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Critiques de Nicolas Cavaillès (42)
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Pourquoi le saut des baleines

La question est : pourquoi Pourquoi le saut des baleines? Non ce n’est pas une erreur de frappe!



Dans ce court essai aussi philosophique qu’écologique, le scientifique n’est pas oublié ; Il y a fort à parier que la lecture constituera pour nombre de lecteurs une découverte du monde des cétacés, grâce à l’érudition de son auteur. Mais derrière ces déclinaisons qui cataloguent toutes les espèces de baleines et des supputations concernant leur conduite spectaculaire qui nous permet de les apercevoir hors de l’eau, selon des figures caractéristiques de l’espèce, se cache un autre propos.



Le pourquoi semble bien reprendre ce tic enfantin qui représente une étape dans le développement. Question qui attend à peine une réponse. L’anthropomorphisme assumé de l’auteur lui permet de reprendre à son compte les questions fondamentales. Qu’est-ce que le bonheur? La vie vaut-elle la peine d’être vécue?





Alors le saut des baleines? Hasard ou nécessité.


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Pourquoi le saut des baleines

Pourquoi le saut des baleines ? Jusqu' à ce jour cela ne me posait pas problème, j'avais bien vu parfois, lors de reportages télévisés, ce puissant et majestueux saut, sans me poser plus de questions. Et pourtant ?



A ce jour, aucune explication. On sait qu'à part quelques exceptions, toutes les espèces de baleines amorcent de temps à autre, ce saut prodigieux que l'auteur décompose, montrant ainsi une formidable prouesse physique de la part des cétacés. Maintes hypothèses ont vu le jour, aucune n'est vérifiée.



L'auteur offre avec cet essai, la poésie dont les baleines ont tant besoin de nos jours. Puisse-t-il être lu et relu par la majorité afin que cesse l'extermination dont elles sont les victimes.





Pour ma part, peu habituée à lire ce genre d'écrit, et me sentant jusqu'alors peu concernée par la cause des baleines, je dois avouer que j'ai eu des difficultés à terminer cette lecture.



C'est là une réussite de Nicolas Cavaillès : éveiller en moi cette curiosité. Je ne regarderai plus les baleines avec les mêmes yeux désormais.
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Les huit enfants Schumann

Quelle drôle de monde!

Il attendra 4 ans que son

beau père l'accepte comme gendre.

Le mariage enfin reunit Robert compositeur ténébreux

et Clara la célèbre pianiste .

Les Schumann forment une bête à deux dos

prolifique qui malgré deux fausses couches

donne le jour à huit enfants.

Clara passera presque sept ans

de sa vie... enceinte!

Les petits sont confiés

selon l'actualité et leur santé

à leurs parrains, marraines, nourrices,

à des pensionnat, des asiles, des sanatoriums,

des établissements de cure dans des villes d'eaux..

Bref, pas vraiment de vie de famille

ou très ponctuellement ..pour la photo..

La folie et la mort rodent autour de ces enfants

la tuberculose en avale certains tout crus

Le père est attendri par sa progéniture,

mais souvent absent à lui même et.. aux autres.

Il meurt, interné à sa demande

après une tentative de suicide avortée.

Clara, mène sa carrière tambour battant

et sa famille, à la baguette.

Épuisée par ses grossesses,

elle place et déplace les enfants-pions

dès qu'ils gênent ou la déçoivent trop.

Certains vivront dans des forteresses,

utilisées ensuite en camp par les nazis..

Brahms joue le grand frère et l'amoureux transi..



Un court récit serré de la vie des Schumann

sous une forme pompeuse et scolaire regrettable.

Il y a là matière et rebondissements

pour une lecture passionnante.







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Pourquoi le saut des baleines

Merci aux 68 premières fois et aux Éditions du Sonneur de m'avoir permis de découvrir ce livre.

Un essai particulier sur Le saut des baleines. Pourquoi sautent-elles. Ce livre ne va pas vraiment permettre de répondre à cette question, mais on en apprend beaucoup plus sur les baleines.

L'auteur nous entraîne dans une danse poétique avec ces baleines.

Parfois cet essai nous fait sourire.

Un livre dense et agréable à lire. On voit les baleines autrement après avoir lu ce livre et on y pense encore après l'avoir refermé.

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Pourquoi le saut des baleines

Cet essai à la beauté lunaire est dédié au poète russe Guennadi Gor et à la péninsule glacée du Kamtchatka où apparaissent de manière fantomatique les baleines à bosse.



Nicolas Cavaillès s'ingénie à inventorier (bien que l'auteur n'aime pas ce terme) les raisons qui motivent les grands cétacés qui pèsent parfois jusqu'à cent tonnes à bondir soudainement hors de l'eau pour finalement chuter au même endroit.



Par le prisme d'éléments biologiques, environnementaux et même arithmétiques et dans un jeu littéraire attrayant, l'auteur déploie toutes les données concrètes afin de sonder le mystère des sauts. Pour mieux démontrer que leurs sens nous échappent et que nos pensées peuvent tout bonnement se dispenser d'interrogation.



Laisser simplement faire les magnifiques bonds des jubartes (sans balises) serait la plus belle expression humaine de la preuve de leur libre existence.



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Les huit enfants Schumann

« En Schumann, la musique avait trouvé l’une de ces proies de choix qui, promptes à céder aux sirènes esthétiques, leur aliènent bientôt toute leur existence, quitte à nuire à leurs proches et à les emporter avec elles dans leur chute. Tel fut le lot des enfants Schumann ».



Très court récit que j’ai trouvé assez sombre, sur les enfants de Clara et Robert Schumann, couple légendaire.

Unis par l’amour et la musique, Clara Wieck et Robert Schumann devront attendre quatre années avant de se marier.

Pianiste concertiste prodige, Clara mit au monde plusieurs enfants. Robert, pianiste compositeur, souffrait de troubles psychiques, d’hallucinations sonores, vite rattrapé par ses idées macabres, atteint de démence irréversible, il finit interné à l’asile et mourut peu après, Clara n’avait alors que trente-sept ans.

Schumann, une âme insondable…anges et démons peuplant son esprit tourmenté.

Johannes Brahms fit partie du cercle intime des Schumann très tôt et restera toujours très proche de cette famille.



L’histoire des huit enfants est résumée ici, dans une atmosphère où se conjuguent musique, talent, drame, folie, joie, tristesse et solitude.

Des destinées mêlées aux histoires d’hérédité, une histoire de transmission familiale.



« […] l’enfance, la folie et la musique, trois formes de solitude inconsolables qui ne se détruisent pas, mais s’attisent, s’inspirent et s’entremêlent. »

*

Un ouvrage très court et à mon goût trop académique ; il y a pourtant matière mais je n’ai pas vraiment adhéré à la forme ni au style. Cette lecture m’a laissé une impression d’inachevé et d’ébauche. Dommage.

*

Je me souviens avoir lu par le passé « Clara Schumann, concerto pour une légende » de Jackie Valabrègue (si ça peut intéresser), il me semble l’avoir bien apprécié alors.

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Les huit enfants Schumann

C'est le deuxième livre de Nicolas Cavaillès que je lis et je reste sur la même impression d'un texte qui n'est pas entièrement achevé malgré un thème intéressant. Il faut dire que j'aime beaucoup les biographies romancées d'autant plus qu'il y a de la matière ici avec Clara et Robert Schumann.

Je comprends bien et j'apprécie l'intention de l'auteur qui construit un puzzle familiale autour des huit enfants que le couple Schumann a eu.

On reste cependant sur sa faim avec une série d'énumération de faits, de dates et de noms. L'auteur parle surtout de Clara, pianiste et compositrice mais on ne sait même pas quel est son répertoire. Quant à Robert, il vire à la folie rapidement ce qui permet d'évoquer le poids de l'hérédité mais c'est tellement pompeux que cela m'a beaucoup ennuyée.

Bref, tout ça pour dire que l'expérience humaine des enfants de cette famille de musiciens est marquée par leurs géniteurs et que leurs descendants le seront aussi.

Bien décevant.





Challenge Riquiqui 2021

Challenge ABC 2021/2022

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Pourquoi le saut des baleines

C’est un petit livre étrangement beau qui résiste à la compréhension, comme le saut aérien des grands cétacés.



La grande majorité des baleines saute, de temps en temps, bonds ésotériques dont la beauté et la puissance fascinent d’autant plus que leur sens nous échappe. Nicolas Cavaillès traque, dans une écriture qui prend des habits multiples de la poésie à l’équation, le sens de ces surgissements sporadiques et mystérieux.



«Le saut fournirait à la baleine son ivresse, une fête solitaire, un peu suicidaire peut-être, une sortie, une libération exaspérée, si brève soit-elle, une expérience totale soulevant le monstre de sa tête jusqu’à sa nageoire caudale, une secousse monumentale pour se soustraire un instant à la tautologie sous-marine. N’étant par moments plus capable de supporter le contact étouffant de l’eau, elle sauterait en quête d’une échappatoire à son existence, pour fausser compagnie à son élément comme à autrui, pour un instant de solitude aérienne, de pause, de transcendance peut-être ou d’inconscience, et d’oubli.»



Le saut de ce titan des abysses, avec son cœur colossal qui pèse six cent kilos, «un humain ne suffirait pas à en boucher une artère», est aussi grandiose que la chute qui lui succède, abandon à l’insurmontable attraction terrestre.



Comme les migrations des cétacés, ce texte dédié au poète Guennadi Gor se termine aux confins du Pacifique Nord, sondant le sens de ce qui se dérobe - métaphore de l’écriture hantée par la volonté de connaître et la peur de dénaturer le monde par cette même connaissance, comme les océans, ces cimetières suffocants abîmés par l’homme.



«Tout se brouille, et les envolées fantomatiques dont je suis hanté ressemblent parfois à d’orgueilleux affronts défiant la Camarde.»
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Pourquoi le saut des baleines

Essai sorti de nul part, l’auteur, primé l’année passée au Goncourt pour Vie de monsieur Legat, s’amuse ici à théoriser sur le sens du saut des cétacés. Il n’est point nécessaire d’être océanologue ou autre scientifique pour le suivre, simplement amoureux de la langue française devrait suffire. Pour avoir relu avec délice dernièrement Moby Dick, ce clin d’oeil des éditions du Sonneur ne pouvait que m’interpeller.



Et c’est avec un réel plaisir que j’ai plongé à la suite de Nicolas Cavaillès dans ses jeux de langues et de réflexions saugrenus sur ce fait incontesté et incontestable : les baleines sautent et personne ne sait pourquoi. Les théories se suivent et s’enchaînent et nous entraînent dans une quête de liberté qui ravira les lecteurs en lutte contre l’absurde ou les confrontera à leurs plus sombres abysses selon l’humeur du jour.
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Vie de monsieur Leguat

J'aime les récits de voyage mais là mon opinion reste mitigée.

Nicolas Cavaillès propose la réécriture de la vie d'un français qui a vécu au 17e siècle sur lequel on ne sait pas grand-chose en dehors de ses écrits. Il imagine ce qu'a pu vivre François Leguat, en se mettant à hauteur d'homme.

François est né en 1638 et sa particularité est d'avoir vécu jusqu'à 98 ans ce qui est assez exceptionnel pour l'époque. Mais si la « vie de Monsieur Leguat » est longue elle est aussi riche d'aventures. Car cet homme a vécu 3 vies, il a été tour à tour, seigneur des plaines de Bresse, aventurier de l'océan Indien et patriarche des bas-fonds londonien.

Jusqu'à cinquante ans, François est fermier en Bresse. Il est protestant et quand l'édit de Fontainebleau remplace l'édit de Nantes révoqué, il doit s'exiler en Hollande.

De là, il part pour l'île Bourbon sur une frégate, l'hirondelle. Il découvre avec ses compagnons d'infortune l'ile déserte de Rodrigue puis l'île Maurice et celle de Batavia.

Après souffrance et déception il retourne en Europe, à Londres, où il vit dans la misère malgré la publication du récit de son périple sous le titre de Voyages et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux isles désertes des Indes orientales.

Si l'histoire est hors du commun, j'ai trouvé le ton et le style inappropriés. Nicolas Cavaillès cherche à reproduire la langue française de l'époque mais cela n'aide pas à la lecture. Il y a des auteurs qui réussissent à rendre universel l'histoire d'un individu mais ce n'est pas le cas ici.

Pour autant, il faut avouer que ce n'est pas si mal pour un premier roman même très court.



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Les huit enfants Schumann

C'est court, c'est noir....on dirait une ébauche de roman, un synopsis. J'avais envie d'en lire plus, d'en savoir un peu plus sur ce musicien, sa femme et leur huit petits. Je suis un peu restée sur ma faim, et sur leurs fins à tous! Peut-on vraiment raconter une vie en évoquant principalement le terme de celle-ci? J'exagère sans doute un peu, il y a des éléments qui sont racontés , quelques péripéties, c'est le parti pris de Nicolas Cavaillès, que je respecte bien évidemment. Et puis, j'ai malgré tout appris des choses sur ces deux musiciens qu'étaient Robert et Clara, leur rapport avec Brahms , que j'ignorais(enfin là c'est surtout Clara que ça concerne, avec toute la délicatesse qu'y met l'auteur)

Et aussi cette angoisse morbide qui tenaillait Robert, qu'il a transmis à quelques uns de ses rejetons. On ne peut s'empêcher de penser (enfin moi...) que si cette famille était née à une autre époque, dans un autre milieu, les choses auraient été différentes.....
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Pourquoi le saut des baleines

Pourquoi le saut des baleines nous donne l'impression de lire la description de ce moment entre veille et sommeil, ce moment où tout devient possible, et où les Pourquoi affleurent à la surface comme des bulles. A lire Nicolas Cavaillès, l'on se surprend à vouloir écouter le chant des baleines, on croit presque les entendre lorsque la dernière page refermée, on éteint la lumière et on les imagine en s'endormant. Doucement, alors que les mysticètes s'arrachent avec fureur et fracas hors de l'eau, l'on plonge au fil des pages dans les profondeurs, on glisse dans les abysses qu'ils explorent, les abîmes insondables qui séparent l'état de conscience du rêve et dans lesquels, peut-être, se situe l'essentiel, et la littérature.
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Pourquoi le saut des baleines

Il n'est pas dit que ceux qui ouvriront ce livre sont intrigués depuis longtemps par le phénomène du saut des baleines.

Et si c'était le cas il n'est pas dit qu'ils trouveront réponse pour les apaiser.

Par contre sera confirmée l'intuition d'être emmenés très loin dans d'autres curiosités, des cascades de réflexions et des bulles de pensées.

Et inévitablement viendra à la fois comme un petit agacement et une gourmandise de devenir énamourés de ces animaux, desquels Nicolas Cavaillès nous a si bien rapprochés.

Pour ne pas rester frustrés je vous recommande de lire en prolongement La baleine tatouée, de Witi Ihimaera, traduit avec sensibilité et justesse par Mireille Vignol.







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Le mort sur l'âne

Parcourir l'île Maurice, ou seulement sa carte, est un plaisir toponymique : Trou-aux-Biches, Trou-Figue, Beaux-Songes, Cap Malheureux, Baie du Tombeau, Pointe-aux-Piments, Camp-Diable, Pamplemousse, Sottise, Solitude. Flic en Flac, Curepipe...

Nicolas Cavailles, que les aventures de Leguat ont attiré, sans doute à dos de baleine vers les Mascareignes, nous entraîne dans une étrange déambulation insulaire, où les noms de lieux occupent le décor et l'agrémente de leur musique chatoyante et savoureuse, dans un texte qui tient de l'apologue autant que de l'intrigue policière ou du petit précis de créole .

Les deux protagonistes en sont un vieil âne ("bourik") avec un cadavre indéfectiblement fixé sur son dos. Par monts et par vaux, alors même que le mort, pourtant bien mort, pousse des cris affreux, l'étrange équipage erre au hasard Balthazar sur les chemins, dans la forêt, visite L Histoire autant que la géographie, croise un poète maudit et dandy d'hier, un chanteur seggae d'aujourd'hui, victime d'une bavure policière qui révolutionne l'île.

Le récit se présente comme un vieille légende mais aussi comme une fable, à la manière De La Fontaine ou de Daudet. Sa morale se perd dans ce vagabondage et dans un halo de nostalgie, de poésie et de cocasserie.

La dédicace au poète martiniquais Monchoachi évoque "un récit essentiel des destins insulaires". Comme dans ses livres précédents, Nicolas Cavaillès, maître de l'esquisse, en dit plus et mieux qu'en un long discours. Pour Bernardin de Saint Pierre “les îles sont de petits continents en abrégé.” Cavaillès a dans sa plume une baguette magique qui nimbe l'ile de tous ses sortilèges perdus.
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Les huit enfants Schumann

Les enfants éteints.



Après avoir transfiguré le destin d’un huguenot contraint à l’exil à la fin du XVIIème siècle dans son premier roman «Vie de Monsieur Leguat», Nicolas Cavaillès s’empare à nouveau de la question des entraves au destin dans ce troisième livre à paraître le 21 avril 2016 aux éditions du Sonneur, en évoquant les trajectoires tragiques ou fades des huit enfants Schumann, pour appréhender la question du poids d’un héritage trop lourd.



Vu comme un «compositeur douteux, balbutiant, fantasque et flegmatique, bohémien soupçonné d’ivrognerie, dont le talent restait à prouver et la situation financière à améliorer sans tarder», Robert Schumann eut toutes les peines du monde à convaincre le père récalcitrant de Clara de lui accorder la main de sa fille prodige. Il vécut ensuite dans les tourments perpétuels d’une passion inextinguible pour la musique, perturbée par ses cauchemars et sa folie.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/04/02/note-de-lecture-les-huit-enfants-schumann-nicolas-cavailles/


Lien : https://charybde2.wordpress...
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Pourquoi le saut des baleines

"Nous igno­rons pour­quoi les baleines et autres céta­cés effec­tuent par­fois ces sauts stu­pé­fiants au-dessus des mers et des océans, mais les hypo­thèses ne manquent pas, elles se ren­forcent même du seul fait que la ques­tion n’a pas été tran­chée. On dit qu’elles bon­dissent dans les airs pour déglu­tir, se débar­ras­ser de leurs para­sites, com­mu­ni­quer, séduire en vue d’un accou­ple­ment, pêcher en gobant, chas­ser en cata­pul­tant, fuir des pré­da­teurs sous-marins comme l’espadon ou le requin, s’étirer, s’amuser, en impo­ser, ou encore ponc­tuer un mes­sage, une atti­tude. Aucune de ces expli­ca­tions ne convainc : fâcheu­se­ment par­tielles ou into­lé­ra­ble­ment sau­gre­nues, toutes ont été contes­tées. Comme c’est le cas face aux grandes inter­ro­ga­tions méta­phy­siques, elles semblent toutes buter contre l’étroitesse du cer­veau et de l’imagination qui les écha­faudent. La ques­tion serait-elle inso­luble ? […] Ivresse, libé­ra­tion, secousse non moins absurdes, en der­nier lieu, futiles, qui n’apaisent qu’un moment, qu’il faut tou­jours recom­men­cer, et dont la baleine doit savoir en son for inté­rieur, dans ce magma d’instincts, de mémoire et d’analyse, la grande vanité. Mais en un monde qui n’est que pous­sière d’étoile remuée dans un trou noir, la créa­ture, même bar­dée de ses ins­tincts, gènes et neu­rones, même flat­tée par l’héritage multi-millénaire de la sélec­tion natu­relle, peut goû­ter un acte aussi gra­tuit que la tota­lité dans laquelle elle baigne. Ainsi la baleine sauterait-elle quia absur­dum, parce que c’est absurde ?" (p. 9 – 10)



« Essai céto­lo­gique autant que fan­tai­sie lit­té­raire » est-il indi­qué en 4e de cou­ver­ture et il est vrai qu’une fois entre les mains, ce petit livre vio­let des édi­tions du Son­neur m’a donné l’illusion que j’allais me plon­ger dans un ouvrage quelque peu scien­ti­fique ou pour le moins tech­nique. La cou­ver­ture unie et brillante par­ti­cipe de cette illu­sion : on ne trou­vera nulle image d’Épinal mon­trant le dos (ou plu­tôt le ventre) rond d’une baleine en train de sau­ter au milieu de l’écume blanche et folle ; juste un ban­deau signa­lant que le livre a reçu cette année le Prix des Gens de Mer.



Si ce livre est sou­tenu par la lec­ture d’une mul­ti­tude d’ouvrages spé­cia­li­sés, Nico­las Cavaillès n’en fait pas un éta­lage savant de natu­ra­liste ver­beux. Bien au contraire, s’il énonce une à une les théo­ries plus ou moins scien­ti­fiques pour expli­quer ces sauts, c’est en quelque sorte pour mieux les oblitérer.



Car en effet, une fois pas­sée l’énonciation de la pro­blé­ma­tique du livre (cf. la cita­tion au-dessus), une fois pas­sées en revue la clas­si­fi­ca­tion des céta­cés et les dif­fé­rentes typo­lo­gies de sauts (qui va de l’érec­tion cépha­lique flan­chée de la baleine franche au saut carpé-flanché inté­gral vrillé du méga­ptère en pas­sant par le simple mar­soui­nage des dau­phins), l’auteur s’attache à énu­mé­rer les dif­fé­rentes expli­ca­tions de ce saut de la baleine (et il faut lire abso­lu­ment celle s’attachant à la pous­sée d’Archimède que j’ai trouvé très drôle) pour les tour­ner aus­si­tôt en déri­sion. Toutes pro­cèdent fina­le­ment d’une approche anthro­po­cen­trique (pour s’amuser ou com­mu­ni­quer selon cer­tains, pour séduire et se repro­duire dans une pos­ture tota­le­ment inédite du Kâma­sû­tra (là, c’est moi qui pousse l’ironie), etc.) ou prag­ma­tique (pour chas­ser les para­sites, pour pêcher, etc.). Aucune n’envisage qu’elles le fassent sans inten­tion et sans plai­sir (l’auteur insiste sur la vio­lence de la claque qu’elles s’infligent, vio­lence décu­plée par le son énorme, audible à plu­sieurs kilo­mètres à la ronde quand elle-même a par ailleurs un appa­reil audi­tif très déve­loppé). Et c’est là le parti pris de l’auteur :



Le der­nier cha­pitre, inti­tulé Kamt­chatka, pose en beauté la conclu­sion de ce livre, qui donne à réfléchir :



"Nous ne sau­rons jamais pour­quoi les baleines bon­dissent, ni même pour­quoi nous nous le deman­dons. Ce mau­dit pour­quoi se nour­rit de tout, et ne recrache rien : dans le fond, on ne sait jamais pour­quoi rien du tout." (p. 61)



Et c’est alors que le livre s’éclaire d’une aura nou­velle. Qui fait sou­dain com­prendre pour­quoi il n’y avait pas de point d’interrogation dans le titre. L’objet du livre n’est pas tant une approche car­té­sienne d’un pro­blème donné, avec son lot d’argumentation et de contre-argumentation, de thèses et d’antithèses qu’une syn­thèse vien­drait tran­cher ex abrupto (et l’auteur avoue s’être heurté, sur cette vision, à des incom­pré­hen­sions de la part des scien­ti­fiques), qu’une cri­tique de cette approche d’appréhension du monde. Pour­quoi le saut des baleines est donc un magni­fique plai­doyer pour res­ter à la sur­face des choses. Non pas un hymne à la super­fi­cia­lité, mais un appel à se main­te­nir dans la beauté de cet affleu­re­ment d’une réa­lité qui, in fine, nous échappe et à accep­ter sim­ple­ment la part de mys­tère en demeu­rant à quia dans le monde.



Tout est-il expli­cable et soluble dans l’eau ? Et si tout peut l’être, tout mérite-t-il d’être expli­qué et dis­sé­qué ? Quelle part de mys­tère, de liberté, de poé­sie nous restera-t-il quand tout sera réduit en équa­tions et algo­rithmes ? quelle part de sou­ve­rai­neté, d’autodétermination, de des­tin nous sera-t-il concédé si tout, concep­tuel­le­ment, se résout à des échanges de molé­cules (je me rap­pelle de l’effroi res­senti devant une émis­sion qui résu­mait le désir amou­reux à une pré­da­tion du meilleur bagage géné­tique), à des inter­ac­tions élec­triques, à des séquences d’ADN ? Que devient l’inutile, le futile, l’absurde dans tout cela ? « Salio quia absur­dum : tout le monde a droit au non-sens, le phi­lo­sophe comme le poète, le cacha­lot comme le mys­tique ; ils font tous les mêmes bonds abs­cons. » (p. 47)



Plus on classe, plus on inven­to­rie, plus on dépiaute, plus on contrôle les choses, plus elles deviennent fades, et plus on échoue à les appro­cher et à les entendre, comme c’est le cas des jubartes bali­sées dans l’Atlantique Nord ou dans le Paci­fique Sud, aux­quelles les céto­logues décernent au gré de leur ambi­tions scien­ti­fiques et déma­go­giques de petits noms pour le moins dis­cu­tables […] qu’elles juge­raient elles-mêmes sans doute bien insi­pides si par mal­heur elles pou­vaient les com­pa­rer à la beauté de leur chant. Tel Orphée se retour­nant vers Eury­dice, l’humain perd ce dont il s’enquiert, il déna­ture ce qu’il veut connaître. Heu­reux celui qui contemple un ciel étoilé sans y dis­tin­guer de constel­la­tions pré­dé­fi­nies, heu­reux celui qui tra­verse un pay­sage que ne défraî­chissent aucune abs­trac­tion lin­guis­tique ni cultu­relle, aucun nom ni aucune anec­dote his­to­rique, heu­reux et sage celui qui vogue sur une mer ano­nyme. (p. 20)



Si le capi­taine Achab pour­suit sans cesse sa baleine blanche dans sa mor­telle quête méta­phy­sique, Nico­las Cavaillès, à rebours, et dans un geste poé­tique, créa­teur, la relâche, la libère, le cœur léger, dans les abysses téné­breux encore vierges de tout esprit humain. Cer­taines quêtes ne se réa­lisent qu’en aban­don­nant l’objet de son désir et en capi­tu­lant face aux obses­sions qui en sont la cause originelle.



Ce livre, je le place volon­tiers, dans ma biblio­thèque, à côté de Vaches de Fré­dé­ric Boyer : ils portent tous deux un regard très dif­fé­rent sur l’animal, mais cha­cun tente, à sa manière, de bou­le­ver­ser la fable ani­ma­lière : il ne s’agit plus de don­ner à l’homme des traits d’animaux pour en cari­ca­tu­rer le carac­tère (Ésope, La Fon­taine) ou inver­se­ment de don­ner à l’animal des traits d’humanité propres à nous per­mettre de nous iden­ti­fier à lui (et le cinéma regorge de toute sorte d’animaux ne crai­gnant pas le ridi­cule d’imiter des humains) mais de les prendre pour ce qu’ils sont : des ani­maux offerts au regard d’autres ani­maux, dont nous sommes.





Post Scrip­tum



L’ironie m’a conduit à m’interroger sur le pour­quoi du pour­quoi de ce livre. Aussi si vous sou­hai­tez pro­fi­ter de la beauté des sauts de ce livre, je vous incite for­te­ment à oublier tous les « parce que… » que je viens d’écrire. Pre­nez une bouf­fée d’oxygène et lisez ce livre d’un seul bond, un saut carpé-flanché inté­gral vrillé par exemple, dans une totale et sou­ve­raine liberté.
Lien : http://www.labyrinthiques.fr..
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Vie de monsieur Leguat

La vie de François Leguat ne fut pas minuscule, puisqu’il vécut trois vies en quatre-vingt dix-sept ans.



Huguenot propriétaire d’un domaine agricole en Bresse, il fut à plus de cinquante ans contraint à l’exil, suite à la révocation de l’édit de Nantes, et quittât donc la France en 1689. Embarquant dans le port d’Amsterdam à destination de l’océan Indien avec douze autres hommes, cet homme sage et bienveillant va vivre malgré lui une vie d’aventurier, qu’il racontera plus tard, au cours de sa troisième vie, dans les bas-fonds londoniens, dans un livre intitulé «Voyages et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux isles désertes des Indes orientales».



«Francois Leguat est tellement libre qu’il peut faire n’importe quoi, y compris coloniser une île dans l’océan Indien. Est-il jamais monté sur un bateau ? À plus de cinquante ans, délivré du souci d’avoir une vie, il peut bien aller mourir à l’autre bout du monde – vomir cinq décennies de terre ferme dans les flots de l’Atlantique, sculpter les poutres d’un temple de fortune sur un rocher désert battu par les vents pour être le premier locataire du cimetière attenant, observer la faune et la flore que Dieu a jusqu’ici protégées de la main de l’homme, s’empoisonner d’un fruit neuf, perdre une lutte féroce avec un sanglier sans nom, ou bien se noyer ici ou là, renversé avec son navire par la houle et la tempête, emporté par une vague alors qu’il contemple l’horizon bleu, la lune rousse.»



Pour son premier roman, Nicolas Cavaillès transfigure cette vie, dépossédée d’elle-même. Leguat résiste à tout, en s’abandonnant à ce destin qui lui échappe, et, à la fin de sa vie, il est dépossédé de son héritage, de sa mémoire même, quand il est accusé, avec la parution de son livre, de n’être qu’un imposteur, de n’être jamais parti.



Un destin parallèle à celui de l’écrivain ?

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Pourquoi le saut des baleines

That is the question : pourquoi donc les baleines (et les cétacés en général , les mysticètes mis à part ) sautent-elles ?

Les hypothèses et les explications sont aussi nombreuses que saugrenues . On dit "qu'elles bondissent dans les airs pour déglutir , se débarrasser de leurs parasites , pour communiquer , séduire en vue d'un accouplement , pêcher en gobant , chasser en catapultant , fuir des prédateurs sous-marins comme l'espadon et le requin , s'étirer , s'amuser , en imposer , ou encore ponctuer un message , une attitude" . Aucune de ces explications n'est satisfaisante .

Et si elles sautaient pour le plaisir de sauter , simplement pour s'élever dans les airs de façon majestueuse pour retomber plus lourdement ensuite , uniquement parce qu'elles peuvent le faire ?

Non , elles ne sautent pas pour nous faire plaisir (quoique ) , elles sautent avant tout pour se faire plaisir : "le saut fournirait à la baleine son ivresse , une fête solitaire , un peu suicidaire peut-être , une sortie , une libération exaspérée , si brève soit-elle , une expérience totale soulevant le monstre de sa tête jusqu'à sa nageoire caudale , une secousse monumentale pour se soustraire un instant à la tautologie sous-marine" .

L'auteur rejette d'ailleurs d'emblée l'accusation d'anthropomorphisme : "l'humain n'a pas inventé l'ivresse , l'éréthisme , le suicide ni la transcendance" .

Les baleines ne sautent pas par-dessus quelque chose comme les humains , ni pour aller quelque part , ni pour aller plus loin . Elles sautent pour retomber . Plus le saut est majestueux , et hélas , plus dure est la chute .

Le léviathan des mers , si l'on en croit la Bible , aurait été créé "pour jouer dans l'eau" . Explication vaseuse , il n'y a pas de dimension de jeu dans ce mouvement de bas en haut .

Cet essai ne cherche pas à expliquer le comportement des baleines , ni le pourquoi de leurs sauts : il n'y a pas d'explication . Ce sont nous , les humains , qui cherchons à tout prix à tout expliquer , à tout mettre en équation . Avant d'être un "essai cétologique" , c'est avant tout une prouesse littéraire , de la même façon que le saut de la baleine est une prouesse contre la gravité et la résistance de l'eau (800 fois plus résistante que l'air ) .

Je cite à nouveau l'auteur : "le saut marque un trop-plein d'énergie et d'oisiveté , une surexcitation sans objet , dont l'angoisse éruptive est paradoxale : à sa source , l'innocence métaphysique et le sentiment funèbre du vide" .

Ou encore , page 63 : "Englué là depuis de longues heures , dans la prison silencieuse et glacée d'une immensité d'eaux calmes où il flotte médiocrement , le mégaptère (…) finit à un moment donné , excédé , par devoir monter avec précipitation vers la lumière ) , vers un au-delà , vers quelque échappatoire , et soudain , sa queue s'emballe , il s'élance vivement à travers les flots , transperce la surface de l'océan , et surgit , explose dans les airs tel un ilot noir ou quelque rocher de cendrepétrifiée , polie et lubrifiée , tout en se contorsionnant , les ailes tendues , les sillons gulaires étincelants , le dos renversé par-dessus la péninsule du Kamtchaka tout entière et les îles du Commandeur en prime , par-dessus les geysers et les cimes enneigées"(…) .

Tout est dit , on peut philosopher sur le comportement des cétacés et en faire un long poème , bravo à l'auteur !
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Pourquoi le saut des baleines

Un écrivain qui ose faire des sauts périlleux à la surface de sa prose pour éclabousser l'assistance d'une inattendue écume métaphysique.
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Pourquoi le saut des baleines

« Plus on clase, plus on inventorie, plus on dépiaute, plus on contrôle les choses, plus elles deviennent fades, et plus on échoue à les approcher et à les entendre (…). Heureux celui qui contemple un ciel étoilé sans y distinguer de constellations prédéfinies, heureux celui qui traverse un paysage que ne défraîchissent aucune abstraction linguistique ni culturelle, aucun nom ni aucune anecdote historique, heureux et sage celui qui vogue sur une mer anonyme. »

Cétologue ou écrivain, les deux mon capitaine ! Nicolas Cavaillès décline observations, descriptions, et connaissances des baleines et cétacés autour d’une question : pourquoi les baleines sautent-elles ? Mais l’auteur étend l’énigme bien au-delà de l’interrogation, dont le point est absent du titre, au-delà des hypothèses, faits et recherches scientifiques. La poésie des mots qui nomment les espèces animales et leurs particularités agrémente une pensée philosophique en ce qu’elle vient dire l’existence dans son ineffable et inénarrable mystère.

Ce texte nous est présenté comme une « fantaisie littéraire » et en effet il détonne par son originalité. Plus qu’une fantaisie, il propose forme et fond à la question du futile, de ce qui est jugé inutile, ne s’inscrivant pas dans une chaîne de besoins et de nécessités. Le saut inexpliqué de la baleine ainsi exposé avec force détails et indications biologiques incarne le temps de l’ignorance, l’instant de l’acte gratuit détaché de tout sens, de toute servitude car il ne sert proprement à rien, à rien qu’on ne puisse justifier, valider, catégoriser…

La lecture de ce petit traité expérimente parfaitement le superbe, majestueux, retentissant lâcher prise de la baleine en ce qu’il ne nous amène nulle part sinon dans un souffle de liberté, souffle expulsé afin d’échapper à sa condition déterminée, peut-être ! « Mais quand bien même leur existence animale se réduirait tout entière à une immense machine à perdre du temps et à leur noyer la vie dans de médiocres soucis, sociétés débilitantes, activités stériles, migrations routinières et litanies monologiques, les baleines, dans la sagesse convexe que nous leur prêtons, envisagent tout de même une poignée d’instants de leurre tels qu’elles puissent se sentir comme des êtres singuliers imposant leur réalité au monde extérieur, et non comme des êtres sans substance jouant leur maigre rôle dans un vaste mécanisme dépourvu d’intérêt. »

Elan sublime, moment de grâce, ce saut requiert pourtant une force, une puissance phénoménale pour se projeter ainsi hors de son élément, hors de soi et savourer le temps de quelques secondes la légèreté d’un corps envolé, la plongée magnétique et transperçante d’un corps maritime dans la reconquête renouvelée de son espace, dans l’éternel retour à son milieu indispensable, vaste cachot océanique. « Dans tous les cas, notons-le bien, les bonds s’offrent comme l’image d’une quête angoissée de liberté. D’une manière ou d’une autre, pour les baleines qui sautent hors de l’eau, la vie sous-marine échoue si bien à se suffire à soi-même et à se donner pour sa propre et seule fin, qu’elle les pousse par instants à s’évader dans les airs, quoique ce saut si bref puisse paraître plus vain encore que le reste. »

C’est le saut du désespoir ou l’envol courageux, heureux de celui qui sait. Fascinante nature qui nous rappelle à notre condition et nous invite à en oublier le poids fatal, à en goûter tous les possibles inexpliqués qui nous font sentir vivant, quand bien même nous n’en puissions rien comprendre. Et à quoi bon toujours s’épuiser à savoir, à maîtriser, drame de notre ère moderne ! « …nous ne saurons jamais pourquoi les baleines bondissent, ni même pourquoi nous nous le demandons. Ce maudit pourquoi se nourrit de tout, et ne recrache rien : dans le fond, on ne sait jamais pourquoi rien du tout. (…) Pourquoi tient du cruel attrape-nigaud, sinon de l’instrument de torture. A voir la baleine se déchirer dans les airs, on devine d’ailleurs qu’elle n’ignore pas ces deux syllabes crucifiantes, pourquoi, ces huit lettres que rien ne rassasie, qui obligent à mille et une contorsions toutes vaines. »

La frontière est mince entre l’étrange et le merveilleux, les deux suscitant toujours le questionnement. Le terme anglais « wonder » englobe cette paradoxale énigme et l’aventure d’Alice nous plongeait en son cœur…Le court texte de Nicolas Cavaillès ne m’a pas évoqué l’univers de Lewis Caroll mais sa forme inédite, son récit étonnant , lui-même difficile à cataloguer, suscite la surprise, nous immerge dans une interrogation sans réponse et surtout, surtout nous éblouit du merveilleux dont recèle le monde, merveilleux qu’il nous faut accueillir sans le maîtriser, et peut-être juste lui être reconnaissant. Ce petit livre à la fois fouillé et sans prétention puisque sans réponse, incarne cet hors-piste, une autre forme d’art, l’art cet inutile indispensable : c’est un saut, un bond, un looping littéraire pour célébrer la beauté du geste, la fugacité du magique, la grâce d’une échappée exactement comme le fût le temps de cette lecture.

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