la bonne idée de casser cette espèce de mécanique hypnotisante avec brutalité. Cette mécanique, vous la comprendrez bien vite, c'est: Bunny entend Kylie Minogue, pense à son cul, ce qui le mène au vagin d'Avril Lavigne, puis il voit une gonzesse de 10 ans sa cadette, lui balance un sourire suranné, et finit par se la taper.

Alors bon, concluons par dire que ce roman aurait gagné à avoir un personnage plus touchant, plus ouvert (par sa volonté ou à son insu). Finalement, le seul élément touchant du livre s'avère être à-travers le prisme de son enfant, qui malheureusement ne fait jamais écho très longtemps.



Sur le plan de l'intrigue, Nick Cave avance très vite et très fort. On ne s'ennuie pas, les pages défilent à tout allure dans un crescendo désordonné qui rappelle le cours des pensées de notre cher Bunny. On aurait tendance, une fois encore, à imaginer une relation entre le père et son fils plus touchante, plus travaillée. Je pense que si Bunny s'était tapé trois fois moins de filles et avait réalisé juste un ou deux flashbacks en plus, le résultat final aurait été bien plus équilibré.



Et arrivons donc à l'écriture de Nick Cave. Bon, je ne vais pas passer par quatre chemins: il est bien meilleur parolier que romancier. Autant le souligne une enième fois, c'est probablement un des meilleurs paroliers de notre temps. En ce qui concerne son roman, il est loin d'être mal écrit. Disons plutôt qu'il n'est pas aidé par le fond. Parfois, on sent l'écriture de Nick Cave prête à s'envoler, et les métaphores se filent, les atmosphères s'installent, lourdes. Ce n'est jamais de très longue durée, sauf à la fin, où le tout se révèle tout de même assez touchant.

Mais contrairement à ce que j'ai lu dans certaines critiques, je n'ai pas retrouvé dans ce roman d'ambiance ressemblant franchement aux Bad Seeds, pourtant dieu sait que je les apprécie! Il n'y a ni franc mystère, ni sens de la tournure ou de travail particulier d'atmosphère.



Je réaliser en terminant cette critique que j'ai dit peu de bien de ce roman. C'est parce qu'il m'a beaucoup déstabilisé. Je ne m'attendais pas à ça du tout, avec Nick Cave. Ce n'est pas mauvais, et je dirais même que chez un auteur inconnu, je trouverais ça assez intriguant. Je reste donc très indécis dans cette conclusion, et vous laisse forger votre avis si le coeur vous en dit.
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